Le grand journaliste et historien américain William Pfaff (1928) est un homme de grand savoir et d’une sagesse peu commune.
Il semble intéressant de proposer la lecture de quelques pages de son ouvrage, Le réveil du vieux monde, paru en France en 1990.
« Les Américains se trouvent à un tournant décisif dans l’histoire des relations de leur nation avec le monde, et, ils sont peu disposés à admettre que les Etats-Unis ne sont pas une nation unique. Nous sommes de nouveau prêts à dédaigner le monde, comme nous le fîmes par le passé, et nos amis et clients peut-être davantage encore que nos ennemis soviétiques officiels, puisqu’il a été possible de trouver avec ces ennemis une parenté de puissance et d’isolement, tandis que nos amis et clients sont des importuns ; ils ont pris leur part dans nos propres désillusions et ils sont de plus nos rivaux. Nos alliés et clients sont accessibles à notre colère. Nous ne sommes pas démunis en face à eux : nous pouvons les punir d’avoir coopéré à notre désillusion et d’être devenus cyniques en ce qui nous concerne, nous et nos mobiles. Quant à nos ennemis, nous voulons croire qu’ils ont le pouvoir de nous soulager de tout engagement dans les affaires mondiales. Ce sont nos amis qui nous paralysent, qui nous font des reproches, qui s’accrochent à nous et font valoir leurs droits moraux.
L’empire américain a été de courte durée : né dans l’urgence, il a survécu grâce à un idéalisme qui appartient déjà au passé. Même l’empire polonais, qui s’étendit brièvement de la Baltique à la mer Noire, fut moins éphémère. Et l’empire américain a manqué de sérieux : fondé sur des idées reçues et des ambitions mal calculées, il a été le moyen, pour une nation solipsiste, de réagir à un monde extérieur dont la particularité même a paru menaçante. Peut-être faut-il porter au crédit de l’Amérique de ne s’être jamais entièrement abandonnée à un véritable impérialisme alors même qu’elle le pratiquait : nous avons toujours formellement nié nous trouver en dehors de nos frontières si ce n’est pour une période des plus courtes et dans des buts on ne peut plus désintéressés. Notre pompe impériale elle-même était peu convaincante. Les plus récentes cérémonies martiales de Washington n’avaient ni la grandeur romaine ni le caractère menaçant des fastes de Nuremberg. Elles ont toujours gardé un côté show-biz qui témoigne des efforts des copains hollywoodiens de nos présidents, une physionomie qui rappelle les défilés de majorettes et les orchestres de lycéens.
L’internationalisme du dernier quart de siècle, la chose est désormais claire, n’a été qu’un avatar du nationalisme, sans véritable passion pour gouverner des royaumes d’opérette ou dominer l’exotique. Nous voulions le pouvoir, mais nous souhaitions aussi que l’on nous reconnût ce pouvoir de plein droit ; ce siècle, prétendions-nous, était le nôtre, en fonction de notre altruisme et de l’universalité de nos valeurs. Qu’on nous refusât cela, et notre volonté impériale se trouvait ébranlée. Il ne pouvait en être autrement, parce que nous demeurons un isolat et un peuple moralement isolé. Jamais nous n’avons su accepter sans passion les autres pour ce qu’ils sont, car cela eût supposé également de notre part un jugement détaché sur ce que nous sommes. Mais nous est-il possible aujourd’hui de faire marche arrière, de contenir à l’intérieur de ces limites continentales nos énergies en même temps que ces tensions explosives ? Pouvons-nous regarder en face ce que nous sommes vraiment, avec tout ce que cela suppose de désarroi intérieur et d’incertitude nationale – de dessein national inaccompli ? Nous ne possédons pas le privilège d’un retour à l’innocence.
[…]
On peut songer à ce qui est arrivé aux Etats-Unis depuis un demi-siècle avec regret, ou avec ironie ; on peut également se demander si une confiance pondérée en l’avenir ne serait pas de bon aloi. L’isolement pourrait être bénéfique au pays. Les Etats-Unis pourraient se retrouver ; les moyens d’une reconstruction existent – ainsi « cette rudesse et cette force qui vont de pair avec l’acuité et la curiosité, ce sens pratique, cette inventivité, ce tour d’esprit prompt à trouver des expédients […] cette inépuisable et turbulente énergie, cet individualisme triomphant, pour le meilleur ou pour le pire, sans oublier cet allant et cette exubérance » pour reprendre les termes de l’historien de la frontière Frederick Jackson Turner. Mais la volonté existe-t-elle ? Sommes-nous disposés à faire preuve de sérieux, à consentir à nouveau des sacrifices, à nous reprendre en main ? Pour l’heure, nous n’avons toujours pas payé le prix d’une hypothétique gloire. L’ombre d’un possible échec et d’un « terrible gâchis » n’a fait que s’allonger. Seule demeure la frontière intérieure, la plus rebutante, la plus mystérieuse. Le pays (pour citer encore une fois Fitzgerald, qui écrivait ces mots en 1929) paraît encore posséder « cette qualité de l’idée […] un empressement du cœur ». Mais est-ce encore vraiment le cas ? Nous sommes à la veille des années 1990, et il s’est passé tant de choses…Demain tranchera.»
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Site de William Pfaff : http://williampfaff.com/
Source :
William Pfaff, Le réveil du vieux monde, Paris,Calman-Levy, 1990, pp.266-268, 270-271
"Si vous ne lisez pas les journaux, vous n'êtes pas informés; si vous lisez les journaux, vous êtes mal informés" Mark Twain
mercredi 31 décembre 2008
William Pfaff : « L’empire américain a été de courte durée » N°370 - 2eme année
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Etats-Unis,
Textes contemporains
mardi 30 décembre 2008
Harold Pinter : le « mal qui ronge en profondeur l’esprit et l’intelligence morale » N°369 - 2eme année
Harold Pinter est mort le 25 décembre 2008 : les médias ont passé la nouvelle rapidement sans trop s’attarder. Devait-on consacrer du temps à un homme qui a dénoncé dans son œuvre, théâtrale, poétique, l’absurde, l’angoisse et les dictatures à venir ? Dans la tombe le Pinter : bon débarras !
Cet anglais issu d’une famille russe juive, est né en 1930 dans le quartier le plus redouté de Londres, East End. Il n’attend pas ses vingt ans pour entrer en révolte, il refuse de faire son service militaire. Il a de multiples jobs qui l’aident à payer ses cours et il fréquente les laisser pour compte du royaume ainsi que les macs.
Des années 50 à 1963, ses pièces emportent des succès d’estime jusqu’au triomphe du Gardien en 1963, point de départ d’une gloire qui ne faiblira plus.
Nobélisé en 2005, Harold Pinter, gravement malade, ne put se rendre en Suède. Il a fait lire un discours superbe dont il est bon de rappeler deux longs extraits :
« Le langage politique, tel que l’emploient les hommes politiques, ne s’aventure jamais sur ce genre de terrain, puisque la majorité des hommes politiques, à en croire les éléments dont nous disposons, ne s’intéressent pas à la vérité mais au pouvoir et au maintien de ce pouvoir. Pour maintenir ce pouvoir il est essentiel que les gens demeurent dans l’ignorance, qu’ils vivent dans l’ignorance de la vérité, jusqu’à la vérité de leur propre vie. Ce qui nous entoure est donc un vaste tissu de mensonges, dont nous nous nourrissons.
Comme le sait ici tout un chacun, l’argument avancé pour justifier l’invasion de l’Irak était que Saddam Hussein détenait un arsenal extrêmement dangereux d’armes de destruction massive, dont certaines pouvaient être déchargées en 45 minutes, provoquant un effroyable carnage. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai. On nous disait que l’Irak entretenait des relations avec Al Qaïda et avait donc sa part de responsabilitédans l’atrocité du 11 septembre 2001 à New York. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai. On nous disait que l’Irak menaçait la sécurité du monde. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai.
La vérité est totalement différente. La vérité est liée à la façon dont les États-Unis comprennent leur rôle dans le monde et la façon dont ils choisissent de l’incarner.
[…]
Les États-Unis ont soutenu, et dans bien des cas engendrés, toutes les dictatures militaires droitières apparues dans le monde à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Je veux parler de l’Indonésie, de la Grèce, de l’Uruguay, du Brésil, du Paraguay, d’Haïti, de la Turquie, des Philippines, du Guatemala, du Salvador, et, bien sûr, du Chili. L’horreur que les États-Unis ont infligée au Chili en 1973 ne pourra jamais être expiée et ne pourra jamais être oubliée.
Des centaines de milliers de morts ont eu lieu dans tous ces pays. Ont-elles eu lieu? Et sont-elles dans tous les cas imputables à la politique étrangère des États-Unis? La réponse est oui, elles ont eu lieu et elles sont imputables à la politique étrangère américaine. Mais vous n’en savez rien.
Ça ne s’est jamais passé. Rien ne s’est jamais passé. Même pendant que cela se passait, ça ne se passait pas. Ça n’avait aucune importance. Ça n’avait aucun intérêt. Les crimes commis par les États-Unis ont été systématiques, constants, violents, impitoyables, mais très peu de gens en ont réellement parlé. Rendons cette justice à l’Amérique : elle s’est livrée, partout dans le monde, à une manipulation tout à fait clinique du pouvoir tout en se faisant passer pour une force qui agissait dans l’intérêt du bien universel. Un cas d’hypnose génial, pour ne pas dire spirituel, et terriblement efficace.
Les États-Unis, je vous le dis, offrent sans aucun doute le plus grand spectacle du moment. Pays brutal, indifférent, méprisant et sans pitié, peut-être bien, mais c’est aussi un pays très malin. À l’image d’un commis voyageur, il œuvre tout seul et l’article qu’il vend le mieux est l’amour de soi. Succès garanti. Écoutez tous les présidents américains à la télévision prononcer les mots « peuple américain », comme dans la phrase : « Je dis au peuple américain qu’il est temps de prier et de défendre les droits du peuple américain et je demande au peuple américain de faire confiance à son Président pour les actions qu’il s’apprête à mener au nom du peuple américain. »
Le stratagème est brillant. Le langage est en fait employé pour tenir la pensée en échec. Les mots « peuple américain » fournissent un coussin franchement voluptueux destiné à vous rassurer. Vous n’avez pas besoin de penser. Vous n’avez qu’à vous allonger sur le coussin. Il se peut que ce coussin étouffe votre intelligence et votre sens critique mais il est très confortable. Ce qui bien sûr ne vaut pas pour les 40 millions de gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ni aux 2 millions d’hommes et de femmes incarcérés dans le vaste goulag de prisons qui s’étend d’un bout à l’autre des États-Unis.
Les États-Unis ne se préoccupent plus des conflits de faible intensité. Ils ne voient plus l’intérêt qu’il y aurait à faire preuve de réserve, ni même de sournoiserie. Ils jouent cartes sur table, sans distinction. C’est bien simple, ils se fichent éperdument des Nations Unies, du droit international ou des voix dissidentes, dont ils pensent qu’ils n’ont aucun pouvoir ni aucune pertinence. Et puis ils ont leur petit agneau bêlant qui les suit partout au bout d’une laisse, la Grande-Bretagne, pathétique et soumise.
Où est donc passée notre sensibilité morale ? En avons-nous jamais eu une ? Que signifient ces mots ? Renvoient-ils à un terme très rarement employé ces temps-ci – la conscience ? Une conscience qui soit non seulement liée à nos propres actes mais qui soit également liée à la part de responsabilité qui est la nôtre dans les actes d’autrui ? Tout cela est-il mort ? Regardez Guantanamo. Des centaines de gens détenus sans chef d’accusation depuis plus de trois ans, sans représentation légale ni procès équitable, théoriquement détenus pour toujours. Cette structure totalement illégitime est maintenue au mépris de la Convention de Genève. Non seulement on la tolère mais c’est à peine si la soi-disant « communauté internationale » en fait le moindre cas. Ce crime scandaleux est commis en ce moment même par un pays qui fait profession d’être « le leader du monde libre ». Est-ce que nous pensons aux locataires de Guantanamo ? Qu’en disent les médias ? Ils se réveillent de temps en temps pour nous pondre un petit article en page six. Ces hommes ont été relégués dans un no man’s land dont ils pourraient fort bien ne jamais revenir. À présent beaucoup d’entre euxfont la grève de la faim, ils sont nourris de force, y compris des résidents britanniques. Pas de raffinements dans ces méthodes d’alimentation forcée. Pas de sédatifs ni d’anesthésiques. Juste un tube qu’on vous enfonce dans le nez et qu’on vous fait descendre dans la gorge. Vous vomissez du sang. C’est de la torture. Qu’en a dit le ministre des Affaires étrangères britannique ? Rien. Qu’en a dit le Premier Ministre britannique ? Rien. Et pourquoi ? Parce que les États-Unis ont déclaré : critiquer notre conduite à Guantanamo constitue un acte hostile. Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. Résultat, Blair se tait.
L’invasion de l’Irak était un acte de banditisme, un acte de terrorisme d’État patenté, témoignant d’un absolu mépris pour la notion de droit international. Cette invasion était un engagement militaire arbitraire inspiré par une série de mensonges répétés sans fin et une manipulation flagrante des médias et, partant, du public ; une intervention visant à renforcer le contrôle militaire et économique de l’Amérique sur le Moyen-Orient et se faisant passer – en dernier ressort – toutes les autres justifications n’ayant pas réussi à prouver leur bien-fondé – pour une libération. Une red outable affirmation de la force militaire responsable de la mort et de la mutilation de milliers et de milliers d’innocents.
Nous avons apporté au peuple irakien la torture, les bombes à fragmentation, l’uranium appauvri, d’innombrables tueries commises au hasard, la misère, l’humiliation et la mort et nous appelons cela « apporter la liberté et la démocratie au Moyen-Orient ».
Combien de gens vous faut-il tuer avant d’avoir droit au titre de meurtrier de masse et de criminel de guerre ? Cent mille ? Plus qu’assez, serais-je tenté de croire. Il serait donc juste que Bush et Blair soient appelés à comparaître devant la Cour internationale de justice. Mais Bush a été malin. Il n’a pas ratifié la Cour internationale de justice. Donc, si un soldat américain ou, à plus forte raison, un homme politique américain, devait se retrouver au banc des accusés, Bush a prévenu qu’il enverrait les marines. Mais Tony Blair, lui, a ratifié la Cour et peut donc faire l’objet de poursuites.Nous pouvons communiquer son adresse à la Cour si ça l’intéresse. Il habite au 10 Downing Street, Londres.
La mort dans ce contexte devient tout à fait accessoire. Bush et Blair prennent tous deux bien soin de la mettre de côté. Au moins 100 000 Irakiens ont péri sous les bombes et les missiles américains avant que ne commence l’insurrection irakienne. Ces gens-là sont quantité négligeable. Leur mort n’existe pas. Un néant. Ils ne sont même pas recensés comme étant morts. « Nous ne comptons pas les cadavres » a déclaré le général américain Tommy Franks.
Aux premiers jours de l’invasion une photo a été publiée à la une des journaux britanniques ; on y voit Tony Blair embrassant sur la joue un petit garçon irakien. « Un enfant reconnaissant » disait la légende. Quelques jours plus tard on pouvait trouver, en pages intérieures, l’histoire et la photo d’un autre petit garçon de quatre ans qui n’avait plus de bras. Sa famille avait été pulvérisée par un missile. C’était le seul survivant. « Quand est-ce que je retrouverai mes bras ? » demandait-il. L’histoire est passée à la trappe. Eh bien oui, Tony Blair ne le serrait pas contre lui, pas plus qu’il ne serrait dans ses bras le corps d’un autre enfant mutilé, ou le corps d’un cadavre ensanglanté. Le sang, c’est sale. Ça salit votre chemise et votre cravate quand vous parlez avec sincérité devant les caméras de télévision.
Les 2000 morts américains sont embarrassants. On les transporte vers leurs tombes dans le noir. Les funérailles se font discrètement, en lieu sûr. Les mutilés pourrissent dans leurs lits, certains pour le restant de leurs jours. Ainsi les morts et les mutilés pourrissent-ils, dans différentes catégories de tombes. »¹
Terminons par un autre extrait cité par Pierre Assouline dans son fort bel article consacré à Harold Pinter². Il s’agit d’un article L’érosion du langage de la liberté paru dans Sanity en 1989 :
“… Le discrédit dans lequel est tombé le langage et le mal qui ronge en profondeur l’esprit et l’intelligence morale donnent au gouvernement carte blanche pour faire ce qui lui plaît. Ses représentants peuvent désormais procéder à des écoutes, entrer par effraction, détourner des fonds, cambrioler, mentir, diffamer, brutaliser et terroriser en toute impunité. A dénoncer de tels agissements on se retrouverait tout simplement en prison alors que les serviteurs du gouvernement pourraient rester au-dessus des lois, n’ayant de comptes à rendre ni aux citoyens de ce pays ni à ses représentants devant le Parlement. (Les services de sécurité ont bien entendu toujours été au-dessus des lois, mais cet état de fait est à présent comme sanctifié par le droit). Les lois sont brutales et cyniques. Il n’y en a aucune qui prenne en compte une quelconque aspiration démocratique. Elles n’ont toutes pour objet que l’intensification et la consolidation du pouvoir étatique. A moins que nous ne nous décidions à affronter franchement cette réalité en face, ce pays libre court le danger très grave de mourir étranglé”.
Cet anglais issu d’une famille russe juive, est né en 1930 dans le quartier le plus redouté de Londres, East End. Il n’attend pas ses vingt ans pour entrer en révolte, il refuse de faire son service militaire. Il a de multiples jobs qui l’aident à payer ses cours et il fréquente les laisser pour compte du royaume ainsi que les macs.
Des années 50 à 1963, ses pièces emportent des succès d’estime jusqu’au triomphe du Gardien en 1963, point de départ d’une gloire qui ne faiblira plus.
Nobélisé en 2005, Harold Pinter, gravement malade, ne put se rendre en Suède. Il a fait lire un discours superbe dont il est bon de rappeler deux longs extraits :
« Le langage politique, tel que l’emploient les hommes politiques, ne s’aventure jamais sur ce genre de terrain, puisque la majorité des hommes politiques, à en croire les éléments dont nous disposons, ne s’intéressent pas à la vérité mais au pouvoir et au maintien de ce pouvoir. Pour maintenir ce pouvoir il est essentiel que les gens demeurent dans l’ignorance, qu’ils vivent dans l’ignorance de la vérité, jusqu’à la vérité de leur propre vie. Ce qui nous entoure est donc un vaste tissu de mensonges, dont nous nous nourrissons.
Comme le sait ici tout un chacun, l’argument avancé pour justifier l’invasion de l’Irak était que Saddam Hussein détenait un arsenal extrêmement dangereux d’armes de destruction massive, dont certaines pouvaient être déchargées en 45 minutes, provoquant un effroyable carnage. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai. On nous disait que l’Irak entretenait des relations avec Al Qaïda et avait donc sa part de responsabilitédans l’atrocité du 11 septembre 2001 à New York. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai. On nous disait que l’Irak menaçait la sécurité du monde. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai.
La vérité est totalement différente. La vérité est liée à la façon dont les États-Unis comprennent leur rôle dans le monde et la façon dont ils choisissent de l’incarner.
