La publication du Livre blanc de la Défense et de la sécurité nationale apporte, peut-être, une explication au peu d’empressement des militaires à chanter la Marseillaise, hier, devant le Chef de l’Etat.
Ce Livre blanc comporte quelque cinq cents pages, il a été réalisé sous la direction de Jean-claude Mallet¹, conseiller d’Etat, normalien, énarque, agrégé de lettres, classé à gauche (collaborateur de Pierre Joxe) ancien secrétaire général de la Défense nationale. C’est donc un pedigree impeccable pour conduire ce document qui liste tous les conflits et tous les risques majeurs qui guettent la planète pour les années à venir et qui inscrit dans le marbre la réintégration totale, complète de la France dans l’OTAN. Il n’est guère étonnant, alors, de trouver parmi les personnalités qualifiées autour du conseiller Mallet les noms de Marie-Thérèse Delpech, François Heisbourg, Thierry de Montbrial, Bruno Tertrais tous avocats constants de l’union militaire avec Washington.
Le premier mérite de ce Livre blanc tient dans la franchise de son contenu qui écarte toute ambiguïté sur les rapports que la France et l’Union européenne auront avec l’OTAN qui « reste pour les Etats qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. » (p.86). Elle « est essentielle à la sécurité de la France » (p.99) et d’ajouter : « deux positions extrêmes doivent être écartées. L’une assignerait à l’Union européenne la simple tâche d’être l’agence civile de l’OTAN. De toute évidence, l’Union a un objectif beaucoup plus large, une mission politique globale, et son action couvre un vaste spectre y compris militaire. L’autre demanderait à l’Union européenne d’assumer la mission d’autodéfense collective de ses membres. Or la défense commune est la fonction première de l’OTAN comme le prévoit l’article 5 de traité de Washington. Les perspectives ouvertes par le traité de Lisbonne ne remettent pas en cause le rôle de l’OTAN pour la défense collective des pays européens qui en sont membres. »(p.101)
Ce Livre blanc comporte quelque cinq cents pages, il a été réalisé sous la direction de Jean-claude Mallet¹, conseiller d’Etat, normalien, énarque, agrégé de lettres, classé à gauche (collaborateur de Pierre Joxe) ancien secrétaire général de la Défense nationale. C’est donc un pedigree impeccable pour conduire ce document qui liste tous les conflits et tous les risques majeurs qui guettent la planète pour les années à venir et qui inscrit dans le marbre la réintégration totale, complète de la France dans l’OTAN. Il n’est guère étonnant, alors, de trouver parmi les personnalités qualifiées autour du conseiller Mallet les noms de Marie-Thérèse Delpech, François Heisbourg, Thierry de Montbrial, Bruno Tertrais tous avocats constants de l’union militaire avec Washington.
Le premier mérite de ce Livre blanc tient dans la franchise de son contenu qui écarte toute ambiguïté sur les rapports que la France et l’Union européenne auront avec l’OTAN qui « reste pour les Etats qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. » (p.86). Elle « est essentielle à la sécurité de la France » (p.99) et d’ajouter : « deux positions extrêmes doivent être écartées. L’une assignerait à l’Union européenne la simple tâche d’être l’agence civile de l’OTAN. De toute évidence, l’Union a un objectif beaucoup plus large, une mission politique globale, et son action couvre un vaste spectre y compris militaire. L’autre demanderait à l’Union européenne d’assumer la mission d’autodéfense collective de ses membres. Or la défense commune est la fonction première de l’OTAN comme le prévoit l’article 5 de traité de Washington. Les perspectives ouvertes par le traité de Lisbonne ne remettent pas en cause le rôle de l’OTAN pour la défense collective des pays européens qui en sont membres. »(p.101)
Ce principe rappelé autorise une description du monde des années immédiates comme une jungle terrible. S’il est juste de s’attacher à décrire tous les maux possibles qui nous attendent, il est un peu plus étonnant de les voir comme la seule justification des orientations prises pour la défense nationale et la sécurité du pays. Quand il est fait mention de l’arc de crise qui, selon, les pages, va ou de l’Atlantique à l’océan Indien ou de la Méditerranée orientale à l’Inde², le Livre blanc épouse complètement les discours néo-conservateurs américains et les tenants de la défense de « l’Occident au sens large ». Ainsi, nous répète-t-on, par exemple, les dangers de rivalité ou de collusion entre les sunnites et les chiites en faisant fi des différentes nationalités en cause : Turque, Arabe, Perse, Indienne, Malaise…etc. La Chine, la Russie sont également pointées du doigt. Tout vise à justifier une sorte de forteresse américano-européenne contre tout l’Est planétaire.
Or, les auteurs n’hésitent pas à se contredire en posant comme postulat que « l’élargissement historique de l’Union européenne est déjà un atout considérable. Elle est désormais la première puissance économique et commerciale du monde et le plus important contributeur en matière d’aide au développement. »(pp.22-23) Comment expliquer, alors, qu’étant ce que les auteurs écrivent, l’Union européenne soit dans l’incapacité de se doter d’une défense commune sans subordination à l’OTAN ? Il y a une explication. A l’horizon 2020/2025 les Etats-Unis et l’Union européenne ne produiront plus que 40% de la richesse mondiale et plus de la moitié de la population sera asiatique (4,7 milliards d’habitants) ; nous devrions alors, en toute logique, regrouper l’ensemble des forces « Atlantique » qui forment, selon l’expression consacrée, une communauté de valeurs.
