Samedi 4, étrange réunion de responsables européens à l’Elysée sous la présidence du premier homme de France et, en théorie, le capitaine d’une équipe de 27 Etats dont 15 usent en commun l’euro (l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, Chypre (partie grecque), l'Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, le Portugal et la Slovénie)
La mission de Nicolas Sarkozy n’est pas facile mais il s’agit de circonstances particulières où justement l’homme politique a le pouvoir d’ouvrir des voies, de se placer devant la nation, de secouer les conformismes. En un mot, il a le devoir de prendre des risques et d’en appeler, s’il le faut, au peuple. Nicolas Sarkozy, rappelons-le, préside le conseil de l’Union européenne : cette fonction temporaire ne semble pas être vue par lui comme une arme offensive. Il suggère et s’aventure même à parler de sanctions contre des banquiers, des assureurs mais même les Michu ne croient plus les hommes d’Etat de l’Europe en mesure de punir, de sévir, de faire rendre justice au nom des peuples. C’est tragique !
Il ne reste donc plus que les mots prononcés sur le mode incantatoire : « l’idée même de la toute-puissance du marché était une idée folle », « l’autorégulation, c’est fini ».
Le nouveau Bretton Woods dont on nous parle depuis quelque temps perd de sa force : il ne s’agit plus d’un nouvel ordre monétaire mais de revoir seulement les règles du capitalisme financier. On est donc très loin de toute comparaison avec la réunion de juillet 1944 où dans cette ville du New Hampshire, on mit sur la table l’économie et la politique pour proposer une architecture mondiale. Etrange que ce G4 ne fasse aucune allusion à l’Asie, au Brésil….
Quant au grand remède, la pharmacopée magique « revoir les règles du capitalisme financier » signifie que ce capitalisme là est accepté et encouragé à perdurer. Est-ce surprenant ?Jusqu’à présent les gouvernants européens n’ont rien fait pour empêcher ce type de capitalisme, ils l’ont même soutenu. On comprend leur malaise, quelque part, n’ont-ils pas un « pacte » ? D’où cette idée de changer quelques boulons pour redémarrer la machine avec la trouvaille du jour, la « régulation ». Le capitalisme serait-il en quête de nouveaux horlogers ? Ce mot impressionne dans l’instant alors qu’il constitue un aveu ou d’impuissance ou de crainte de heurter des redoutables « financiers ». Et ces financiers sont déjà prêts à rebondir, le plan Paulson voté. Depuis cette crise les établissements bancaires sont plus concentrés qu’auparavant, leur force de frappe grandit d’autant. Ces guildes financières n’entendent pas faiblir quitte, s’il le faut, à réguler les Etats et pourquoi pas à en broyer quelques-uns. L’histoire de la FED, entreprise privée au service de ses actionnaires, devrait nous interpeller et nous inciter à la réflexion sur les orages à venir.
Peut-on s’étonner de la timidité de nos gouvernants ? Ils aimeraient bien que la question des déficits ne soit plus posée ; or, Jean-Claude Junker, président de l’eurogroupe, rappelle que les critères de Maastricht (pacte de stabilité) ne sauraient connaître des modifications. Que pèse-t-il devant un Chef d’Etat ? En principe fort peu quoiqu’il donne l’impression d’avoir la maîtrise de l’instrument ! Jean-Claude Trichet, José Manuel Durão Barroso savouraient sans doute ce rappel du pion à l’élève !
N’est-il pas incroyable que des Etats demandent à des structures européennes de « faire preuve de flexibilité » pour l’aide qu’ils accorderaient à leurs entreprises ? Mais qui commande ? Il y a là un renversement inouï !
L’Europe à G4, à G8 à G tout ce que vous voudrez grince dangereusement. L’Irlande, les Provinces-Unies jouent en solo. Notons qu’Amsterdam en prenant la décision de modifier le sauvetage de Fortis prend au dépourvu la Belgique qui pourrait être bien en peine de sauver Dexia, banque franco-belge. Que fera alors Paris si Bruxelles ne parvient pas à tenir son engagement? Avec Dexia, ce sont les programmes de financement de nos collectivités locales qui entrent en jeu.
Affirmer sur un ton presque satisfait que chaque Etat agira « avec ses moyens propres » mais « de façon coordonnée » ne rassure aucunement. Aveu d’impuissance des gouvernants, aveu décidément que l’Union, hormis ses administrations, n’est qu’une maison de verre…les élections européennes, en juin 2009, seront une triste échéance !
Si seulement la France osait….On pourrait quand même retrouver un peu de force en ce 50e anniversaire de la Ve République. Il est vrai que cette dernière a été si souvent malmenée que de sa tenue d’auguste, il ne reste plus que les oripeaux….
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
La mission de Nicolas Sarkozy n’est pas facile mais il s’agit de circonstances particulières où justement l’homme politique a le pouvoir d’ouvrir des voies, de se placer devant la nation, de secouer les conformismes. En un mot, il a le devoir de prendre des risques et d’en appeler, s’il le faut, au peuple. Nicolas Sarkozy, rappelons-le, préside le conseil de l’Union européenne : cette fonction temporaire ne semble pas être vue par lui comme une arme offensive. Il suggère et s’aventure même à parler de sanctions contre des banquiers, des assureurs mais même les Michu ne croient plus les hommes d’Etat de l’Europe en mesure de punir, de sévir, de faire rendre justice au nom des peuples. C’est tragique !