[…]
Les États-Unis ont soutenu, et dans bien des cas engendrés, toutes les dictatures militaires droitières apparues dans le monde à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Je veux parler de l’Indonésie, de la Grèce, de l’Uruguay, du Brésil, du Paraguay, d’Haïti, de la Turquie, des Philippines, du Guatemala, du Salvador, et, bien sûr, du Chili. L’horreur que les États-Unis ont infligée au Chili en 1973 ne pourra jamais être expiée et ne pourra jamais être oubliée.
Des centaines de milliers de morts ont eu lieu dans tous ces pays. Ont-elles eu lieu? Et sont-elles dans tous les cas imputables à la politique étrangère des États-Unis? La réponse est oui, elles ont eu lieu et elles sont imputables à la politique étrangère américaine. Mais vous n’en savez rien.
Ça ne s’est jamais passé. Rien ne s’est jamais passé. Même pendant que cela se passait, ça ne se passait pas. Ça n’avait aucune importance. Ça n’avait aucun intérêt. Les crimes commis par les États-Unis ont été systématiques, constants, violents, impitoyables, mais très peu de gens en ont réellement parlé. Rendons cette justice à l’Amérique : elle s’est livrée, partout dans le monde, à une manipulation tout à fait clinique du pouvoir tout en se faisant passer pour une force qui agissait dans l’intérêt du bien universel. Un cas d’hypnose génial, pour ne pas dire spirituel, et terriblement efficace.
Les États-Unis, je vous le dis, offrent sans aucun doute le plus grand spectacle du moment. Pays brutal, indifférent, méprisant et sans pitié, peut-être bien, mais c’est aussi un pays très malin. À l’image d’un commis voyageur, il œuvre tout seul et l’article qu’il vend le mieux est l’amour de soi. Succès garanti. Écoutez tous les présidents américains à la télévision prononcer les mots « peuple américain », comme dans la phrase : « Je dis au peuple américain qu’il est temps de prier et de défendre les droits du peuple américain et je demande au peuple américain de faire confiance à son Président pour les actions qu’il s’apprête à mener au nom du peuple américain. »
Le stratagème est brillant. Le langage est en fait employé pour tenir la pensée en échec. Les mots « peuple américain » fournissent un coussin franchement voluptueux destiné à vous rassurer. Vous n’avez pas besoin de penser. Vous n’avez qu’à vous allonger sur le coussin. Il se peut que ce coussin étouffe votre intelligence et votre sens critique mais il est très confortable. Ce qui bien sûr ne vaut pas pour les 40 millions de gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ni aux 2 millions d’hommes et de femmes incarcérés dans le vaste goulag de prisons qui s’étend d’un bout à l’autre des États-Unis.
Les États-Unis ne se préoccupent plus des conflits de faible intensité. Ils ne voient plus l’intérêt qu’il y aurait à faire preuve de réserve, ni même de sournoiserie. Ils jouent cartes sur table, sans distinction. C’est bien simple, ils se fichent éperdument des Nations Unies, du droit international ou des voix dissidentes, dont ils pensent qu’ils n’ont aucun pouvoir ni aucune pertinence. Et puis ils ont leur petit agneau bêlant qui les suit partout au bout d’une laisse, la Grande-Bretagne, pathétique et soumise.
Où est donc passée notre sensibilité morale ? En avons-nous jamais eu une ? Que signifient ces mots ? Renvoient-ils à un terme très rarement employé ces temps-ci – la conscience ? Une conscience qui soit non seulement liée à nos propres actes mais qui soit également liée à la part de responsabilité qui est la nôtre dans les actes d’autrui ? Tout cela est-il mort ? Regardez Guantanamo. Des centaines de gens détenus sans chef d’accusation depuis plus de trois ans, sans représentation légale ni procès équitable, théoriquement détenus pour toujours. Cette structure totalement illégitime est maintenue au mépris de la Convention de Genève. Non seulement on la tolère mais c’est à peine si la soi-disant « communauté internationale » en fait le moindre cas. Ce crime scandaleux est commis en ce moment même par un pays qui fait profession d’être « le leader du monde libre ». Est-ce que nous pensons aux locataires de Guantanamo ? Qu’en disent les médias ? Ils se réveillent de temps en temps pour nous pondre un petit article en page six. Ces hommes ont été relégués dans un no man’s land dont ils pourraient fort bien ne jamais revenir. À présent beaucoup d’entre euxfont la grève de la faim, ils sont nourris de force, y compris des résidents britanniques. Pas de raffinements dans ces méthodes d’alimentation forcée. Pas de sédatifs ni d’anesthésiques. Juste un tube qu’on vous enfonce dans le nez et qu’on vous fait descendre dans la gorge. Vous vomissez du sang. C’est de la torture. Qu’en a dit le ministre des Affaires étrangères britannique ? Rien. Qu’en a dit le Premier Ministre britannique ? Rien. Et pourquoi ? Parce que les États-Unis ont déclaré : critiquer notre conduite à Guantanamo constitue un acte hostile. Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. Résultat, Blair se tait.
L’invasion de l’Irak était un acte de banditisme, un acte de terrorisme d’État patenté, témoignant d’un absolu mépris pour la notion de droit international. Cette invasion était un engagement militaire arbitraire inspiré par une série de mensonges répétés sans fin et une manipulation flagrante des médias et, partant, du public ; une intervention visant à renforcer le contrôle militaire et économique de l’Amérique sur le Moyen-Orient et se faisant passer – en dernier ressort – toutes les autres justifications n’ayant pas réussi à prouver leur bien-fondé – pour une libération. Une red outable affirmation de la force militaire responsable de la mort et de la mutilation de milliers et de milliers d’innocents.
Nous avons apporté au peuple irakien la torture, les bombes à fragmentation, l’uranium appauvri, d’innombrables tueries commises au hasard, la misère, l’humiliation et la mort et nous appelons cela « apporter la liberté et la démocratie au Moyen-Orient ».
Combien de gens vous faut-il tuer avant d’avoir droit au titre de meurtrier de masse et de criminel de guerre ? Cent mille ? Plus qu’assez, serais-je tenté de croire. Il serait donc juste que Bush et Blair soient appelés à comparaître devant la Cour internationale de justice. Mais Bush a été malin. Il n’a pas ratifié la Cour internationale de justice. Donc, si un soldat américain ou, à plus forte raison, un homme politique américain, devait se retrouver au banc des accusés, Bush a prévenu qu’il enverrait les marines. Mais Tony Blair, lui, a ratifié la Cour et peut donc faire l’objet de poursuites.Nous pouvons communiquer son adresse à la Cour si ça l’intéresse. Il habite au 10 Downing Street, Londres.
La mort dans ce contexte devient tout à fait accessoire. Bush et Blair prennent tous deux bien soin de la mettre de côté. Au moins 100 000 Irakiens ont péri sous les bombes et les missiles américains avant que ne commence l’insurrection irakienne. Ces gens-là sont quantité négligeable. Leur mort n’existe pas. Un néant. Ils ne sont même pas recensés comme étant morts. « Nous ne comptons pas les cadavres » a déclaré le général américain Tommy Franks.
Aux premiers jours de l’invasion une photo a été publiée à la une des journaux britanniques ; on y voit Tony Blair embrassant sur la joue un petit garçon irakien. « Un enfant reconnaissant » disait la légende. Quelques jours plus tard on pouvait trouver, en pages intérieures, l’histoire et la photo d’un autre petit garçon de quatre ans qui n’avait plus de bras. Sa famille avait été pulvérisée par un missile. C’était le seul survivant. « Quand est-ce que je retrouverai mes bras ? » demandait-il. L’histoire est passée à la trappe. Eh bien oui, Tony Blair ne le serrait pas contre lui, pas plus qu’il ne serrait dans ses bras le corps d’un autre enfant mutilé, ou le corps d’un cadavre ensanglanté. Le sang, c’est sale. Ça salit votre chemise et votre cravate quand vous parlez avec sincérité devant les caméras de télévision.
Les 2000 morts américains sont embarrassants. On les transporte vers leurs tombes dans le noir. Les funérailles se font discrètement, en lieu sûr. Les mutilés pourrissent dans leurs lits, certains pour le restant de leurs jours. Ainsi les morts et les mutilés pourrissent-ils, dans différentes catégories de tombes. »¹
Terminons par un autre extrait cité par Pierre Assouline dans son fort bel article consacré à Harold Pinter². Il s’agit d’un article L’érosion du langage de la liberté paru dans Sanity en 1989 :
“… Le discrédit dans lequel est tombé le langage et le mal qui ronge en profondeur l’esprit et l’intelligence morale donnent au gouvernement carte blanche pour faire ce qui lui plaît. Ses représentants peuvent désormais procéder à des écoutes, entrer par effraction, détourner des fonds, cambrioler, mentir, diffamer, brutaliser et terroriser en toute impunité. A dénoncer de tels agissements on se retrouverait tout simplement en prison alors que les serviteurs du gouvernement pourraient rester au-dessus des lois, n’ayant de comptes à rendre ni aux citoyens de ce pays ni à ses représentants devant le Parlement. (Les services de sécurité ont bien entendu toujours été au-dessus des lois, mais cet état de fait est à présent comme sanctifié par le droit). Les lois sont brutales et cyniques. Il n’y en a aucune qui prenne en compte une quelconque aspiration démocratique. Elles n’ont toutes pour objet que l’intensification et la consolidation du pouvoir étatique. A moins que nous ne nous décidions à affronter franchement cette réalité en face, ce pays libre court le danger très grave de mourir étranglé”.
Que dire d’autre ? Rien si ce n’est que nous assistons au départ des hommes vaillants et combattifs tel Harold Pinter et que nul ne leur succéde à l’inverse, la léthargie des hommes augmente sans cesse : gloire aux moutons de Panurge ?
Nicolas Sarkozy s’est fendu d’un communiqué pour saluer le grand homme : ô dérision !!!!!!! Le petit homme ne craint pas le ridicule mais c’est encore (heureusement) Harold Pinter qui rigole, n’est-il pas l’auteur d’un roman intiulé Les Nains !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Sources :
1-http://nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2005/pinter-lecture-f.html
2-http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/12/25/pour-saluer-harold-pinter/
http://www.republique-des-lettres.fr/10617-harold-pinter.php
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lundi 29 décembre 2008
Apocalypse now à Gaza N°368 - 2eme année
Réagissant aux tirs de roquettes de la branche armée du Hamas, l’armée israélienne pilonne –artilleries, terrestre, maritime, et bombes aériennes – toute la bande de Gaza de la ville éponyme jusqu’à Rafah en faisant plus de 1400 blessés et 300 morts parmi la population et les troupes du Hamas. Les bombardements ont débuté le jour de Noël.
Les Etats-Unis appellent donc fort logiquement le Hamas à un cessez-le-feu !!!
La guerre entre Israël et le Hamas a bel et bien commencé. Les pays arabes ne disent mot et les gouvernements occidentaux sont dans la plus grande discrétion. Ces derniers ne peuvent être que conséquents avec eux-mêmes puisqu’ils contestent toute légitimité au Hamas pourtant vainqueur régulier des élections législatives en janvier 2006. Que reproche-t-on au Hamas ? De disposer d’une force armée dans la bande de Gaza et au Liban, au nord d’Israël. Le parti rival, le Fatah dont le chef Mahmoud Abbas préside l’Autorité palestinienne depuis la mort de Yasser Arafat, ne bénéficie plus du tout de la confiance de la population mais seulement celle de Tel-Aviv et des puissances américano-européennes.
En août 2005, le général et Premier ministre Ariel Sharon avait ordonné, pour des raisons militaires, le démantèlement des colonies israéliennes présentes dés 1967 tout en gardant le contrôle total des espaces, aérien et maritime. Le 19 septembre 2007, trois mois après les affrontements inter-palestiniens entre les partisans du Fatah et du Hamas, Tel-Aviv décrétait unilatéralement la bande de Gaza comme entité hostile.
La bande de Gaza est un mince territoire qui s’étend sur 40 kilomètres de côtes, 11 kilomètres de frontière avec l’Egypte, 51 avec Israël et ne dispose d’aucune profondeur territoriale : c’est dire si 1 500 000 habitants s’y entassent. Les blocus mis en place par le gouvernement israélien dés qu’une roquette tombe sur leur territoire national plongent les Palestiniens dans un grand désarroi. La situation humanitaire quoique catastrophique ne suscite aucune démarche forte de la part de la « communauté internationale ».
Les envois de roquettes justifient-ils ces bombardements massifs ? Le gouvernement d’Ehoud Olmert (parti Kadima) craint de perdre les élections législatives de février 2009 au profit du Likoud mené par Benyamin Netanyahou qui appelle à des actions militaires puissantes. On se souvient qu’en juillet 2006 Ehoud Olmert n’avait pu détruire les forces du Hezbollah installées en territoire libanais. Cette fois-ci, il ne peut pas échouer. Tzipi Livni, l’actuelle ministre des Affaires Etrangères et successeur d’Ehoud Olmert si elle gagne les élections, tient un langage en tout point commun à celui du leader du Likoud : « L'Etat d'Israël et un gouvernement sous ma direction, se fixeront comme objectif stratégique de renverser le régime du Hamas à Gaza […] Les moyens d'atteindre cet objectif devraient être militaires, économiques et diplomatiques. »¹
En cette heure toute la chaîne de commandement du Hamas est détruite. Mais après que se passera-t-il ? Nous sommes bien en présence d’un problème de politique intérieure qui trouverait sa solution momentanée contre un adversaire haï par les Israéliens. Cependant, il faudra bien que les négociations reprennent avec l’ensemble des forces politiques palestiniennes dont le Hamas.
Pourquoi l’usage d’une telle force ? Pour impressionner les pays arabes et l’Iran ? Ils haussent les épaules. Pour indiquer au futur président Barack Obama qu’Israël reste la seule tête de pont en Orient ? Vraisemblablement.
L’« Apocalypse now » contre les habitants de la bande de Gaza est la démonstration sanglante de ce que peut faire un Etat surpuissant sur le plan nucléaire qui craint plus qu’on ne le croit, pour sa survie en Orient.
Après Alexandre le Grand en –222 AVJC, le roi de Judée Hasmonéen, Alexandre Jannée en –96 AVJC, les anglo-ottomans en 1917, Gaza vit son quatrième martyr.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source :
1-http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/12/21/israel-s-interroge-sur-la-strategie-a-adopter-apres-la-fin-de-la-treve_1133811_3218.html
Les Etats-Unis appellent donc fort logiquement le Hamas à un cessez-le-feu !!!
La guerre entre Israël et le Hamas a bel et bien commencé. Les pays arabes ne disent mot et les gouvernements occidentaux sont dans la plus grande discrétion. Ces derniers ne peuvent être que conséquents avec eux-mêmes puisqu’ils contestent toute légitimité au Hamas pourtant vainqueur régulier des élections législatives en janvier 2006. Que reproche-t-on au Hamas ? De disposer d’une force armée dans la bande de Gaza et au Liban, au nord d’Israël. Le parti rival, le Fatah dont le chef Mahmoud Abbas préside l’Autorité palestinienne depuis la mort de Yasser Arafat, ne bénéficie plus du tout de la confiance de la population mais seulement celle de Tel-Aviv et des puissances américano-européennes.
En août 2005, le général et Premier ministre Ariel Sharon avait ordonné, pour des raisons militaires, le démantèlement des colonies israéliennes présentes dés 1967 tout en gardant le contrôle total des espaces, aérien et maritime. Le 19 septembre 2007, trois mois après les affrontements inter-palestiniens entre les partisans du Fatah et du Hamas, Tel-Aviv décrétait unilatéralement la bande de Gaza comme entité hostile.
La bande de Gaza est un mince territoire qui s’étend sur 40 kilomètres de côtes, 11 kilomètres de frontière avec l’Egypte, 51 avec Israël et ne dispose d’aucune profondeur territoriale : c’est dire si 1 500 000 habitants s’y entassent. Les blocus mis en place par le gouvernement israélien dés qu’une roquette tombe sur leur territoire national plongent les Palestiniens dans un grand désarroi. La situation humanitaire quoique catastrophique ne suscite aucune démarche forte de la part de la « communauté internationale ».
Les envois de roquettes justifient-ils ces bombardements massifs ? Le gouvernement d’Ehoud Olmert (parti Kadima) craint de perdre les élections législatives de février 2009 au profit du Likoud mené par Benyamin Netanyahou qui appelle à des actions militaires puissantes. On se souvient qu’en juillet 2006 Ehoud Olmert n’avait pu détruire les forces du Hezbollah installées en territoire libanais. Cette fois-ci, il ne peut pas échouer. Tzipi Livni, l’actuelle ministre des Affaires Etrangères et successeur d’Ehoud Olmert si elle gagne les élections, tient un langage en tout point commun à celui du leader du Likoud : « L'Etat d'Israël et un gouvernement sous ma direction, se fixeront comme objectif stratégique de renverser le régime du Hamas à Gaza […] Les moyens d'atteindre cet objectif devraient être militaires, économiques et diplomatiques. »¹
En cette heure toute la chaîne de commandement du Hamas est détruite. Mais après que se passera-t-il ? Nous sommes bien en présence d’un problème de politique intérieure qui trouverait sa solution momentanée contre un adversaire haï par les Israéliens. Cependant, il faudra bien que les négociations reprennent avec l’ensemble des forces politiques palestiniennes dont le Hamas.
Pourquoi l’usage d’une telle force ? Pour impressionner les pays arabes et l’Iran ? Ils haussent les épaules. Pour indiquer au futur président Barack Obama qu’Israël reste la seule tête de pont en Orient ? Vraisemblablement.
L’« Apocalypse now » contre les habitants de la bande de Gaza est la démonstration sanglante de ce que peut faire un Etat surpuissant sur le plan nucléaire qui craint plus qu’on ne le croit, pour sa survie en Orient.
Après Alexandre le Grand en –222 AVJC, le roi de Judée Hasmonéen, Alexandre Jannée en –96 AVJC, les anglo-ottomans en 1917, Gaza vit son quatrième martyr.
Jean Vinatier
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1-http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/12/21/israel-s-interroge-sur-la-strategie-a-adopter-apres-la-fin-de-la-treve_1133811_3218.html
lundi 22 décembre 2008
Seriatim fait une pause N°367 - 2eme année
Seriatim fait une pause pendant la semaine de Noël: pas de publication ou publication irrégulière
Bon Noël à toutes et tous,
Jean Vinatier
Bon Noël à toutes et tous,
Jean Vinatier
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Edito
jeudi 18 décembre 2008
Edito :le détenu est un citoyen ! N°366 2eme année
Les détenus de Fleury-Mérogis ont réussi à introduire une mini caméra dans leur prison pour filmer notamment tout ce que l’administration pénitentiaire prend soin de cacher lors de visites extérieures autorisées. Cette plongée crue dans l’univers carcéral confirme, hélas, le degré d’abandon et le mépris dans lesquels les hommes (et les femmes) sont maintenus. L’entassement, l’hygiène absente, la passivité des gardiens pour contrer certaines violences, le refus de séparer les détenus en fonction de leur peine, sont montrés dans ces vidéos qui confirment tout ce que répètent depuis des années les associations de détenus et l’Observatoire International des Prisons.
Ces images clandestines deviendront, peut-être un documentaire que la télévision proposera, il faut l’espérer, en prime time.
