Le licenciement du dessinateur Siné de Charlie Hebdo le 15 juillet par son directeur Philippe Val fait un bruit important.
Siné, licencié pour avoir moqué Jean Sarkosy uni à une héritière de Darty afin de réussir plus vite et même de songer à se convertir à la religion de sa nouvelle belle-famille. Voilà le sujet du délit qui excite au-delà de Saint-Germain des Près.
L’écrivain Jean-Marie Laclaventine membre du comité de lecture de Gallimard s’enflamme dans un article incisif et à point nommé paru dans Le Monde :
« Il était prévisible que cette affaire suscite les récurrents effets de manche et sonneries de tocsin. Il n'y a là qu'un symptôme supplémentaire d'un triste état de fait : on ne respire plus, dans ce pays. La France pète de trouille, et ça ne sent pas bon. La poltronnerie de la plupart favorise l'autoritarisme de quelques-uns. Toute pensée, toute parole libre sont immédiatement soumises à un feu roulant d'intimidations, de condamnations ronflantes et sans appel. »¹
« On ne respire plus », enfin, quelqu’un qui le dit ! Oui, on ne respire plus sous ce nouveau régime : dés que vous sortez du sentier autorisé, les censeurs débarquent et vous tombent dessus !
Qui est Siné né en 1928 ? Un polémiste en rupture de banc avec les autorités officielles et les « gens bien nés » qui garde en mémoire son père envoyé au bagne. Siné est un révolté contre les gens établis, la morale officielle et ainsi de suite. Oublier cela et vous serez choqué par ses dessins, ses propos. Est-il antisémite ? Pourquoi le serait-il en ironisant sur les ambitions du fils du président ? Mais, c’est vrai rassembler dans un même propos mariage et religion peut raviver des souvenirs terribles aux Français juifs qui n’oublient pas les violentes attaques de certains journaux contre eux du XIXe siècle au XXe siècle. Siné ne s’est-il pas excusé ? Si.
Siné, licencié pour avoir moqué Jean Sarkosy uni à une héritière de Darty afin de réussir plus vite et même de songer à se convertir à la religion de sa nouvelle belle-famille. Voilà le sujet du délit qui excite au-delà de Saint-Germain des Près.
L’écrivain Jean-Marie Laclaventine membre du comité de lecture de Gallimard s’enflamme dans un article incisif et à point nommé paru dans Le Monde :
« Il était prévisible que cette affaire suscite les récurrents effets de manche et sonneries de tocsin. Il n'y a là qu'un symptôme supplémentaire d'un triste état de fait : on ne respire plus, dans ce pays. La France pète de trouille, et ça ne sent pas bon. La poltronnerie de la plupart favorise l'autoritarisme de quelques-uns. Toute pensée, toute parole libre sont immédiatement soumises à un feu roulant d'intimidations, de condamnations ronflantes et sans appel. »¹
« On ne respire plus », enfin, quelqu’un qui le dit ! Oui, on ne respire plus sous ce nouveau régime : dés que vous sortez du sentier autorisé, les censeurs débarquent et vous tombent dessus !
Qui est Siné né en 1928 ? Un polémiste en rupture de banc avec les autorités officielles et les « gens bien nés » qui garde en mémoire son père envoyé au bagne. Siné est un révolté contre les gens établis, la morale officielle et ainsi de suite. Oublier cela et vous serez choqué par ses dessins, ses propos. Est-il antisémite ? Pourquoi le serait-il en ironisant sur les ambitions du fils du président ? Mais, c’est vrai rassembler dans un même propos mariage et religion peut raviver des souvenirs terribles aux Français juifs qui n’oublient pas les violentes attaques de certains journaux contre eux du XIXe siècle au XXe siècle. Siné ne s’est-il pas excusé ? Si.
Remarquons que les journalistes de Charlie Hebdo quoique choqués ne se sont pas mis en grève donnant de fait quitus à Philippe Val et ses adjoints. Etonnante décision de Philippe Val qui se flatte de diriger un journal « libertaire » et qui montre, au fil des ans, un goût de plus en plus prononcé pour la « Cour ». Charlie Hebdo est un média rentable, son lectorat est bien installé. Ce succès dû à toute l’équipe devrait le rendre plus ferme et plus ironique, moqueur et même outrancier. Qui ne se souvient pas de cette une de 1969 : « Bal tragique à Colombey : un mort » ? Le ministre de l’Intérieur avait fait saisir l’édition, le « mort » étant le général de Gaulle.
La France a besoin d’une presse mordante, exagérée sans qu’elle ne s’autorise à aller au-delà. La France est sous une véritable chape de plomb depuis le début de la Présidence de Sarkozy. D’ailleurs lui-même a jeté aux orties la grâce présidentielle pour montrer de quelle sévérité il sera avec ceux qui n’adhéreront pas à son ordre moral. Voir un Bernard Henry-Levy se déchaîner contre Siné ne surprend pas, pas davantage la ministre Christine Albanel mais on s’étonne de voir le couple Badinter et Fred Vargas se joindre aux censeurs. Elisabeth Badinter n’est pas seulement une historienne, elle est aussi la propriétaire de Publicis, son époux est illustre alors comme ministre de la Justice d’avoir plaidé et obtenu l’abolition de la peine de mort. Ils forment tous les deux un couple respecté, tout comme Madame Veil, par les Français et nos concitoyens attendent d’eux qu’ils restent sur le mont Pagnotte. Madame Badinter s’est faite une spécialité pour décrire et analyser les salons littéraires du siècle des Lumières, a préfacé l’édition des « Remontrances » de Malherbes² et la voilà tout de go Madame Sévère ? Incompréhension.
