Si les écoliers du XXe siècle ont eu à connaître l’immense fresque romanesque laissée par Tolstoï, ceux du XXIe siècle auront à plonger dans l’œuvre de Soljenitsyne (Le chêne et le veau, Le premier cercle, Le pavillon des cancéreux, Une journée d’Ivan Denissovitch, L’archipel du Goulag, La roue rouge…etc).
Georges Nivat dans le chapitre de son livre Vers la fin du mythe russe, « Soljenitsyne ou les fortifications du moi » écrit que cet auteur « n’aime pas parler de lui-même. Comme la plupart des rescapés du monde clos du camp ou de la prison, il élève à son tour une clôture entre le monde extérieur et lui-même clôture faite de refus, de silence, de retraite. » ¹
Alexandre Soljenitsyne sans et avec la barbe est un Russe. Si L’archipel du Goulag est une dénonciation implacable du stalinisme, La roue rouge (Août 14, Novembre 16, Mars 17) a les pages les plus impressionnantes sur la chute du tsarisme en quelques jours de mars 17. C’est son Guerre et paix, l’âme russe est écrasée par le communisme comme l’armée napoléonienne dévastait la Russie.
Toute l’œuvre de Soljenitsyne est dans cette attention à préserver la Russie de toute atteinte à sa spiritualité. Il l’a clairement dit lors de son discours à Harvard le 8 juin 1978 en ajoutant, et c’est important, les puissants ravages qu’un capitalisme débridé ferait courir à la planète entière. Là encore, il insiste sur la dimension spirituelle humaine : l’homme a une âme, elle doit être préservée.
Georges Nivat dans le chapitre de son livre Vers la fin du mythe russe, « Soljenitsyne ou les fortifications du moi » écrit que cet auteur « n’aime pas parler de lui-même. Comme la plupart des rescapés du monde clos du camp ou de la prison, il élève à son tour une clôture entre le monde extérieur et lui-même clôture faite de refus, de silence, de retraite. » ¹
Alexandre Soljenitsyne sans et avec la barbe est un Russe. Si L’archipel du Goulag est une dénonciation implacable du stalinisme, La roue rouge (Août 14, Novembre 16, Mars 17) a les pages les plus impressionnantes sur la chute du tsarisme en quelques jours de mars 17. C’est son Guerre et paix, l’âme russe est écrasée par le communisme comme l’armée napoléonienne dévastait la Russie.
Toute l’œuvre de Soljenitsyne est dans cette attention à préserver la Russie de toute atteinte à sa spiritualité. Il l’a clairement dit lors de son discours à Harvard le 8 juin 1978 en ajoutant, et c’est important, les puissants ravages qu’un capitalisme débridé ferait courir à la planète entière. Là encore, il insiste sur la dimension spirituelle humaine : l’homme a une âme, elle doit être préservée.
Si l’unanimité s’est faite autour de l’auteur d’Une journée d’Ivan Denissovitch, elle s’est effritée quand il revint en Russie en 1994. On l’accusa d’être tsariste, antisémite et ainsi de suite. Que peut-on dire sur ce point ? Pas grand-chose, la Russie est celle des Tsars et des popes. Quant aux pogroms qu’il n’approuvait évidemment pas, il a commis un ouvrage, Deux siècles ensemble 1795-1995, pour montrer justement que les Russes orthodoxes et juifs, malgré les répressions contre ces derniers, ne faisaient qu’un avec la terre Russie.
Alexandre Soljenitsyne avait trop à cœur de figurer le patriarche pour se flatter d’entretenir des ferments de division parmi les Russes. N’avait-il pas subi la pire des tortures dans le Goulag ? N’avait-il pas, au péril de sa vie fait passer à l’Ouest, régulièrement des feuilles de papier qui deviendraient L’Archipel du Goulag et lui ouvrirait la voie au prix Nobel de littérature ?Certains de ses messagers, ses amis, moururent entre les mains du KGB (FSB aujourd’hui). Il était l’homme de la résistance. Il était celui qui disait au « monde libre » nous sommes vivants, nous ne mourrons pas : la Russie avalera le communisme. Accepterions-nous, aujourd’hui, de recevoir, nous le « monde démocratique », les fins rouleaux d’un Chinois depuis les mines de sel du Taklamakan ? Rien n’est moins sûr puisque nous y faisons imprimer nombre de nos ouvrages sous l’œil vigilant du parti communiste !
