Le comte Waclaw Seweryn Rzewuski naît en 1784 à Lvov, aujourd’hui ville ukrainienne, dans une famille aristocratique qui possède dix villes, cent treize villages et trente mille fermes. Attiré très tôt par les voyages et l’Orient si important pour la culture polonaise- n’oublions pas que ce pays a eu une frontière commune avec les Ottomans pendant cinq siècles (XIIIe-XVIIIe siècle) – et doué pour les langues, il apprend outre le polonais et le français, l’arabe, le turc, le tartare; il fonde à Vienne en 1800 la première revue orientaliste d'Europe. Son oncle, le comte Jean Potocki, auteur du Manuscrit de Saragosse, le soutient dans cette passion.
1815 : fin des guerres napoléoniennes. L’Europe manque de chevaux. Le comte Rzewuski propose à plusieurs souverains dont le Tsar Alexandre Ier, de monter une expédition en Arabie pour y acquérir des chevaux à la réputation hautement établie. Rzewuski passera trois années (1817-1819) en Orient (Turquie, Syrie, péninsule arabique), c’est dans ce moment qu’il écrira, en français, les « Impressions d’Orient et d’Arabie ». Le manuscrit échappera par miracle à tous les bouleversements de l’Histoire et les éditions José Corti auront le privilège de le proposer, pour la première fois, au public en 2002.
Le comte Rzewuski se joindra aux Polonais révoltés contre les Russes en 1830, il mourra, en mai 1831, en combattant à la bataille de Daszwow.
Si son ouvrage fait la part belle aux chevaux, il contient dans tous les chapitres des observations pertinentes et fines sur les peuples d’Orient.
1815 : fin des guerres napoléoniennes. L’Europe manque de chevaux. Le comte Rzewuski propose à plusieurs souverains dont le Tsar Alexandre Ier, de monter une expédition en Arabie pour y acquérir des chevaux à la réputation hautement établie. Rzewuski passera trois années (1817-1819) en Orient (Turquie, Syrie, péninsule arabique), c’est dans ce moment qu’il écrira, en français, les « Impressions d’Orient et d’Arabie ». Le manuscrit échappera par miracle à tous les bouleversements de l’Histoire et les éditions José Corti auront le privilège de le proposer, pour la première fois, au public en 2002.
Le comte Rzewuski se joindra aux Polonais révoltés contre les Russes en 1830, il mourra, en mai 1831, en combattant à la bataille de Daszwow.
Si son ouvrage fait la part belle aux chevaux, il contient dans tous les chapitres des observations pertinentes et fines sur les peuples d’Orient.
« Le Bédoin habite les déserts. Quoi de plus majestueux, de plus sublime et de plus entraînant su’un désert pour celui dont l’âme est vaste et l’imagination ardente ?[…]L’Arabe parcourt en souverain les provinces de son néant, fécond en sites variés et sliencieux, mais mornes.[…]L’ambition ne saurait troubler son repos. Un silence profond plane sur tout le désert. La pensée y prend son libre essor, elle franchit avec hardiesse les barrières du temps. La mémoire y accumule les archives des siècles.[…] La contemplation y développe l’âme, l’aggrandit, l’inspire. L’homme parle. Un dieu est révélé. La croyance des peuples est assujettie. Le désert est la patrie du calme, l’asile des souvenirs, le volcan des prophètes.[…] L’Arabe veut être citoyen de son empire, il visite alors les lieux auxquels il a confié ses souvenirs. Un palmier isolé qu’un vallon solitaire a vu naître, que parcourt un ruisseau limpide est l’hermite qu’il visite. L’ombre c’est l’amitié, l’onde le cours d’une vie douce, le site l’harmonie du bonheur.[…]Une caverne vient-elle à s’offrir à la vue, c’est l’hospitalité ouvrant indistinctement son sein aux malheureux. Ainsi la nature féconde en sites variés a pétri de ses mains bienfaisantes des lieux qui correspondent aux émotions et aux souvenirs. C’est ainsi qu’en attachant des souvenirs aux lieux, l’Arabe ne cesse de parcourir les monuments de son cœur et de sa mémoire.
[…]
[…]
Le Bédoin ne saurait être esclave. Beaucoup de causes entretiennent en lui l’amour indestructible de l’indépendance. D’abord une activité continuelle rendrait inutile la surveillance d’une police qui, nécessaire sous différents rapports en Europe, y entraîne souvent un vice.[…] Sûr de n’être point surveillé, l’Arabe est sans défiance dans sa tribu et ne prend la peine de masquer ni ses idées, ni ses actions. L’opinion générale le tient en respect et ses liens de parenté avec tous les membres de la tribu le maintiennent dans le cercle de ses devoirs. Le code des lois est simple, c’est le Coran. Peu savent le lire, tous le comprennent. Car les Bédoins parlent l’arabe nchawî qui est la langue pure et grammaticale dans laquelle est écrit le livre sacré. Quelque uns en font des lectures à haute voix et comme ils n’ont que cet ouvrage, on écoute toujours avec intérêt et dans un religieux silence. Le style du Coran est sublime, il enchante et attache, on s’en inculque les principes et à force de l’entendre, chacun le connaît à fond. Cette connaissance exacte de ses devoirs rend l’homme meilleur et bon citoyen, elle fait de chacun un censeur prêt à réprimer celui qui paraît s’en écarter. La police se fait donc, non pas comme en Europe par un corps corrompu et corrupteur, mais par la masse du peuple, intéressé à la stricte observance de la loi. Chaque membre d’une tribu est le surveillant des autres. On ne connaît point cette société secrété et permanente qui satisfait quelquefois la curiosité du prince et alimente sans cesse des soupçons qui le rendent souvent malheureux. Le scheich de la tribu est informé de tout, parce que tout est su de tout le monde. Pour ce qui pourrait lui échapper, l’homme de bien ne rougit pas de le lui découvrir.[…]
©Jean Vinatier 2008
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Source :
In Impressions d’Orient et d’Arabie, Bernadette Lizet (éd. Scientifique), Paris, JoséCorti/Museum d’Histoire Naturelle, 2002, pp. 66, 68, 69.
©Jean Vinatier 2008
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Source :
In Impressions d’Orient et d’Arabie, Bernadette Lizet (éd. Scientifique), Paris, JoséCorti/Museum d’Histoire Naturelle, 2002, pp. 66, 68, 69.
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