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mardi 24 juin 2008

La Sécu est-elle une S.A .? N°233 - 1ere année

Le jour même où le gouvernement lance une campagne publicitaire de 4 millions d’euros pour vanter son combat mené contre l’affaiblissement du pouvoir d’achat, Frédéric Van Roekeghem, directeur général de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam) annonce qu’il présentera, le jeudi 26 juin, un nouveau plan de redressement des comptes. Ce travail réalisé à la demande d’Eric Woerth, ministre du budget, qui veut d’ici à l’horizon 2011 des comptes de la Sécurité sociale en équilibre, prévoit une réduction des dépenses de 2 milliards d’euros. Par quel moyen ? En déremboursant davantage de médicaments. La crainte serait que les patients déclarés en affection de longue durée (ALD) ne bénéficient plus, demain, d'une prise en charge à 100 % de leur pathologie. Si les franchises médicales choquent déjà bon nombre de Français, le rapport de Van Roekeghem encouragera davantage la grogne et l’inquiétude.
Le rapport remis par le directeur général de l’UNCAM ne se limite pas à prôner ces économies, il invite à accélérer la réforme des hôpitaux.
Hôpitaux, sécurité sociale, c’est tout le domaine de la santé qui se trouve sur le devant de la scène nationale. Soyons clairs et distinguons, l’obligation de la bonne gestion du secteur de la santé et de la prise en charge des soins, du choix politique retenu par le gouvernement. A terme, c’est bel et bien une privatisation du secteur hospitalier et de la sécurité sociale qui est en route.
La santé fait-elle ou non partie des fonctions régaliennes de l’Etat ? La santé n’est-elle pas aussi importante que la sécurité et la défense du territoire ? Si le droit opposable au logement existe depuis peu, pourquoi ne pas considérer le droit opposable à la santé ? A la vérité, l’organisation de la santé publique relève du choix de société voulu et accepté par l’ensemble des Français. Si l’on ne remet pas en cause la recherche de la meilleure gestion possible de l’ensemble de ce secteur, la santé peut-elle être gérée comme une entreprise capitaliste et faire des bénéfices. La santé publique doit-elle obéir à des ratios de rentabilité, de marge bénéficiaire et versera-t-elle demain des dividendes ?
Ô ironie le premier bureau de la Sécurité sociale située à Paris dans le VIIe arrondissement avenue Bosquet est devenu la propriété et le siège du MEDEF à la fin des années 1990. C’était un signe avant-coureur. Le gouvernement tient toujours le même discours : nous réformons, nous réformons et il feint de croire que la victoire à la présidentielle de 2007 l’autorise à passer par-dessus les questions sociales dont la santé est un pan capital. Les retraites plombent, nous dit-on, les comptes de la Sécu. C’est l’arbre qui masque la forêt !
A droite comme à gauche, l’attachement à l’égalité devant les soins existe. Nous avons le meilleur système de santé au monde : certains étrangers, parmi les plus riches, optent pour le soin en France plutôt qu’aux Etats-Unis. Or un excellent système de santé égale un système de société qui reçoit l’approbation générale toutes générations confondues. Les détracteurs diront que l’assistanat nuit à la vitalité d’une nation. Or la santé n’est en rien de l’assistanat, elle est une des fonctions vitales de l’Etat : les enfants bien soignés ne font-il pas les bons élèves ?Les salariés et les retraités bien soignés ne sont-ils pas un facteur d’équilibre ? Si l’Etat se désengage au profit essentiellement des compagnies d’assurances au nom de la bonne gestion, ne commet-il pas une faute grave ?
La société française ne connaît pas un climat sain : la baisse du chômage est artificielle. Pas une semaine ne passe sans qu’on annonce des charrettes dans tous les secteurs d’activité. La précarité grandit, explose même autant parmi les salariés que les demandeurs d’emploi. Presque la moitié des étudiants fait l’impasse sur les soins, surtout dentaires. La santé deviendrait-elle un luxe ou pire les Français seront-ils interdits de se soigner faute d’argent?
Naturellement le gouvernement louvoiera comptant sur la campagne de communication pour faire passer…si l’on peut dire la pilule. Les Français seront-ils dupes alors que le malaise social est patent ?
La santé (la sécurité sociale) n’est pas une société anonyme, elle relève de la politique publique et de solidarité sans laquelle notre Etat manquerait à son devoir.

©Jean Vinatier 2008

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