Les élections législatives polonaises viennent de se terminer dans le calme. Un parti succèdera à un autre. Que savons-nous de ce pays ? C’est un fait, disait Pierre Chaunu, nous ignorons la Pologne.
Il me semble intéressant de proposer la lecture d’un extrait de l’ouvrage du grand historien polonais Tadeusz Wirwa, La pensée politique polonaise à l’époque de l’humanisme et de la Renaissance, paru en 1978. Les lignes ci-dessous ne sont pas datées, elles gardent leur modernité. C’est là que l’on mesure la qualité de l’historien lequel est, selon moi, un homme d’humanités, de prudence, de lucidité et d’espérance.
« Une période de l’histoire semble toucher à sa fin, sans manquer d’offrir une certaine analogie entre les phénomènes qui ont marqué son début et ceux qui, aujourd’hui, constituent probablement les présages d’une ère nouvelle : les Temps Modernes furent précédés de toute sorte de violence, de crise de l’autorité, bref de calamités d’ordre économique, démographique et politique, connues, en général, sous le nom de grande dépression et qui mit fin au Moyen Age. A présent, toutes proportions gardées, le monde connaît des difficultés semblables. L’homme de la Renaissance inaugurait les Temps Modernes en manifestant son ardeur pour les découvertes, ardeur qui, sur le plan géographique, aboutit aux découvertes des nouvelles parties du monde. Aujourd’hui, l’homme se lance aussi dans de grandes découvertes : celle des autres planètes, sans avoir pour autant achevé l’organisation de celle sur laquelle il vit. Toutefois, tandis que l’explorateur de l’époque de la Renaissance était inspiré par les grandes idées des humanistes, celui d’aujourd’hui ne l’est, en général, que par l’utilitarisme des technocrates, d’où le danger que court le monde.
La Renaissance, phénomène purement européen, avec ses grandes découvertes, a marqué toute une période de l’histoire universelle caractérisée par l’hégémonie perdue vers la fin de la première partie du XXe siècle. Parmi les notions, souvent contradictoires, qui ont jalonné cette période de l’histoire il y a surtout celle de la liberté. Il ne pouvait pas en être autrement, car, étant donné que l’homme de la Renaissance se proposait de conquérir et de maîtriser l’univers, et se considérer " la mesure de toutes choses ", il devait d’abord conquérir sa propre liberté afin de pouvoir ensuite réaliser librement ses exploits. C’est ainsi que parmi les idées fondamentales des humanistes priment notamment celles de la liberté et de la responsabilité de l’homme, nouveau centre de gravité du monde. Or, précisément la pensée politique en Pologne au XVIe siècle a été marquée avant tout par la liberté et par la tolérance, son corollaire.
A l’époque de la Renaissance, la Pologne se trouvait au premier rang, aux côtés des pays qui, au seuil de l’ère nouvelle, façonnaient avec génie la vie moderne. Continuellement exposée à la rivalité des intérêts des puissances occidentales et orientales, la Pologne se lança au XVIe siècle dans l’aventure d’établir chez elle la démocratie, allant jusqu’à l’outrance dans la liberté accordée à la noblesse. La leçon en bien et en mal qu’on peut en tirer est toujours actuelle, car, bien que la notion de liberté politique, dont on a constamment abusé, se soit usée au cours de cinq siècles, cette liberté est indispensable puisqu’elle contribue à " faire des citoyens, ni conformistes ni rebelles, critiques et responsables ". Les épreuves que connaît actuellement le monde confirment, si besoin en était, que "renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs " […]
L’objectif de notre livre consiste, précisément, à contribuer à la connaissance tant de la faiblesse humaine que des idées et des actes de courage des hommes de cette époque, à la fois lointaine et proche, courage dont l’homme contemporain a tellement besoin. »
©copyright Jean Vinatier 2007
Il me semble intéressant de proposer la lecture d’un extrait de l’ouvrage du grand historien polonais Tadeusz Wirwa, La pensée politique polonaise à l’époque de l’humanisme et de la Renaissance, paru en 1978. Les lignes ci-dessous ne sont pas datées, elles gardent leur modernité. C’est là que l’on mesure la qualité de l’historien lequel est, selon moi, un homme d’humanités, de prudence, de lucidité et d’espérance.
« Une période de l’histoire semble toucher à sa fin, sans manquer d’offrir une certaine analogie entre les phénomènes qui ont marqué son début et ceux qui, aujourd’hui, constituent probablement les présages d’une ère nouvelle : les Temps Modernes furent précédés de toute sorte de violence, de crise de l’autorité, bref de calamités d’ordre économique, démographique et politique, connues, en général, sous le nom de grande dépression et qui mit fin au Moyen Age. A présent, toutes proportions gardées, le monde connaît des difficultés semblables. L’homme de la Renaissance inaugurait les Temps Modernes en manifestant son ardeur pour les découvertes, ardeur qui, sur le plan géographique, aboutit aux découvertes des nouvelles parties du monde. Aujourd’hui, l’homme se lance aussi dans de grandes découvertes : celle des autres planètes, sans avoir pour autant achevé l’organisation de celle sur laquelle il vit. Toutefois, tandis que l’explorateur de l’époque de la Renaissance était inspiré par les grandes idées des humanistes, celui d’aujourd’hui ne l’est, en général, que par l’utilitarisme des technocrates, d’où le danger que court le monde.
La Renaissance, phénomène purement européen, avec ses grandes découvertes, a marqué toute une période de l’histoire universelle caractérisée par l’hégémonie perdue vers la fin de la première partie du XXe siècle. Parmi les notions, souvent contradictoires, qui ont jalonné cette période de l’histoire il y a surtout celle de la liberté. Il ne pouvait pas en être autrement, car, étant donné que l’homme de la Renaissance se proposait de conquérir et de maîtriser l’univers, et se considérer " la mesure de toutes choses ", il devait d’abord conquérir sa propre liberté afin de pouvoir ensuite réaliser librement ses exploits. C’est ainsi que parmi les idées fondamentales des humanistes priment notamment celles de la liberté et de la responsabilité de l’homme, nouveau centre de gravité du monde. Or, précisément la pensée politique en Pologne au XVIe siècle a été marquée avant tout par la liberté et par la tolérance, son corollaire.
A l’époque de la Renaissance, la Pologne se trouvait au premier rang, aux côtés des pays qui, au seuil de l’ère nouvelle, façonnaient avec génie la vie moderne. Continuellement exposée à la rivalité des intérêts des puissances occidentales et orientales, la Pologne se lança au XVIe siècle dans l’aventure d’établir chez elle la démocratie, allant jusqu’à l’outrance dans la liberté accordée à la noblesse. La leçon en bien et en mal qu’on peut en tirer est toujours actuelle, car, bien que la notion de liberté politique, dont on a constamment abusé, se soit usée au cours de cinq siècles, cette liberté est indispensable puisqu’elle contribue à " faire des citoyens, ni conformistes ni rebelles, critiques et responsables ". Les épreuves que connaît actuellement le monde confirment, si besoin en était, que "renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs " […]
L’objectif de notre livre consiste, précisément, à contribuer à la connaissance tant de la faiblesse humaine que des idées et des actes de courage des hommes de cette époque, à la fois lointaine et proche, courage dont l’homme contemporain a tellement besoin. »
©copyright Jean Vinatier 2007
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