Trop, c’est trop ! Jamais un gouvernement n’a autant plaidé pour la sévérité et a engagé les réformes en conséquence pour placer dans une enceinte le plus grand nombre de citoyens, qu’ils soient en préventive ou bien dans la durée de la peine décidée par le tribunal.
Le régime actuel n’entend pas faiblir dans sa sévérité puisqu’il envisage l’enfermement d’enfants de douze ans ou même de dix ans. N’a-t-il pas mis en place une détention après la détention avec le régime de la rétention ? Si le Président de la République a daigné accorder une grâce, elle concernera seulement 40 prisonniers, excusez du peu ! On ne saurait être plus pingre !
Et les victimes, y pensez-vous ? C’est l’argument massue pour culpabiliser celles et ceux qui plaident pour que toute peine s’accomplisse dans des conditions dignes d'une société qui se réclame des Droits de l’Homme. Opposer la victime au coupable semble être une position dénuée de sens. Le but de la justice dans un pays civilisé est de rendre une peine juste et de travailler à la réinsertion du détenu pendant son incarcération.
Le Conseil d’Etat a rappelé aujourd’hui, que la loi doit garantir les droits des prisonniers. C’est un avertissement puissant donné par la plus haute instance administrative du pays : le détenu est un citoyen.
Pour l’heure, Nicolas Sarkozy et Rachida Dati, parfaitement unis, battent froids tout le monde. Ils se flattent de durcir toutes les peines et de menotter à outrance. Ils espèrent toujours que la répression suffira, certains d’avoir l’appui des « braves gens » ; et s’ils consentent à la construction de nouveaux établissements pénitentiaires, l’aisance des détenus est bien secondaire, il s’agit d’abord de remercier l’ami de l’Elysée, Martin Bouygues !
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source :
http://www.oip.org/
Ces images clandestines deviendront, peut-être un documentaire que la télévision proposera, il faut l’espérer, en prime time.
Trop, c’est trop ! Jamais un gouvernement n’a autant plaidé pour la sévérité et a engagé les réformes en conséquence pour placer dans une enceinte le plus grand nombre de citoyens, qu’ils soient en préventive ou bien dans la durée de la peine décidée par le tribunal.
Le régime actuel n’entend pas faiblir dans sa sévérité puisqu’il envisage l’enfermement d’enfants de douze ans ou même de dix ans. N’a-t-il pas mis en place une détention après la détention avec le régime de la rétention ? Si le Président de la République a daigné accorder une grâce, elle concernera seulement 40 prisonniers, excusez du peu ! On ne saurait être plus pingre !
Et les victimes, y pensez-vous ? C’est l’argument massue pour culpabiliser celles et ceux qui plaident pour que toute peine s’accomplisse dans des conditions dignes d'une société qui se réclame des Droits de l’Homme. Opposer la victime au coupable semble être une position dénuée de sens. Le but de la justice dans un pays civilisé est de rendre une peine juste et de travailler à la réinsertion du détenu pendant son incarcération.
Le Conseil d’Etat a rappelé aujourd’hui, que la loi doit garantir les droits des prisonniers. C’est un avertissement puissant donné par la plus haute instance administrative du pays : le détenu est un citoyen.
Pour l’heure, Nicolas Sarkozy et Rachida Dati, parfaitement unis, battent froids tout le monde. Ils se flattent de durcir toutes les peines et de menotter à outrance. Ils espèrent toujours que la répression suffira, certains d’avoir l’appui des « braves gens » ; et s’ils consentent à la construction de nouveaux établissements pénitentiaires, l’aisance des détenus est bien secondaire, il s’agit d’abord de remercier l’ami de l’Elysée, Martin Bouygues !
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source :
http://www.oip.org/
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Edito
Jean-Baptiste Chassignet : « Le mépris de la vie… » N°365 - 2eme année
Ce juriste, humaniste et poète francomtois (1570-1635?) assez oublié, rappelle par bien des côtés l’œuvre de Jean de Sponde dont il partage une « fascination » pour la mort.
Sa seule œuvre écrite à 24 ans, un recueil de 444 sonnets, Le mépris de la vie et consolation contre la mort jette un regard terrible sur la condition humaine. Chassignet se plait même à épouvanter son lectorat alors qu’il s’agit avant tout d’une invitation à la méditation. Le grand Pascal dans ses Pensées usait aussi d’accents de terreur : « …j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait endormi dans une île déserte et effroyable.. ». C’est le ton d‘alors!
Par son recueil, Chassignet donne un parfait exemple du poème apologétique caractéristique de cette époque (fin XVIe-début XVIIe siècle) à peine remise des guerres de religion et toute ardente à retrouver une foi religieuse entière. Chassignet incline vers l’austérité et la rigueur comme le seront plus tard, les jansénistes.
On l’oublie trop souvent, parce que Versailles éblouit, le Grand Siècle est d’abord celui de la reconquête des âmes comme le sera dans une moindre mesure le XIXe siècle.
Ci-dessous deux strophes du recueil :
« LXXXIX¹
Nos corps aggravantés sous le poids des tombeaux,
Quand du clairon bruyant la clameur raisonnante
Elancera le feu sur la terre flambante,
Purifiant du ciel les étonnés flambeaux,
Du cercueil oublieux ressortiront plus beaux,
Comme on voit par les champs la palme verdoyante
Malgré le faix pesant plus belle et fleurissante
Contre le ciel ouvert, relever ses rameaux.
Lors nous serons ravis, autant que le pilote
Qui dormant en la nef quand douteuse elle flotte,
Se voit au réveiller dans le môle arrivé.
Et jouissant là-haut d’une paix éternelle,
Le corps ne sera plus à son âme rebelle,
Ni l’esprit de son corps si longuement privé.
CXXV
Mortel, pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un corps mangé de vers,
Décharné, dénervé, où les os découverts,
Dépoulpés, dénoué, délaissent leur jointure;
Ici l’une des mains tombe en la pourriture,
Les yeux d’autre côté détournés à l’envers
Se distillent en glaire, et les muscles divers
Servent aux vers goulus d’ordinaire pâture;
Le ventre déchiré cornant de puanteur
Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,
Et le nez mi-rongé difforme le visage;
Puis, connaissant l'état de la fragilité,
Fonde en Dieu seulement, estimant vanité
Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage. »
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source :
1-Le mépris de la vie et consolation contre la mort, Besançon, chez Nicolas de Moingesse, 1594
Sa seule œuvre écrite à 24 ans, un recueil de 444 sonnets, Le mépris de la vie et consolation contre la mort jette un regard terrible sur la condition humaine. Chassignet se plait même à épouvanter son lectorat alors qu’il s’agit avant tout d’une invitation à la méditation. Le grand Pascal dans ses Pensées usait aussi d’accents de terreur : « …j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait endormi dans une île déserte et effroyable.. ». C’est le ton d‘alors!
Par son recueil, Chassignet donne un parfait exemple du poème apologétique caractéristique de cette époque (fin XVIe-début XVIIe siècle) à peine remise des guerres de religion et toute ardente à retrouver une foi religieuse entière. Chassignet incline vers l’austérité et la rigueur comme le seront plus tard, les jansénistes.
On l’oublie trop souvent, parce que Versailles éblouit, le Grand Siècle est d’abord celui de la reconquête des âmes comme le sera dans une moindre mesure le XIXe siècle.
Ci-dessous deux strophes du recueil :
« LXXXIX¹
Nos corps aggravantés sous le poids des tombeaux,
Quand du clairon bruyant la clameur raisonnante
Elancera le feu sur la terre flambante,
Purifiant du ciel les étonnés flambeaux,
Du cercueil oublieux ressortiront plus beaux,
Comme on voit par les champs la palme verdoyante
Malgré le faix pesant plus belle et fleurissante
Contre le ciel ouvert, relever ses rameaux.
Lors nous serons ravis, autant que le pilote
Qui dormant en la nef quand douteuse elle flotte,
Se voit au réveiller dans le môle arrivé.
Et jouissant là-haut d’une paix éternelle,
Le corps ne sera plus à son âme rebelle,
Ni l’esprit de son corps si longuement privé.
CXXV
Mortel, pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un corps mangé de vers,
Décharné, dénervé, où les os découverts,
Dépoulpés, dénoué, délaissent leur jointure;
Ici l’une des mains tombe en la pourriture,
Les yeux d’autre côté détournés à l’envers
Se distillent en glaire, et les muscles divers
Servent aux vers goulus d’ordinaire pâture;
Le ventre déchiré cornant de puanteur
Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,
Et le nez mi-rongé difforme le visage;
Puis, connaissant l'état de la fragilité,
Fonde en Dieu seulement, estimant vanité
Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage. »
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source :
1-Le mépris de la vie et consolation contre la mort, Besançon, chez Nicolas de Moingesse, 1594
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Poésies
mardi 16 décembre 2008
De la police nationale à la sécurité privée N°364 - 2eme année
« Le temps est venu de reconnaître la place du secteur privé dans la protection de nos concitoyens», écrit Michèle Alliot-Marie dans un livre blanc sur «la participation de la sécurité privée à la sécurité générale en Europe»¹
Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie poursuivent une politique directement inspirée par les huit années de la présidence Bush en préparant le démantèlement de la puissance publique aujourd’hui dans la police et demain, sans doute, dans l’armée au profit de sociétés de sécurités privées !
Il est nécessaire de souligner combien la politique de réforme de l’Etat par l’Elysée masque des objectifs bien éloignés de toute efficacité de l’administration. On le constate déjà avec la réorganisation des services de santé et de la sécurité sociale.
Comme toujours, le pouvoir cite, pour se protéger, le retard français en matière de privatisation de la police au regard de certains de nos partenaires européens ! La belle affaire !
La place Beauvau justifie son intention de délégation régalienne au motif que la réforme de l’Etat entraînera le non-remplacement de milliers de fonctionnaires de la police. Et alors ?
La France dispose d’une police nationale, de la gendarmerie et les maires de la police municipale. N’est-ce donc pas suffisant ? En quoi la réforme de l’Etat entraînerait-elle la réduction d’effectifs dans des domaines clefs de la souveraineté nationale ? La police, l’armée, la santé, la justice, l’éducation et, normalement le secteur énergétique, forment un bloc régalien qui ne devrait être jamais affaibli. Mais voilà le lobbying des avocats du tout libéral gagne en force et conquiert du terrain. Bien évidemment, tout arrive des Etats-Unis qui ont donné un coup d’accélérateur sans précédent en faveur des mercenaires ou agents de sécurité dont les effectifs actuels atteignent en Irak 160 000 hommes ! Certains hommes d’influence dont Félix Rohatyn n’ont pas hésité à plaider devant des promotions de la prestigieuse Académie militaire américaine de West Point en faveur de l’armée privée. Les abus de toute sorte commis en Irak puis, maintenant en Afghanistan sont les signes précurseurs du repli de l’Etat en faveur d’intérêts privés et des dangers pour la démocratie.
En France, nombreux sont les fonctionnaires policiers et militaires qui quittent la sphère publique assez jeunes pour le mercenariat. Les sociétés de sécurité, nationale ou internationale, comptent bien sur les carnets d’adresses de leurs recrues pour grandir leur influence, établir un rapport de force et contribuer à la fin de la distinction entre ce qui relève de l’Etat et ce qui ne l’est pas. C’est cette confusion qui prend une importance inquiétante.
Osez dire que le secteur privé doit participer à la protection des citoyens est un pur mensonge : les fonctionnaires de police seuls sont habilités à opérer des contrôles et seuls les OPJ peuvent intérroger les témoins : il serait inconcevable que cela cesse ! Rappelons ce détail qui a son importance, un policier salue le citoyen qui le sollicite ou qu’il informe. Et pourquoi, parce que la police est au service du citoyen et non l’inverse ! Avec le développement de la sécurité privée, cela disparaîtra.
Affirmer qu’il s’agit d’une réflexion générale sur la sécurité en Europe frise l’aveu d’abandon régalien pur et simple d’une part, et cela implique, d’autre part, qu ‘il existerait une police européenne avec un ministre européen en charge de l’Intérieur ! Mais où est donc cet Etat européen ? Nulle part sauf à considérer l’administration de l’Union comme supranationale !
Que pèsera, enfin, une police nationale aux compétences rabotées, aux effectifs réduits quand, devant elle, se dresseront des societés d’agents de sécurités privées qui seront à terme, entre les mains d’un cartel sécuritaire au service du plus offrant tant des Etats que des multinationales ?
La France a mis des siècles à constituer une puissance régalienne laquelle a institué notre Nation. Les rois de France ont consacré beaucoup de leur énergie à s’affranchir des compagnies de mercenaires et à faire naître un Etat de droit. Et c’est justement l’Etat de droit dont on veut minimiser le rôle. Une fois de plus, puisque l’Etat s’incline devant les lobbies des ténèbres, c’est à nous, citoyens de dire fermement et fortement « Non » ! Il s’agit de notre Liberté.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source :
1-http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2008/12/13/01016-20081213ARTFIG00536-sarkozy-veut-plus-de-place-pour-la-securite-privee-.php
Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie poursuivent une politique directement inspirée par les huit années de la présidence Bush en préparant le démantèlement de la puissance publique aujourd’hui dans la police et demain, sans doute, dans l’armée au profit de sociétés de sécurités privées !
Il est nécessaire de souligner combien la politique de réforme de l’Etat par l’Elysée masque des objectifs bien éloignés de toute efficacité de l’administration. On le constate déjà avec la réorganisation des services de santé et de la sécurité sociale.
Comme toujours, le pouvoir cite, pour se protéger, le retard français en matière de privatisation de la police au regard de certains de nos partenaires européens ! La belle affaire !
La place Beauvau justifie son intention de délégation régalienne au motif que la réforme de l’Etat entraînera le non-remplacement de milliers de fonctionnaires de la police. Et alors ?
La France dispose d’une police nationale, de la gendarmerie et les maires de la police municipale. N’est-ce donc pas suffisant ? En quoi la réforme de l’Etat entraînerait-elle la réduction d’effectifs dans des domaines clefs de la souveraineté nationale ? La police, l’armée, la santé, la justice, l’éducation et, normalement le secteur énergétique, forment un bloc régalien qui ne devrait être jamais affaibli. Mais voilà le lobbying des avocats du tout libéral gagne en force et conquiert du terrain. Bien évidemment, tout arrive des Etats-Unis qui ont donné un coup d’accélérateur sans précédent en faveur des mercenaires ou agents de sécurité dont les effectifs actuels atteignent en Irak 160 000 hommes ! Certains hommes d’influence dont Félix Rohatyn n’ont pas hésité à plaider devant des promotions de la prestigieuse Académie militaire américaine de West Point en faveur de l’armée privée. Les abus de toute sorte commis en Irak puis, maintenant en Afghanistan sont les signes précurseurs du repli de l’Etat en faveur d’intérêts privés et des dangers pour la démocratie.
En France, nombreux sont les fonctionnaires policiers et militaires qui quittent la sphère publique assez jeunes pour le mercenariat. Les sociétés de sécurité, nationale ou internationale, comptent bien sur les carnets d’adresses de leurs recrues pour grandir leur influence, établir un rapport de force et contribuer à la fin de la distinction entre ce qui relève de l’Etat et ce qui ne l’est pas. C’est cette confusion qui prend une importance inquiétante.
Osez dire que le secteur privé doit participer à la protection des citoyens est un pur mensonge : les fonctionnaires de police seuls sont habilités à opérer des contrôles et seuls les OPJ peuvent intérroger les témoins : il serait inconcevable que cela cesse ! Rappelons ce détail qui a son importance, un policier salue le citoyen qui le sollicite ou qu’il informe. Et pourquoi, parce que la police est au service du citoyen et non l’inverse ! Avec le développement de la sécurité privée, cela disparaîtra.
Affirmer qu’il s’agit d’une réflexion générale sur la sécurité en Europe frise l’aveu d’abandon régalien pur et simple d’une part, et cela implique, d’autre part, qu ‘il existerait une police européenne avec un ministre européen en charge de l’Intérieur ! Mais où est donc cet Etat européen ? Nulle part sauf à considérer l’administration de l’Union comme supranationale !
Que pèsera, enfin, une police nationale aux compétences rabotées, aux effectifs réduits quand, devant elle, se dresseront des societés d’agents de sécurités privées qui seront à terme, entre les mains d’un cartel sécuritaire au service du plus offrant tant des Etats que des multinationales ?
La France a mis des siècles à constituer une puissance régalienne laquelle a institué notre Nation. Les rois de France ont consacré beaucoup de leur énergie à s’affranchir des compagnies de mercenaires et à faire naître un Etat de droit. Et c’est justement l’Etat de droit dont on veut minimiser le rôle. Une fois de plus, puisque l’Etat s’incline devant les lobbies des ténèbres, c’est à nous, citoyens de dire fermement et fortement « Non » ! Il s’agit de notre Liberté.
Jean Vinatier
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Source :
1-http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2008/12/13/01016-20081213ARTFIG00536-sarkozy-veut-plus-de-place-pour-la-securite-privee-.php
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France politique intérieure
lundi 15 décembre 2008
Madoff: j’ai bien joui de vous! N°363 - 2eme année
La faillite du fonds d’investissement (hedge fund) à haut rendement éthique crée par Bernard Madoff donne des sueurs froides à bien des banquiers et des clients richissimes qui ont souscrit aux beaux retours sur investissement proposés par cet américain de 70 ans, bon père et grand-père, au visage aimable, rassurant, philanthrope et pilier de la communauté juive new-yorkaise.
Madoff, c’est la bombe de fin d’année postée depuis New York! Au moment où les gouvernements, américain, anglais et français tentent, après les banques, de sauver les hedge funds d’une réglementation trop stricte pour leur éviter une disparition pure et simple, le scandale Madoff dit Ponzi (1919-1920) revient tel un boomerang.
Les chantres du tout libéral, de la non-réglementation et les apôtres du marché qui se régulerait par lui-même se prennent tel Georges Bush à Bagdad, une paire de chaussures en pleine figure! S’étonne-t-on de la passivité de la SEC? Non. Que se passera-t-il ? Rien. Certes Madoff ira en prison mais le système continuera dans sa course folle. L’abdication des gouvernements devant les financiers est telle qu’on ne peut pas les imaginer prenant le taureau par les cornes!
Sarkozy et Fillon voulaient partir en guerre contre les paradis fiscaux où se trouve l’argent des fonds comme celui de Bernard Madoff, que feront-ils? Rien. Pensez-vous que Barack Obama entreprendra quelque chose? Rien. Il n’arrive déjà pas à faire partir le gouverneur démocrate de l’Illinois suspecté de corruption massive!
Les gens maudiront un peu plus les banquiers qui annoncent l’un après l’autre une première estimation de leurs pertes. Evidemment Natixis (Caisses d’Epargne) est du nombre…ce qui n’empêche pas l’ex-PDG des Caisses d’Epargne, proche de Sarkozy, de pleurer misère en jugeant qu’on a été trop sévère contre lui!!!!!!
L’opinion publique mettra dans le même sac tous les acteurs de la finance et de la bourse dans un climat de plus en plus délétère alors que la récession économique planétaire s’annonce tout en ignorant la durée et la profondeur.
