« Lieu de refuge comme toutes les chaînes de montagnes, le Caucase est habité par une multitude de peuples, petits ou grands, modestes ou glorieux, anciens ou nouveaux, proches ou éloignés les uns des autres par la langue, la culture, la religion –ils sont musulmans ou chrétiens. Trois d’entre eux occupent des territoires qui dépassent largement la chaîne caucasienne, les Azéris, les Arméniens et les Géorgiens. Tous trois ont joué un rôle important dans l’histoire, les premiers d’origine relativement récente, pesant de tout leur poids sur le destin de l’Iran, les deux autres, très anciens, ayant élaboré de grandes civilisations et constitué de vastes et puissants royaumes.¹ »
Trois siècles plus tôt, l’envoyé de Louis XIV, Joseph Pitton de Tournefort notait dans sa relation de voyage:« Ce qu'il y a de plus édifiant sur la frontière de Georgie c'est qu'on ne demande rien aux étrangers. On peut entrer et sortir comme on veut des terres du Roy de Perse sans demander permission à qui que ce soit. Les marchands de notre caravane qui avaient un peu grossi en chemin, nous assuraient que non seulement on traitait respectueusement les Francs, mais qu'on les regardait avec crainte et vénération quand ils avaient des chapeaux et des juste-au-corps; au lieu qu'on les lapiderait en Turquie s'ils marchaient en pareil équipage. On n'exige que des droits fort modiques sur les marchandises qui entrent en Perse. Nous passâmes sur cette frontière, la rivière d'Arpagi. [….] Après avoir passé par des pays assez plats, on s'engage dans des défilés escarpés en s'approchant de Teflis (Tbilissi). Cette ville est sur la pente d'une montagne toute pelée dans une vallée assez étroite à cinq journées de la mer Caspienne & à six de la mer Noire quoique les caravanes en comptent le double. Teflis ou Tiflis est aujourd'hui la capitale de la Georgie connue par les anciens sous les noms d'Ibérie & d'Albanie. Pline et Pomponius Mela font mention de peuples appelés Georgi. Peut-être que la Georgie en a retenu le nom, peut-être aussi que les Grecs les appelaient Georgi, comme qui dirait de bons Laboureurs."²
Trois siècles plus tôt, l’envoyé de Louis XIV, Joseph Pitton de Tournefort notait dans sa relation de voyage:« Ce qu'il y a de plus édifiant sur la frontière de Georgie c'est qu'on ne demande rien aux étrangers. On peut entrer et sortir comme on veut des terres du Roy de Perse sans demander permission à qui que ce soit. Les marchands de notre caravane qui avaient un peu grossi en chemin, nous assuraient que non seulement on traitait respectueusement les Francs, mais qu'on les regardait avec crainte et vénération quand ils avaient des chapeaux et des juste-au-corps; au lieu qu'on les lapiderait en Turquie s'ils marchaient en pareil équipage. On n'exige que des droits fort modiques sur les marchandises qui entrent en Perse. Nous passâmes sur cette frontière, la rivière d'Arpagi. [….] Après avoir passé par des pays assez plats, on s'engage dans des défilés escarpés en s'approchant de Teflis (Tbilissi). Cette ville est sur la pente d'une montagne toute pelée dans une vallée assez étroite à cinq journées de la mer Caspienne & à six de la mer Noire quoique les caravanes en comptent le double. Teflis ou Tiflis est aujourd'hui la capitale de la Georgie connue par les anciens sous les noms d'Ibérie & d'Albanie. Pline et Pomponius Mela font mention de peuples appelés Georgi. Peut-être que la Georgie en a retenu le nom, peut-être aussi que les Grecs les appelaient Georgi, comme qui dirait de bons Laboureurs."²
Une patrie de bons laboureurs ? Hélas non, sa situation géographique et la route du pétrole aiguisent tous les appétits comme je l’écrivais avec Hélène Nouaille dans La Lettre de Léosthène en 2005:
« La région tout entière est compliquée, la Géorgie aussi, ce que Staline avait voulu et organisé. Les conflits y sont multiples, à l’intérieur des pays (Arménie, Géorgie, Tchétchénie) et entre eux. Mais elle a toujours, comme jadis, une grande importance géopolitique. Sans quoi, pour quelle raison la Géorgie, qui dispose de peu de gaz et de pétrole (fourni par les Russes à un tarif préférentiel, l’un des moyens de pression de Moscou si la fâcherie devenait sérieuse) occuperait-elle la scène ? Les intérêts des grands joueurs mondiaux s’y affrontent au travers l’un ou l’autre des camps locaux – sans trop se soucier des souhaits réels de leurs populations. A