Le dirigeant chrétien-démocrate flamand, Yves Leterme a demandé au roi de reconnaître son incapacité à former le gouvernement. Une crise de plus ou bien le début de l’irréversible ? Le 25 août, Alexandre Adler lâchait dans le Figaro le grand jeu, promettant la disparition du royaume de Belgique, sa partition, république flamande d’un côté, de l’autre, la Wallonie demandant à rejoindre le territoire français. Nicolas Sarkozy s’ajouterait donc un titre de gloire supplémentaire celui d’agrandisseur. Le fait est là, le problème belge existe depuis que les puissances européennes décidèrent sa fondation en 1830 quand les anciens Pays-Bas renvoyèrent le monarque néerlandais. La Belgique vit aussi depuis que la fille et héritière de Louis de Male, comte de Flandre, Marguerite III s’unit au capétien Philippe II le Hardi duc de Bourgogne en 1369. La première architecture pré-étatique date de cette époque quand les ducs entreprirent de lier toutes leurs possessions qui allaient de la Franche-comté au nord de l’actuelle Hollande. Bourgogne et Flandre furent les deux piliers de cette aventure dynastique qui s’acheva par la mort de Charles le Téméraire sous les murs de Nancy en janvier 1477. Les siècles suivants jusqu’à 1830 placèrent cette terre belge au centre non seulement des batailles mais des marchandages territoriaux. Et c’est bien la Flandre l’enjeu via le port d’Anvers. Terre marchande, commerçante, financière, elle était un joyau devant lequel la Wallonie faisait figure de parent pauvre. La révolution industrielle renversa radicalement la faveur. Les années 50 favorisèrent à nouveau la Flandre. Son mouvement nationaliste commencé à la fin du XIXe siècle contre leurs élites appelées les Fransquillons (petits français) ne cessa pas de grandir au risque de collaboration avec l’occupant Allemand en 1914, en 1940. La construction européenne ne ralentit pas les tensions entre les deux communautés. Le royaume déploya des trésors d’ingéniosité dont l’origine venait autant de leaders flamands que wallons. En 2007, la machine à idée se grippe : que faire ? Les sondages disent que 70¨% des habitants ne sont pas inquiets, les jeunes surtout, que la partition n’est pas à l’ordre du jour. La Flandre ne comptant pas rejoindre le royaume des Provinces-Unies, certains pensent à une république. Très bien, qu’en pense l’Union européenne ? Les traités autorisent-ils une communauté d’un Etat souverain à faire sécession ? Les rédacteurs des traités depuis une cinquantaine d’années veillent à la règle de l’intangibilité des frontières, de l’intégrité des Etats. Ils posent ainsi l’ancienne question de la légitimité c’est-à-dire du droit que des générations de penseurs narrèrent. On rejoint ainsi les principes d’un Vergennes, de son disciple Talleyrand. La fin sanglante de la Yougoslavie montre le danger à laisser croître une gangrène. Fera-t-on appel à Washington pour solutionner le problème ? La Yougoslavie ne faisait pas partie de l’Union, la Belgique en est le membre fondateur. Le roi Albert II garde par-devers lui la meilleure des cartes, son principe. L’Union ne peut pas attendre. La Belgique est en quelque sorte, l’Europe. Le royaume exprime des problèmes anciens, modernes et à venir de notre continent. L’embarras du roi Albert II est donc celui de nous tous, c’est un principe.
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