Aujourd’hui Nicolas Sarkozy a fait un discours devant le Parlement européen puis il a échangé en toute logique avec les députés présents pendant deux heures. Le thème principal de son intervention était un constat : « Nous n'avons aucun gouvernement économique digne du nom. Nous ne pouvons pas continuer ainsi »
Le projet de constitution d’un gouvernement économique des pays membres de la zone euro, soit 15 des 27 Etats qui composent l’Union européenne place d’emblée notre continent devant un choix politique. Venaient ensuite logiquement la coordination des politiques industrielles des uns avec les autres, puis la proposition de fonder des fonds souverains. Pourquoi ? Parce que dixit le Spiegel « Je ne veux pas que les citoyens européens se réveillent dans quelques mois et découvrent que des entreprises européennes sont maintenant possédées par des capitales en dehors de l'Europe. »
Pour un peu le discours français aurait été nationaliste ! Un député a même parlé de socialisme (marxisme ?), un mot maintenant très en vogue des deux côtés de l’Atlantique ! Le Président a-t-il eu tort de placer l’accent à ce niveau ? Il le devait car le moment est singulier et fort. Tout le monde voit bien que cette crise financière, en cours, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : l’organisation internationale telle qu’elle fut conçue par un vainqueur, les Etats-Unis, en 1944 ne tient plus la route. Officiellement en 2008, Washington n’est pas une puissance contrainte à une reddition mais c’est « the rest of the world » qui décide de poser les jalons d’une nouvelle structure monétaire mondiale.
Le discours de Nicolas Sarkozy fait suite à son entrevue avec le Premier ministre canadien puis avec Georges Bush dont il obtint, du bout des lèvres, une réponse positive pour un sommet à la fin de novembre. Si tout le monde convient de mettre sur pied des conférences internationales pour établir de nouvelles règles du système monétaire, il est bien évident que l’aboutissement n’interviendra qu’au terme d’une décennie. Pour l’heure Nicolas Sarkozy veut occuper la scène jusqu’au terme de sa présidence de l’Union le 31 décembre, et la perspective de la mise en place de ces sommets l’excite énormément. Cependant, son propos d’aujourd’hui a une originalité : il met en avant les pays de la zone euro et leur propose de constituer un gouvernement économique. S’il s’agissait de réunir régulièrement les ministres des finances des 15 cela n’aurait strictement aucune conséquence novatrice, s’il s’agissait, au contraire, de placer tous les 15 pays de l’Euro sous l’égide d’une structure commune de gouvernement économique, notre continent franchirait un pas intéressant. De facto ce gouvernement "Euro " serait le noyau dur de l’Union européenne lequel pourrait envisager des règles de gouvernement précises, éviter que l’arrivée d’un nouveau membre entraîne ou un affaiblissement ou une division.
Gordon Brown devait avoir un sens prémonitoire quand il a suggéré que le Royaume-Uni puisse adopter l’Euro. Le renard d’outre-manche aimerait donc s’éclater dans le poulailler continental !
Pour l’heure, le Président français ramasse à la pelle les dividendes de son dynamisme grâce au poids historique de la France : un président Tchèque aurait-il pu en ayant une activité similaire engranger autant d’opinions positives ? Rien n’est moins sûr et ce n’est pas faire insulte à un dirigeant d’un pays ami que de l’écrire, mais l’histoire est là, incontestable. Point n’est besoin d’être un monarque républicain hors norme, il suffit seulement, selon Philippe Grasset dans son dernier article , d’être un « excellent animateur de la politique naturelle de la France parce que cette politique a aujourd'hui le vent en poupe. C'est ce qu'on attend de lui. » Certes mais il faut bien admettre qu’en dépit des réserves que l’on peut avoir sur la personne de Sarkozy, il secoue singulièrement le cocotier mais que tout le monde ignore ce qu’il en tombera.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Le projet de constitution d’un gouvernement économique des pays membres de la zone euro, soit 15 des 27 Etats qui composent l’Union européenne place d’emblée notre continent devant un choix politique. Venaient ensuite logiquement la coordination des politiques industrielles des uns avec les autres, puis la proposition de fonder des fonds souverains. Pourquoi ? Parce que dixit le Spiegel « Je ne veux pas que les citoyens européens se réveillent dans quelques mois et découvrent que des entreprises européennes sont maintenant possédées par des capitales en dehors de l'Europe. »
Pour un peu le discours français aurait été nationaliste ! Un député a même parlé de socialisme (marxisme ?), un mot maintenant très en vogue des deux côtés de l’Atlantique ! Le Président a-t-il eu tort de placer l’accent à ce niveau ? Il le devait car le moment est singulier et fort. Tout le monde voit bien que cette crise financière, en cours, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : l’organisation internationale telle qu’elle fut conçue par un vainqueur, les Etats-Unis, en 1944 ne tient plus la route. Officiellement en 2008, Washington n’est pas une puissance contrainte à une reddition mais c’est « the rest of the world » qui décide de poser les jalons d’une nouvelle structure monétaire mondiale.
Le discours de Nicolas Sarkozy fait suite à son entrevue avec le Premier ministre canadien puis avec Georges Bush dont il obtint, du bout des lèvres, une réponse positive pour un sommet à la fin de novembre. Si tout le monde convient de mettre sur pied des conférences internationales pour établir de nouvelles règles du système monétaire, il est bien évident que l’aboutissement n’interviendra qu’au terme d’une décennie. Pour l’heure Nicolas Sarkozy veut occuper la scène jusqu’au terme de sa présidence de l’Union le 31 décembre, et la perspective de la mise en place de ces sommets l’excite énormément. Cependant, son propos d’aujourd’hui a une originalité : il met en avant les pays de la zone euro et leur propose de constituer un gouvernement économique. S’il s’agissait de réunir régulièrement les ministres des finances des 15 cela n’aurait strictement aucune conséquence novatrice, s’il s’agissait, au contraire, de placer tous les 15 pays de l’Euro sous l’égide d’une structure commune de gouvernement économique, notre continent franchirait un pas intéressant. De facto ce gouvernement "Euro " serait le noyau dur de l’Union européenne lequel pourrait envisager des règles de gouvernement précises, éviter que l’arrivée d’un nouveau membre entraîne ou un affaiblissement ou une division.
Gordon Brown devait avoir un sens prémonitoire quand il a suggéré que le Royaume-Uni puisse adopter l’Euro. Le renard d’outre-manche aimerait donc s’éclater dans le poulailler continental !
Pour l’heure, le Président français ramasse à la pelle les dividendes de son dynamisme grâce au poids historique de la France : un président Tchèque aurait-il pu en ayant une activité similaire engranger autant d’opinions positives ? Rien n’est moins sûr et ce n’est pas faire insulte à un dirigeant d’un pays ami que de l’écrire, mais l’histoire est là, incontestable. Point n’est besoin d’être un monarque républicain hors norme, il suffit seulement, selon Philippe Grasset dans son dernier article , d’être un « excellent animateur de la politique naturelle de la France parce que cette politique a aujourd'hui le vent en poupe. C'est ce qu'on attend de lui. » Certes mais il faut bien admettre qu’en dépit des réserves que l’on peut avoir sur la personne de Sarkozy, il secoue singulièrement le cocotier mais que tout le monde ignore ce qu’il en tombera.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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