Devant le CRIF, Nicolas Sarkozy, entouré de François Fillon et de vingt ministres « a [….] annoncé son souhait de voir confier à chaque élève de CM2 la mémoire de l'un des 11000 enfants français victimes de la Shoah, à la rentrée 2008, dans le cadre de la lutte contre l'antisémitisme. »¹
« Rien n'est plus émouvant » ajoute-t-il « pour un enfant que l'histoire d'un enfant de son âge, qui avait les mêmes jeux, les mêmes joies et les mêmes espérances que lui ». Imparable et presque indécent de s’y opposer !
En sus d’un emploi du temps chargé, les écoliers français auront donc le devoir de se connecter avec la mémoire d’un enfant disparu dans les camps nazis. Des syndicats d’enseignants et un grand nombre de personnalités dont Simone Veil se sont élevés avec force contre ce discours. «C’est inimaginable –dit-elle- insoutenable, dramatique et, surtout, injuste. On ne peut pas infliger cela à des petits de dix ans! On ne peut pas demander à un enfant de s’identifier à un enfant mort. Cette mémoire est beaucoup trop lourde à porter. Nous-mêmes, anciens déportés, avons eu beaucoup de difficultés, après la guerre, à parler de ce que nous avions vécu, même avec nos proches. Et, aujourd’hui encore, nous essayons d’épargner nos enfants et nos petits-enfants. Par ailleurs, beaucoup d’enseignants parlent -très bien- de ces sujets à l’école»²
« Rien n'est plus émouvant » ajoute-t-il « pour un enfant que l'histoire d'un enfant de son âge, qui avait les mêmes jeux, les mêmes joies et les mêmes espérances que lui ». Imparable et presque indécent de s’y opposer !
En sus d’un emploi du temps chargé, les écoliers français auront donc le devoir de se connecter avec la mémoire d’un enfant disparu dans les camps nazis. Des syndicats d’enseignants et un grand nombre de personnalités dont Simone Veil se sont élevés avec force contre ce discours. «C’est inimaginable –dit-elle- insoutenable, dramatique et, surtout, injuste. On ne peut pas infliger cela à des petits de dix ans! On ne peut pas demander à un enfant de s’identifier à un enfant mort. Cette mémoire est beaucoup trop lourde à porter. Nous-mêmes, anciens déportés, avons eu beaucoup de difficultés, après la guerre, à parler de ce que nous avions vécu, même avec nos proches. Et, aujourd’hui encore, nous essayons d’épargner nos enfants et nos petits-enfants. Par ailleurs, beaucoup d’enseignants parlent -très bien- de ces sujets à l’école»²
Le bon sens s’insurge contre cette proposition présidentielle qui a un côté morbide et tend aussi à établir un lien sinistre entre la France et l’Allemagne nazie ; avons-nous été le terreau de cette idéologie monstrueuse ? Nous avons été une des victimes.
Une fois encore le discours présidentiel tente de créer le désordre parmi les Français jusque dans les salles de classes. L’usage fait ici de la mémoire combat l’enseignement de l’Histoire de préparer les jeunes élèves à bâtir un avenir où l’indifférence à l’autre serait moindre. « Peut-on prendre une tragédie par la main ? », pour reprendre le beau titre de l’article de Nicolas Domenach paru ce matin, sur Marianne.fr³ eh bien non, il faudrait les prendre toutes. Une tragédie passée est entre les mains de l’Histoire collective. Une tragédie contemporaine, elle, est dans nos consciences et ce quel que soit notre âge. Et des drames, nous en voyons tous les jours, de toutes natures.
Le texte a-t-il été réfléchi ou bien rédigé entre deux résultats de sondages défavorables ? On pencherait pour une précipitation si la tendance générale de ce quinquennat à travers tous les discours présentés comme fondamentaux ne cherchent pas à susciter le trouble dans notre nation. Ce soin pris à toujours nous émouvoir pour nous capter inquiète par ondulation l’ensemble de la société française. Au fil des discours attiserait-on les antagonismes religieux ou pas ?
La France est forte, unie.
Laissons à Robert Solé le mot de la fin :
" Smaïn, est-ce que tu as des devoirs à faire pour demain ?
- Oui, papa, j'ai un devoir de mémoire.
- Ne dis pas de bêtises et montre-moi ton cahier de textes. Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui en classe ?
- J'ai adopté un enfant juif, papa.
- Quoi !
- Mais oui, j'te jure.
- Apporte ton cahier et arrête de dire n'importe quoi. On ne joue pas avec ces choses-là.
- Mais j'te jure, papa...
Une fois encore le discours présidentiel tente de créer le désordre parmi les Français jusque dans les salles de classes. L’usage fait ici de la mémoire combat l’enseignement de l’Histoire de préparer les jeunes élèves à bâtir un avenir où l’indifférence à l’autre serait moindre. « Peut-on prendre une tragédie par la main ? », pour reprendre le beau titre de l’article de Nicolas Domenach paru ce matin, sur Marianne.fr³ eh bien non, il faudrait les prendre toutes. Une tragédie passée est entre les mains de l’Histoire collective. Une tragédie contemporaine, elle, est dans nos consciences et ce quel que soit notre âge. Et des drames, nous en voyons tous les jours, de toutes natures.
Le texte a-t-il été réfléchi ou bien rédigé entre deux résultats de sondages défavorables ? On pencherait pour une précipitation si la tendance générale de ce quinquennat à travers tous les discours présentés comme fondamentaux ne cherchent pas à susciter le trouble dans notre nation. Ce soin pris à toujours nous émouvoir pour nous capter inquiète par ondulation l’ensemble de la société française. Au fil des discours attiserait-on les antagonismes religieux ou pas ?
La France est forte, unie.
Laissons à Robert Solé le mot de la fin :
" Smaïn, est-ce que tu as des devoirs à faire pour demain ?
- Oui, papa, j'ai un devoir de mémoire.
- Ne dis pas de bêtises et montre-moi ton cahier de textes. Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui en classe ?
- J'ai adopté un enfant juif, papa.
- Quoi !
- Mais oui, j'te jure.
- Apporte ton cahier et arrête de dire n'importe quoi. On ne joue pas avec ces choses-là.
- Mais j'te jure, papa...
- Smaïn, tais-toi ou tu vas m'entendre !
- Mais j'te jure sur la tête de maman, papa, que j'ai adopté un enfant juif ! Même qu'il est mort et que je connais son nom.
- Fadila ! Fadila ! viens chercher ton fils. Ote-le de ma vue, fais-le disparaître...
- Quoi ? Tu pleures, Smaïn ? Allons, allons ! Tiens, prends mon mouchoir. Laisse les morts en paix, mon fils. Nous avons déjà tant de mal à adopter les vivants..." 4
©Jean Vinatier 2008
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- Mais j'te jure sur la tête de maman, papa, que j'ai adopté un enfant juif ! Même qu'il est mort et que je connais son nom.
- Fadila ! Fadila ! viens chercher ton fils. Ote-le de ma vue, fais-le disparaître...
- Quoi ? Tu pleures, Smaïn ? Allons, allons ! Tiens, prends mon mouchoir. Laisse les morts en paix, mon fils. Nous avons déjà tant de mal à adopter les vivants..." 4
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