Washington, la communication politique est aujourd’hui, plus qu’à la lutte contre le terrorisme, à la “ mission démocratique ” dont on souhaiterait, à l’encontre de l’exemple irakien, qu’elle s’incarne ailleurs que dans les discours. L’Union européenne, qui, rappelons-le, est riveraine de la Mer Noire par la Roumanie et la Bulgarie, travaille pour l’heure semble-t-il à équilibrer ses rapports avec la Russie au travers d’un partenariat stratégique signé à Moscou le 10 mai dernier (la signature de cet accord avait été reporté en raison de la crise ukrainienne : il porte sur “quatre espaces stratégiques”). Elle a peu de cartes à jouer. Comme dans tout le Caucase, une stabilité reste à trouver : l’équilibre, en Géorgie et ailleurs, est aux mains des adversaires de la guerre froide, incarnés aujourd’hui par Vladimir Poutine et George Bush […] Non, les choses ne sont pas si simples en Géorgie, ce pays du sud Caucase riverain de la Mer Noire, d’un peu moins de cinq millions d’habitants. L’Ossétie du Sud (sa partie nord est en Russie) et l’Abkhazie y réclament leur autonomie, russes et américains y ont des bases militaires. Le dégel de l’URSS a libéré les aspirations, souvent contradictoires, des populations, divisées par Staline afin qu’aucune région ne soit ethniquement cohérente. Washington s’est empressé, ici comme ailleurs autour de l’ancien empire russe, d’installer ses pions. Soulignons surtout que la Géorgie, l’Arménie voisine et l'Azerbaïdjan relient la Mer Noire à la Mer Caspienne et constituent donc le couloir par lequel transite, par de très chers oléoducs, le pétrole en provenance d’Asie centrale, sans passer par la Russie.( voir le projet d’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan )Enfin, l’établissement de bases aériennes dans les trois pays permettrait à George Bush de poursuivre l’encerclement de l’Iran. Depuis la “ révolution de la rose ” et le départ de Chevardnadze en 2003, c’est Mikhaïl Saakachvili, élu le 25 janvier 2004 avec un score tout soviétique (96,3 %) qui dirige le pays : nationaliste, très pro-occidental et soutenu par les Américains, il a, dès sa prise de pouvoir, défini son objectif : contraindre, par la force s’il le fallait, les régions dissidentes à rentrer dans le rang. »³
La Géorgie n’a plus de Président. Mikhaïl Saakachvili a démissionné le 25 novembre 2007 sous la pression de la rue. Les prochaines élections auront lieu en janvier prochain. Il est fort à parier que l’instabilité du pays demeurera. Elle est placée à un endroit clef des intérêts de ses voisins immédiats. Membre du Conseil de l’Europe depuis 1999 et de la CEI (Communauté des Etats indépendants) qui la place dans l’aire d’influence russe, elle reste donc à l’ouest de l’Asie et à l’est de l’Europe.
La Géorgie n’a plus de Président. Mikhaïl Saakachvili a démissionné le 25 novembre 2007 sous la pression de la rue. Les prochaines élections auront lieu en janvier prochain. Il est fort à parier que l’instabilité du pays demeurera. Elle est placée à un endroit clef des intérêts de ses voisins immédiats. Membre du Conseil de l’Europe depuis 1999 et de la CEI (Communauté des Etats indépendants) qui la place dans l’aire d’influence russe, elle reste donc à l’ouest de l’Asie et à l’est de l’Europe.
©copyright Jean Vinatier 2007
Sources :
1 in Jean-Paul Roux, Histoire des Turcs, Paris, Fayard, 2000, p.362
2-Joseph Pitton de Tournefort, Relation d'un voyage au Levant d'ordre du Roy (1700-1702), Paris, Imp. Royale, 1717, 2 vol.
3- http://www.leosthene.com: Géorgie : la route du pétrole occupe la scène, n°121, 14 mai 2005
Liens :
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/Asie/georgie-regions-map.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Georgie_carte.gif
http://www.rzuser.uni-heidelberg.de/%7Eci4/georgien/karten/georgia_magela.gif
Sources :
1 in Jean-Paul Roux, Histoire des Turcs, Paris, Fayard, 2000, p.362
2-Joseph Pitton de Tournefort, Relation d'un voyage au Levant d'ordre du Roy (1700-1702), Paris, Imp. Royale, 1717, 2 vol.
3- http://www.leosthene.com: Géorgie : la route du pétrole occupe la scène, n°121, 14 mai 2005
Liens :
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/Asie/georgie-regions-map.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Georgie_carte.gif
http://www.rzuser.uni-heidelberg.de/%7Eci4/georgien/karten/georgia_magela.gif
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