Le Kosovo forme un quadrilatère. Sa population est albanophone. A chaque coin une nation : Monténégrine, Albanaise, Macédonienne, Serbe. Depuis 1999 cette province est placée sous le mandat de l’ONU pour prévenir tout trouble entre les Serbes et les Albanais qui y revendiquent leur souveraineté. Ainsi sont-ce les Turcs, les Français, les Américains, les Italiens, les Allemands, les Russes, les Anglais qui veillent à la tranquillité générale.
Quelle est la singularité de cette province pour retenir autant l’attention ? Albanais et Serbes s’entremêlent totalement depuis la nuit des temps. Les premiers y furent via leurs ancêtres Illyriens lesquels succombèrent à Rome. Les Serbes conquirent une partie des Balkans jusqu’à former un empire au XIVe siècle sous Stefan IX Uroš IV Dušan. Couronné empereur des Serbes et des Grecs à Skopje (Macédoine) en 1346, il sera enterré, en 1355, dans le Kosovo à Prizren. Le corps du prince serbe Lazare Hreblejanović, héros tragique de la bataille dite du champ des merles (juin 1389) contre les Ottomans, repose à Pristina capitale du Kosovo. La destruction de la puissance serbe permit aux Osmanlis d’islamiser les Albanais et de transformer la province. L’indépendance de la Serbie en 1878 reposa la question du Kosovo lequel resta sous administration ottomane jusqu’en 1912. La Russie pesa de tout son poids pour que Belgrade obtienne cette province au grand dam de Tirana. Entre 1915 et 1919 la monarchie serbe réprima les soulèvements albanais. En 1945, Tito interdit aux Serbes de revenir dans le Kosovo. L’implosion de la Yougoslavie réactiva toutes les revendications des pouvoirs à Belgrade, à Tirana. Milosevic supprima l’autonomie du Kosovo pour l’intégrer en totalité à son pays puis ordonna, au printemps 1999 le déplacement de 800 000 Kosovars. L’OTAN répliqua par un bombardement massif contre l’armée serbe qui s’inclina le 10 juin. Depuis cette date, nous assistons à un face à face qui passe par-dessus la tête des principaux intéressés et des européens pour n’être qu’un sujet de discussion entre Bush et Poutine. Remake de Guerre Froide ?
La Russie affecte d’appuyer la Serbie, les USA pensent cette ultime bombe balkanique intéressante pour peser sur l’Union européenne. Les Européens ont triste allure !
Au vu des partis pris et de l’incapacité à donner à l’une ou l’autre puissance la souveraineté en totalité, ne conviendrait-il pas d’étudier la possibilité de la souveraineté alternée ? L’exemple de la principauté d’Andorre prouve l’exercice possible. Le Kosovo ne pouvant pas accéder au rang d’Etat, il jouirait de l’autonomie, d’un parlement, des institutions propres garanties par la Serbie et l’Albanie. Tout litige relèverait de la compétence de Bruxelles. Sa sécurité militaire, elle, incomberait à l’Union européenne. Cette politique impliquerait une reconsidération réelle de l’Union envers la Russie et, à l’endroit des Etats-Unis dire notre capacité à assumer y compris par la force, l’avenir du Kosovo. Ni Belgrade, ni Tirana ne résisteraient longtemps. Chacun trouverait le contentement de son nationalisme. Le désamorçage de la bombe Kosovar ne peut plus tarder.
JV©2007
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