Depuis la tenue du G7 à Washington, aux réunions de ce soir en Europe, les gouvernements et les banquiers centraux se démènent pour rassurer les marchés et empêcher une nouvelle chute des bourses. A titre indicatif la bourse de Riad a perdu en 2 jours, vendredi et samedi, 17%. C’est dire le degré de tension qui règne sur tous les continents.
Ce soir, l’Eurogroupe s’est mis d’accord pour dévoiler le plan de sauvetage dont on connaît l’essentiel des mesures : procéder à des opérations de recapitalisation des banques jusqu’au 31 décembre 2009 et garantir, de façon temporaire, les crédits interbancaires. Les mesures seront mises en place, à compter de lundi, par chaque pays dans le cadre de plans de sauvetage nationaux. Et mercredi 15, un sommet européen entérinera le plan approuvé. Gordon Brown annonce, de son côté, une aide de 500 milliards de livres (+ de 630 milliards d’euros) dont une nationalisation partielle de deux banques, Bank of Scotland et HBOS ; les autres banques recevront selon leur demande particulière l’aide gouvernementale. Notons que Gordon Brown exclut tout rachat des « déchets/produits toxiques » à l’inverse du plan Paulson qui a inclus les obligations sans valeurs. Angela Merkel se place, depuis le début, sur la même longueur d’onde que son homologue britannique.
Nous sommes devant deux politiques différentes d’un côté Londres et l’Eurogroupe, de l’autre Wall Street. L’Union européenne deviendrait-elle une puissance ?
Comment réagiront les places asiatiques puis les autres ?
Nous le savons, les Etats et les banquiers craignent surtout l’arrivée d’une nouvelle tempête dite des CDS ou produits toxiques dont le montant atteindrait près de 65 mille milliards de dollars. Cette somme déjà titanesque n’est que peu devant le total général de l’ensemble des produits dérivés soit prés de 2 millions de milliards de dollars ! Si tout cela explose, avec de tels chiffres, il est recommandé de s’accrocher à son fauteuil, de boire un verre d’un bon alcool ou plutôt de descendre la bouteille !
Alors que nous entrons dans une période de multiplication des centres de pouvoir à travers le monde, certains acteurs se mettent en ordre de bataille. Ainsi les banques américaines, Goldman Sachs, Citigroup, JPMorgan Chase, Bank of America, via un mouvement de concentration sans précédent, entendent contrôler une partie du pouvoir bancaire mondial, afin d’avoir prise sur la nouvelle économie-monde¹, l’Asie et le Sud-Sud. La City, par la voix de Gordon Brown et de Peter Mandelson, répond en écho : elle se tient prête à se tailler une part du gâteau et pas forcément selon les vues d’Outre-Atlantique. De son côté, l’Union européenne de la zone euro adapte des solutions nationales. Ainsi, la France ne peut-elle pas proposer un plan anglais puisque nos banques et assurances sont dites solides et saines, alors qu’étrangement elles refusent les crédits interbancaires entre elles !
L’émergence des méta-nations du BRIC (Russie, Chine, Inde, Brésil), des fonds souverains arabes sans oublier le poids du Japon, souligne l’âpreté avec lequel le combat se mènera. Immnanuel Wallerstein dans une interview accordée au journal Le Monde ne dit-il pas : « Nous sommes dans une période assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. »²
Ce soir, s’il n’y a pas une réponse mondiale à la résolution de la crise, il y a, par contre, la reconnaissance de la fin d’une période hégémonique américaine mise en place à Bretton Woods en 1944 et le début d’une phase transitoire vers un nouvel ordre financier planétaire. Les interventions très fermes de Nicolas Sarkozy, de Barroso, de Junker ont mis l’accent sur la réforme monétaire mondiale. Le dollar ne pourra plus être entre les mains d’un seul Etat, les Etats-Unis (FED), c’est une gouvernance mondiale, d’abord d’une manière officieuse, qui prendra le relais.
