« J’écris ce livre afin que ce que j’écris dans ce livre n’arrive pas.
Hélas ! Cela adviendra. Je n’ai aucune influence. Je ne suis que quelques molécules ornées de rares idées fugaces. Au reste, la littérature, la philosophie, la poésie, l’art ou les idéologies n’ont jamais transformé l’homme, ni le monde »
L’auteur de ces lignes, Yves Paccalet (né en 1945), philosophe(Normal Sup), journaliste a parcouru les mers aux côtés du commandant Cousteau puis avec Nicolas Hulot. Auteur d’une soixantaine de publications, il a voulu proposer au public un essai d’humour noir sur les hommes et leurs incorrigibles incuries. Cet ex-soixante-huitard regarde, compare sans tomber dans le piège du moraliste. Il est plus fin, plus redoutable.
Il a été sur toutes les mers ; il a visité toutes les terres jusque les plus singulières : qu’en retire-t-il ? « Je ne prédis aucun avenir radieux à l’humanité, mais je ne puis m’empêcher de lutter pour sa survie[…] Lorsque je dénonce le saccage des récifs et des mangroves, je ne défends pas uniquement la biodiversité des océans, mais la sécurité de mes congénères…. »
Et de prendre pour exemple les Papous :
« Je bois des bières avec des indigènes : même en ne parlant pas la même langue, on peut trinquer. Je donne des tee-shirts « Sauvons les oiseaux de paradis » à des adolescents qui connaissent mieux que moi ces volatiles, mais qui, pour quelques roupies, les piègent et les vendent à des trafiquants. L’un des « souvenirs » qu’on peut rapporter de Nouvelle-Guinée consiste en un paradisier coupé en deux dans le sens de la longueur, séché et cloué avec ses plumes sur une planchette de bois. Un objet du meilleur goût, plus cher et plus chic que le coquillage en voie de disparition ou la mâchoire de requin…
Je croise un homme hilare, qui arbore un tee-shirt « Winston », une casquette « Marlboro » et un short « Camel » tout en fumant des cigarettes made in Indonesia : réconfortant méli-mélo ! Ce luron aux cheveux crépus résume le mépris qu’il faut opposer aux grandes compagnies industrielles et commerciales.
Je salue mon frère papou soixante-huitard. »
Hélas ! Cela adviendra. Je n’ai aucune influence. Je ne suis que quelques molécules ornées de rares idées fugaces. Au reste, la littérature, la philosophie, la poésie, l’art ou les idéologies n’ont jamais transformé l’homme, ni le monde »
L’auteur de ces lignes, Yves Paccalet (né en 1945), philosophe(Normal Sup), journaliste a parcouru les mers aux côtés du commandant Cousteau puis avec Nicolas Hulot. Auteur d’une soixantaine de publications, il a voulu proposer au public un essai d’humour noir sur les hommes et leurs incorrigibles incuries. Cet ex-soixante-huitard regarde, compare sans tomber dans le piège du moraliste. Il est plus fin, plus redoutable.
Il a été sur toutes les mers ; il a visité toutes les terres jusque les plus singulières : qu’en retire-t-il ? « Je ne prédis aucun avenir radieux à l’humanité, mais je ne puis m’empêcher de lutter pour sa survie[…] Lorsque je dénonce le saccage des récifs et des mangroves, je ne défends pas uniquement la biodiversité des océans, mais la sécurité de mes congénères…. »
Et de prendre pour exemple les Papous :
« Je bois des bières avec des indigènes : même en ne parlant pas la même langue, on peut trinquer. Je donne des tee-shirts « Sauvons les oiseaux de paradis » à des adolescents qui connaissent mieux que moi ces volatiles, mais qui, pour quelques roupies, les piègent et les vendent à des trafiquants. L’un des « souvenirs » qu’on peut rapporter de Nouvelle-Guinée consiste en un paradisier coupé en deux dans le sens de la longueur, séché et cloué avec ses plumes sur une planchette de bois. Un objet du meilleur goût, plus cher et plus chic que le coquillage en voie de disparition ou la mâchoire de requin…
Je croise un homme hilare, qui arbore un tee-shirt « Winston », une casquette « Marlboro » et un short « Camel » tout en fumant des cigarettes made in Indonesia : réconfortant méli-mélo ! Ce luron aux cheveux crépus résume le mépris qu’il faut opposer aux grandes compagnies industrielles et commerciales.
