Le 1er janvier 1959, Fidel et Raul entraient dans La Havane au milieu d’une foule enthousiaste. Cuba était alors, une île prospère en dépit de la grande pauvreté des paysans.
Cinquante années plus tard, en présentant ses vœux aux Cubains, Raul Castro a (encore) annoncé des moments difficiles pendant cette année.
Le paradis ou le bordel cubain (c’est selon) des Américains, gangsters, acteurs, écrivains, millionnaires, est devenu au fil des années le symbole à la fois d’un régime dictatorial et d’une référence révolutionnaire pour l’ensemble des Amériques Centrale et du Sud ainsi que pour nombre d’Européens et d’universitaires étatsuniens.
Aujourd’hui Cuba est tenu à bout de bras par le Venezuela qui a pris la succession de l’ex-Union soviétique. La normalisation des relations avec Washington est lente. Depuis 2001, l’embargo contre l’île s’allège au point d’arriver à un moment décisif. Le Président Obama s’est engagé à poursuivre l’amélioration des relations diplomatiques. Pourquoi cette attitude ? D’abord parce que les Etats-Unis ont voulu acheter Cuba à l’Espagne autour des années 1850 et qu’ils n’ont eu de cesse, comme ils le firent après 1898 aux Philippines et à Puerto Rico, d’enserrer l’île dans leur sphère d’influence. Cuba est en quelque sorte, leur « frontière proche ». Ensuite, par le poids de l’opposition cubaine installée en Floride, un lobby puissant et actif toujours opposé à la moindre reconnaissance du castrisme même si les nouveaux leaders semblent un peu plus pragmatiques. Certains d’entre eux misent sur un effet Obama. Mais si effet il y avait, cela relancerait la question raciale cubaine où les Noirs, les métisses et les Blancs sont mal associés.
La politique menée par les frères Castro, autrefois Fidel, maintenant depuis 2008 par Raúl n’est pas inhabile. Les connexions avec le président vénézuélien, Hugo Chavez et le retour dans les Caraïbes de la Russie (tournée navale du mois dernier) font que les dirigeants cubains ne perdent pas de vue le rapport de force à avoir avec les Etats-Unis. L’actuel régime saisit fort bien que placer Cuba au centre de différentes ambitions multiplie les concurrences et par conséquent garantit un devenir cubain en tant que nation libre. Nul habitant de cette île n’oublie l’amendement Platt (1901-1934) qui l’avait placé autoritairement sous le protectorat de la bannière étoilée.
Cela étant dit, le régime n’a pas varié d’un iota sur sa tyrannie même s’il se targue d’avoir le taux d’alphabétisation le plus élevé du continent et une santé quasiment gratuite. Le régime joue sur la corde sensible, la fierté des Cubains qui ne veulent absolument pas redevenir les « putes » de l’oncle Sam. Les Cubains connaissent la pauvreté et l’absence de libertés fondamentales
Cuba doit donc se sortir de la dictature castriste sans perdre son âme. L’île occupe une place stratégique importante dans les Caraïbes. L’Amérique centrale et surtout l’Amérique du Sud principalement sous la double impulsion du Brésil et du Venezuela prennent une place de plus en plus importante dans le commerce Sud-Sud. Lors de la visite de Hu Jintao à La Havane le 19 novembre 2008, la Chine a rappelé que Cuba était un pays « frère ». Pékin a bien noté dans ses tablettes mémorielles que 130 000 Chinois (coolies) avaient été employés, entre 1853 et 1873, dans les champs de canne à sucre et à la construction du réseau ferroviaire. Ce voyage officiel s’inscrit donc dans le cadre du développement des relations Sud-Sud.
L’Union européenne ne devrait-elle pas jouer un rôle plus grand ? L’Espagne, estime jouer le rôle principal pour des raisons historiques et linguistiques mais elle n’est gère populaire. Les Cubains se souviennent encore des camps « de concentration » du général hispano-prussien, Valeriano Weyner (1838-1930) pendant la seconde guerre d’indépendance(1895-1898).
Les Cubains ont donc une pleine conscience de leur histoire et ses actuels dirigeants comprennent également que maintenir le plus longtemps possible le non-retour impérial des Etats-Unis est une tactique habile. Si le régime réussit à se placer au centre des différentes ambitions de puissances tierces, il devra non seulement faire prospérer le pays mais aussi libérer les Cubains lesquels ont le sentiment d’être toujours prisonniers de leur île. Sortir de l’isolement aura un prix politique ! Quelle sera la stratégie adoptée par Raúl Castro ? Dans cette vue, si l’Amérique du Sud et l’Union européenne oeuvraient de concert, le Cubain aurait à nouveau un espoir de liberté individuelle.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
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Cinquante années plus tard, en présentant ses vœux aux Cubains, Raul Castro a (encore) annoncé des moments difficiles pendant cette année.