Avant 1789, les financiers véreux étaient ou pendus ou bannis de la société après avoir vu la saisie de tous leurs biens. Si la peine de mort est heureusement combattue, c’est le sentiment d’impunité dont jouit le « monde de la finance » qui exacerbe l’opinion publique. Ce mauvais climat se tourne contre les entreprises qui annoncent plan social sur plan social faute de contrats et de prêts….. de la part des banquiers! Ces derniers songent plus à se dévorer entre eux qu’à sauver ou accompagner le développement de l’économie entrepreneuriale.
Madoff ou un monde fou qui continue sa course, sourd, aveugle tandis que quelques groupes tapis dans l’ombre guettent la moindre fronde, la moindre violence sociale. Madoff a bien joui de l’esprit cupide, de l’avidité générale pour le profit: rassurez-vous, il a fait des émules plus habiles que lui!
Madoff, c’est un masque de scéne qui tombe sur un monde dont le diable est le régisseur.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Madoff, c’est la bombe de fin d’année postée depuis New York! Au moment où les gouvernements, américain, anglais et français tentent, après les banques, de sauver les hedge funds d’une réglementation trop stricte pour leur éviter une disparition pure et simple, le scandale Madoff dit Ponzi (1919-1920) revient tel un boomerang.
Les chantres du tout libéral, de la non-réglementation et les apôtres du marché qui se régulerait par lui-même se prennent tel Georges Bush à Bagdad, une paire de chaussures en pleine figure! S’étonne-t-on de la passivité de la SEC? Non. Que se passera-t-il ? Rien. Certes Madoff ira en prison mais le système continuera dans sa course folle. L’abdication des gouvernements devant les financiers est telle qu’on ne peut pas les imaginer prenant le taureau par les cornes!
Sarkozy et Fillon voulaient partir en guerre contre les paradis fiscaux où se trouve l’argent des fonds comme celui de Bernard Madoff, que feront-ils? Rien. Pensez-vous que Barack Obama entreprendra quelque chose? Rien. Il n’arrive déjà pas à faire partir le gouverneur démocrate de l’Illinois suspecté de corruption massive!
Les gens maudiront un peu plus les banquiers qui annoncent l’un après l’autre une première estimation de leurs pertes. Evidemment Natixis (Caisses d’Epargne) est du nombre…ce qui n’empêche pas l’ex-PDG des Caisses d’Epargne, proche de Sarkozy, de pleurer misère en jugeant qu’on a été trop sévère contre lui!!!!!!
L’opinion publique mettra dans le même sac tous les acteurs de la finance et de la bourse dans un climat de plus en plus délétère alors que la récession économique planétaire s’annonce tout en ignorant la durée et la profondeur.
Avant 1789, les financiers véreux étaient ou pendus ou bannis de la société après avoir vu la saisie de tous leurs biens. Si la peine de mort est heureusement combattue, c’est le sentiment d’impunité dont jouit le « monde de la finance » qui exacerbe l’opinion publique. Ce mauvais climat se tourne contre les entreprises qui annoncent plan social sur plan social faute de contrats et de prêts….. de la part des banquiers! Ces derniers songent plus à se dévorer entre eux qu’à sauver ou accompagner le développement de l’économie entrepreneuriale.
Madoff ou un monde fou qui continue sa course, sourd, aveugle tandis que quelques groupes tapis dans l’ombre guettent la moindre fronde, la moindre violence sociale. Madoff a bien joui de l’esprit cupide, de l’avidité générale pour le profit: rassurez-vous, il a fait des émules plus habiles que lui!
Madoff, c’est un masque de scéne qui tombe sur un monde dont le diable est le régisseur.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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vendredi 12 décembre 2008
Sarko/UE : six mois de « moi et moi » N°362 - 2eme année
Au terme de la présidence française du conseil de l’Union européenne, l’heure, non pas du bilan, mais des impressions est arrivée. Les médias européens ainsi que les chefs de gouvernement et les ministres des Etats de l’Union ont rapporté ici et là des opinions positives et négatives.
Jusqu’à ce jour, jamais une présidence du conseil n’avait été entre les mains d’un homme aussi déterminé à participer à tous les événements qui se produiraient. La chance a souri à Nicolas Sarkozy. Des crises russo-géorgienne à celles de la finance internationale et de l’économie sans oublier une ultime passe d’arme avec la Chine par Sa Sainteté interposée, ont nourri l’appétit sarkozien pour apparaître tel le manitou et l’intermédiaire exclusif parmi les grands du monde.
Pour l’heure chacun est encore saisi par le remue-ménage du Président français qui a forcé la lourde machine européenne à se mouvoir sur la scène internationale et à prendre des positions politiques. Enfin, l’Europe a existé donc Barroso a donc peu dormi !
Nicolas Sarkozy a appliqué à l’Union européenne sa façon de manipuler les hommes, à s’interposer entre chacun d’entre eux, à se rendre incontournable pour tout et rien. Sur ce point, bien des Etats membres sont heureux de voir cette période se terminer. Qu’ils ne s’endorment pas trop profondément, il reviendra à la charge à la première occasion, et, nul doute que son successeur Tchèque, Vaclav Klaus, ne lui donnera pas un motif d’excitation.
Les médias français se chargent déjà de répandre parmi le bon peuple la liste des incroyables succès de Nicolas Sarkozy. L’accord européen sur le climat et l’assurance d’un nouveau référendum en Irlande avant la fin de 2009 sont deux cerises sur la pièce montée française. En fait, Sarkozy ne supportant pas qu’une idée ou un objectif ne soit pas atteint déploie des trésors d’ingéniosité soit pour y parvenir, soit pour donner l’illusion. On me dira, mais n’est-ce pas l’important : s’agiter tel un cabri et sauter sans arrêt ? Il faut bien distinguer la forme du fond. La forme, c’est la communication à outrance, en flux continu ; le fond, c’est la conséquence à terme des différentes actions menées pendant ces six mois.
Dans ses relations avec les Etats-Unis et Israël, il a été d’une grande fidélité. Il a fait pression sur l’Union pour qu’elle affaiblisse ses critiques négatives tant sur la politique de Georges Bush que sur sa réserve sur l’entrée d’Israël, à moyen terme, dans l’Union européenne et dans l’OTAN avec, bien évidemment, un statut taillé sur mesure.
Avec la Russie, il a su, parce qu’il adore être un intermédiaire, se placer entre Moscou et Tbilissi et apparaître en pacificateur. C’est réussi. Du coup l’Union européenne se trouve à la fois replacée sur orbite américaine et obligée d’accepter un partenariat avec Moscou. Est-ce un bienfait ou pas ? Notons simplement que Poutine souligne les signes positifs envoyés par la future administration Obama. L’Union européenne serait-elle, enfin, un partenaire géostratégique acceptable par ces deux puissances ? Pas sûr !
Les rapports sino-européens constituent un point particulier que l’affaire de la rencontre avec le Dalaï-Lama illustre bien. La Chine répugne à accepter l’Union des 27 Etats comme une puissance à part entière. Elle craint son dynamisme économique et particulièrement celui de l’Allemagne. Le parti communiste chinois a donné son coup d’éventail à Sarkozy pensant provoquer une division entre les Européens : officiellement l’unité a prévalu. Pourquoi ? Parce que la question des barrières douanières est en jeu ! Evidemment pour le Président de la République vis à vis des Français, c’est l’occasion d’apparaître tel un David victorieux de Goliath. Pour les Européens, sans doute étonnés de résister, c’est une légère prise de conscience d’action solidaire !
Et l’Europe en tant que telle ? L’action de « l’omni-président » a-t-elle été audacieuse ? Sarkozy a confirmé sa politique en se rapprochant davantage du Royaume-Uni de Gordon Brown que de l’Allemagne de la chancelière, Angela Merkel. L’entente cordiale entre Londres et Paris laisse le continent européen perplexe. Le couple franco-allemand était devenu une règle non-écrite de la diplomatie. Il apparaissait comme un centre névralgique. Si l’Allemagne se retrouve éloignée de la France, Paris est-il pour autant lié à Londres ? En tout cas, le Royaume-Uni ne peut que se frotter les mains de voir le continent européen sans duo et accepte, semble-t-il pour une durée déterminée, la fascination de Nicolas Sarkozy pour la City et Wall Street. La conséquence est de laisser Berlin fourbir ses armes plus décomplexé que jamais. Le nouveau ministre français des affaires européennes, Bruno Lemaire, ne devant pas sa nomination à sa connaissance de la langue de Goethe mais à son ancienne proximité avec Dominique de Villepin, le gouvernement allemand s’en gaussera.
Le plan de relance économique de 200 milliards de l’Union est manifestement insuffisant. Mais de cela Paris s’en moque, l’essentiel est d’avoir fait entériner un plan ce qui veut dire, Sarko gagnant !
En fait les critiques que l’on adresse à Nicolas Sarkozy dans sa politique intérieure se retrouvent dans sa manière de mener une politique étrangère, un feu d’artifice permanent qui peut avoir des conséquences positives et d’autres pas. Un homme classique trouverait matière à réfléchir, Sarkozy nullement. Il jette aux orties toute pensée au profit de l’immédiat. Il ne sème pas, il installe les décors et les fait tourner.
La communication sur son « Moi » primant sur tout le reste, il laisse derrière lui plus d’amertume que de reconnaissance. L’Union européenne a, sans doute, gagné temporairement en poids mais sans privilégier la vision, la projection. Certes Sarkozy a évoqué le rapprochement sino-européen, une Europe de la défense, un gouvernement économique commun de la zone euro comme il a bâti à la va-vite l’Union pour la Méditerranée, dans le moment, pour faire bien, l’intendance devant suivre. Son « et moi et moi » a en écho le « et nous et nous des 500 millions d’Européens » !
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Jusqu’à ce jour, jamais une présidence du conseil n’avait été entre les mains d’un homme aussi déterminé à participer à tous les événements qui se produiraient. La chance a souri à Nicolas Sarkozy. Des crises russo-géorgienne à celles de la finance internationale et de l’économie sans oublier une ultime passe d’arme avec la Chine par Sa Sainteté interposée, ont nourri l’appétit sarkozien pour apparaître tel le manitou et l’intermédiaire exclusif parmi les grands du monde.
Pour l’heure chacun est encore saisi par le remue-ménage du Président français qui a forcé la lourde machine européenne à se mouvoir sur la scène internationale et à prendre des positions politiques. Enfin, l’Europe a existé donc Barroso a donc peu dormi !
Nicolas Sarkozy a appliqué à l’Union européenne sa façon de manipuler les hommes, à s’interposer entre chacun d’entre eux, à se rendre incontournable pour tout et rien. Sur ce point, bien des Etats membres sont heureux de voir cette période se terminer. Qu’ils ne s’endorment pas trop profondément, il reviendra à la charge à la première occasion, et, nul doute que son successeur Tchèque, Vaclav Klaus, ne lui donnera pas un motif d’excitation.
Les médias français se chargent déjà de répandre parmi le bon peuple la liste des incroyables succès de Nicolas Sarkozy. L’accord européen sur le climat et l’assurance d’un nouveau référendum en Irlande avant la fin de 2009 sont deux cerises sur la pièce montée française. En fait, Sarkozy ne supportant pas qu’une idée ou un objectif ne soit pas atteint déploie des trésors d’ingéniosité soit pour y parvenir, soit pour donner l’illusion. On me dira, mais n’est-ce pas l’important : s’agiter tel un cabri et sauter sans arrêt ? Il faut bien distinguer la forme du fond. La forme, c’est la communication à outrance, en flux continu ; le fond, c’est la conséquence à terme des différentes actions menées pendant ces six mois.
Dans ses relations avec les Etats-Unis et Israël, il a été d’une grande fidélité. Il a fait pression sur l’Union pour qu’elle affaiblisse ses critiques négatives tant sur la politique de Georges Bush que sur sa réserve sur l’entrée d’Israël, à moyen terme, dans l’Union européenne et dans l’OTAN avec, bien évidemment, un statut taillé sur mesure.
Avec la Russie, il a su, parce qu’il adore être un intermédiaire, se placer entre Moscou et Tbilissi et apparaître en pacificateur. C’est réussi. Du coup l’Union européenne se trouve à la fois replacée sur orbite américaine et obligée d’accepter un partenariat avec Moscou. Est-ce un bienfait ou pas ? Notons simplement que Poutine souligne les signes positifs envoyés par la future administration Obama. L’Union européenne serait-elle, enfin, un partenaire géostratégique acceptable par ces deux puissances ? Pas sûr !
Les rapports sino-européens constituent un point particulier que l’affaire de la rencontre avec le Dalaï-Lama illustre bien. La Chine répugne à accepter l’Union des 27 Etats comme une puissance à part entière. Elle craint son dynamisme économique et particulièrement celui de l’Allemagne. Le parti communiste chinois a donné son coup d’éventail à Sarkozy pensant provoquer une division entre les Européens : officiellement l’unité a prévalu. Pourquoi ? Parce que la question des barrières douanières est en jeu ! Evidemment pour le Président de la République vis à vis des Français, c’est l’occasion d’apparaître tel un David victorieux de Goliath. Pour les Européens, sans doute étonnés de résister, c’est une légère prise de conscience d’action solidaire !
Et l’Europe en tant que telle ? L’action de « l’omni-président » a-t-elle été audacieuse ? Sarkozy a confirmé sa politique en se rapprochant davantage du Royaume-Uni de Gordon Brown que de l’Allemagne de la chancelière, Angela Merkel. L’entente cordiale entre Londres et Paris laisse le continent européen perplexe. Le couple franco-allemand était devenu une règle non-écrite de la diplomatie. Il apparaissait comme un centre névralgique. Si l’Allemagne se retrouve éloignée de la France, Paris est-il pour autant lié à Londres ? En tout cas, le Royaume-Uni ne peut que se frotter les mains de voir le continent européen sans duo et accepte, semble-t-il pour une durée déterminée, la fascination de Nicolas Sarkozy pour la City et Wall Street. La conséquence est de laisser Berlin fourbir ses armes plus décomplexé que jamais. Le nouveau ministre français des affaires européennes, Bruno Lemaire, ne devant pas sa nomination à sa connaissance de la langue de Goethe mais à son ancienne proximité avec Dominique de Villepin, le gouvernement allemand s’en gaussera.
Le plan de relance économique de 200 milliards de l’Union est manifestement insuffisant. Mais de cela Paris s’en moque, l’essentiel est d’avoir fait entériner un plan ce qui veut dire, Sarko gagnant !
En fait les critiques que l’on adresse à Nicolas Sarkozy dans sa politique intérieure se retrouvent dans sa manière de mener une politique étrangère, un feu d’artifice permanent qui peut avoir des conséquences positives et d’autres pas. Un homme classique trouverait matière à réfléchir, Sarkozy nullement. Il jette aux orties toute pensée au profit de l’immédiat. Il ne sème pas, il installe les décors et les fait tourner.
La communication sur son « Moi » primant sur tout le reste, il laisse derrière lui plus d’amertume que de reconnaissance. L’Union européenne a, sans doute, gagné temporairement en poids mais sans privilégier la vision, la projection. Certes Sarkozy a évoqué le rapprochement sino-européen, une Europe de la défense, un gouvernement économique commun de la zone euro comme il a bâti à la va-vite l’Union pour la Méditerranée, dans le moment, pour faire bien, l’intendance devant suivre. Son « et moi et moi » a en écho le « et nous et nous des 500 millions d’Européens » !
Jean Vinatier
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Edito : de la "Nuit des écoles" à l’aube citoyenne ! N°361 - 2eme année
S’il n’y avait pas les manifestations de la jeunesse hellène, le gouvernement parviendrait à étouffer dans l’œuf toute publicité de la protestation des lycéens, professeurs et parents d’élèves dont l’une des actions est l’occupation de l’établissement scolaire.
En 2007, l’opération « Nuit des écoles » avait été un franc succès : plus de 600 établissements occupés le temps d’une seule nuit. En décembre 2008, l’action se répète et elle dure ! C’est là le point très important. On voit une réappropriation de l’espace public par des citoyens qui considèrent cette manière de manifester comme légitime puisqu’ils sont à divers titres des éléments clefs de l’école : écolier, professeur, parent ! La réponse du régime sarkozien est simple : les sanctions administratives. Rien n’y fait. Les occupations perdurent et les défilés continuent dans plusieurs villes françaises du nord au sud, de l’est à l’ouest sans que les médias ne leur consacrent du temps à l’exception notable de Libération..
L’école est à la source du futur citoyen : via des réformes administratives, le pouvoir sarkozien s’attache à rendre l’établissement scolaire neutre de toute éducation civique et citoyenne. Si la question des effectifs appelle à des débats, on sait bien que l’enjeu est tout autre.
Si l’université, en tant que structure administrative, se satisfait apparemment de sa future autonomie, il n’est pas dit que les étudiants de plus en plus précarisés et incertains de donner la pleine mesure de leurs capacités n’entrent pas dans une protestation de masse.
Les Grecs ont montré qu’en se prenant en mains et sans attendre une quelconque protection du Pasok et de syndicats avachis, le pouvoir pouvait vaciller.
La « Nuit des écoles » s’inscrit dans cette vue à savoir la reconquête de la cité par les citoyens lassés par le régime despotique d’un homme et la tyrannie des oligarchies qui l’entourent. « Nous sommes sur une poudrière. »¹
L’aube sera longue à venir, qu’importe le combat a débuté.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Note :
1- Isabelle Sommier in Libération, vendreid 12 décembre
En 2007, l’opération « Nuit des écoles » avait été un franc succès : plus de 600 établissements occupés le temps d’une seule nuit. En décembre 2008, l’action se répète et elle dure ! C’est là le point très important. On voit une réappropriation de l’espace public par des citoyens qui considèrent cette manière de manifester comme légitime puisqu’ils sont à divers titres des éléments clefs de l’école : écolier, professeur, parent ! La réponse du régime sarkozien est simple : les sanctions administratives. Rien n’y fait. Les occupations perdurent et les défilés continuent dans plusieurs villes françaises du nord au sud, de l’est à l’ouest sans que les médias ne leur consacrent du temps à l’exception notable de Libération..
L’école est à la source du futur citoyen : via des réformes administratives, le pouvoir sarkozien s’attache à rendre l’établissement scolaire neutre de toute éducation civique et citoyenne. Si la question des effectifs appelle à des débats, on sait bien que l’enjeu est tout autre.
Si l’université, en tant que structure administrative, se satisfait apparemment de sa future autonomie, il n’est pas dit que les étudiants de plus en plus précarisés et incertains de donner la pleine mesure de leurs capacités n’entrent pas dans une protestation de masse.
Les Grecs ont montré qu’en se prenant en mains et sans attendre une quelconque protection du Pasok et de syndicats avachis, le pouvoir pouvait vaciller.
La « Nuit des écoles » s’inscrit dans cette vue à savoir la reconquête de la cité par les citoyens lassés par le régime despotique d’un homme et la tyrannie des oligarchies qui l’entourent. « Nous sommes sur une poudrière. »¹
L’aube sera longue à venir, qu’importe le combat a débuté.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Note :
1- Isabelle Sommier in Libération, vendreid 12 décembre
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Edito
jeudi 11 décembre 2008
« Fin du monde » N°360 - 2eme année
Peut-être fallait-il commencer la conférence internationale sur le climat à Gdansk (ville polluée à souhait !) par le poème « Fin du monde » de Guillaume de Saluste de Tartas dont Seriatim a déjà publié en mars dernier le bel « Eloge de la terre » ?