Je salue mon frère papou soixante-huitard. »
Et de faire une première conclusion : « Je généralise, de la Nouvelle-Guinée à la Terre entière ; Les liens fragiles qui unissent l’homme à la nature sont en train de lâcher. Sur notre planète, la « longue maison » de la sagesse et de la poésie supporte la violence et les pillages, la brûlure des incendies et la suffocation des déluges. Notre espèce ne survivra pas aux désastres qu’elle provoque. Nous n’en avons plus pour très longtemps. Nous sommes tous des papous. »
Yves Paccalet poursuit son ouvrage par une liste de treize catastrophes éventuelles où l’astronomie et la géologie prédomineraient : la météorite tueuse, le nuage interstellaire, les volcans en furie, le destin de l’île de Pâques, les armes de destruction massive, Gaïa défigurée, mer d’Aral le grand saccage, le sida des dauphins, l’effondrement de la biodiversité, nouvelles épidémies, des moissons d’OGM, des trous dans l’ozone, les climats en folie.
Terminons avec un court paragraphe où Yves Paccalet, le voyageur, apaisé, sourit (pas longtemps), respire :
« Les hauteurs du Yunnan, en allant vers le Tibet ; aux confins du sud-ouest de la Chine.J’ai quitté la vallée supérieure du Yangzi (le Yang Tsé-kiang, ou fleuve bleu). J’ai admiré les gorges du Saut du Tigre : de monstrueux rapides gris-jaune avec, au milieu, ce rocher sur lequel la légende prétend qu’un tigre, poursuivi par des chasseurs, bondit pour sauver sa vie….Je gravis les pâturages à yaks et les forêts de conifères illuminées de rhododendrons. Le col…Quatre mille mètres d’altitude. Je continue dans la pente. Souffle court. Cinq mille cent cents mètres…Je contemple, vers l’est, la montagne du Dragon de Jade et le Yangzi qui s’en va vers Shanghai, jusqu’à la mer de Chine orientale. Je tourne les yeux vers l’ouest. Un autre fleuve : le Lancang Jiang (le Mékong) descend vers l’Indochine et la mer de Chine méridionale, en léchant la parfaite pyramide blanche du mont Taizi. Six mille sept cents mètres, l’un des cinq sommets sacrés du bouddhisme tibétain…Je me sens quantité négligeable. »
©Jean Vinatier 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Source :
Yves Paccallet : « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! », Paris, Arthaud, 2006, pp. 35,36, 38, 137, 153,154
Yves Paccalet poursuit son ouvrage par une liste de treize catastrophes éventuelles où l’astronomie et la géologie prédomineraient : la météorite tueuse, le nuage interstellaire, les volcans en furie, le destin de l’île de Pâques, les armes de destruction massive, Gaïa défigurée, mer d’Aral le grand saccage, le sida des dauphins, l’effondrement de la biodiversité, nouvelles épidémies, des moissons d’OGM, des trous dans l’ozone, les climats en folie.
Terminons avec un court paragraphe où Yves Paccalet, le voyageur, apaisé, sourit (pas longtemps), respire :
« Les hauteurs du Yunnan, en allant vers le Tibet ; aux confins du sud-ouest de la Chine.J’ai quitté la vallée supérieure du Yangzi (le Yang Tsé-kiang, ou fleuve bleu). J’ai admiré les gorges du Saut du Tigre : de monstrueux rapides gris-jaune avec, au milieu, ce rocher sur lequel la légende prétend qu’un tigre, poursuivi par des chasseurs, bondit pour sauver sa vie….Je gravis les pâturages à yaks et les forêts de conifères illuminées de rhododendrons. Le col…Quatre mille mètres d’altitude. Je continue dans la pente. Souffle court. Cinq mille cent cents mètres…Je contemple, vers l’est, la montagne du Dragon de Jade et le Yangzi qui s’en va vers Shanghai, jusqu’à la mer de Chine orientale. Je tourne les yeux vers l’ouest. Un autre fleuve : le Lancang Jiang (le Mékong) descend vers l’Indochine et la mer de Chine méridionale, en léchant la parfaite pyramide blanche du mont Taizi. Six mille sept cents mètres, l’un des cinq sommets sacrés du bouddhisme tibétain…Je me sens quantité négligeable. »
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Yves Paccallet : « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! », Paris, Arthaud, 2006, pp. 35,36, 38, 137, 153,154
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