Il ne reste donc plus que les mots prononcés sur le mode incantatoire : « l’idée même de la toute-puissance du marché était une idée folle », « l’autorégulation, c’est fini ».
Le nouveau Bretton Woods dont on nous parle depuis quelque temps perd de sa force : il ne s’agit plus d’un nouvel ordre monétaire mais de revoir seulement les règles du capitalisme financier. On est donc très loin de toute comparaison avec la réunion de juillet 1944 où dans cette ville du New Hampshire, on mit sur la table l’économie et la politique pour proposer une architecture mondiale. Etrange que ce G4 ne fasse aucune allusion à l’Asie, au Brésil….
Quant au grand remède, la pharmacopée magique « revoir les règles du capitalisme financier » signifie que ce capitalisme là est accepté et encouragé à perdurer. Est-ce surprenant ?Jusqu’à présent les gouvernants européens n’ont rien fait pour empêcher ce type de capitalisme, ils l’ont même soutenu. On comprend leur malaise, quelque part, n’ont-ils pas un « pacte » ? D’où cette idée de changer quelques boulons pour redémarrer la machine avec la trouvaille du jour, la « régulation ». Le capitalisme serait-il en quête de nouveaux horlogers ? Ce mot impressionne dans l’instant alors qu’il constitue un aveu ou d’impuissance ou de crainte de heurter des redoutables « financiers ». Et ces financiers sont déjà prêts à rebondir, le plan Paulson voté. Depuis cette crise les établissements bancaires sont plus concentrés qu’auparavant, leur force de frappe grandit d’autant. Ces guildes financières n’entendent pas faiblir quitte, s’il le faut, à réguler les Etats et pourquoi pas à en broyer quelques-uns. L’histoire de la FED, entreprise privée au service de ses actionnaires, devrait nous interpeller et nous inciter à la réflexion sur les orages à venir.
Peut-on s’étonner de la timidité de nos gouvernants ? Ils aimeraient bien que la question des déficits ne soit plus posée ; or, Jean-Claude Junker, président de l’eurogroupe, rappelle que les critères de Maastricht (pacte de stabilité) ne sauraient connaître des modifications. Que pèse-t-il devant un Chef d’Etat ? En principe fort peu quoiqu’il donne l’impression d’avoir la maîtrise de l’instrument ! Jean-Claude Trichet, José Manuel Durão Barroso savouraient sans doute ce rappel du pion à l’élève !
N’est-il pas incroyable que des Etats demandent à des structures européennes de « faire preuve de flexibilité » pour l’aide qu’ils accorderaient à leurs entreprises ? Mais qui commande ? Il y a là un renversement inouï !
L’Europe à G4, à G8 à G tout ce que vous voudrez grince dangereusement. L’Irlande, les Provinces-Unies jouent en solo. Notons qu’Amsterdam en prenant la décision de modifier le sauvetage de Fortis prend au dépourvu la Belgique qui pourrait être bien en peine de sauver Dexia, banque franco-belge. Que fera alors Paris si Bruxelles ne parvient pas à tenir son engagement? Avec Dexia, ce sont les programmes de financement de nos collectivités locales qui entrent en jeu.
Affirmer sur un ton presque satisfait que chaque Etat agira « avec ses moyens propres » mais « de façon coordonnée » ne rassure aucunement. Aveu d’impuissance des gouvernants, aveu décidément que l’Union, hormis ses administrations, n’est qu’une maison de verre…les élections européennes, en juin 2009, seront une triste échéance !
Si seulement la France osait….On pourrait quand même retrouver un peu de force en ce 50e anniversaire de la Ve République. Il est vrai que cette dernière a été si souvent malmenée que de sa tenue d’auguste, il ne reste plus que les oripeaux….
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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1 commentaire:
La recette d’un VRAI Nouveau Bretton Woods
La conférence pour un nouveau Bretton Woods devra agir de toute urgence afin que :
• Le système financier actuel soit déclaré en faillite, mis en règlement judiciaire et remplacé par un nouveau.
• Un système de parités fixes soit accepté et immédiatement mis en place.
• Les produits financiers hyper-spéculatifs, tels que les « produits dérivés », soient mis hors la loi par des accords entre gouvernements.
• Une vaste réorganisation de la dette soit entreprise, certaines dettes devant être rééchelonnées ou annulées.
• De nouvelles lignes de crédit soient ouvertes grâce au crédit productif public, en s’inspirant de la politique d’Alexander Hamilton et du « Système d’économie politique américain », rendant ainsi possible le plein emploi qualifié grâce à des investissements dans un renouveau infrastructurel et technologique.
• Le « pont terrestre eurasiatique » soit réalisé, clef de voûte de la reconstruction économique mondiale et vision qui sera à l’origine non seulement d’un « miracle » économique mais aussi socle de la paix mondiale du vingt-et-unième siècle.
• Un nouveau « traité de Westphalie » soit signé pour garantir la disponibilité, l’exploration et le développement des matières premières en faveur de tous les pays du monde, au moins pour les cinquante ans à venir.
Source : http://www.solidariteetprogres.org/petitionNBW/
David C.
david.cabas.over-blog.fr
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