Ou bien imaginons Nicolas Sarkozy à la tribune polonaise en apocalyptique…………….
« Un jour de comble-en-fond les rochers crouleront,
Les monts plus sourcilleux de peur se dissoudront,
Le Ciel se crèvera, les plus basses campagnes,
Boursouflées, croîtront en superbes montagnes ;
Les fleuves tariront, et si dans quelque étang
Reste encor quelque flot, ce ne sera que de sang ;
La mer deviendra flamme, et les sèches baleines,
Horribles, mugleront sur les cultes arènes ;
En son midi plus clairs courra le bleu Neptune,
Phoebus s’emparera du noir char de lune ;
Les étoiles cherront. Le désordre, la nuit,
La frayeur, le trépas, la tempête, le bruit,
Entreront en quartier ; et l’ire vengeresse
Du Juge criminel, qui là déjà nous presse,
Ne fera de ce Tout qu’un bûcher flamboyant,
Comme il n’en fit jadis qu’un marais ondoyant. »¹
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source:
1-« La Première Semaine, Le Premier jour » in La premiere et seconde sepmaine de Guillaume de Saluste, seigneur du Bartas . A Heidelberg, [Hieronymus Commelin] M D XCI (1591) Œuvre rééditée sous la direction d’Yvonne Bellenger en 1994.
Ou bien imaginons Nicolas Sarkozy à la tribune polonaise en apocalyptique…………….
« Un jour de comble-en-fond les rochers crouleront,
Les monts plus sourcilleux de peur se dissoudront,
Le Ciel se crèvera, les plus basses campagnes,
Boursouflées, croîtront en superbes montagnes ;
Les fleuves tariront, et si dans quelque étang
Reste encor quelque flot, ce ne sera que de sang ;
La mer deviendra flamme, et les sèches baleines,
Horribles, mugleront sur les cultes arènes ;
En son midi plus clairs courra le bleu Neptune,
Phoebus s’emparera du noir char de lune ;
Les étoiles cherront. Le désordre, la nuit,
La frayeur, le trépas, la tempête, le bruit,
Entreront en quartier ; et l’ire vengeresse
Du Juge criminel, qui là déjà nous presse,
Ne fera de ce Tout qu’un bûcher flamboyant,
Comme il n’en fit jadis qu’un marais ondoyant. »¹
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source:
1-« La Première Semaine, Le Premier jour » in La premiere et seconde sepmaine de Guillaume de Saluste, seigneur du Bartas . A Heidelberg, [Hieronymus Commelin] M D XCI (1591) Œuvre rééditée sous la direction d’Yvonne Bellenger en 1994.
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Poésies
mercredi 10 décembre 2008
Edito : Bernard Kouchner : « j’ai eu tort » N°359 - 2eme année
« j’ai eu tort de demander la création d’un secrétariat d’Etat aux droits de l’Homme » !
Rama Yade se souviendra longtemps de cette gifle envoyée par son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, le jour du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme !
Sur le fond, le propos du ministre des affaires étrangères se défend-il ? Comment les Droits de l’Homme peuvent-ils être un ministère ? A quoi a servi ce secrétariat ? A rien ou presque hormis les bavardages. Est-ce un signal adressé aux peuples, la France ne considérait plus les Droits de l’Homme comme une partie intégrante de sa politique ? Est-ce un avertissement à l'adresse des Congolais, des Palestiniens, des Chinois, des migrants sans papiers....etc?
Rama Yade se souviendra longtemps de cette gifle envoyée par son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, le jour du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme !
Sur le fond, le propos du ministre des affaires étrangères se défend-il ? Comment les Droits de l’Homme peuvent-ils être un ministère ? A quoi a servi ce secrétariat ? A rien ou presque hormis les bavardages. Est-ce un signal adressé aux peuples, la France ne considérait plus les Droits de l’Homme comme une partie intégrante de sa politique ? Est-ce un avertissement à l'adresse des Congolais, des Palestiniens, des Chinois, des migrants sans papiers....etc?
Sur la forme, choisir ce jour pour régler ses comptes avec Rama Yade n’est absolument pas politique, il apparaît comme un abandon en rase campagne dans un monde où les libertés rétrécissent et les surveillances se renforcent!
Rappelons-en certains sur les 30 que comptent la Déclaration :
« Article 5 : (p.e : Guantanamo, Abu Ghraib)
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Article 9 : (p.e : vols secrets de la CIA, Patriot Act)
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Article 10 : (p.e : Guantanamo)
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
Article 12 (p.e : fichiers de police, lois et dispositions sécuritaires)
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
Article 19 : (p.e : liberté en danger sur le Net)
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
Article 22 : (p.e : danger envers la santé publique)
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.
Article 24 : (p.e : travail dominical)
Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques »
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Rappelons-en certains sur les 30 que comptent la Déclaration :
« Article 5 : (p.e : Guantanamo, Abu Ghraib)
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Article 9 : (p.e : vols secrets de la CIA, Patriot Act)
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Article 10 : (p.e : Guantanamo)
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
Article 12 (p.e : fichiers de police, lois et dispositions sécuritaires)
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
Article 19 : (p.e : liberté en danger sur le Net)
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.
Article 22 : (p.e : danger envers la santé publique)
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.
Article 24 : (p.e : travail dominical)
Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques »
Jean Vinatier
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Géopolitique
mardi 9 décembre 2008
Alexis II et Vladimir (Poutine) le duo russe N°358 - 2eme année
Cathédrale Christ-Sauveur ou une plongée dans toutes les Russies pour les obsèques du patriarche Alexis II ! Trois heures d’une cérémonie splendide parmi les chants, les encens et un clergé en tenue d’apparat. Cette magnificence, la Russie est très fière de l’offrir à tous les médias du monde, certaine qu’elle est d’avoir reconquis sa place parmi les nations les plus influentes.
Le défunt Alexis II a partagé avec Vladimir Poutine l’obsession de la Maison Russie et de sa sœur jumelle l’orthodoxie.
« Igor Makarenko, un solide gaillard de 40 ans, ne trouve, lui, rien de choquant dans la dimension politique du patriarche disparu : "Non seulement il a "recréé" la Russie orthodoxe, mais il a défendu les terres slaves, partout. Regardez en Yougoslavie : il a défendu les Serbes contre l'indépendance du Kosovo ; il a défendu les Russes en Ossétie du Sud !" Les relations privilégiées entre le patriarche et le Kremlin ? "Et alors ? Justement, il faut conforter ce genre de liens. La sainte Russie est un pays orthodoxe : nous devons montrer au monde notre force, et l'alliance entre notre Eglise et notre pays confirme cette force." »¹
Il n’est pas très utile de narrer le parcours du patriarche né en 1929 dans une famille noble d’Estonie alors que tous les médias le font. Que peut-on dire du soupçon d’une liaison avec le KGB ? La proximité entre le métropolite (1283-1587,1721-1917) ou patriarche de Moscou (1589-1721, 1918….) et le Kremlin n’a jamais cessé historiquement au risque de confrontations violentes.
Le défunt Alexis II a partagé avec Vladimir Poutine l’obsession de la Maison Russie et de sa sœur jumelle l’orthodoxie.
« Igor Makarenko, un solide gaillard de 40 ans, ne trouve, lui, rien de choquant dans la dimension politique du patriarche disparu : "Non seulement il a "recréé" la Russie orthodoxe, mais il a défendu les terres slaves, partout. Regardez en Yougoslavie : il a défendu les Serbes contre l'indépendance du Kosovo ; il a défendu les Russes en Ossétie du Sud !" Les relations privilégiées entre le patriarche et le Kremlin ? "Et alors ? Justement, il faut conforter ce genre de liens. La sainte Russie est un pays orthodoxe : nous devons montrer au monde notre force, et l'alliance entre notre Eglise et notre pays confirme cette force." »¹
Il n’est pas très utile de narrer le parcours du patriarche né en 1929 dans une famille noble d’Estonie alors que tous les médias le font. Que peut-on dire du soupçon d’une liaison avec le KGB ? La proximité entre le métropolite (1283-1587,1721-1917) ou patriarche de Moscou (1589-1721, 1918….) et le Kremlin n’a jamais cessé historiquement au risque de confrontations violentes.
De toute manière l’imaginaire populaire lorsqu’il se représente la Russie, ne sépare pas l’église orthodoxe du Tsar. Ainsi, Alexis II et Vladimir Poutine formèrent-ils un tandem idéal que les Russes approuvèrent presque sans restriction de Saint-Pétersbourg à Vladivostok.
Le long patriarcat d’Alexis II (1990-2008) se plaçait sous la bannière du rassemblement des orthodoxes slaves et de la reconnaissance de la primature du patriarcat de Constantinople même si ce geste restait purement symbolique. Dans la même période, la renaissance de l’Etat russe s’accomplissait à coups d’oukases qui choquaient, non sans raison, le « monde libre » mécontent de voir son idéal démocratique aussi malmené. Le patriarche allant jusqu’à condamner quiconque prendrait la défense de l’ex-PDG de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, coupable d’avoir préparé la vente de son groupe énergétique (pétrole, gaz) aux intérêts étrangers, en l’occurrence ceux des anglo-américains. Sur le plan religieux, on insiste souvent sur les difficiles relations entre le Pape, Jean-Paul II, et le patriarche, en omettant que l’attention d’Alexis II était bien plus occupée par les ambitions des évangélistes américains sur le sol russe. Le soin pris d’assurer au pays l’indépendance, temporelle et spirituelle, la plus grande agaçait celles et ceux qui voyaient dans la mondialisation l’uniformité aux dépens des identités nationales. Ils n’en eurent que plus de mérite.
Ce n’est pas faire œuvre d’hagiographe que de rappeler combien il est rassurant de voir des dirigeants pénétrés par un idéal national tout à fait différent des menées panslavistes du XIXe siècle. Au contraire, c’est le monde tel qui devenait qui motivait le partage des tâches entre Alexis II et Poutine.
Il y a bien, ce soir, un message russe légitime comme il y a un signal d’alerte envoyé par les jeunes Grecs héritiers de la démocratie athénienne, la mère de toutes les démocraties. Quel rapport entre un patriarche et des étudiants du Péloponnèse ? D’abord la religion orthodoxe, ensuite la défense de principes fondamentaux sans lesquels un pays ne tient pas. C’est cette permanence historique qui compte en ces heures.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Sources :
1-http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/12/06/a-moscou-les-fideles-saluent-le-patriote-de-l-eglise-russe_1127616_3214.html#ens_id=1127162
Nicolas Seneze :
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2358551&rubId=1098
http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/2007/10/2/alexis.rtf
http://www.orthodoxie.com/2008/12/blocnotes-de-jeanfran%C3%A7ois-colosimo.html#more
http://www.rfi.fr/actufr/articles/108/article_75687.asp
Le long patriarcat d’Alexis II (1990-2008) se plaçait sous la bannière du rassemblement des orthodoxes slaves et de la reconnaissance de la primature du patriarcat de Constantinople même si ce geste restait purement symbolique. Dans la même période, la renaissance de l’Etat russe s’accomplissait à coups d’oukases qui choquaient, non sans raison, le « monde libre » mécontent de voir son idéal démocratique aussi malmené. Le patriarche allant jusqu’à condamner quiconque prendrait la défense de l’ex-PDG de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, coupable d’avoir préparé la vente de son groupe énergétique (pétrole, gaz) aux intérêts étrangers, en l’occurrence ceux des anglo-américains. Sur le plan religieux, on insiste souvent sur les difficiles relations entre le Pape, Jean-Paul II, et le patriarche, en omettant que l’attention d’Alexis II était bien plus occupée par les ambitions des évangélistes américains sur le sol russe. Le soin pris d’assurer au pays l’indépendance, temporelle et spirituelle, la plus grande agaçait celles et ceux qui voyaient dans la mondialisation l’uniformité aux dépens des identités nationales. Ils n’en eurent que plus de mérite.
Ce n’est pas faire œuvre d’hagiographe que de rappeler combien il est rassurant de voir des dirigeants pénétrés par un idéal national tout à fait différent des menées panslavistes du XIXe siècle. Au contraire, c’est le monde tel qui devenait qui motivait le partage des tâches entre Alexis II et Poutine.
Il y a bien, ce soir, un message russe légitime comme il y a un signal d’alerte envoyé par les jeunes Grecs héritiers de la démocratie athénienne, la mère de toutes les démocraties. Quel rapport entre un patriarche et des étudiants du Péloponnèse ? D’abord la religion orthodoxe, ensuite la défense de principes fondamentaux sans lesquels un pays ne tient pas. C’est cette permanence historique qui compte en ces heures.
Jean Vinatier
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Sources :
1-http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/12/06/a-moscou-les-fideles-saluent-le-patriote-de-l-eglise-russe_1127616_3214.html#ens_id=1127162
Nicolas Seneze :
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2358551&rubId=1098
http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/2007/10/2/alexis.rtf
http://www.orthodoxie.com/2008/12/blocnotes-de-jeanfran%C3%A7ois-colosimo.html#more
http://www.rfi.fr/actufr/articles/108/article_75687.asp
Libellés :
Russie
Edito : Du Parthénon à la Bastille! N°357 - 2eme année
A peine le jeune grec Andréas Grigoropoulos était-il tombé sous les balles d’un policier que les principales villes du pays dont Rhodes et Athènes se soulevaient contre les forces de l’ordre. Des représentations diplomatiques grecques en Europe ont été envahies et occupées.
La vitesse avec laquelle la jeunesse grecque est descendue dans les principales rues du pays est un fait naturellement intéressant.
On crée le lien avec les révoltes intervenues dans les banlieues françaises à l’automne 2005 à la suite de la mort de deux jeunes français poursuivis par des policiers. Et nul doute que l’Elysée examine à la loupe ces manifestations parce que Nicolas Sarkozy a peur d’un nouvel embrasement qui aurait, cette fois, le soutien de toute la population française. La crise sociale est en route!
Comme la France, la Grèce connaît une situation économique difficile. Le gouvernement de droite de Kóstas Caramanlis est corrompu tout comme le serait le Pasok s’il était au pouvoir et les rapports jeunes/police sont à couteaux tirés.
Le gouvernement Fillon veille au grain en mettant en place une législation de plus en plus répressive. Les jeunes sont dans le collimateur du pouvoir. Le ministre de l’Intérieur, Alliot-Marie, n’a pas hésité à monter en épingle l’arrestation de jeunes hommes présentés comme des leaders de l’ultra-gauche dont Benjamin Rosoux après les sabotages contre des installations de la SNCF. Tous ont été relâchés! Notons au passage que le gouvernement fait l’impasse sur l’extrême droite laquelle n’est plus inactive (cimetière militaire d'Arras)!
Certains diront que les jeunes grecs sont manipulés par l’extrême gauche, les anarchistes. C’est l’arbre qui masque la forêt. A l’occasion d’un fait divers, on s’aperçoit du degré d’ébullition qui règne parmi les forces vives du pays. Il y a un mal plus profond.
La vitesse avec laquelle la jeunesse grecque est descendue dans les principales rues du pays est un fait naturellement intéressant.
On crée le lien avec les révoltes intervenues dans les banlieues françaises à l’automne 2005 à la suite de la mort de deux jeunes français poursuivis par des policiers. Et nul doute que l’Elysée examine à la loupe ces manifestations parce que Nicolas Sarkozy a peur d’un nouvel embrasement qui aurait, cette fois, le soutien de toute la population française. La crise sociale est en route!
Comme la France, la Grèce connaît une situation économique difficile. Le gouvernement de droite de Kóstas Caramanlis est corrompu tout comme le serait le Pasok s’il était au pouvoir et les rapports jeunes/police sont à couteaux tirés.
Le gouvernement Fillon veille au grain en mettant en place une législation de plus en plus répressive. Les jeunes sont dans le collimateur du pouvoir. Le ministre de l’Intérieur, Alliot-Marie, n’a pas hésité à monter en épingle l’arrestation de jeunes hommes présentés comme des leaders de l’ultra-gauche dont Benjamin Rosoux après les sabotages contre des installations de la SNCF. Tous ont été relâchés! Notons au passage que le gouvernement fait l’impasse sur l’extrême droite laquelle n’est plus inactive (cimetière militaire d'Arras)!
Certains diront que les jeunes grecs sont manipulés par l’extrême gauche, les anarchistes. C’est l’arbre qui masque la forêt. A l’occasion d’un fait divers, on s’aperçoit du degré d’ébullition qui règne parmi les forces vives du pays. Il y a un mal plus profond.
Pour l’heure, le régime sarkozien passe toutes les réformes qu’il veut en raison de l’absence d’une opposition soudée et des « accords » passés avec des centrales syndicales. Il n’empêche les Français, jeunes et moins jeunes pourraient fort bien à moyen terme surprendre le pouvoir.
Les jeunes grecs ont envoyé un signal à toute l’Europe, un drapeau rouge!
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Les jeunes grecs ont envoyé un signal à toute l’Europe, un drapeau rouge!
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lundi 8 décembre 2008
Les Européens dans et hors l’OTAN et l’OSCE N°356 - 2eme année
L’OTAN, créee au milieu du XXe siècle, est une grosse masse qui tire la langue !
La réunion de ses membres à Bruxelles les 2 et 3 décembre, suivie à Helsinki par celle de l’OSCE le 5 décembre acte, sans doute, un point d’arrêt ou d’hésitation.
A Bruxelles, l’OTAN a renvoyé aux calendes grecques l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine sous la pression commune de Berlin et de Paris et a écarté un premier débat sur une possible arrivée d’Israël. Les deux capitales ont souligné l’intérêt de discuter de la proposition russe relative à une nouvelle architecture de défense. Apparemment, le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer ignore la position de ces deux puissances et lance une offensive tous azimuts auprès de la Commission européenne afin de réaffirmer l’importance de l’organisation et de multiplier les offres de collaboration. Las, à la surprise générale, Bruxelles a donné la consigne de ne pas considérer ce démarchage intempestif !
A Helsinki, le conseil ministériel de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE fondée en 1973 en Finlande) a pris fin vendredi 5 décembre à Helsinki sans que les participants ne puissent se mettre d'accord sur une déclaration politique commune.
« Les divergences étaient trop grandes pour être comblées », a souligné le Premier ministre finlandais Matti Vanhanen.
Dans les milieux diplomatiques européens, on parlait de « l'absence d'une volonté politique » pour arriver à une « déclaration ministérielle ». La Grèce qui assumera la présidence pendant toute l’année 2009 prend la mesure du blocage et compte bien user de ses bonnes relations avec la Russie pour progresser de manière plus ordonnée.
Pourquoi lier l’OTAN à l’OSCE ? La première est une structure militaire qui devait protéger l’Ouest du bloc communiste, la seconde est un club établi pour entretenir un dialogue régulier entre les Européens et la Russie. Dans les deux cas, nous sommes sous une autorité américaine pour laquelle Moscou est la question centrale qui motive depuis des décennies la justification de l’OTAN et, maintenant, celle de l’OSCE.
L’OTAN échoue à se développer en Asie et bute sur la zone d’influence russe, en Ukraine, en Géorgie. Washington, au terme d’un intense lobbying, à contraint les Européens à envoyer des contingents en Afghanistan lesquels sont tout bonnement soumis aux ordres d’un général américain tandis que la situation sur le terrain se dégrade inexorablement.
