Le salut du satellite européen, Galileo, est venu du plancher des vaches. Les Vingt-Sept ont finalement trouvé le financement public intégral dans le budget 2007 et 2008. Ce sont les sommes disponibles dans le budget agricole européen qui permettent ce premier résultat. Merci la PAC !
Le gâteau à distribuer sera divisé en six lots : satellites, lanceurs, logiciels, relais au sol, centres de contrôle, gestion de l'ensemble. Une entreprise chef de file chapeautera chacun d'eux. Les six lots du programme sont assortis de règles de non cumul (pas plus de deux par groupe) et d'obligations de sous-traitance (à hauteur de 40 %), afin de faire participer les PME européennes.
Jacques Barrot se passe les mains sur le front étonné, peut-être, de réussir in extremis au milieu de toutes les disputes des Etats de l’Union. Madrid a traîné jusqu’à ce jour en accusant le Portugal de ne pas respecter la régle de l’unanimité !
Le projet européen a accumulé plus de cinq ans de retard par rapport au calendrier initial, tandis que les Etats-Unis préparent une nouvelle génération de GPS aux capacités décuplés.
Sur le plan stratégique, il est temps. L'écart se creuse entre les Etats-Unis et l'Europe. Les Américains dépensent vingt fois plus pour le spatial militaire que les Vingt-Sept réunis. Dans la galaxie de l'espace militaire, la position de l'Europe s'apparente à celle d'un satellite en orbite basse assistant, impuissant, au passage d'une flotte spatiale américaine.Dans un premier temps, le financement de ce projet stratégique fut confié, pour complaire à la demande anglaise, à des entreprises privées (EADS, Thales, Inmarsat, Alcatel-Lucent, Finmeccanica, AENA, Hispasat et TeleOp). Ces dernières ne voulurent pas démarrer le projet avant que les fonds publics ne fussent rassemblés. Remarquons, au passage, la limite atteinte de la capacité d’investissement du secteur privé quant aux risques, à sa vision stratégique ! Les querelles internes entre les différents contractants, l’incapacité des autorités européennes de leur faire entendre raison, — et pour cause — « tout cela a conduit, sans trop de tambour et avec des trompettes discrètes, à ce que EUObserver désigne comme un «virage à 180° sur le financement de Galileo» ; savoir, passage du privé au public pour ce financement, les Etats honnis, inefficaces et pervers, étant jugés tout de même plus dignes de confiance dans la pratique de la responsabilité, de l’évaluation stratégique et du respect des engagements. Galileo vaut bien une messe, — et quelle messe ! »¹
Le mérite final revient à Nicolas Sarkozy –saura-t-on comment il fonctionne ? – qui a poussé à la conclusion positive de ce projet stratégique presque fondateur d’une souveraineté européenne dans ce cas, mais qui doit beaucoup aux conceptions françaises en cette matière, « C’est un projet qui convient à l’idée absolument française d’Europe puissance »². L’Europe se ferait-elle par accident ? Les puissances de l’Union savent-elles ce qu’elles font en disant oui à Galileo ? On garde le doute. Mais, c’est fait et cela suffit à respirer un peu.
Galileo a fait la démonstration éclatante de la nécessaire existence des Etats-nations d’une part, de l’utilité manifeste, d’autre part, du financement public. Ce soir, Londres boude, Washington aussi. Tant mieux. La Chine, l’Inde, la Russie ont encouragé à la réalisation de Galileo. Les monarchies du Golfe sont loin de désapprouver ce résultat. Un signe ?
©copyright Jean Vinatier 2007
Sources :
1-Philippe Grasset in De defensa.org : « Galileo vaut bien une messe, — et quelle messe ! » 15 juillet 2007
2- ibid
Liens :
http://cirpes.net/article188.html
http://www.cnes.fr/web/860-galileo.php
http://www.touteleurope.fr/fr/union-europeenne-en-action/les-projets/les-grands-projets-europeens/galileo.html
http://www.lesechos.fr/info/aero/300222827.htm
http://seriatim1.blogspot.com/2007/10/galileo-cherche-leurope-et-leurope.html
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