Mathurin Régnier (1573-1613) était plus connu, à l’époque, pour la qualité de ses poèmes pornographiques (Délices satiriques) très appréciés dans la France de la fin du XVIe siècle que le pouvoir royal ne censurait pas.
Vénérant Marot, Ronsard, (et bien sûr Montaigne son maître) Mathurin Régnier mettra beaucoup de talent à ennoblir les Satyres, à travers ses thémes fétiches, la folie humaine, l’incohérence de la raison, le hasard de nos destinées, les vices et les ridicules de son temps; ainsi dans l’extrait de la Satyre V proposée ci-dessous.
« Pères des siècles vieux, exemples de la vie,
Dignes d’être admirés d’une honorable envie,
(Si quelque beau désir vivait encor en nous)
Nous voyant de là-haut, pères qu’en dites-vous?
Jadis, de votre temps, la vertu simple et pure.
Sans fard, sans fiction, imitait sa nature,
Austère en ses façons, sévère en ses propos,
Quid dans un labeur juste égayait son repos;
Vénérant Marot, Ronsard, (et bien sûr Montaigne son maître) Mathurin Régnier mettra beaucoup de talent à ennoblir les Satyres, à travers ses thémes fétiches, la folie humaine, l’incohérence de la raison, le hasard de nos destinées, les vices et les ridicules de son temps; ainsi dans l’extrait de la Satyre V proposée ci-dessous.
« Pères des siècles vieux, exemples de la vie,
Dignes d’être admirés d’une honorable envie,
(Si quelque beau désir vivait encor en nous)
Nous voyant de là-haut, pères qu’en dites-vous?
Jadis, de votre temps, la vertu simple et pure.
Sans fard, sans fiction, imitait sa nature,
Austère en ses façons, sévère en ses propos,
Quid dans un labeur juste égayait son repos;
D’hommes vous faisant dieux, vous paissait d’ambroisie
Et donnait place au ciel à votre fantaisie.
La lampe de son front partout vous éclairait,
Et de toutes frayeurs vos esprits assuraient;
Et, sans penser aux biens où le vulgaire pense,
Elle était votre prix et votre récompense;
Où la nôtre aujourd’hui, qu’on révère ici-bas,
Va la nuit dans le bal et danse les cinq pas,
Se parfume, se frise, et des façons nouvelles
Veut avoir par le fard du nom entre les belles;
Fait crever les courtaux en chassant aux fôrets;
Court le faquin, la bague, escrime des fleurets,
Monte un cheval de bois, fait dessus des promenades,
Talonne le genet et le dresse aux passades,
Chante des airs nouveaux, invente des ballets,
Sait écrire et proter les vers et les poulets;
A l’œil toujours au guet pour des tours de souplesse,
Glose sur les habits et sur la gentillesse,
Se plaît à l’entretien, commente les bons mots,
Et met à mêzme prix les sages et les sots.
Et ce qui plus encor m’epoisonne de rage,
Est quand un charlatan relève son langage,
Et, de coquin faisant le Prince revêtu,
Bâtit un Paraymphe à sa belle vertu,
Et qu’il n’est crocheteur ni courtaut de boutique
Qui n’estime à vertu l’art où sa main s’applique,
Et donnait place au ciel à votre fantaisie.
La lampe de son front partout vous éclairait,
Et de toutes frayeurs vos esprits assuraient;
Et, sans penser aux biens où le vulgaire pense,
Elle était votre prix et votre récompense;
Où la nôtre aujourd’hui, qu’on révère ici-bas,
Va la nuit dans le bal et danse les cinq pas,
Se parfume, se frise, et des façons nouvelles
Veut avoir par le fard du nom entre les belles;
Fait crever les courtaux en chassant aux fôrets;
Court le faquin, la bague, escrime des fleurets,
Monte un cheval de bois, fait dessus des promenades,
Talonne le genet et le dresse aux passades,
Chante des airs nouveaux, invente des ballets,
Sait écrire et proter les vers et les poulets;
A l’œil toujours au guet pour des tours de souplesse,
Glose sur les habits et sur la gentillesse,
Se plaît à l’entretien, commente les bons mots,
Et met à mêzme prix les sages et les sots.
Et ce qui plus encor m’epoisonne de rage,
Est quand un charlatan relève son langage,
Et, de coquin faisant le Prince revêtu,
Bâtit un Paraymphe à sa belle vertu,
Et qu’il n’est crocheteur ni courtaut de boutique
Qui n’estime à vertu l’art où sa main s’applique,
Et qui, paraphrasant sa gloire et son renom,
Entre les vertueux ne veuille avoir du nom. »
©Jean Vinatier 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Source :
In Les satyres et autres œuvres du sieur Régnier, augmentées de diverses pièces, Ed. L.Billaine, Rouen, Paris, 1667, pp. 33/34.
Lexique :
Courtau : cheval auquel on a coupé la queue et les oreilles
Faquin : mannequin que l’on frappe avec sa lance
Bague : anneau suspendu où le cavalier doit passer sa lance.
Paranymphe : en Grèce antique, discours en faveur du candidat prononcé dans les facultés de médecine et de théologie.
Entre les vertueux ne veuille avoir du nom. »
©Jean Vinatier 2008
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Source :
In Les satyres et autres œuvres du sieur Régnier, augmentées de diverses pièces, Ed. L.Billaine, Rouen, Paris, 1667, pp. 33/34.
Lexique :
Courtau : cheval auquel on a coupé la queue et les oreilles
Faquin : mannequin que l’on frappe avec sa lance
Bague : anneau suspendu où le cavalier doit passer sa lance.
Paranymphe : en Grèce antique, discours en faveur du candidat prononcé dans les facultés de médecine et de théologie.
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