Or, les auteurs n’hésitent pas à se contredire en posant comme postulat que « l’élargissement historique de l’Union européenne est déjà un atout considérable. Elle est désormais la première puissance économique et commerciale du monde et le plus important contributeur en matière d’aide au développement. »(pp.22-23) Comment expliquer, alors, qu’étant ce que les auteurs écrivent, l’Union européenne soit dans l’incapacité de se doter d’une défense commune sans subordination à l’OTAN ? Il y a une explication. A l’horizon 2020/2025 les Etats-Unis et l’Union européenne ne produiront plus que 40% de la richesse mondiale et plus de la moitié de la population sera asiatique (4,7 milliards d’habitants) ; nous devrions alors, en toute logique, regrouper l’ensemble des forces « Atlantique » qui forment, selon l’expression consacrée, une communauté de valeurs.
Quelle serait la place de la France dans cette forteresse ? Nicolas Sarkozy se fait le mentor d’une défense européenne commune tout en préconisant une réduction significative des effectifs militaires : est-ce logique ? Oui puisqu’il part du principe que chacun des Etats de l’Union fournissant les troupes nécessaires, la France n’aurait plus à supporter la gestion d’une armée nombreuse. Bien sûr, cette mutualisation des contingents n’est viable qu’à la condition d’une protection américaine. Dés lors, la construction d’un second porte-avions est repoussée sine die et avec la justification de la réforme de la carte militaire qui passe par la fermeture d’une trentaine de casernes. Est-ce la dilution de l’armée française ?
L’annonce d’un budget élevé destiné au renseignement accompagné de la refonte complète des services recueille l’assentiment général et donne, en terme de communication, la garantie auprès des Français que l’Etat est bien le gardien de la souveraineté. Mais, le gouvernement actuel donnant comme raison fondamentale l’attaque terroriste qui entre, selon lui, dans le champ du possible voir de l’inévitable, rend incontestable le développement des drones sur le territoire national. C’est là faire d’une pierre deux coups. D’un côté l’argument de sécurité nationale, de l’autre la surveillance policière renforcée quitte à amoindrir nos libertés.
Au fur et à mesure que l’on lit le document, on comprend de moins en moins l’abdication de l’Union européenne en matière de défense indépendante et commune. Au vu des tensions actuelles et de demain, ne pense-t-on pas qu’une Union européenne maîtresse d’elle-même jouerait un rôle mondial bénéfique et apaisant ? Comment au vu des transferts technologiques, industriels depuis l’Europe vers l’Asie pouvons-nous être hostiles envers ce continent et empressés d’y réaliser des marges considérables ?
L’annonce d’un budget élevé destiné au renseignement accompagné de la refonte complète des services recueille l’assentiment général et donne, en terme de communication, la garantie auprès des Français que l’Etat est bien le gardien de la souveraineté. Mais, le gouvernement actuel donnant comme raison fondamentale l’attaque terroriste qui entre, selon lui, dans le champ du possible voir de l’inévitable, rend incontestable le développement des drones sur le territoire national. C’est là faire d’une pierre deux coups. D’un côté l’argument de sécurité nationale, de l’autre la surveillance policière renforcée quitte à amoindrir nos libertés.
Au fur et à mesure que l’on lit le document, on comprend de moins en moins l’abdication de l’Union européenne en matière de défense indépendante et commune. Au vu des tensions actuelles et de demain, ne pense-t-on pas qu’une Union européenne maîtresse d’elle-même jouerait un rôle mondial bénéfique et apaisant ? Comment au vu des transferts technologiques, industriels depuis l’Europe vers l’Asie pouvons-nous être hostiles envers ce continent et empressés d’y réaliser des marges considérables ?
Ce Livre blanc témoigne de la fidélité du Président de la République à son programme de candidat à la magistrature suprême qui s’écarte de toute pensée neuve au profit d’une idéologie attachée au clash des civilisations et qui reçoit, en plus, le plein soutien des tenants du capitalisme financier. Or, poser le principe de la défense européenne indépendante n’implique absolument pas un anti-américanisme primaire, il supposerait tout simplement de la part de nos dirigeants ou « élites » du courage. Un ensemble de 495 millions d’Européens ce n’est pas rien. Et les 495 millions de citoyens sont, certainement, moins aveuglés que leurs « élites ».
©Jean Vinatier 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Notes :
1- par sa famille, il est lié à l’influente banque Neuflize-Schlumberger-Mallet.
2-p.30 : « une géographie conflictuelle majeure se dessine depuis la Méditerranée orientale jusqu’à l’Inde »
p.43 : « Arc de crise de l’Atlantique à l’Océan Indien »
©Jean Vinatier 2008
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Notes :
1- par sa famille, il est lié à l’influente banque Neuflize-Schlumberger-Mallet.
2-p.30 : « une géographie conflictuelle majeure se dessine depuis la Méditerranée orientale jusqu’à l’Inde »
p.43 : « Arc de crise de l’Atlantique à l’Océan Indien »
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