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mercredi 3 octobre 2007

Galileo cherche l’Europe et l’Europe cherche son institut. N°45 - 1ere année

Le branle-bas de combat de l’Union européenne autour du projet de financement du système de navigation Galileo tourne à la foire d’empoigne ! Dans le même moment, le projet d’Institut européen de technologie pour concurrencer le MIT donne lieu à des débats navrants.
Galileo ne fournit pas l’occasion aux gouvernements de l’Europe d’assumer une ligne politique digne de ce nom. Rappelons l’historique. Le financement du système de navigation a été confié à huit entreprises privées qui se sont révélées incapables de s’unir, de supporter les financements. De fil en aiguille, l’Europe vit s’élever dans le ciel son concurrent américain, le Global Positioning System ou GPS. La France proposa à ses partenaires de fixer un programme de financement public pour réaliser Galileo. L’Allemagne craint de voir ses entreprises souffrir de ce procédé : elle s’y oppose solidement. Le Royaume-Uni, naturellement, penche pour le GPS tandis que l’Espagne tonne de la voix au côté de Paris. Ce désordre autour d’un projet dit stratégique laisse pantois les hommes censés.
Oui Galileo est un projet stratégique tant civil que militaire. Oui Galileo supporte la concurrence avec le GPS. Oui, le financement public européen supplée mille fois mieux aux multiples combinaisons des groupes privés. Pourquoi cette dispute ? La mise à l’unisson des membres de l’Union oblige ipso facto à reconnaître dans ce cas précis la réalité d’un « état européen » avec les conséquences que l’on devine.
L’Institut européen de technologie prisonnier des atermoiements des uns, des autres répond en échos aux hésitations et craintes du navigateur Galileo. Cet institut devrait perturber à terme les centres de recherche américain et nippon. Rassurons tout de suite les USA et le Japon, l’Union est loin d’entamer une quelconque course de compétitivité ! Or, cet institut est un projet stratégique. Evidemment l’acceptation d’un budget européen au sens national du terme agace ceux qui ne veulent pas entendre parler du super Etat, ceux qui répugnent à contester les USA.
Dans les deux cas, la question positive de l’Europe en qualité de puissance publique ne se masque plus. Elle est d’actualité. Rassembler les meilleurs chercheurs du continent et du monde, construire le système de navigation meilleur que son concurrent signifient logiquement une politique commune d’une part, et de la part des Etats convenir de placer entre les mains de la structure européenne une part supplémentaire de leur souveraineté. Les deux projets évalués à plusieurs milliards d’euros sont un investissement primordial où le politique dépasse de beaucoup des ambitions du privé. A cela, la querelle franco-allemande qui joue déjà dans EADS, freine l’ensemble du continent. Il est prouvé, une fois encore, que le manque de dessein franco-allemand nuit à tout le continent. Je ne vois pas d’autre façon de ressouder ce « couple » autrement qu’en binôme identitaire de l’Europe. A Paris, à Berlin, les agacements remplacent trop la véritable politique. Terminons en écrivant que l’une des richesses fondamentales de l’Europe tient dans sa matière grise. La négliger pour de misérables sommes c’est nous mettre la tête sous le billot. Osciller en permanence sur le devenir de Galileo c’est nous priver d’une indépendance. Les USA le voient bien puisqu’ils proposent le GPS gratuitement…..Il est temps de mettre de l’ordre, d’avoir une stratégie et la tactique adéquat.
JV©2007

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