L’OTAN parvient, cependant, à donner l’illusion d’un rôle par les hésitations et les tergiversifications de certains Européens. Ainsi Bernard Kouchner a-t-il encore énergiquement protesté contre la présence russe en Ossétie du Sud et en Abkhazie quand Nicolas Sarkozy se fait l’avocat d’un dialogue avec Moscou ! Il est vrai que le Président français n’est pas exempt de reproches, notamment sur les antimissiles américains (BMDE) qu’il approuve d’abord puis désapprouve à Nice le 14 novembre avant de revenir sur son propos à Washington le 15 novembre pour à nouveau les dénoncer à Bruxelles le 3 décembre.
Lors de l’invasion iraquienne en 2003, on se souvient des discours sévères du prédécesseur d’Angela Merkel, Gerhard Schröder sur la légitimité de l’OTAN, discours que Jacques Chirac et Villepin relayèrent, alors, parfaitement. En 2008, la France est revenue totalement dans l’OTAN sous la condition d’avoir des postes de commandement et, dans ce cadre, elle a accepté le départ de nos soldats pour l’Afghanistan. Comment être crédible avec autant de changements !
Il n’est guère étonnant, après l’affaire géorgienne d’août dernier que l’OSCE se mette à tanguer et ne sache plus obtenir l’unanimité en son seing. La politique énergique menée par le tandem Medvedev/Poutine a pour conséquence de montrer en pleine lumière les hésitations et les illogismes des européens alors que le leadership américain n’exerce plus sa toute puissance en raison de la fin de mandat de Georges Bush et de la priorité que son successeur Barack Obama donnera à la situation intérieure américaine. Les Européens sont en quelque sorte livrés à eux-mêmes. Si Berlin et Paris, rejoints dernièrement par Londres plaident pour un rapprochement avec la Russie, leurs discours ne reçoivent pas encore l’approbation de tous les Européens. Malgré tout, il apparaît publiquement que l’OTAN et l’OSCE sous la primature américaine ne correspondent plus à la réalité du monde et surtout que ces deux organisations sont frappées d’obsolescences.
Dommage qu’un noyau de puissances européennes n’existe pas ! Ce noyau convainquerait toutes les autres. L’Europe assumerait, alors, seule sa sécurité et s’affirmerait politiquement et militairement vis-à-vis de tout le monde.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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La réunion de ses membres à Bruxelles les 2 et 3 décembre, suivie à Helsinki par celle de l’OSCE le 5 décembre acte, sans doute, un point d’arrêt ou d’hésitation.
A Bruxelles, l’OTAN a renvoyé aux calendes grecques l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine sous la pression commune de Berlin et de Paris et a écarté un premier débat sur une possible arrivée d’Israël. Les deux capitales ont souligné l’intérêt de discuter de la proposition russe relative à une nouvelle architecture de défense. Apparemment, le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer ignore la position de ces deux puissances et lance une offensive tous azimuts auprès de la Commission européenne afin de réaffirmer l’importance de l’organisation et de multiplier les offres de collaboration. Las, à la surprise générale, Bruxelles a donné la consigne de ne pas considérer ce démarchage intempestif !
A Helsinki, le conseil ministériel de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE fondée en 1973 en Finlande) a pris fin vendredi 5 décembre à Helsinki sans que les participants ne puissent se mettre d'accord sur une déclaration politique commune.
« Les divergences étaient trop grandes pour être comblées », a souligné le Premier ministre finlandais Matti Vanhanen.
Dans les milieux diplomatiques européens, on parlait de « l'absence d'une volonté politique » pour arriver à une « déclaration ministérielle ». La Grèce qui assumera la présidence pendant toute l’année 2009 prend la mesure du blocage et compte bien user de ses bonnes relations avec la Russie pour progresser de manière plus ordonnée.
Pourquoi lier l’OTAN à l’OSCE ? La première est une structure militaire qui devait protéger l’Ouest du bloc communiste, la seconde est un club établi pour entretenir un dialogue régulier entre les Européens et la Russie. Dans les deux cas, nous sommes sous une autorité américaine pour laquelle Moscou est la question centrale qui motive depuis des décennies la justification de l’OTAN et, maintenant, celle de l’OSCE.
L’OTAN échoue à se développer en Asie et bute sur la zone d’influence russe, en Ukraine, en Géorgie. Washington, au terme d’un intense lobbying, à contraint les Européens à envoyer des contingents en Afghanistan lesquels sont tout bonnement soumis aux ordres d’un général américain tandis que la situation sur le terrain se dégrade inexorablement.
L’OTAN parvient, cependant, à donner l’illusion d’un rôle par les hésitations et les tergiversifications de certains Européens. Ainsi Bernard Kouchner a-t-il encore énergiquement protesté contre la présence russe en Ossétie du Sud et en Abkhazie quand Nicolas Sarkozy se fait l’avocat d’un dialogue avec Moscou ! Il est vrai que le Président français n’est pas exempt de reproches, notamment sur les antimissiles américains (BMDE) qu’il approuve d’abord puis désapprouve à Nice le 14 novembre avant de revenir sur son propos à Washington le 15 novembre pour à nouveau les dénoncer à Bruxelles le 3 décembre.
Lors de l’invasion iraquienne en 2003, on se souvient des discours sévères du prédécesseur d’Angela Merkel, Gerhard Schröder sur la légitimité de l’OTAN, discours que Jacques Chirac et Villepin relayèrent, alors, parfaitement. En 2008, la France est revenue totalement dans l’OTAN sous la condition d’avoir des postes de commandement et, dans ce cadre, elle a accepté le départ de nos soldats pour l’Afghanistan. Comment être crédible avec autant de changements !
Il n’est guère étonnant, après l’affaire géorgienne d’août dernier que l’OSCE se mette à tanguer et ne sache plus obtenir l’unanimité en son seing. La politique énergique menée par le tandem Medvedev/Poutine a pour conséquence de montrer en pleine lumière les hésitations et les illogismes des européens alors que le leadership américain n’exerce plus sa toute puissance en raison de la fin de mandat de Georges Bush et de la priorité que son successeur Barack Obama donnera à la situation intérieure américaine. Les Européens sont en quelque sorte livrés à eux-mêmes. Si Berlin et Paris, rejoints dernièrement par Londres plaident pour un rapprochement avec la Russie, leurs discours ne reçoivent pas encore l’approbation de tous les Européens. Malgré tout, il apparaît publiquement que l’OTAN et l’OSCE sous la primature américaine ne correspondent plus à la réalité du monde et surtout que ces deux organisations sont frappées d’obsolescences.
Dommage qu’un noyau de puissances européennes n’existe pas ! Ce noyau convainquerait toutes les autres. L’Europe assumerait, alors, seule sa sécurité et s’affirmerait politiquement et militairement vis-à-vis de tout le monde.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Edito : « pogroms » à Hébron N°355 2eme année
L’agence de presse Reuters a rapporté les sévères propos du Premier ministre israélien, Ehud Olmert à l’encontre des colons qui ont attaqué des palestiniens à Hébron : il a parlé de « pogroms » ! « En tant que juif, a-t-il dit, j'ai honte que d'autres juifs fassent une telle chose »
Seul un homme d’Etat d’Israël comme lui peut user de ce mot sans soulever l’ire et c’est là acte très fort qui suit ses récentes déclarations relatives à l’abandon du Golan et l’acceptation par son pays des frontières de 1967. Quelques temps plus tôt, à Cambridge, le Premier ministre avait essuyé les huées du public quand il justifiait sa politique pour garantir le droit à vivre de son pays.
Les Palestiniens continuent à subir les brimades de la part des colons. Leur vie quotidienne n’est plus une vie, c’est une angoisse et une humiliation de chaque heure.
Naturellement les yeux se tournent en direction de Barack Obama, mais possède-t-il la formule miracle ? On ne compte plus les plans, les lieux où les uns et les autres se rencontrent. Pendant ce temps, le mur se construit et les colonies se bâtissent.
Que pensez de la colère d’Ehud Olmert ?Est-elle feinte ? Est-elle liée au climat pre-électoral ? Le gouvernement devance-t-il les futurs souhaits de l’administration démocrate à compter du 20 janvier ? Si l’on met de côté une attaque israélienne contre l’Iran et que l’on sait les négociations entre Tel-Aviv et Damas, Ehud Olmert convient peu à peu – tout comme son possible successeur, Tizpi Livni, que l’Etat palestinien finira par naître.
Et plus cette perspective grandira, plus les actions violentes se feront à l’encontre des Palestiniens.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Seul un homme d’Etat d’Israël comme lui peut user de ce mot sans soulever l’ire et c’est là acte très fort qui suit ses récentes déclarations relatives à l’abandon du Golan et l’acceptation par son pays des frontières de 1967. Quelques temps plus tôt, à Cambridge, le Premier ministre avait essuyé les huées du public quand il justifiait sa politique pour garantir le droit à vivre de son pays.
Les Palestiniens continuent à subir les brimades de la part des colons. Leur vie quotidienne n’est plus une vie, c’est une angoisse et une humiliation de chaque heure.
Naturellement les yeux se tournent en direction de Barack Obama, mais possède-t-il la formule miracle ? On ne compte plus les plans, les lieux où les uns et les autres se rencontrent. Pendant ce temps, le mur se construit et les colonies se bâtissent.
Que pensez de la colère d’Ehud Olmert ?Est-elle feinte ? Est-elle liée au climat pre-électoral ? Le gouvernement devance-t-il les futurs souhaits de l’administration démocrate à compter du 20 janvier ? Si l’on met de côté une attaque israélienne contre l’Iran et que l’on sait les négociations entre Tel-Aviv et Damas, Ehud Olmert convient peu à peu – tout comme son possible successeur, Tizpi Livni, que l’Etat palestinien finira par naître.
Et plus cette perspective grandira, plus les actions violentes se feront à l’encontre des Palestiniens.
Jean Vinatier
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vendredi 5 décembre 2008
Edito : Douai de Calonne à Sarkozy N°354 - 2eme année
C’est depuis la ville de Douai située dans la Flandre gallicante que naquit Conrad-Alexandre de Calonne (1734-1802) le brillant contrôleur général des finances de Louis XVI qui tenta durant son ministère (1783-1787) un plan de relance économique et une réforme fiscale qui échouèrent de peu, que Nicolas Sarkozy annonce une somme de 26 milliards d’euros engagée pour soutenir l’économie face à la récession.
Le montant paraît, à première vue, un peu pingre tant l’horizon mondial se charge de lourds et épais nuages noirs. Dommage que la présidence française n’ait pu convaincre ses partenaires d’unir leurs capacités financières pour agir sur l’ensemble de l’Union, il serait injuste de ne pas le rappeler.
Au-delà de l’effet d’annonce, on devine qu’un second plan se prépare : tous les économistes le prévoient. Le Président de la République ne pouvait cependant pas rester les bras croisés, d’ailleurs il en profite pour glisser ici et là des mesures qui sont fidèles à ses promesses électorales telle celle qui affaiblit profondément la législation anti-corruption des années 1990 concernant les marchés publics. Il prend le parti de faire l’impasse sur les déficits publics et compte utiliser les fonds du Livret A pour les minorer.
La préoccupation présidentielle est de soutenir l’investissement au détriment du volet social qui fait figure de parent pauvre ou oublié. Les classes moyennes constituant le fer de lance du pouvoir d’achat, il est étonnant qu’elles soient laissées sur le carreau à moins qu’elles fassent partie du second plan de relance.
L’habileté élyséenne est, peut-être, de laisser entendre que l’Etat à encore une marge d’action plus forte qu’on ne le croit. Pourtant la constitution d’un fonds souverain de 20 milliards d’euros montre plutôt les limites françaises.
Comme Calonne, Sarkozy fait le pari d’un retour de la confiance et du rétablissement du crédit à moyen terme. C’est un peu le « A Dieu vat » !
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Le montant paraît, à première vue, un peu pingre tant l’horizon mondial se charge de lourds et épais nuages noirs. Dommage que la présidence française n’ait pu convaincre ses partenaires d’unir leurs capacités financières pour agir sur l’ensemble de l’Union, il serait injuste de ne pas le rappeler.
Au-delà de l’effet d’annonce, on devine qu’un second plan se prépare : tous les économistes le prévoient. Le Président de la République ne pouvait cependant pas rester les bras croisés, d’ailleurs il en profite pour glisser ici et là des mesures qui sont fidèles à ses promesses électorales telle celle qui affaiblit profondément la législation anti-corruption des années 1990 concernant les marchés publics. Il prend le parti de faire l’impasse sur les déficits publics et compte utiliser les fonds du Livret A pour les minorer.
La préoccupation présidentielle est de soutenir l’investissement au détriment du volet social qui fait figure de parent pauvre ou oublié. Les classes moyennes constituant le fer de lance du pouvoir d’achat, il est étonnant qu’elles soient laissées sur le carreau à moins qu’elles fassent partie du second plan de relance.
L’habileté élyséenne est, peut-être, de laisser entendre que l’Etat à encore une marge d’action plus forte qu’on ne le croit. Pourtant la constitution d’un fonds souverain de 20 milliards d’euros montre plutôt les limites françaises.
Comme Calonne, Sarkozy fait le pari d’un retour de la confiance et du rétablissement du crédit à moyen terme. C’est un peu le « A Dieu vat » !
Jean Vinatier
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Edito
jeudi 4 décembre 2008
Walt Whitman : « Ô Étoile de France » N°353 - 2eme année
Né à Long Island, Walt Whitman (1819-1892) est un autodidacte qui exercera plusieurs métiers (instituteur, journaliste, imprimeur) avant de publier son chef d’œuvre, Feuilles d’herbe (Leaves of grass) en 1855. Recueil poétique salué par Emerson comme le point de départ de la poésie américaine celle de l’Amérique démocratique. Waltman exprime ses émotions de façon crue et directe à la différence de son contemporain Dickinson plus ironique.
Poète patriote dans son hommage à Abraham Lincoln, « O captain ! My Captain » (Voir le film « Le cercle des poètes disparus ») il suscita la controverse autour de son homosexualité dont l'auteur s’offusqua alors qu’elle est présente dans ses œuvres, « We Two Boys Together Clinging » et surtout « Calamus » (personnage de la mythologie grecque qui souffrit la mort de son amant Carpus)
Dans les années 1970 le mouvement d'émancipation homosexuel américain fit de Whitman son porte-drapeau avec Jean Genet.
Le poème « Ô Etoile de France » date de1870 après la défaite de Napoléon III devant les Allemands et le début su siège de Paris. Walt Whitman pousse à sa manière son cri qui n’est pas sans grandeur et garde toute sa modernité. Il n'est pas certain que le Président des Etats-Unis le récite en se rasant (lol)
Poète patriote dans son hommage à Abraham Lincoln, « O captain ! My Captain » (Voir le film « Le cercle des poètes disparus ») il suscita la controverse autour de son homosexualité dont l'auteur s’offusqua alors qu’elle est présente dans ses œuvres, « We Two Boys Together Clinging » et surtout « Calamus » (personnage de la mythologie grecque qui souffrit la mort de son amant Carpus)
Dans les années 1970 le mouvement d'émancipation homosexuel américain fit de Whitman son porte-drapeau avec Jean Genet.
Le poème « Ô Etoile de France » date de1870 après la défaite de Napoléon III devant les Allemands et le début su siège de Paris. Walt Whitman pousse à sa manière son cri qui n’est pas sans grandeur et garde toute sa modernité. Il n'est pas certain que le Président des Etats-Unis le récite en se rasant (lol)
La traduction est d’un grand poète français mort jeune, Jules Laforgue (1860-1887)
« Ô Étoile de France
« Ô Étoile de France
Le rayonnement de ta foi, de ta puissance, de ta gloire,
Comme quelque orgueilleux vaisseau qui si longtemps mena toute l'escadre,
Tu es aujourd'hui, désastre poussé par la tourmente, une carcasse démâtée ;
Et au milieu de ton équipage affolé, demi-submergé,
Ni timon, ni timonier.
________
________
Étoile sinistrement frappée,
Astre, non de la seule France, symbole de mon âme ses plus précieuses espérances,
Lutte et audace, divine furie de liberté,
Astres d'aspirations vers l'idéal lointain, rêves enthousiastes de fraternité,
Astre de terreur pour le tyran et le prêtre.
Étoile crucifiée, vendue, par des traîtres,
Étoile palpitante sur un pays de mort, héroïque pays,
Étrange, passionné, railleur, frivole pays !
Malheureuse ! Mais je ne veux pas te blâmer, maintenant, pour tes erreurs, tes vanités, tes péchés ;
Ton infortune et tes souffrances sans exemple ont tout racheté,
Et t'ont laissé sacrée.
Parce que, dans toutes tes fautes, ton but fut toujours haut placé,
Parce que tu ne te serais jamais vendue quelque grand que fût le prix,
Parce que certainement tu te réveilles de ta mauvaise ivresse et pleurante,
Parce que seule parmi tes sœurs, toi géante, tu déchiras ceux qui te déshonoraient,
Parce que tu ne pourrais pas, tu ne voudrais pas porter les chaînes traditionnelles,
Pour cela cette crucifixion, ta face livide, tes pieds et tes mains cloués,
La lance enfoncée dans ton flanc.
________
Ô Étoile ! Ô vaisseau de France, mis en fuite et bafoué !
Soutiens-toi astre frappé !
Ô vaisseau, repars !
Aussi sûrement que le vaisseau de tout, la Terre elle-même,
Produit d'un incendie de mort et du tumultueux chaos,
Se dégageant de ses spasmes de rage et de ses déjections,
Et apparaissant enfin, tout en puissance et beauté,
Et se mettant à suivre son cours sous le soleil,
Ainsi toi, ô vaisseau de France !
______
______
Finis les jours, chassés les nuages,
Accomplis l'œuvre de peine et la métamorphose longtemps cherchée.
Voyez! ressuscitée, haut au-dessus du monde européen,
(Et répondant en allégresse, et comme face à face de loin, à nos Etats-Unis)
De nouveau, ton étoile, ô France, belle resplendissante étoile,
Dans la paix céleste, plus pure, plus radieuse que jamais,
Rayonnera immortelle.
Walt Whitman »
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source :
Walt Whitman : Poèmes et proses, traduits par Jules Laforgue, Louis Fabulet, André Gide, Valéry Larbaud...; Introduction de Valéry Larbaud, Paris, Gallimard, 1960
Walt Whitman »
Jean Vinatier
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Walt Whitman : Poèmes et proses, traduits par Jules Laforgue, Louis Fabulet, André Gide, Valéry Larbaud...; Introduction de Valéry Larbaud, Paris, Gallimard, 1960
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Etats-Unis,
Poésies
Edito : Thaïlande : Retour à la case départ N°352 - 2eme année
Le 2 décembre, la Cour suprême de Thaïlande a destitué le gouvernement Somchai Wungsawat, le parti alors au pouvoir, le PPP et interdit au premier ministre toute activité politique pendant cinq ans.. L’opposition conduite par Sondhi Limthongkul, dirigeant du PAD (People Alliance for Democracy) a ordonné la fin des blocages des aéroports et des principales voies d’accès à la capitale, Bangkok.