1918-2008, voilà les années de vie d’Alexandre Soljenitsyne : né communiste mais Russe, il meurt dans une Russie qui retrouve ses marques, ses repères. La Russie n’a-t-elle pas évité le pire en restant maîtresse de ces sources énergétiques ? N’a-t-elle pas réussie à sortir du marais dans lequel la décennie Eltsine l’avait plongé ? Alexandre Soltjenitsyne n’était pas pour autant proche des « oligarques », ces modernes barons pillards qui ont édifié des fortunes scandaleuses sur le dos du peuple, il était davantage l’avocat du « pays d’Essenine »² c’est-à-dire de ce jeune poète mort à trente ans en 1925 qui chantait les cosmogonies paysannes. Etait-il alors un nationaliste intolérant ? Le discours de Harvard apporte un démenti total tant il alerta les hommes sur la nécessité à entretenir leurs âmes sièges de leur liberté. Notre monde global ne contient-il pas bien des menaces ? Pendant ces années de goulag, Soljenitsyne travailla à se ménager cet espace que note Georges Nivat :
Alexandre Soljenitsyne avait trop à cœur de figurer le patriarche pour se flatter d’entretenir des ferments de division parmi les Russes. N’avait-il pas subi la pire des tortures dans le Goulag ? N’avait-il pas, au péril de sa vie fait passer à l’Ouest, régulièrement des feuilles de papier qui deviendraient L’Archipel du Goulag et lui ouvrirait la voie au prix Nobel de littérature ?Certains de ses messagers, ses amis, moururent entre les mains du KGB (FSB aujourd’hui). Il était l’homme de la résistance. Il était celui qui disait au « monde libre » nous sommes vivants, nous ne mourrons pas : la Russie avalera le communisme. Accepterions-nous, aujourd’hui, de recevoir, nous le « monde démocratique », les fins rouleaux d’un Chinois depuis les mines de sel du Taklamakan ? Rien n’est moins sûr puisque nous y faisons imprimer nombre de nos ouvrages sous l’œil vigilant du parti communiste !
1918-2008, voilà les années de vie d’Alexandre Soljenitsyne : né communiste mais Russe, il meurt dans une Russie qui retrouve ses marques, ses repères. La Russie n’a-t-elle pas évité le pire en restant maîtresse de ces sources énergétiques ? N’a-t-elle pas réussie à sortir du marais dans lequel la décennie Eltsine l’avait plongé ? Alexandre Soltjenitsyne n’était pas pour autant proche des « oligarques », ces modernes barons pillards qui ont édifié des fortunes scandaleuses sur le dos du peuple, il était davantage l’avocat du « pays d’Essenine »² c’est-à-dire de ce jeune poète mort à trente ans en 1925 qui chantait les cosmogonies paysannes. Etait-il alors un nationaliste intolérant ? Le discours de Harvard apporte un démenti total tant il alerta les hommes sur la nécessité à entretenir leurs âmes sièges de leur liberté. Notre monde global ne contient-il pas bien des menaces ? Pendant ces années de goulag, Soljenitsyne travailla à se ménager cet espace que note Georges Nivat :
« Le cercle de l’espace russe libère celui qui y sait découvrir la liberté spirituelle. Le cercle de l’espace carcéral affranchit le zek [prisonnier] qui atteint la liberté de l’âme. »
La vie de Soljenitsyne, rescapé du monde clos, est une leçon de patience, d’effort, de discipline et de sacrifice au nom de l’homme libre lequel ne va pas sans spiritualité. Gageons que nous saurons être des rescapés du monde clos, le nôtre…..
©Jean Vinatier 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Sources:
1-Georges Nivat : Vers la fin du mythe russe « Essai sur la culture russe de Gogol à nos jours », Lausanne, L’Âge d’Homme, 1988, p.263 et suivantes.
2-In, Zacharie l’escarcelle, « Au pays d’Essenine », Paris, 10/18, 1971, pp .39-41
Serge Alexandrovitch Essenine (1895-1925), se suicide à l’âge de trente-ans.
La vie de Soljenitsyne, rescapé du monde clos, est une leçon de patience, d’effort, de discipline et de sacrifice au nom de l’homme libre lequel ne va pas sans spiritualité. Gageons que nous saurons être des rescapés du monde clos, le nôtre…..
©Jean Vinatier 2008
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Sources:
1-Georges Nivat : Vers la fin du mythe russe « Essai sur la culture russe de Gogol à nos jours », Lausanne, L’Âge d’Homme, 1988, p.263 et suivantes.
2-In, Zacharie l’escarcelle, « Au pays d’Essenine », Paris, 10/18, 1971, pp .39-41
Serge Alexandrovitch Essenine (1895-1925), se suicide à l’âge de trente-ans.
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