Le paradis ou le bordel cubain (c’est selon) des Américains, gangsters, acteurs, écrivains, millionnaires, est devenu au fil des années le symbole à la fois d’un régime dictatorial et d’une référence révolutionnaire pour l’ensemble des Amériques Centrale et du Sud ainsi que pour nombre d’Européens et d’universitaires étatsuniens.
Aujourd’hui Cuba est tenu à bout de bras par le Venezuela qui a pris la succession de l’ex-Union soviétique. La normalisation des relations avec Washington est lente. Depuis 2001, l’embargo contre l’île s’allège au point d’arriver à un moment décisif. Le Président Obama s’est engagé à poursuivre l’amélioration des relations diplomatiques. Pourquoi cette attitude ? D’abord parce que les Etats-Unis ont voulu acheter Cuba à l’Espagne autour des années 1850 et qu’ils n’ont eu de cesse, comme ils le firent après 1898 aux Philippines et à Puerto Rico, d’enserrer l’île dans leur sphère d’influence. Cuba est en quelque sorte, leur « frontière proche ». Ensuite, par le poids de l’opposition cubaine installée en Floride, un lobby puissant et actif toujours opposé à la moindre reconnaissance du castrisme même si les nouveaux leaders semblent un peu plus pragmatiques. Certains d’entre eux misent sur un effet Obama. Mais si effet il y avait, cela relancerait la question raciale cubaine où les Noirs, les métisses et les Blancs sont mal associés.
La politique menée par les frères Castro, autrefois Fidel, maintenant depuis 2008 par Raúl n’est pas inhabile. Les connexions avec le président vénézuélien, Hugo Chavez et le retour dans les Caraïbes de la Russie (tournée navale du mois dernier) font que les dirigeants cubains ne perdent pas de vue le rapport de force à avoir avec les Etats-Unis. L’actuel régime saisit fort bien que placer Cuba au centre de différentes ambitions multiplie les concurrences et par conséquent garantit un devenir cubain en tant que nation libre. Nul habitant de cette île n’oublie l’amendement Platt (1901-1934) qui l’avait placé autoritairement sous le protectorat de la bannière étoilée.
Cela étant dit, le régime n’a pas varié d’un iota sur sa tyrannie même s’il se targue d’avoir le taux d’alphabétisation le plus élevé du continent et une santé quasiment gratuite. Le régime joue sur la corde sensible, la fierté des Cubains qui ne veulent absolument pas redevenir les « putes » de l’oncle Sam. Les Cubains connaissent la pauvreté et l’absence de libertés fondamentales
Cuba doit donc se sortir de la dictature castriste sans perdre son âme. L’île occupe une place stratégique importante dans les Caraïbes. L’Amérique centrale et surtout l’Amérique du Sud principalement sous la double impulsion du Brésil et du Venezuela prennent une place de plus en plus importante dans le commerce Sud-Sud. Lors de la visite de Hu Jintao à La Havane le 19 novembre 2008, la Chine a rappelé que Cuba était un pays « frère ». Pékin a bien noté dans ses tablettes mémorielles que 130 000 Chinois (coolies) avaient été employés, entre 1853 et 1873, dans les champs de canne à sucre et à la construction du réseau ferroviaire. Ce voyage officiel s’inscrit donc dans le cadre du développement des relations Sud-Sud.
L’Union européenne ne devrait-elle pas jouer un rôle plus grand ? L’Espagne, estime jouer le rôle principal pour des raisons historiques et linguistiques mais elle n’est gère populaire. Les Cubains se souviennent encore des camps « de concentration » du général hispano-prussien, Valeriano Weyner (1838-1930) pendant la seconde guerre d’indépendance(1895-1898).
Les Cubains ont donc une pleine conscience de leur histoire et ses actuels dirigeants comprennent également que maintenir le plus longtemps possible le non-retour impérial des Etats-Unis est une tactique habile. Si le régime réussit à se placer au centre des différentes ambitions de puissances tierces, il devra non seulement faire prospérer le pays mais aussi libérer les Cubains lesquels ont le sentiment d’être toujours prisonniers de leur île. Sortir de l’isolement aura un prix politique ! Quelle sera la stratégie adoptée par Raúl Castro ? Dans cette vue, si l’Amérique du Sud et l’Union européenne oeuvraient de concert, le Cubain aurait à nouveau un espoir de liberté individuelle.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
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