Marcel Schwob (1867-1905) érudit, découvreur de l’œuvre de Stevenson et conteur de génie est , hélas, un peu oublié de nos jours. On lui doit, notamment, La croisade des enfants, Le Livre de Monelle (André Gide s’en inspirera pour Les nourritures terrestres), Le Roi au masque d’or, Cœur double qui sont autant de récits étonnants à redécouvrir.
Il était également tout passionné par l’argot, la langue secrète des classes dangereuses, qu’il découvrit en étudiant aux archives nationales les manuscrits relatifs à la vie mystérieuse de François Villon dont il sera le premier biographe (réédition par les éditions Allia) Il écrira différents poèmes argotiques tel celui qui suit accompagné de son petit lexique :
« L’emballage
Le poupard était bon : la raille nous aggriffe,
Marons pour estourbir notre blot dans le sac.
Il fallait être mous tous deux comme une chiffe
Pour se laisser paumer sur un coup de fric-frac.
Nous sommes emballés sans gonzesse, sans riffe,
Où nous faisions chauffer notre dard et son crac
Chez le bistrot du coin, la sorgue, quand on briffe
En se palpant de près, la marmite et son mac.
Le Mazarot est noir : pas de rouges bastringues,
Ni de perroquets verts chez les vieils mannezingues :
Il faut être rupin, goupiner la mislocq.
Rouffer sans mettre ses abatis sur la table
Et ne pas jaspiner le jars devant un diable :
Nous en calancherons de turbiner le chocq. »
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
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Lexique :
Poupard : butin
Raille : police
Agriffer : saisir
Marron ou maron : être fait
Blot : objets destinés au receleur
Mou : dur
Paumer : attraper
Riffe : feu, revolver
Crac : cul
Sorgue : nuit
Briffer : manger
Mannezingue : bistrotier
Goupiner la mislocq: jouer la comédie
Jaspiner le jars : parler l’argot
Calancher : dormir
Turbiner le chocq : boire de l’eau
Sources :
Marcel Schwob : Œuvres, éd. Scientifique Sylvain Goulemare, Paris, Phébus, 2002, pp.844-845
Marcel Schwob : François Villon, Paris, Allia, 2008
Marcel Schwob : Etudes sur l’argot français, Paris, Allia, 1999
Sylvain Goulemare, Marcel Schwob ou les Vies imaginaires, Paris, Le Cherche-Midi, 2000
Il était également tout passionné par l’argot, la langue secrète des classes dangereuses, qu’il découvrit en étudiant aux archives nationales les manuscrits relatifs à la vie mystérieuse de François Villon dont il sera le premier biographe (réédition par les éditions Allia) Il écrira différents poèmes argotiques tel celui qui suit accompagné de son petit lexique :
« L’emballage
Le poupard était bon : la raille nous aggriffe,
Marons pour estourbir notre blot dans le sac.
Il fallait être mous tous deux comme une chiffe
Pour se laisser paumer sur un coup de fric-frac.
Nous sommes emballés sans gonzesse, sans riffe,
Où nous faisions chauffer notre dard et son crac
Chez le bistrot du coin, la sorgue, quand on briffe
En se palpant de près, la marmite et son mac.
Le Mazarot est noir : pas de rouges bastringues,
Ni de perroquets verts chez les vieils mannezingues :
Il faut être rupin, goupiner la mislocq.
Rouffer sans mettre ses abatis sur la table
Et ne pas jaspiner le jars devant un diable :
Nous en calancherons de turbiner le chocq. »
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
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Lexique :
Poupard : butin
Raille : police
Agriffer : saisir
Marron ou maron : être fait
Blot : objets destinés au receleur
Mou : dur
Paumer : attraper
Riffe : feu, revolver
Crac : cul
Sorgue : nuit
Briffer : manger
Mannezingue : bistrotier
Goupiner la mislocq: jouer la comédie
Jaspiner le jars : parler l’argot
Calancher : dormir
Turbiner le chocq : boire de l’eau
Sources :
Marcel Schwob : Œuvres, éd. Scientifique Sylvain Goulemare, Paris, Phébus, 2002, pp.844-845
Marcel Schwob : François Villon, Paris, Allia, 2008
Marcel Schwob : Etudes sur l’argot français, Paris, Allia, 1999
Sylvain Goulemare, Marcel Schwob ou les Vies imaginaires, Paris, Le Cherche-Midi, 2000
1 commentaire:
Bonjour Monsieur,
je voudrais vous demander quelque chose: Qu'est-ce que Mazarot signifie? J'ai rencontré ce mot dans un autre texte de Schwob, le conte Podêr qui est compris dans le recueil Coeur double. Je ne suis pas Français et je ne comprends pas tout. J'ai fait des recherches, mais je n'ai rien trouvé. Est-ce qu'il signifie par une sorte de métonymie la prison? Merci d'avance pour quelconque réponse.
Antoine A.
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