Cathédrale Christ-Sauveur ou une plongée dans toutes les Russies pour les obsèques du patriarche Alexis II ! Trois heures d’une cérémonie splendide parmi les chants, les encens et un clergé en tenue d’apparat. Cette magnificence, la Russie est très fière de l’offrir à tous les médias du monde, certaine qu’elle est d’avoir reconquis sa place parmi les nations les plus influentes.
Le défunt Alexis II a partagé avec Vladimir Poutine l’obsession de la Maison Russie et de sa sœur jumelle l’orthodoxie.
« Igor Makarenko, un solide gaillard de 40 ans, ne trouve, lui, rien de choquant dans la dimension politique du patriarche disparu : "Non seulement il a "recréé" la Russie orthodoxe, mais il a défendu les terres slaves, partout. Regardez en Yougoslavie : il a défendu les Serbes contre l'indépendance du Kosovo ; il a défendu les Russes en Ossétie du Sud !" Les relations privilégiées entre le patriarche et le Kremlin ? "Et alors ? Justement, il faut conforter ce genre de liens. La sainte Russie est un pays orthodoxe : nous devons montrer au monde notre force, et l'alliance entre notre Eglise et notre pays confirme cette force." »¹
Il n’est pas très utile de narrer le parcours du patriarche né en 1929 dans une famille noble d’Estonie alors que tous les médias le font. Que peut-on dire du soupçon d’une liaison avec le KGB ? La proximité entre le métropolite (1283-1587,1721-1917) ou patriarche de Moscou (1589-1721, 1918….) et le Kremlin n’a jamais cessé historiquement au risque de confrontations violentes.
Le défunt Alexis II a partagé avec Vladimir Poutine l’obsession de la Maison Russie et de sa sœur jumelle l’orthodoxie.
« Igor Makarenko, un solide gaillard de 40 ans, ne trouve, lui, rien de choquant dans la dimension politique du patriarche disparu : "Non seulement il a "recréé" la Russie orthodoxe, mais il a défendu les terres slaves, partout. Regardez en Yougoslavie : il a défendu les Serbes contre l'indépendance du Kosovo ; il a défendu les Russes en Ossétie du Sud !" Les relations privilégiées entre le patriarche et le Kremlin ? "Et alors ? Justement, il faut conforter ce genre de liens. La sainte Russie est un pays orthodoxe : nous devons montrer au monde notre force, et l'alliance entre notre Eglise et notre pays confirme cette force." »¹
Il n’est pas très utile de narrer le parcours du patriarche né en 1929 dans une famille noble d’Estonie alors que tous les médias le font. Que peut-on dire du soupçon d’une liaison avec le KGB ? La proximité entre le métropolite (1283-1587,1721-1917) ou patriarche de Moscou (1589-1721, 1918….) et le Kremlin n’a jamais cessé historiquement au risque de confrontations violentes.
De toute manière l’imaginaire populaire lorsqu’il se représente la Russie, ne sépare pas l’église orthodoxe du Tsar. Ainsi, Alexis II et Vladimir Poutine formèrent-ils un tandem idéal que les Russes approuvèrent presque sans restriction de Saint-Pétersbourg à Vladivostok.
Le long patriarcat d’Alexis II (1990-2008) se plaçait sous la bannière du rassemblement des orthodoxes slaves et de la reconnaissance de la primature du patriarcat de Constantinople même si ce geste restait purement symbolique. Dans la même période, la renaissance de l’Etat russe s’accomplissait à coups d’oukases qui choquaient, non sans raison, le « monde libre » mécontent de voir son idéal démocratique aussi malmené. Le patriarche allant jusqu’à condamner quiconque prendrait la défense de l’ex-PDG de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, coupable d’avoir préparé la vente de son groupe énergétique (pétrole, gaz) aux intérêts étrangers, en l’occurrence ceux des anglo-américains. Sur le plan religieux, on insiste souvent sur les difficiles relations entre le Pape, Jean-Paul II, et le patriarche, en omettant que l’attention d’Alexis II était bien plus occupée par les ambitions des évangélistes américains sur le sol russe. Le soin pris d’assurer au pays l’indépendance, temporelle et spirituelle, la plus grande agaçait celles et ceux qui voyaient dans la mondialisation l’uniformité aux dépens des identités nationales. Ils n’en eurent que plus de mérite.
