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vendredi 9 novembre 2007

France : brumes de novembre N°72 - 1ere année

Le contrat social (voir le lien) débuté au galop stoppera-t-il net devant les grèves des jours à venir ? Les cheminots, la RATP, EDF, les étudiants, les magistrats, les policiers vont arpenter les pavés de France à tour de rôle. Quelle est l’ambiance ?
« Avec ce coup de gueule général, écrit Pauline Delassus de Marianne2.fr, contre le Gouvernement, tout y passe : l'autonomisation des universités bien sûr mais aussi la loi sur l'ADN, les sans-papiers, les mal-logés, les retraites et les acquis sociaux. Soutenu par les principaux syndicats, dont le Snesup majoritaire chez les professeurs, un mouvement de protestation se développe partout en France. »
Dans le magazine Challenges, Denis Kessler, ancien gauchiste passé avec succès dans les affaires, propose un arrière-fond plus historique : « Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de la retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme […] A regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ![…] Cette ‘architecture’ singulière a tenu bien que mal pendant plus d’un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. »
Pour l’Elysée l’enjeu est simple : les réformes se feront quoi qu’il advienne. Le souvenir de 1995 est dans toutes les têtes. Mais répète-t-on l’histoire ?
Le pays est traversé par une double crise d’attente et de repliement. Les Français veulent des réformes, les derniers sondages sont clairs là-dessus et dans le même temps ils s’inquiètent du nouveau monde en formation. Nicolas Sarkozy a promis le changement. En six mois, la communication a rythmé la vie présidentielle sans paraître tenir plus d’une minute à une idée ou un propos. Les gens se fatiguent un peu de ce mouvement permanent et voudraient goûter quelques fruits du programme présidentiel. Le pouvoir d’achat figure en tête des impatiences françaises. Or, le chef de l’Etat par son oscillation quotidienne prête le flanc aux doutes, aux interrogations. S’il jouit pourtant d’une popularité indéniable, l’opposition est réduite à la portion congrue, les syndicats étant les seules forces structurées à fonctionner, elle a aussi ses limites ! N’oublions pas de compter celles et ceux privés de représentation politique qui peuvent d’un seul coup descendre dans la rue. Denis Kessler insiste justement sur la dimension historico-politique de la crise française. C’est pour cela que l’on déplore l’absence d’un programme politique similaire à celui du CNR. Le poids politique compte énormément. Il est indispensable pour réformer, d’avoir l’appui dynamique des Français. L’Elysée peine, semble-t-il, à épouser la cause historique. Et c’est, je le crois une faute.
Le Président joue une carte significative en novembre. Le résultat pèsera sur les municipales, le quinquennat et la présidence de l’Union qui commencera en janvier 2008.
« Le coup de gueule général » s’il n’émeut pas encore faute d’en connaître l’exacte profondeur mérite en tout cas qu’on le mesure, maintenant, sinon…..


©copyright Jean Vinatier 2007

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