Roger Karoutchi se frotte les mains, Valérie Pécresse, sa concurrente pour mener la liste UMP aux régionales de 2010 en Ile-de-France, trébuche devant la protestation de l’ensemble des universités contre le décret qui réformerait le statut des enseignants-chercheurs ; lui, au moins, est heureux !
Valérie Pécresse pense en bonne élève d’une école commerciale que l’université non seulement est compatible avec le management mais elle doit, en plus, fonctionner comme l’entreprise lambda. Sophie Gherardi dans son édito de La Tribune le souligne : « Le gouvernement, tout pénétré du modèle de l’entreprise a cru pouvoir faire du président d’université un patron. »
Faire évaluer les enseignants-chercheurs par d’autres que les universitaires défie le simple bon sens. Le gouvernement pense-t-il réellement que les présidents des universités anglaises, américaines, canadiennes évaluent directement leurs enseignants ? Non.
Tout le monde ou presque étant acquis au sujet principal, l’autonomie des universités ; le pouvoir devrait-il s’entêter pour passer en force ? La nomination d’une médiatrice, Claire Bouzy-Malaurie, rapporteur général et présidente d’une chambre à la Cour des comptes, pour rediscuter le contenu du texte ministériel apparaît comme une tentative pour diviser les grévistes. Pour l’heure, aux facultés considérées à gauche se joignent celles de Dauphine et d’Assas, bastions de la droite! Et là, les fronts se perlent à l’Elysée !
Les lycéens - merci les Grecs - ont fait reculer le Président de la République en décembre ; les enseignants du supérieur bientôt relayés par les étudiants seraient-ils en passe de stopper net le projet élyséen ? La surprise est venue des présidents des universités, pourtant grands gagnants de la réforme. Pourquoi cette défection ? Un président d’université est-il compétent au-delà de sa qualité d’administrateur et de gestionnaire ? Pour nombre d’entre eux, à l’évidence la réponse est négative. Ils ont raison, comment pourraient-ils cumuler tous les pouvoirs ?
Derrière le décret se cache la réforme du CNRS, lequel aurait tout à pâtir de l’autonomie des universités. En effet, pourquoi maintenir un centre national de recherche alors que la recherche serait répartie entre les universités ! Aujourd’hui, le CNRS garantit l’autonomie du chercheur à l’opposé de ce que prévoit le présent décret.
L’impasse faite sur la mise en place d’une politique des ressources humaines et d’accompagnements financiers heurte légitimement l’ensemble des universitaires. Valérie Pécresse considère-t-elle les enseignants-chercheurs comme une quantité négligeable?
Le pouvoir peut enrager et maudire tant qu’il le veut mais les universitaires aiment la liberté et la collégialité. Tous fonctionnent sur ces principes depuis des siècles. Et ce sont d’excellents principes.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Valérie Pécresse pense en bonne élève d’une école commerciale que l’université non seulement est compatible avec le management mais elle doit, en plus, fonctionner comme l’entreprise lambda. Sophie Gherardi dans son édito de La Tribune le souligne : « Le gouvernement, tout pénétré du modèle de l’entreprise a cru pouvoir faire du président d’université un patron. »
Faire évaluer les enseignants-chercheurs par d’autres que les universitaires défie le simple bon sens. Le gouvernement pense-t-il réellement que les présidents des universités anglaises, américaines, canadiennes évaluent directement leurs enseignants ? Non.
Tout le monde ou presque étant acquis au sujet principal, l’autonomie des universités ; le pouvoir devrait-il s’entêter pour passer en force ? La nomination d’une médiatrice, Claire Bouzy-Malaurie, rapporteur général et présidente d’une chambre à la Cour des comptes, pour rediscuter le contenu du texte ministériel apparaît comme une tentative pour diviser les grévistes. Pour l’heure, aux facultés considérées à gauche se joignent celles de Dauphine et d’Assas, bastions de la droite! Et là, les fronts se perlent à l’Elysée !
Les lycéens - merci les Grecs - ont fait reculer le Président de la République en décembre ; les enseignants du supérieur bientôt relayés par les étudiants seraient-ils en passe de stopper net le projet élyséen ? La surprise est venue des présidents des universités, pourtant grands gagnants de la réforme. Pourquoi cette défection ? Un président d’université est-il compétent au-delà de sa qualité d’administrateur et de gestionnaire ? Pour nombre d’entre eux, à l’évidence la réponse est négative. Ils ont raison, comment pourraient-ils cumuler tous les pouvoirs ?
Derrière le décret se cache la réforme du CNRS, lequel aurait tout à pâtir de l’autonomie des universités. En effet, pourquoi maintenir un centre national de recherche alors que la recherche serait répartie entre les universités ! Aujourd’hui, le CNRS garantit l’autonomie du chercheur à l’opposé de ce que prévoit le présent décret.
L’impasse faite sur la mise en place d’une politique des ressources humaines et d’accompagnements financiers heurte légitimement l’ensemble des universitaires. Valérie Pécresse considère-t-elle les enseignants-chercheurs comme une quantité négligeable?
Le pouvoir peut enrager et maudire tant qu’il le veut mais les universitaires aiment la liberté et la collégialité. Tous fonctionnent sur ces principes depuis des siècles. Et ce sont d’excellents principes.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
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2 commentaires:
Tout à fait d'accord avec cette nouvelle analyse de grande qualité!
Néanmoins, pour connaître actuellement les afres de la coopération universitaire avec le monde de l'entreprise, je me demande si ça ne pourrait pas aider quelque part.
De toute façon, les dérives de présidents d'universités tout puissants sont déjà là ...
Merci, Maroro, pour le commentaire. Il est sûr que l'autonomie des universités aidera aux liens avec les entreprises. Mais le débat, aujourd'hui, porte sur le rapport enseignant/chercheur avec le président de l'université.
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