La vie politique du royaume nouera-t-elle avec le calme ? Le doute subsiste. Le PPP (People Power Party) va renaître de ses cendres sous une autre dénomination et ses adhérents comptent bien continuer à diriger le pays puisque l’assemblée n’a pas été dissoute. L’opposition habillée du jaune royal restera-t-elle tranquille ? Au-delà des controverses sur la personnalité du fondateur du PPP, Thaksin Shinawatra, il faut bien voir que la véritable raison des manifestations tourne autour de la démocratisation thaïlandaise.
L’ex-PPP a le soutien des paysans et d’une partie de la petite bourgeoisie à l’inverse du PAD, plus urbain, proche de la Cour et de l’armée, prône une démocratie censitaire. Dernier détail le PAD est un mouvement sans élus.
La vie politique du royaume nouera-t-elle avec le calme ? Le doute subsiste. Le PPP (People Power Party) va renaître de ses cendres sous une autre dénomination et ses adhérents comptent bien continuer à diriger le pays puisque l’assemblée n’a pas été dissoute. L’opposition habillée du jaune royal restera-t-elle tranquille ? Au-delà des controverses sur la personnalité du fondateur du PPP, Thaksin Shinawatra, il faut bien voir que la véritable raison des manifestations tourne autour de la démocratisation thaïlandaise.
L’ex-PPP a le soutien des paysans et d’une partie de la petite bourgeoisie à l’inverse du PAD, plus urbain, proche de la Cour et de l’armée, prône une démocratie censitaire. Dernier détail le PAD est un mouvement sans élus.
Le Roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) et l’armée restent les arbitres de la tranquillité thaïlandaise : au souverain le respect quasi divin par ses sujets, à l’armée le soin d’éviter que le pays ne sombre dans le chaos en cas de querelles politiques. C’est un équilibre fragile. La succession royale est problématique, le prince hériter est impopulaire à l’inverse de sa sœur, Sirindhorn Thepha Rattana Suda qui pourrait être désignée pour lui succéder.
Bien que Thaskin soit en exil au Royaume-Uni et sous le coup d’un mandat d’arrêt, son parti populiste a recueilli par deux fois les faveurs d’une majorité de Thaïlandais dont les plus démunis parce qu’il leur a donné la parole. Opportunisme ou pas, les jaunes semblent bien avoir remporté une victoire à la Pyrrhus.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Bien que Thaskin soit en exil au Royaume-Uni et sous le coup d’un mandat d’arrêt, son parti populiste a recueilli par deux fois les faveurs d’une majorité de Thaïlandais dont les plus démunis parce qu’il leur a donné la parole. Opportunisme ou pas, les jaunes semblent bien avoir remporté une victoire à la Pyrrhus.
Jean Vinatier
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mercredi 3 décembre 2008
Chine/Etats-Unis : nous nous tenons par la barbichette ! N°351 - 2eme année
Demain le secrétaire d’Etat au Trésor, Henry Paulson rencontrera son homologue chinois dans le cadre des rencontres bi-annuelles entre les deux pays. Hier, Pékin a annoncé une dévaluation de sa monnaie, le Yuan ; cette décision se situe à l’exact opposé des demandes américaines.
Pourquoi cette mesure ? La Chine est touchée par la crise économique. Sa croissance s’est réduite, ses exportations faiblissent et elle doit dynamiser son économie intérieure afin d’éviter un mécontentement social trop important et accroître une indépendance plus importante vis-à-vis des pays étrangers.
Les Etats-Unis voient leur déficit commercial avec la Chine augmenter (256 milliards de dollars en 2007) Ils demandent donc une réévaluation régulière du Yuan. Depuis 2005 et jusqu’à ce jour les autorités pékinoises ont laissé leur monnaie se réapprécier de 20%. La dévaluation du yuan est donc mineure. Elle est un signal envoyé à Wasghinton.
Entrons-nous dans une guerre monétaire sino-américaine ? Aucun n’a intérêt à voir l’autre mordre la poussière. Nous sommes plutôt à l’aube d’une remise à plat progressive des relations économiques pour l’heure déséquilibrées.
Le parti communiste chinois tient le pays d’une main de fer en assurant vaille que vaille une prospérité annuelle à un plus grand nombre de la population. Les salaires augmentent ainsi que les revendications sociales. Sa légitimité politique tient dans cet environnement économique. Pékin a donc besoin d’exporter plus (l’écoulement de ses produits est très important aux Etats-Unis) et de développer sur l’ensemble de son territoire des projets de grandes infrastructures. De leur côté les Américains ont un besoin vital de Pékin pour acheter les T-Bonds qui leur permettent d’assurer le bon fonctionnement de leur Etat. On rappelle que les Américains n’ont aucune épargne à l’inverse des Chinois.
Les dépenses publiques chinoises consacrées au marché intérieur ne vont-elles pas ôter à Pékin la capacité d’acheter les fameux bons du Trésor US nécessaires aux programmes de relances économiques américains ? Pékin et Washington se tiennent par la barbichette, leurs destins se lient. Les deux veulent être les premiers. Les deux raisonnent à l’échelle universelle. Les dirigeants communistes considèrent que la diaspora chinoise constitue de facto un levier géopolitique très important. Le gouvernement américain, aujourd’hui républicain, demain démocrate, refuse tout ce qui remettrait en cause sa suprématie monétaire symbolisée par le billet vert.
En fait si la Chine est dans une stratégie sur le long terme et selon une philosophie différente de la nôtre, les Etats-Unis sont dans une course permanente au maintien de leur primature. Or, les rapports de force mondiaux évoluent, ils sont plus complexes et font entrer des puissances nouvelles : Inde, Brésil, Australie, Afrique du Sud, les monarchies de la péninsule arabique mais également la Russie, le Japon, l’Union européenne. L’époque n’est plus où deux puissances peuvent se targuer de se partager la planète. Le monde multipolaire induit une dilution de la puissance verticale d’un seul en faveur de nouvelles formes associatives inter-étatiques. Si Londres et Washington ont mis tant d’ardeur à sauver les banques et les financiers, n’est-ce pas pour disposer d’une force de frappe bancaire ? Mais que pèseront le Royaume-Uni et les Etats-Unis sans la prospérité économique dans leur pays respectif ? Avoir sous la main les flottes militaires les plus considérables ne signifie plus grand chose. On a vu combien a été difficile la conquête (hors les lois internationales) de l’Irak dont la paix intérieure est due aux versements réguliers en dollars à tous les chefs de tribus de ce pays. Faute de conquérir, à quoi servent ces flottes imposantes ? Susciter des coalitions internationales pour vaincre « le terrorisme » est de moins en moins facile à planifier. Bref le temps de la canonnière est passé.
La Chine à l’instar des puissances émergentes et des plus anciennes relie sa puissance économique à son indépendance qui passe évidemment par un contrôle des routes énergétiques. L’écheveau sino-américain monopolise l’attention de tous les continents à juste raison quoique l’erreur soit d’acter ce face-à-face comme le seul possible alors que nous sommes dans un monde multipolaire.
Imaginons un dérapage de la Chine ou des Etats-Unis ? Quels seraient alors les contre-poids ? Si les autres meta-nations et l’Union européenne ne savent pas concevoir d’autres vues que celle du spectateur, elles seront perdantes à tous les coups. Par exemple, l’un des artisans de l’Euro, l’économiste britannique, Robert Mundell préconise-t-il de fonder une monnaie mondiale le DEY ou union entre le dollar, l’euro et le yen !
Cette guerre monétaire prend l’aspect d’une confrontation classique historiquement alors qu’elle n’est plus en phase avec la nouvelle ère, celle de la mondialisation. Ainsi logiquement, les futurs accords sino-américains devraient-ils recevoir l’aval des autres nations ce qui reviendrait à les tenir par la barbichette !
Jean Vinatier
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Pourquoi cette mesure ? La Chine est touchée par la crise économique. Sa croissance s’est réduite, ses exportations faiblissent et elle doit dynamiser son économie intérieure afin d’éviter un mécontentement social trop important et accroître une indépendance plus importante vis-à-vis des pays étrangers.
Les Etats-Unis voient leur déficit commercial avec la Chine augmenter (256 milliards de dollars en 2007) Ils demandent donc une réévaluation régulière du Yuan. Depuis 2005 et jusqu’à ce jour les autorités pékinoises ont laissé leur monnaie se réapprécier de 20%. La dévaluation du yuan est donc mineure. Elle est un signal envoyé à Wasghinton.
Entrons-nous dans une guerre monétaire sino-américaine ? Aucun n’a intérêt à voir l’autre mordre la poussière. Nous sommes plutôt à l’aube d’une remise à plat progressive des relations économiques pour l’heure déséquilibrées.
Le parti communiste chinois tient le pays d’une main de fer en assurant vaille que vaille une prospérité annuelle à un plus grand nombre de la population. Les salaires augmentent ainsi que les revendications sociales. Sa légitimité politique tient dans cet environnement économique. Pékin a donc besoin d’exporter plus (l’écoulement de ses produits est très important aux Etats-Unis) et de développer sur l’ensemble de son territoire des projets de grandes infrastructures. De leur côté les Américains ont un besoin vital de Pékin pour acheter les T-Bonds qui leur permettent d’assurer le bon fonctionnement de leur Etat. On rappelle que les Américains n’ont aucune épargne à l’inverse des Chinois.
Les dépenses publiques chinoises consacrées au marché intérieur ne vont-elles pas ôter à Pékin la capacité d’acheter les fameux bons du Trésor US nécessaires aux programmes de relances économiques américains ? Pékin et Washington se tiennent par la barbichette, leurs destins se lient. Les deux veulent être les premiers. Les deux raisonnent à l’échelle universelle. Les dirigeants communistes considèrent que la diaspora chinoise constitue de facto un levier géopolitique très important. Le gouvernement américain, aujourd’hui républicain, demain démocrate, refuse tout ce qui remettrait en cause sa suprématie monétaire symbolisée par le billet vert.
En fait si la Chine est dans une stratégie sur le long terme et selon une philosophie différente de la nôtre, les Etats-Unis sont dans une course permanente au maintien de leur primature. Or, les rapports de force mondiaux évoluent, ils sont plus complexes et font entrer des puissances nouvelles : Inde, Brésil, Australie, Afrique du Sud, les monarchies de la péninsule arabique mais également la Russie, le Japon, l’Union européenne. L’époque n’est plus où deux puissances peuvent se targuer de se partager la planète. Le monde multipolaire induit une dilution de la puissance verticale d’un seul en faveur de nouvelles formes associatives inter-étatiques. Si Londres et Washington ont mis tant d’ardeur à sauver les banques et les financiers, n’est-ce pas pour disposer d’une force de frappe bancaire ? Mais que pèseront le Royaume-Uni et les Etats-Unis sans la prospérité économique dans leur pays respectif ? Avoir sous la main les flottes militaires les plus considérables ne signifie plus grand chose. On a vu combien a été difficile la conquête (hors les lois internationales) de l’Irak dont la paix intérieure est due aux versements réguliers en dollars à tous les chefs de tribus de ce pays. Faute de conquérir, à quoi servent ces flottes imposantes ? Susciter des coalitions internationales pour vaincre « le terrorisme » est de moins en moins facile à planifier. Bref le temps de la canonnière est passé.
La Chine à l’instar des puissances émergentes et des plus anciennes relie sa puissance économique à son indépendance qui passe évidemment par un contrôle des routes énergétiques. L’écheveau sino-américain monopolise l’attention de tous les continents à juste raison quoique l’erreur soit d’acter ce face-à-face comme le seul possible alors que nous sommes dans un monde multipolaire.
Imaginons un dérapage de la Chine ou des Etats-Unis ? Quels seraient alors les contre-poids ? Si les autres meta-nations et l’Union européenne ne savent pas concevoir d’autres vues que celle du spectateur, elles seront perdantes à tous les coups. Par exemple, l’un des artisans de l’Euro, l’économiste britannique, Robert Mundell préconise-t-il de fonder une monnaie mondiale le DEY ou union entre le dollar, l’euro et le yen !
Cette guerre monétaire prend l’aspect d’une confrontation classique historiquement alors qu’elle n’est plus en phase avec la nouvelle ère, celle de la mondialisation. Ainsi logiquement, les futurs accords sino-américains devraient-ils recevoir l’aval des autres nations ce qui reviendrait à les tenir par la barbichette !
Jean Vinatier
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Edito : Santini : Aux chiottes la Princesse de Clèves ! N°350 - 2eme année
Si les personnes âgées de la ville d’Issy-les-Moulineaux s’interrogent sur la raison pour laquelle leur maire et secrétaire d’Etat, André Santini ne leur fournit au moment de Noël que des chocolats et point de livres, la réponse est tombée hier : C’est trop élitiste ! André Santini qui aime le luxe et les clubs de cigares fréquentés par les rupins dodus, choisit donc de cultiver la gourmandise de ses administrés plutôt que de favoriser tel ou tel engouement culturel. Aux chiottes donc Mme de Lafayette et sa Princesse de Clèves !
Dans le cadre de la réforme des concours administratifs pour les catégories B et C, André Santini propose de supprimer les questions relatives à la culture générale. Pour quelle raison ? Privilégier les compétences plutôt que les connaissances. Pourquoi ? Selon le secrétaire d’Etat, pour ces emplois point n’est besoin de savoir qui était le capitaine Dreyfus ou la couleur du cheval blanc d’Henri IV. En effet, le gouvernement observe que pour nombre de français fraîchement naturalisés le degré de culture générale formerait un obstacle discriminatoire. Adieu donc les guichetiers, les magasiniers à l’esprit délié et facétieux. Fini les titis parisiens qui nous rappelaient les Audiard, les Prévert, les Brassens. Fini la gouaille, bonjour le texto !
Au nom de l’égalité des chances, le gouvernement introduit une discrimination incroyable : partir du principe qu’un Français tout juste naturalisé serait inculte est proprement scandaleux. La culture générale serait-elle réservée aux Français historiques ? Un Tunisien, un Congolais, un Chinois n’a donc pas de culture générale ?Bravo !!!
Pourquoi le gouvernement ne s’en est-il pas tenu à un dépoussiérage ? L’objectif n’est-il donc pas de créer une ségrégation culturelle et sociale ? On assiste à l’application de mesures de discriminations sociales terribles. On divise la société française en catégories en veillant aux inégalités et tout cela sous le triptyque « Liberte, Egalite, Fraternité » et de la Déclaration des Droits de l’Homme !
Que sera une fonction publique si de tels principes sont adoptés ? Demain on demandera au corps enseignant de réduire le niveau de culture générale selon les adresses des lycées et des collèges. Le message est clair : on veut des robots compétents, pas des hommes qui réfléchissent.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Dans le cadre de la réforme des concours administratifs pour les catégories B et C, André Santini propose de supprimer les questions relatives à la culture générale. Pour quelle raison ? Privilégier les compétences plutôt que les connaissances. Pourquoi ? Selon le secrétaire d’Etat, pour ces emplois point n’est besoin de savoir qui était le capitaine Dreyfus ou la couleur du cheval blanc d’Henri IV. En effet, le gouvernement observe que pour nombre de français fraîchement naturalisés le degré de culture générale formerait un obstacle discriminatoire. Adieu donc les guichetiers, les magasiniers à l’esprit délié et facétieux. Fini les titis parisiens qui nous rappelaient les Audiard, les Prévert, les Brassens. Fini la gouaille, bonjour le texto !
Au nom de l’égalité des chances, le gouvernement introduit une discrimination incroyable : partir du principe qu’un Français tout juste naturalisé serait inculte est proprement scandaleux. La culture générale serait-elle réservée aux Français historiques ? Un Tunisien, un Congolais, un Chinois n’a donc pas de culture générale ?Bravo !!!
Pourquoi le gouvernement ne s’en est-il pas tenu à un dépoussiérage ? L’objectif n’est-il donc pas de créer une ségrégation culturelle et sociale ? On assiste à l’application de mesures de discriminations sociales terribles. On divise la société française en catégories en veillant aux inégalités et tout cela sous le triptyque « Liberte, Egalite, Fraternité » et de la Déclaration des Droits de l’Homme !
Que sera une fonction publique si de tels principes sont adoptés ? Demain on demandera au corps enseignant de réduire le niveau de culture générale selon les adresses des lycées et des collèges. Le message est clair : on veut des robots compétents, pas des hommes qui réfléchissent.
Jean Vinatier
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mardi 2 décembre 2008
Georges Bush : « je n’ai qu’un seul regret…. » N°349 - 2eme année
Le dernier entretien accordé à la chaîne ABC par le Président des Etats-Unis Georges Bush ne laisse pas d’étonner et de choquer lorsqu’il parle de l’invasion hors les lois internationales de l’Irak. Son « plus grand regret de toute cette présidence consistera dans la défaillance du renseignement en Irak » au sujet des fameuses armes de destruction massive de Saddam Hussein restées introuvables. Il justifie, naturellement, la présence militaire de son armée en Mésopotamie.
Il souligne également que les événements du 11 septembre avaient précipité une réaction de grande ampleur et que dans cette atmosphère le Président n’était pas « préparé à la guerre » : « En d'autres termes, je n'ai pas fait campagne en disant : votez pour moi, je serai capable de faire face à une attaque. En d'autres termes, je n'ai pas anticipé la guerre ».
Georges Bush est-il un cynique, un faible ? Nous nous souvenons, tous des débats et des discours enflammés que les néo-conservateurs, alors en place à Washington, firent et répandirent sur les cinq continents. On a peine à croire que rien n’était prêt. Au contraire tout était envisagé, il ne restait plus que l’événement, ce furent les destructions des Twins, l’attaque contre le Pentagone…
Nul ne peut souscrire à cette innocence présidentielle : n’est-il pas l’homme le mieux informé au monde ? Que dire également des populations martyrisées en Mésopotamie puis en Afghanistan et au Pakistan sans oublier celle de Palestine ? Le récent accord signé entre le gouvernement de Bagdad et les Etats-Unis sur l’occupation de l’Irak rappelle trop bien que les fameuses armes de destruction massives n’étaient que foutaise.
Georges Bush se couvre du manteau du juste, de l’innocent avant de quitter la Maison Blanche mais on pourrait aussi lire les propos présidentiels comme un moyen de prévenir les opinions publiques sur la volonté très claire de Barack Obama de gagner la guerre contre le terrorisme en Afghanistan et au Pakistan (Baloutchistan). Le 44e président serait, si l’on suit bien les propos du 43e, bien préparé et sans regret : sous-entendu, lui ne devra pas la perdre ! C’est une manière assez terrible de compromettre son successeur qui garde Robert Gates aux commandes des forces armées ?
Au-delà de ces remarques affreuses de Georges Bush, ce sont bien les peuples qui ne sont toujours pas préparés aux guerres, ils les subissent. Ce sont bien les peuples qui n’ont qu’un seul regret, celui d’être toujours des cibles.
La fin de cette présidence américaine nous choque parce qu’elle concerne une hyper puissance et que nous sommes toujours dans l’attente d’un bienfait de cette nation. C’est une erreur que les dirigeants des 27 états européens commettent que d’espérer une illumination depuis les rives du Potomac. Barack Obama comme Georges Bush ne pense qu’à grandir les Etats-Unis et l’un et l’autre ne veulent absolument pas entendre parler d’un quelconque partage. Partager quoi? Ne sont-ils pas nés de la meilleure des nations?
