Depuis Manille où se tenait la conférence de l’ASEAN réunissant les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est et de leurs partenaires, l’annonce de l’installation de consultations bilatérales entre les deux Corée a été saluée pleinement.
La Corée du Nord sort de son isolement : son ministre des Affaires Etrangères siègera à l’ASEAN. Son régime politique ne se modifiera pas et la population continuera à pâtir des exigences du parti communiste. C’est sur un autre plan que la mise en place des consultations bilatérales entre les deux Corée apporte un élan important pour l’avenir de l’Asie. Pékin disait depuis 1949 que la Corée était de son champ d’influence. Ce principe a été répété au moment de la question nucléaire. Aujourd’hui, la Chine fait la preuve de sa capacité à garder sous sa main un régime totalitaire tout en l’amenant à ouvrir ses portes sans que Séoul ne s’enhardisse de demandes fortes. Si Pékin compte cette victoire, le PC sait bien que la Russie y a sa part. En regardant bien la carte, on voit assez clairement les intérêts russo-chinois via la Sibérie à tenir en totalité une région géostratégique laquelle, demain, pourrait être un nouvel eldorado. La Corée du Nord ne présente pas cette espérance. Mais, nous sommes dans le cadre d’un équilibre régional qui ne veut être le fait que des seules nations asiatiques. Les USA ne perdent pas à cette réalisation mais ils manquent, peut-être, une occasion de favoriser telle ou telle crise locale.
La Chine jouait sa réputation en abritant les consultations à six sur le dossier nord-coréen. Mais le risque aurait été plus grand si elle avait fait preuve d'inaction. Cette crise, si elle ne trouvait pas son épilogue, risquait non seulement de miner la croissance économique et l'influence grandissante de la Chine en Asie.
La Chine a aujourd'hui plus de poids qu'il y a un an. A Manille, elle était représentée par le nouveau ministre des Affaires étrangères, Yang Jiechi, successeur de Li Zhaoxing. Le diplomate a exposé sa nouvelle vision de la sécurité en Asie et a expliqué comment son pays, tout en multipliant ses échanges et ses projets de développement (avec le Vietnam, la Birmanie ou le Cambodge, notamment), souhaitait contribuer à la prospérité générale et au renforcement de l'Asie. La Chine a une nouvelle fois montré que, sans elle, la sécurité en Asie est impossible. Ce point capital surmonté puis approuvé par toutes les puissances réunies officialise le nouveau degré de puissance. Il est démontré que l’harmonie entre les deux Corée passe par la prépondérance de la Chine. A un an des Jeux Olympiques, cette victoire ne supporte pas le dédain.
JV©2007
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