La tecktonik est une danse de « djeuns ». Le danseur ressemble à un épileptique qui aurait perdu ses médicaments. Si Nicolas Sarkozy n’est pas épileptique, il est fortement agité. Il saute sur tout ce qui bouge. Des infirmières bulgares à l’Arche de Zoé, des cheminots aux marins-pêcheurs sans oublier les visites et réceptions officielles et ainsi de suite.
Il faut être un grand expert pour séparer dans ses gestes ce qui est de l’homme l’Etat au sens propre de l’opération de communication. A la vérité, il n’y en a plus. Tout est banalisé, mis dans un même sac ou fourre-tout. Les Français sont au spectacle et ne cessent pas de s’esclaffer, d’applaudir tant l’acteur Sarkozy épouse avec un grand naturel toute une série de rôles. Ce one man Show trouve sa récompense dans les sondages. Point de véritable baisse de popularité. Que se passe-t-il ?
Et bien justement, il ne se passe rien. Cet art consommé d’imposer sa personne sur chaque fait du plus anodin ou plus important rend très difficile la publicité de la critique, de la remarque. Le lâche abandon par le parti socialiste de la scène politique gomme une part non négligeable de l’opposition naturelle dans une véritable démocratie. La France n’a plus qu’une seule voix, qu’un seul orateur. Les Français sont-ils atones ? L’élection présidentielle de mai dernier s’est jouée autour de deux candidats programmés. Chacun a donné l’impression d’avoir son rôle propre. On comprend l’immense peur qui a habité le tandem Sarkozy/Royal devant la percée de François Bayrou. Il n’était pas prévu au programme. Au soir du premier tour, le ouf de soulagement des deux candidats ne se masquait pas. Entre deux maux, l’usage veut de choisir le moindre. Et ce fut Nicolas Sarkozy.
L’automne social intervient dans le sixième mois de la Présidence. Il va compter dans le tournant du quinquennat. Tout manifestant individuel ou collectif aura face à lui, Nicolas Sarkozy. C’est neuf et agaçant. Neuf parce que le Président de la République se mêle à la foule en répondant du tac au tac, tutoyant d’entrée, houspillant, rompt la distance qui était d’usage. Agaçant parce qu’il ne fait retenir de son déplacement que le final : applaudissement (marins-pêcheurs) ou silence gêné (cheminots). Agaçant également par les rodomontades : « j’irai chercher les Français détenus au Tchad » en se moquant comme d’une guigne de la souveraineté du pays en question.
Cette omniprésence présidentielle réveillera-t-elle les Français ? Les sondages portant sur des questions concrètes : pouvoir d’achat, niveau de vie, chômage…etc ne sont pas favorables à Sarkozy. Il y a donc une attente plus forte et plus attentive que ne laisse pas paraître les déplacements présidentiels. En politique étrangère, la ratification au pas de charge du traité européen dit de Lisbonne sera une flèche enfoncée dans la poitrine de plus de 55% de Français. Attention ! Ce n’est pas parce que le parti socialiste se déconsidère que les Français oublieront le mépris de Sarkozy pour le référendum de 2005. Le soin qu’il prend à reconquérir le cœur de l’Amérique n’est pas sans houle. Et dans un premier temps le danger viendra davantage des exigences de Washington, ravi d’avoir sous la main un homme aussi empressé de reconnaissance hollywoodienne, que des Français.
Le Président tecktonik court le risque à force de présence de n’être plus vu !C’est le paradoxe de sa méthode. Le matin à la Cour des Comptes aux côtés de Philippe Seguin en tenue d’apparat, deux heures plus tard, il tutoie les pécheurs…etc. Tout danseur s’épuise ! Le Président a intérêt à marquer le pas. Son élection a suscité, peut-être par dépit, un espoir véritable. Son degré de popularité n’est pas tari. Mais il paraît jouer les prolongations. Attention !
©copyright Jean Vinatier 2007
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