A Davos, le forum économique mondial s’est terminé au même moment que le forum social mondial tenu, cette année, à Belém.
En Suisse, dans ce centre du libéralisme à outrance, l’ambiance était presque lugubre. Les « maîtres de l’univers » en appelaient à l’Etat mais sur un ton qui était celui d’un maître à son chien ! Ces libéraux sont merveilleux de mépris : quand ils parvenaient année après année à déréglementer, à déréguler, à globaliser le mot Etat était vomi tout comme celui de nation. Et aujourd’hui, en plein désastre, désastre dont ils sont les coupables, ils jugent naturel d’obliger les gouvernements à casser la tirelire. Aucun de ces hommes et femmes ne songent à comprendre ce qui arrive, pas davantage ne veulent-ils admettre une quelconque responsabilité : « Allez –disent-ils - les Etats, passez donc la monnaie et foutez-nous la paix !»
Le fondateur du forum de Davos en 1971, le professeur suisse, Klaus M. Schwab, n’est guère prolixe. Son but était de faire manager les Européens selon les normes et codes américains et, bien évidemment, d’améliorer l’état du monde ! Le jet Schwab s’est crashé ! Philippe Grasset dans sa chronique noircit le tableau en rebondissant sur l’article de William Pfaff :
« Il s’agit bien d’une décadence, ou d’un déclin, qui prend l’allure d’un effondrement par sa rapidité, mais d’un type très particulier. Il s’agit d’une décadence et d’un déclin subis sans la moindre conscience de la chose, puisque le jugement est lui aussi irresponsable. Littéralement à nouveau, tous ces gens observent l’effondrement absolument stupéfaits, même pas en n’y comprenant rien, mais finalement en ne cherchant même pas à comprendre car il s’agit (“comprendre”) d’une attitude intellectuelle incongrue et monstrueuse. Puisque tout est de la “responsabilité” du système, chercher à comprendre n’a aucun sens. L’effondrement se poursuit sans même qu’on identifie la chose comme telle; comme, malgré tout, l’effondrement a lieu, jugez de leur désarroi. »¹
La tentative d’un coup de jeune à Davos, la création en 2005 du Young Global leader, un rassemblement hétéroclite de sportifs, d’altesses royales, d’héritiers, provoque le haussement d’épaules à des milliers de kilomètres à Belém, où était le forum social mondial. Au Brésil, régnait une toute autre ambiance : un afflux incroyable de jeunes qui a contraint les organisateurs à dédoubler les conférences. Tout ce public dynamique clame de plus en plus fort depuis 2001 qu’un autre monde est possible, un slogan à retenir !
Davos deviendra-t-il une résidence type Hespérides ? Certes les chefs d’Etat et de gouvernements s’y sont rendus en plus grand nombre. Et le clash entre le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan et le Président israélien, Shimon Pérès a sorti, un instant, de sa torpeur l’assistance. Grâce à la Turquie, Davos n’a pu ignorer la réalité politique, une première ! Mais cet incident salutaire se trouve aux antipodes des effervescences bienvenues des participants au forum social mondial. De la biodiversité à la reprise en main des moyens de production en passant par les droits des peuples indigènes, nul doute que le nouveau monde était bel et bien au Brésil ! Nombreux se penchaient à Belém sur comment reconstruire, mettre en place des alternatives économiques et sociales ! Décidément l’Amérique latine est le berceau ou le point de départ d’initiatives qui, espérons-le, secoueront tous les continents !
Le vent de la contestation gonflant au fur et à mesure que la force de frappe anglo-américaine encaisse les chocs, on vient à douter de la légitimité du G-20 ! Vingt pays peuvent-ils réformer le capitalisme ? Naturellement pas d’autant plus que les préparatifs pour ce sommet prennent du retard tant les approches divergent !
Davos et Belém éclairent d’une lumière crue le crash planétaire ! Peut-être serait-il temps pour le forum de Davos d’aller à Belém, histoire de se ressourcer, de quitter les éthers pour le plancher des vaches ? D’ailleurs ces « maîtres de l’univers » pourraient, qui sait, se métamorphoser au contact de ces 130 000 participants venus de 142 pays, répartis en 2400 ateliers ?