La France a besoin d’une presse mordante, exagérée sans qu’elle ne s’autorise à aller au-delà. La France est sous une véritable chape de plomb depuis le début de la Présidence de Sarkozy. D’ailleurs lui-même a jeté aux orties la grâce présidentielle pour montrer de quelle sévérité il sera avec ceux qui n’adhéreront pas à son ordre moral. Voir un Bernard Henry-Levy se déchaîner contre Siné ne surprend pas, pas davantage la ministre Christine Albanel mais on s’étonne de voir le couple Badinter et Fred Vargas se joindre aux censeurs. Elisabeth Badinter n’est pas seulement une historienne, elle est aussi la propriétaire de Publicis, son époux est illustre alors comme ministre de la Justice d’avoir plaidé et obtenu l’abolition de la peine de mort. Ils forment tous les deux un couple respecté, tout comme Madame Veil, par les Français et nos concitoyens attendent d’eux qu’ils restent sur le mont Pagnotte. Madame Badinter s’est faite une spécialité pour décrire et analyser les salons littéraires du siècle des Lumières, a préfacé l’édition des « Remontrances » de Malherbes² et la voilà tout de go Madame Sévère ? Incompréhension.
Fred Vargas, historienne et auteure à succès de romans policiers soutient l’ancienne « terroriste » italienne, Marina Petrella dans son refus d’être extradée. C’est Nicolas Sarkozy qui a signé le décret d’extradition balayant, au passage l’engagement du Président François Mitterrand de ne jamais la livrer comme les autres membres : à tort ou à raison, la promesse a été faite au nom de la France, elle ne peut être biffée. Comment Fred Vargas peut-elle d’un côté s’engager matériellement et moralement auprès de Marina Petrella et dans le même temps condamner un homme de 80 ans dont le caractère provocateur est connu depuis des décennies ? C’est là une contradiction surprenante.
Les « élites françaises » ne sont plus, il n’y a plus que des individus et des groupes d’intérêts qui associent argent et morale. L’humour est proscrit. Pensez qu’un film comme « Les aventures de Rabbi Jacob » (1973) ne serait plus faisable en 2008 et vous mesurerez le danger dans lequel la société française se trouve !
Peut-on encore penser, réfléchir ? La tâche sera ardue : bien des clans attendent énormément de l’autonomie des universités pour séparer « le dire » du « pas dire ». Les médias diffusent une pensée, une façon de narrer les faits, de les hiérarchiser. Les dirigéants des groupes de presse guettent avec impatience le moment où Nicolas Sarkozy va, enfin, clouer le bec à Internet et donc aux bloggeurs. Evidemment, ils protesteront mais comme ils respireront entre eux ! Cette abdication générale s’installe jour après jour quand les syndicats et les partis sont dans le discrédit le plus complet. C’est sur cet affaissement général que le nouveau régime³ imprime sa marque, fait ses pas et nous conduit vers le nauséabond.
En toute logique il ne devrait pas y avoir une affaire Siné, nous devrions, au contraire, assister à une dispute par journaux interposés. Au lieu de quoi Philippe Val directeur de Charlie Hebdo saisit la bourde de cet homme qu’il n’a jamais apprécié tout simplement parce qu’il est ce qu’il est et ne veut pas changer, pour se rapprocher du « faugbourg Saint-Germain ». Que ce directeur de publication ait des ambitions, piaffe d’avoir des décorations et de recevoir des bristols est une chose mais qu’il emporte avec lui Charlie Hebdo, publication « libertaire » atterre !
Les « élites françaises » ne sont plus, il n’y a plus que des individus et des groupes d’intérêts qui associent argent et morale. L’humour est proscrit. Pensez qu’un film comme « Les aventures de Rabbi Jacob » (1973) ne serait plus faisable en 2008 et vous mesurerez le danger dans lequel la société française se trouve !
Peut-on encore penser, réfléchir ? La tâche sera ardue : bien des clans attendent énormément de l’autonomie des universités pour séparer « le dire » du « pas dire ». Les médias diffusent une pensée, une façon de narrer les faits, de les hiérarchiser. Les dirigéants des groupes de presse guettent avec impatience le moment où Nicolas Sarkozy va, enfin, clouer le bec à Internet et donc aux bloggeurs. Evidemment, ils protesteront mais comme ils respireront entre eux ! Cette abdication générale s’installe jour après jour quand les syndicats et les partis sont dans le discrédit le plus complet. C’est sur cet affaissement général que le nouveau régime³ imprime sa marque, fait ses pas et nous conduit vers le nauséabond.
En toute logique il ne devrait pas y avoir une affaire Siné, nous devrions, au contraire, assister à une dispute par journaux interposés. Au lieu de quoi Philippe Val directeur de Charlie Hebdo saisit la bourde de cet homme qu’il n’a jamais apprécié tout simplement parce qu’il est ce qu’il est et ne veut pas changer, pour se rapprocher du « faugbourg Saint-Germain ». Que ce directeur de publication ait des ambitions, piaffe d’avoir des décorations et de recevoir des bristols est une chose mais qu’il emporte avec lui Charlie Hebdo, publication « libertaire » atterre !
Adieu « J’accuse », ordre est donné de rentrer dans le rang !
©Jean Vinatier 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Source :
1-http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/31/nous-avons-besoin-des-outrances-de-sine-par-jean-marie-laclavetine_1079061_3232.html
In Seriatim :
2-http://seriatim1.blogspot.com/2008/05/malesherbes-fait-des-remontrances-aux.html
3-http://seriatim1.blogspot.com/2008/07/badinguet-ii-couronn.html
©Jean Vinatier 2008
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1-http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/31/nous-avons-besoin-des-outrances-de-sine-par-jean-marie-laclavetine_1079061_3232.html
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3-http://seriatim1.blogspot.com/2008/07/badinguet-ii-couronn.html
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