L’entretien avec Georges Bush a l’apparence d’une conclusion alors qu’il prévient sans prendre de gants que tout continuera comme auparavant. On se tromperait grandement en qualifiant Georges Bush d’homme faible ou pusillanime tant il a appliqué une politique pensée depuis des décennies. Selon lui, il « n'a pas vendu son âme à la politique, qui [il] a dû prendre des décisions difficiles et qui l'a fait en s'en tenant à des principe […] Je quitterai la présidence la tête haute ».
Ne comptons pas trop sur le 44e président, il s’entoure d’hommes et de femmes qui ont adhéré à bien des initiatives des néo-conservateurs. Ne prenons pas, enfin, des inflexions pour des révolutions mais pour ce qu’elles sont généralement des habiletés politiques. Mettons en place notre propre politique afin d’avoir un rapport de force qui soit bénéfique des deux côtés de l’Atlantique.
Si Georges Bush a été un décideur froid, Barack Obama sera un décideur plus communicatif mais au service d’America first!
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Source :
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/12/02/les-regret-de-george-w-bush-apres-huit-ans-a-la-maison-blanche_1125777_3222.html#xtor=RSS-3208
Il souligne également que les événements du 11 septembre avaient précipité une réaction de grande ampleur et que dans cette atmosphère le Président n’était pas « préparé à la guerre » : « En d'autres termes, je n'ai pas fait campagne en disant : votez pour moi, je serai capable de faire face à une attaque. En d'autres termes, je n'ai pas anticipé la guerre ».
Georges Bush est-il un cynique, un faible ? Nous nous souvenons, tous des débats et des discours enflammés que les néo-conservateurs, alors en place à Washington, firent et répandirent sur les cinq continents. On a peine à croire que rien n’était prêt. Au contraire tout était envisagé, il ne restait plus que l’événement, ce furent les destructions des Twins, l’attaque contre le Pentagone…
Nul ne peut souscrire à cette innocence présidentielle : n’est-il pas l’homme le mieux informé au monde ? Que dire également des populations martyrisées en Mésopotamie puis en Afghanistan et au Pakistan sans oublier celle de Palestine ? Le récent accord signé entre le gouvernement de Bagdad et les Etats-Unis sur l’occupation de l’Irak rappelle trop bien que les fameuses armes de destruction massives n’étaient que foutaise.
Georges Bush se couvre du manteau du juste, de l’innocent avant de quitter la Maison Blanche mais on pourrait aussi lire les propos présidentiels comme un moyen de prévenir les opinions publiques sur la volonté très claire de Barack Obama de gagner la guerre contre le terrorisme en Afghanistan et au Pakistan (Baloutchistan). Le 44e président serait, si l’on suit bien les propos du 43e, bien préparé et sans regret : sous-entendu, lui ne devra pas la perdre ! C’est une manière assez terrible de compromettre son successeur qui garde Robert Gates aux commandes des forces armées ?
Au-delà de ces remarques affreuses de Georges Bush, ce sont bien les peuples qui ne sont toujours pas préparés aux guerres, ils les subissent. Ce sont bien les peuples qui n’ont qu’un seul regret, celui d’être toujours des cibles.
La fin de cette présidence américaine nous choque parce qu’elle concerne une hyper puissance et que nous sommes toujours dans l’attente d’un bienfait de cette nation. C’est une erreur que les dirigeants des 27 états européens commettent que d’espérer une illumination depuis les rives du Potomac. Barack Obama comme Georges Bush ne pense qu’à grandir les Etats-Unis et l’un et l’autre ne veulent absolument pas entendre parler d’un quelconque partage. Partager quoi? Ne sont-ils pas nés de la meilleure des nations?
L’entretien avec Georges Bush a l’apparence d’une conclusion alors qu’il prévient sans prendre de gants que tout continuera comme auparavant. On se tromperait grandement en qualifiant Georges Bush d’homme faible ou pusillanime tant il a appliqué une politique pensée depuis des décennies. Selon lui, il « n'a pas vendu son âme à la politique, qui [il] a dû prendre des décisions difficiles et qui l'a fait en s'en tenant à des principe […] Je quitterai la présidence la tête haute ».
Ne comptons pas trop sur le 44e président, il s’entoure d’hommes et de femmes qui ont adhéré à bien des initiatives des néo-conservateurs. Ne prenons pas, enfin, des inflexions pour des révolutions mais pour ce qu’elles sont généralement des habiletés politiques. Mettons en place notre propre politique afin d’avoir un rapport de force qui soit bénéfique des deux côtés de l’Atlantique.
Si Georges Bush a été un décideur froid, Barack Obama sera un décideur plus communicatif mais au service d’America first!
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/12/02/les-regret-de-george-w-bush-apres-huit-ans-a-la-maison-blanche_1125777_3222.html#xtor=RSS-3208
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Edito : Marciac ou les enfants trompés N°348 - 2eme année
Le 19 novembre dernier, les élèves du collège de Marciac (Gers), prévenus par le conseiller principal d’éducation, avaient bien noté une rencontre avec les gendarmes sur les risques liés à la consommation de drogues. Les élèves ignoraient que leur propre directeur, en accord avec Madame le Procureur, préparait une descente de gendarme en bonne et due forme avec chiens et fouilles corporelles (filles et garçons). Voilà pour les faits. Et ils sont odieux !
Odieux ! Tout simplement parce qu’il y a mensonge. Et ce mensonge vient d’un directeur d'école ! En un seul instant, ce fonctionnaire de l’éducation nationale fait basculer des enfants de 14/15 ans dans l’incompréhension et l’effroi. Les enseignants et les parents d’élèves sont sous le choc. Le silence du ministre Xavier Darcos est terrible.
Terrible ! Oui mais c’est le programme de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007 qui se met en place sans sourciller et pour l’ensemble des Français, du haut en bas de l’échelle sociale, quel que soit l’âge. Aujourd’hui le Chef de l’Etat visitant un hôpital psychiatrique parle de moyens financiers pour sécuriser ce type d’établissement, le préfet ayant alors le pas sur le médecin!
La commission Varinard suggère d’enfermer les enfants à 12 ans ou 10 ans, Frédéric Lefebvre, le député UMP, un intime du Président de la République, préconise de détecter la dangerosité d’un enfant dés l’âge de 3 ans!
Les faits survenus au collège de Marciac dans le Gers ne peuvent donc pas surprendre. Les enfants sont bel et bien devenus des suspects potentiels.
Jean Vinatier
Odieux ! Tout simplement parce qu’il y a mensonge. Et ce mensonge vient d’un directeur d'école ! En un seul instant, ce fonctionnaire de l’éducation nationale fait basculer des enfants de 14/15 ans dans l’incompréhension et l’effroi. Les enseignants et les parents d’élèves sont sous le choc. Le silence du ministre Xavier Darcos est terrible.
Terrible ! Oui mais c’est le programme de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007 qui se met en place sans sourciller et pour l’ensemble des Français, du haut en bas de l’échelle sociale, quel que soit l’âge. Aujourd’hui le Chef de l’Etat visitant un hôpital psychiatrique parle de moyens financiers pour sécuriser ce type d’établissement, le préfet ayant alors le pas sur le médecin!
La commission Varinard suggère d’enfermer les enfants à 12 ans ou 10 ans, Frédéric Lefebvre, le député UMP, un intime du Président de la République, préconise de détecter la dangerosité d’un enfant dés l’âge de 3 ans!
Les faits survenus au collège de Marciac dans le Gers ne peuvent donc pas surprendre. Les enfants sont bel et bien devenus des suspects potentiels.
Jean Vinatier
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Edito
lundi 1 décembre 2008
Inde et Pakistan dans une nasse? N°347 - 2eme année
Les attentats survenus dans la ville de Mumbai (Bombay) ont ravivé les tensions entre l’Inde et le Pakistan, pays indiens séparés depuis 1947 et qui se disputent le Cachemire. Les deux pays sont des puissances atomiques et ont le même allié, les Etats-Unis.
En arrière-fond, la Chine liée par des accords stratégiques avec Islamabad est en relations ondulantes avec New Delhi, l’Arabie Saoudite qui soutient pécunièrement les sunnites indiens, enfin, le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale, qui abrite dans le Londonistan des mouvements intégristes particulièrement violents.
Inutile d’ajouter que cette zone stratégique indienne intéresse vivement les grandes puissances et que tout tient dans en équilibre instable.
Le nouveau Président pakistanais a exprimé sa volonté de réduire la toute-puissance de l’armée et de renforcer son contrôle sur l’ISI, les services secrets qui jouent depuis longtemps un rôle ambigu vis-à-vis des talibans. Mais le pouvoir politique est faible et le Président Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, est un corrompu notoire. Il est, avant tout l’homme des Etats-Unis. Islamabad proteste à chaque intrusion de soldats américains sur son sol mais ces incursions ne tarderont plus à se renouveler et à une plus grande échelle : Barack Obama entend vaincre le terrorisme en Afghanistan quitte à passer la frontière. D’ailleurs, le général commandant les troupes américaines, Petraeus, coiffe depuis peu toutes les autres forces militaires dont celles de l’OTAN/SACEUR (général Craddock) et de l’ISAF (général Mc Kiernan). Le maintien du républicain Robert Gates au secrétariat à la Guerre, est lié, certainement, à l’objectif militaire fixé par le successeur de Georges Bush. Le risque est grand d’assister à un remake de l’Irak.
De son côté, l’Inde est dans un moment de politique intérieure délicat. Le parti du Congrès part affaibli pour les élections législatives prévues en mai 2009. Son rival, le Bharatiya Janata Party (BJP), nationaliste entend revenir aux affaires. En fait les attentats perpétrés à Mumbai rappellent à bien des observateurs la fragilité de l’Inde issue de la partition. Le parti du Congrès celui de Nehru et de Gandhi ne fait plus corps avec la population, il est l’organe de la bourgeoisie indienne complètement anglicisée, comme l’écrivait Alain Danielou :
« Les gouvernements du Congrès encouragèrent partout le développement de l'éducation, sur le plan d'une anglophilie déguisée à l'indienne. L'enseignement de la philosophie, des arts, des sciences, qui constituait la prestigieuse tradition culturelle de l'Inde ne put survivre que grâce aux brahmanes qui, sans aucune aide de l'état, continuèrent de leur mieux à maintenir le patrimoine culturel de l'Inde. »¹
La question musulmane est effectivement plus que sensible pour les Indiens. Les affrontements sont nombreux entre musulmans et hindous. Les terribles invasions musulmanes du VIIIe siècle au XVIIIe siècle (arabe, turc, turco-afghan, turc iranisé, Mongol, iranien) ont meurtri profondément cette nation. Les musulmans n’ont-ils pas régné sur l’Inde pendant huit siècles (sultanat de Delhi, empire Moghol) jusqu’en 1858? Mais ces derniers ne représentent en 2008 que 150 millions d’hommes parmi le plus d’un milliard d’habitants que compte l’Inde, c’est la preuve que l’Hindouisme a résisté victorieusement pendant tous ces siècles. Les indo-musulmans rappellent la partition de l’ensemble indien voulue par le Royaume-Uni et acceptée in fine par Nehru sous la pression de Gandhi.
« La cruelle histoire de l'invasion musulmane de l'Inde, qui fut suivie d'un énorme génocide et de la prise en esclavage de millions d'hindous n'est pas très connue dans le monde, particulièrement en Occident, où l'histoire de l'Inde n'est pas jugée très importante. Certains préféreraient qu'elle n'existât pas du tout ou que l'échelle des atrocités fût insignifiante, ou même que les intentions des musulmans ne fussent pas de convertir, mais uniquement de conquête militaire. D'autres arguent que cet épisode appartenant au passé, nous devrions l'oublier afin de préserver l'harmonie laïcisante de l'Inde. »²
En fait, aujourd’hui, l’unité hindou-musulmane indienne est bien prés de voler en éclat. Les derniers attentats accélèrent peut-être, un processus de remise en cause de l’Inde née en 1947. Les musulmans, les chrétiens syriaques (Kerala) et les hindous s’attaquent mutuellement dans un climat de tensions politiques sous fond de rivalité continue entre le parti du Congrès et le BJP, nationaliste.
Ni la Chine, ni les Etats-Unis ne peuvent rester les bras croisés d’autant plus que l’Arabie Saoudite est active auprès les sunnites indiens. Quelque part, l’Inde et le Pakistan se trouvent dans une nasse. Si New Delhi essaie de se placer sur la scène internationale, elle connaît des déconvenues tandis qu’Islamabad est proche de l’implosion.
Nous sommes dans une situation dangereuse, délicate. Washington dénonce le terrorisme d’Al Quaïda et celui des talibans pour justifier son investissement militaire en Asie qui lui permet d’exercer une pression sur la Chine dans le Xinjiang terre des Ouïgours (Turcs) qui contestent toujours la domination de Pékin.
Washington devra trouver des arguments solides pour convaincre le gouvernement indien de garder son calme. Cependant, New Delhi fera remarquer que les dirigeants afghans et pakistanais, Karzai et Zardari, ne sont que des potiches qui ne contrôlent pas grand-chose, notamment l’armée et les services secrets.
L’Inde, faut-il le rappeler, est le contre-poids à la Chine! Le Président élu, Barack Obama aura donc une tâche bien ardue en janvier prochain. Mais après tout, n’a-t-il pas une guerre à faire?
Jean Vinatier
En arrière-fond, la Chine liée par des accords stratégiques avec Islamabad est en relations ondulantes avec New Delhi, l’Arabie Saoudite qui soutient pécunièrement les sunnites indiens, enfin, le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale, qui abrite dans le Londonistan des mouvements intégristes particulièrement violents.
Inutile d’ajouter que cette zone stratégique indienne intéresse vivement les grandes puissances et que tout tient dans en équilibre instable.
Le nouveau Président pakistanais a exprimé sa volonté de réduire la toute-puissance de l’armée et de renforcer son contrôle sur l’ISI, les services secrets qui jouent depuis longtemps un rôle ambigu vis-à-vis des talibans. Mais le pouvoir politique est faible et le Président Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, est un corrompu notoire. Il est, avant tout l’homme des Etats-Unis. Islamabad proteste à chaque intrusion de soldats américains sur son sol mais ces incursions ne tarderont plus à se renouveler et à une plus grande échelle : Barack Obama entend vaincre le terrorisme en Afghanistan quitte à passer la frontière. D’ailleurs, le général commandant les troupes américaines, Petraeus, coiffe depuis peu toutes les autres forces militaires dont celles de l’OTAN/SACEUR (général Craddock) et de l’ISAF (général Mc Kiernan). Le maintien du républicain Robert Gates au secrétariat à la Guerre, est lié, certainement, à l’objectif militaire fixé par le successeur de Georges Bush. Le risque est grand d’assister à un remake de l’Irak.
De son côté, l’Inde est dans un moment de politique intérieure délicat. Le parti du Congrès part affaibli pour les élections législatives prévues en mai 2009. Son rival, le Bharatiya Janata Party (BJP), nationaliste entend revenir aux affaires. En fait les attentats perpétrés à Mumbai rappellent à bien des observateurs la fragilité de l’Inde issue de la partition. Le parti du Congrès celui de Nehru et de Gandhi ne fait plus corps avec la population, il est l’organe de la bourgeoisie indienne complètement anglicisée, comme l’écrivait Alain Danielou :
« Les gouvernements du Congrès encouragèrent partout le développement de l'éducation, sur le plan d'une anglophilie déguisée à l'indienne. L'enseignement de la philosophie, des arts, des sciences, qui constituait la prestigieuse tradition culturelle de l'Inde ne put survivre que grâce aux brahmanes qui, sans aucune aide de l'état, continuèrent de leur mieux à maintenir le patrimoine culturel de l'Inde. »¹
La question musulmane est effectivement plus que sensible pour les Indiens. Les affrontements sont nombreux entre musulmans et hindous. Les terribles invasions musulmanes du VIIIe siècle au XVIIIe siècle (arabe, turc, turco-afghan, turc iranisé, Mongol, iranien) ont meurtri profondément cette nation. Les musulmans n’ont-ils pas régné sur l’Inde pendant huit siècles (sultanat de Delhi, empire Moghol) jusqu’en 1858? Mais ces derniers ne représentent en 2008 que 150 millions d’hommes parmi le plus d’un milliard d’habitants que compte l’Inde, c’est la preuve que l’Hindouisme a résisté victorieusement pendant tous ces siècles. Les indo-musulmans rappellent la partition de l’ensemble indien voulue par le Royaume-Uni et acceptée in fine par Nehru sous la pression de Gandhi.
« La cruelle histoire de l'invasion musulmane de l'Inde, qui fut suivie d'un énorme génocide et de la prise en esclavage de millions d'hindous n'est pas très connue dans le monde, particulièrement en Occident, où l'histoire de l'Inde n'est pas jugée très importante. Certains préféreraient qu'elle n'existât pas du tout ou que l'échelle des atrocités fût insignifiante, ou même que les intentions des musulmans ne fussent pas de convertir, mais uniquement de conquête militaire. D'autres arguent que cet épisode appartenant au passé, nous devrions l'oublier afin de préserver l'harmonie laïcisante de l'Inde. »²
En fait, aujourd’hui, l’unité hindou-musulmane indienne est bien prés de voler en éclat. Les derniers attentats accélèrent peut-être, un processus de remise en cause de l’Inde née en 1947. Les musulmans, les chrétiens syriaques (Kerala) et les hindous s’attaquent mutuellement dans un climat de tensions politiques sous fond de rivalité continue entre le parti du Congrès et le BJP, nationaliste.
Ni la Chine, ni les Etats-Unis ne peuvent rester les bras croisés d’autant plus que l’Arabie Saoudite est active auprès les sunnites indiens. Quelque part, l’Inde et le Pakistan se trouvent dans une nasse. Si New Delhi essaie de se placer sur la scène internationale, elle connaît des déconvenues tandis qu’Islamabad est proche de l’implosion.
Nous sommes dans une situation dangereuse, délicate. Washington dénonce le terrorisme d’Al Quaïda et celui des talibans pour justifier son investissement militaire en Asie qui lui permet d’exercer une pression sur la Chine dans le Xinjiang terre des Ouïgours (Turcs) qui contestent toujours la domination de Pékin.
Washington devra trouver des arguments solides pour convaincre le gouvernement indien de garder son calme. Cependant, New Delhi fera remarquer que les dirigeants afghans et pakistanais, Karzai et Zardari, ne sont que des potiches qui ne contrôlent pas grand-chose, notamment l’armée et les services secrets.
L’Inde, faut-il le rappeler, est le contre-poids à la Chine! Le Président élu, Barack Obama aura donc une tâche bien ardue en janvier prochain. Mais après tout, n’a-t-il pas une guerre à faire?
Jean Vinatier
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Sources :
1-Alain Daniélou, Histoire de l'Inde , Paris, Fayard, 1994, p. 364
2-David Frawley, Arise Arjuna: Hinduism and the modern world, New Delhi, Voice of India, 1995, page 14.
François Gautier, Un autre regard sur l’Inde, Genève, Ed. Tricorne, 1999
Et les articles ci-dessous :
http://www.atimes.com/atimes/South_Asia/JL02Df04.html
http://www.atimes.com/atimes/South_Asia/JL02Df05.html
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