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Source :
1-Philippe Grasset :
http://www.dedefensa.org/article-crash_de_l_incompetence_et_consequences_de_l_irresponsabilite_02_02_2009.html
En Suisse, dans ce centre du libéralisme à outrance, l’ambiance était presque lugubre. Les « maîtres de l’univers » en appelaient à l’Etat mais sur un ton qui était celui d’un maître à son chien ! Ces libéraux sont merveilleux de mépris : quand ils parvenaient année après année à déréglementer, à déréguler, à globaliser le mot Etat était vomi tout comme celui de nation. Et aujourd’hui, en plein désastre, désastre dont ils sont les coupables, ils jugent naturel d’obliger les gouvernements à casser la tirelire. Aucun de ces hommes et femmes ne songent à comprendre ce qui arrive, pas davantage ne veulent-ils admettre une quelconque responsabilité : « Allez –disent-ils - les Etats, passez donc la monnaie et foutez-nous la paix !»
Le fondateur du forum de Davos en 1971, le professeur suisse, Klaus M. Schwab, n’est guère prolixe. Son but était de faire manager les Européens selon les normes et codes américains et, bien évidemment, d’améliorer l’état du monde ! Le jet Schwab s’est crashé ! Philippe Grasset dans sa chronique noircit le tableau en rebondissant sur l’article de William Pfaff :
« Il s’agit bien d’une décadence, ou d’un déclin, qui prend l’allure d’un effondrement par sa rapidité, mais d’un type très particulier. Il s’agit d’une décadence et d’un déclin subis sans la moindre conscience de la chose, puisque le jugement est lui aussi irresponsable. Littéralement à nouveau, tous ces gens observent l’effondrement absolument stupéfaits, même pas en n’y comprenant rien, mais finalement en ne cherchant même pas à comprendre car il s’agit (“comprendre”) d’une attitude intellectuelle incongrue et monstrueuse. Puisque tout est de la “responsabilité” du système, chercher à comprendre n’a aucun sens. L’effondrement se poursuit sans même qu’on identifie la chose comme telle; comme, malgré tout, l’effondrement a lieu, jugez de leur désarroi. »¹
La tentative d’un coup de jeune à Davos, la création en 2005 du Young Global leader, un rassemblement hétéroclite de sportifs, d’altesses royales, d’héritiers, provoque le haussement d’épaules à des milliers de kilomètres à Belém, où était le forum social mondial. Au Brésil, régnait une toute autre ambiance : un afflux incroyable de jeunes qui a contraint les organisateurs à dédoubler les conférences. Tout ce public dynamique clame de plus en plus fort depuis 2001 qu’un autre monde est possible, un slogan à retenir !
Davos deviendra-t-il une résidence type Hespérides ? Certes les chefs d’Etat et de gouvernements s’y sont rendus en plus grand nombre. Et le clash entre le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan et le Président israélien, Shimon Pérès a sorti, un instant, de sa torpeur l’assistance. Grâce à la Turquie, Davos n’a pu ignorer la réalité politique, une première ! Mais cet incident salutaire se trouve aux antipodes des effervescences bienvenues des participants au forum social mondial. De la biodiversité à la reprise en main des moyens de production en passant par les droits des peuples indigènes, nul doute que le nouveau monde était bel et bien au Brésil ! Nombreux se penchaient à Belém sur comment reconstruire, mettre en place des alternatives économiques et sociales ! Décidément l’Amérique latine est le berceau ou le point de départ d’initiatives qui, espérons-le, secoueront tous les continents !
Le vent de la contestation gonflant au fur et à mesure que la force de frappe anglo-américaine encaisse les chocs, on vient à douter de la légitimité du G-20 ! Vingt pays peuvent-ils réformer le capitalisme ? Naturellement pas d’autant plus que les préparatifs pour ce sommet prennent du retard tant les approches divergent !
Davos et Belém éclairent d’une lumière crue le crash planétaire ! Peut-être serait-il temps pour le forum de Davos d’aller à Belém, histoire de se ressourcer, de quitter les éthers pour le plancher des vaches ? D’ailleurs ces « maîtres de l’univers » pourraient, qui sait, se métamorphoser au contact de ces 130 000 participants venus de 142 pays, répartis en 2400 ateliers ?
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
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Source :
1-Philippe Grasset :
http://www.dedefensa.org/article-crash_de_l_incompetence_et_consequences_de_l_irresponsabilite_02_02_2009.html
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