Mais avant de parvenir à ce point, nous traverserons une période troublée, violente.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Sources :
1-http://www.engdahl.oilgeopolitics.net/Financial_Tsunami/Warfare_Behind_Panic/warfare_behind_panic.html
2- édition du 12/13 octobre
Ce soir, l’Eurogroupe s’est mis d’accord pour dévoiler le plan de sauvetage dont on connaît l’essentiel des mesures : procéder à des opérations de recapitalisation des banques jusqu’au 31 décembre 2009 et garantir, de façon temporaire, les crédits interbancaires. Les mesures seront mises en place, à compter de lundi, par chaque pays dans le cadre de plans de sauvetage nationaux. Et mercredi 15, un sommet européen entérinera le plan approuvé. Gordon Brown annonce, de son côté, une aide de 500 milliards de livres (+ de 630 milliards d’euros) dont une nationalisation partielle de deux banques, Bank of Scotland et HBOS ; les autres banques recevront selon leur demande particulière l’aide gouvernementale. Notons que Gordon Brown exclut tout rachat des « déchets/produits toxiques » à l’inverse du plan Paulson qui a inclus les obligations sans valeurs. Angela Merkel se place, depuis le début, sur la même longueur d’onde que son homologue britannique.
Nous sommes devant deux politiques différentes d’un côté Londres et l’Eurogroupe, de l’autre Wall Street. L’Union européenne deviendrait-elle une puissance ?
Comment réagiront les places asiatiques puis les autres ?
Nous le savons, les Etats et les banquiers craignent surtout l’arrivée d’une nouvelle tempête dite des CDS ou produits toxiques dont le montant atteindrait près de 65 mille milliards de dollars. Cette somme déjà titanesque n’est que peu devant le total général de l’ensemble des produits dérivés soit prés de 2 millions de milliards de dollars ! Si tout cela explose, avec de tels chiffres, il est recommandé de s’accrocher à son fauteuil, de boire un verre d’un bon alcool ou plutôt de descendre la bouteille !
Alors que nous entrons dans une période de multiplication des centres de pouvoir à travers le monde, certains acteurs se mettent en ordre de bataille. Ainsi les banques américaines, Goldman Sachs, Citigroup, JPMorgan Chase, Bank of America, via un mouvement de concentration sans précédent, entendent contrôler une partie du pouvoir bancaire mondial, afin d’avoir prise sur la nouvelle économie-monde¹, l’Asie et le Sud-Sud. La City, par la voix de Gordon Brown et de Peter Mandelson, répond en écho : elle se tient prête à se tailler une part du gâteau et pas forcément selon les vues d’Outre-Atlantique. De son côté, l’Union européenne de la zone euro adapte des solutions nationales. Ainsi, la France ne peut-elle pas proposer un plan anglais puisque nos banques et assurances sont dites solides et saines, alors qu’étrangement elles refusent les crédits interbancaires entre elles !
L’émergence des méta-nations du BRIC (Russie, Chine, Inde, Brésil), des fonds souverains arabes sans oublier le poids du Japon, souligne l’âpreté avec lequel le combat se mènera. Immnanuel Wallerstein dans une interview accordée au journal Le Monde ne dit-il pas : « Nous sommes dans une période assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. »²
Ce soir, s’il n’y a pas une réponse mondiale à la résolution de la crise, il y a, par contre, la reconnaissance de la fin d’une période hégémonique américaine mise en place à Bretton Woods en 1944 et le début d’une phase transitoire vers un nouvel ordre financier planétaire. Les interventions très fermes de Nicolas Sarkozy, de Barroso, de Junker ont mis l’accent sur la réforme monétaire mondiale. Le dollar ne pourra plus être entre les mains d’un seul Etat, les Etats-Unis (FED), c’est une gouvernance mondiale, d’abord d’une manière officieuse, qui prendra le relais.
Mais avant de parvenir à ce point, nous traverserons une période troublée, violente.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Sources :
1-http://www.engdahl.oilgeopolitics.net/Financial_Tsunami/Warfare_Behind_Panic/warfare_behind_panic.html
2- édition du 12/13 octobre
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