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jeudi 29 novembre 2007

Nicolas Sarkozy et les cités interdites N°86 - 1ere année

A peine descendu d’Elysée One, Nicolas Sarkozy s’est précipité au chevet des policiers blessés lors des événements de Villiers-le-Bel. Il bouillait bloqué en Chine de ne pouvoir déjà intervenir devant les caméras. Pendant deux jours, il avait contemplé la Cité interdite source du redoutable pouvoir impérial ; en France il est face aux cités interdites qui marqueraient les limites de son autorité.
Comme toujours, il fait le matamore ! Il promet que les tireurs iront devant les assises et ainsi de suite. Le feuilleton continue. Nous sommes dans la saison 2 de "
Sarkozy et les teci".
Le climat général est encore favorable au Président. Mais c’est tangent ! On se souvient qu’il était ministre de l’Intérieur pendant les émeutes de novembre 2005. On se souvient aussi qu’il martelait pendant la campagne présidentielle son souci de balayer la racaille. Que nous dira-t-il aujourd’hui ? Sylvain Lapoix de Marianne2.fr est laconique « Telle est la politique sarkozyste : des images de violence pour mobiliser le peuple devant sa télévision et, dans les hôpitaux, des hommages aux policiers blessés en service. » Bilan médiatique que ne reprend pas exactement le sociologue Charles Rojzman: « Le phénomène n'a fait que s'amplifier depuis deux ans. Le calme apparent est le fruit d'une double omerta : celle des habitants qui ont peur des représailles et celles des pouvoirs publics qui craignent le procès en incompétence. Dans les faits, cette violence s'exerce au quotidien sur les personnes qui vivent et travaillent dans certaines banlieues comme les gardiens d'immeuble, les employés municipaux, les militants associatifs, etc. »¹
Sommes-nous à la veille d’un Grenelle des banlieues ? Pour discuter, il faut être deux ou plus. Avec qui établir le dialogue dans les banlieues ? Les maires de ces villes sont sur un baril de poudre. Le conseil régional observe le silence. Les associations étant, pour certaines d’entre elles l’objet de la vindicte des jeunes gens des cités, ne peuvent garantir leur influence.
On n’ose pas admettre le très grand marché souterrain en activité dans ces villes entourant Paris. On y trouve de tout ! Depuis la drogue, les armes à feu jusqu’aux téléviseurs, ordinateurs et vêtements. Il devrait aussi exister des sortes de banques officieuses. Bref, nous avons à nos portes parisiennes –mais aussi autour des métropoles régionales - une anti-société prospère, dynamique et naturellement inquiétante.
Les gangs, les mafias pullulent dans ces "Banlieues 13"². Que fait l’Etat ? Est-il devant son ambiguïté ? Tous les habitants des banlieues ne sont pas des trafiquants mais tous sont englobés dans une image négative. Les meilleurs cherchent à s’échapper faute de trouver sur place du travail, de monter leurs entreprises. Les autres qui ne sont pas tous des mauvais vivent douloureusement. Le malheur veut que l’actuel exécutif ne considère pas le dossier des banlieues comme une priorité exception faite de l’exploitation médiatique de tel ou tel événement. Aux rodéos des jeunes répond le rodéo présidentiel. Nous tournons donc en rond.
Les conversations publiques à Paris font état d’impatiences. Certains parlent d’envoyer l’armée et surtout la Légion étrangère….Pourquoi pas l’OTAN ou une force onusienne ? S’il faut bien distinguer le côté fort en gueule du Monsieur « Ya qu’à » de l’observation froide de la situation, on entrevoit, cependant, le risque d’une tentation hautement explosive : clore policièrement et militairement certains quartiers de telle ou telle ville. Pour la com Elyséenne, on montrerait l’autorité de justice du chef de l’Etat et pour le grand public l’illusion que tout est calme. Les Michu seront-ils satisfaits ?
Les forces de l’ordre ont subi des tirs. 130 policiers ont été blessés à divers degrés. Dans son discours aux gendarmes, Nicolas Sarkozy a, une fois de plus, succombé, à la facilité du langage quasi militaire. Fort bien. Il compte visiblement sur le récit filmé qu’il en fera pour passer à un autre sujet. Dangereuse méthode !
Le passage de la banlieue champêtre à la cité interdite est une défaite, une image négative pour l’état de droit et notre société. Donner le sentiment que le rapport de force répond de tout balance hors de toute raison une politique censée vis à vis de nos banlieues. Il faut protester énergiquement contre le ghetto. La France n’a pas d’un côté des villes touristiques et marchandes et de l’autre des cités interdites. En laisser entrevoir la possibilité est une erreur politique.

©copyright Jean Vinatier 2007

Sources :
1-voir Marianne 2.fr
2- Allusion au film culte de Luc Besson sorti en 2004, Banlieue13.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Jean Vinatier, êtes-vous parent avec Jean Vinatier, enfin "nôtre" Jean Vinatier ?