Ce n’est pas faire œuvre d’hagiographe que de rappeler combien il est rassurant de voir des dirigeants pénétrés par un idéal national tout à fait différent des menées panslavistes du XIXe siècle. Au contraire, c’est le monde tel qui devenait qui motivait le partage des tâches entre Alexis II et Poutine.
Il y a bien, ce soir, un message russe légitime comme il y a un signal d’alerte envoyé par les jeunes Grecs héritiers de la démocratie athénienne, la mère de toutes les démocraties. Quel rapport entre un patriarche et des étudiants du Péloponnèse ? D’abord la religion orthodoxe, ensuite la défense de principes fondamentaux sans lesquels un pays ne tient pas. C’est cette permanence historique qui compte en ces heures.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Sources :
1-http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/12/06/a-moscou-les-fideles-saluent-le-patriote-de-l-eglise-russe_1127616_3214.html#ens_id=1127162
Nicolas Seneze :
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2358551&rubId=1098
http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/2007/10/2/alexis.rtf
http://www.orthodoxie.com/2008/12/blocnotes-de-jeanfran%C3%A7ois-colosimo.html#more
http://www.rfi.fr/actufr/articles/108/article_75687.asp
Le long patriarcat d’Alexis II (1990-2008) se plaçait sous la bannière du rassemblement des orthodoxes slaves et de la reconnaissance de la primature du patriarcat de Constantinople même si ce geste restait purement symbolique. Dans la même période, la renaissance de l’Etat russe s’accomplissait à coups d’oukases qui choquaient, non sans raison, le « monde libre » mécontent de voir son idéal démocratique aussi malmené. Le patriarche allant jusqu’à condamner quiconque prendrait la défense de l’ex-PDG de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, coupable d’avoir préparé la vente de son groupe énergétique (pétrole, gaz) aux intérêts étrangers, en l’occurrence ceux des anglo-américains. Sur le plan religieux, on insiste souvent sur les difficiles relations entre le Pape, Jean-Paul II, et le patriarche, en omettant que l’attention d’Alexis II était bien plus occupée par les ambitions des évangélistes américains sur le sol russe. Le soin pris d’assurer au pays l’indépendance, temporelle et spirituelle, la plus grande agaçait celles et ceux qui voyaient dans la mondialisation l’uniformité aux dépens des identités nationales. Ils n’en eurent que plus de mérite.
Ce n’est pas faire œuvre d’hagiographe que de rappeler combien il est rassurant de voir des dirigeants pénétrés par un idéal national tout à fait différent des menées panslavistes du XIXe siècle. Au contraire, c’est le monde tel qui devenait qui motivait le partage des tâches entre Alexis II et Poutine.
Il y a bien, ce soir, un message russe légitime comme il y a un signal d’alerte envoyé par les jeunes Grecs héritiers de la démocratie athénienne, la mère de toutes les démocraties. Quel rapport entre un patriarche et des étudiants du Péloponnèse ? D’abord la religion orthodoxe, ensuite la défense de principes fondamentaux sans lesquels un pays ne tient pas. C’est cette permanence historique qui compte en ces heures.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2008
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Sources :
1-http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/12/06/a-moscou-les-fideles-saluent-le-patriote-de-l-eglise-russe_1127616_3214.html#ens_id=1127162
Nicolas Seneze :
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2358551&rubId=1098
http://www.la-croix.com/illustrations/Multimedia/Actu/2007/10/2/alexis.rtf
http://www.orthodoxie.com/2008/12/blocnotes-de-jeanfran%C3%A7ois-colosimo.html#more
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