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vendredi 24 août 2007

Sarkozy devant l'Afrique N°17 - 1ere année

La molestation des policiers français à leur arrivée en Guinée le 16 août par la population et sous les yeux de leurs homologues montre l’extrême sensibilité des relations entre Paris et ce continent.
Bien sûr, il ne s’agit que d’un fait divers : des policiers raccompagnent des expulsés. Brice Hortefeux, ministre de l’identité nationale exhorte aux sévérités ascendantes contre les clandestins, fixe des objectifs élevés à la police. Nous sommes dans le comportement classique d’un Etat qui veut réguler le nombre d’illégaux quoique nous soyons bien en retrait de pays comme, l’Italie ou l’Espagne qui renvoie à tour de bras : 280 000 l’année dernière.Nicolas Sarkozy se fait le chantre de l’Eurafrique. Son discours de Dakar devait renouer des liens forts entre Paris et les Africains. Le moins qu’on puisse dire est que le ton employé, les phrases exprimées produisirent un effet inverse : le nouveau Chef de l’Etat laissa paraître un goût pour la période coloniale. L’homme de la rupture installé à l’Elysée, passa son premier coup de fil à Omar Bongo voilà pour l’Afrique noire, adressa des compliment à Ben Ali, voilà pour l’Afrique du Maghreb. En deux mouvements Nicolas Sarkozy a envoyé un signal très clair aux hommes d’affaires et aux différents leaders africains qui tyrannisent et pillent les ressources nationales depuis des décennies. Je me souviens très bien des propos que me tenait un Africain à Harlem lequel me vouait aux gémonies pour tous les drames que nous avions tolérés depuis les indépendances. Il avait une vingtaine d’années. Le reproche général fait à l’Etat français est, effectivement, de protéger les pires dictateurs, d’accueillir au sein des principales institutions francophones les familles ou clans de tel ou tel ancien Président, de clore les portes à un véritable partenariat universitaire, de tenir encore en propriété des ports, des terrains sur lesquels sont les palais nationaux d’où le loyer. On pourrait dresser une liste abondante mais l’intérêt principal revient à écrire le manque total d’une pensée politique à l’égard de l’Afrique, continent où se côtoie un nombre élevé de langues, dialectes, ethnies. Qu’on le veuille ou pas, l’Afrique est plurielle, les Africains également. L’histoire toute orale qui rapporte l’antiquité de ce continent est à la fois fragile et sa caractéristique.
Le tort de Nicolas Sarkozy tient dans une ignorance remarquable de l’histoire quel que soit le pays, de considérer la baraka comme un atout sensé, de faire de la com en vantant son produit. Un one man show ne pallie pas à l’essentiel pour un chef d’Etat : pensées, réflexions, avenir, audace. Son idée Eurafrique, encore brouillonne, survient dans un contexte particulier où nous voyons l’Afrique redevenir le centre d’intérêts vitaux. Je le rappelais hier dans « Puissance cherche QG en Afrique ». On ne sait absolument pas si l’Eurafrique a pour objectif de nous lier à telle ou telle puissance en action sur ce continent ou bien s’il s’agit d’une volonté européenne ? A l’égard des populations africaines notre image est désastreuse –les Chinois sont pires que nous et les Américains très séducteurs -. Les inclinations naturelles de Nicolas Sarkozy mettent en avant l’idée de collaborer plus en avant avec Washington tout comme nous le faisons pour la question mésopotamienne via l’appel à l’ONU. Dans cette vue, parle-t-on encore d’une considération pour l’Afrique ? Evidemment pas. Les Africains ont des torts immenses quoiqu’il soit très difficiles pour des peuples souvent séparés par des frontières nées du colonialisme de révolutionner leur Etat.

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