La création d’un parti politique est toujours un événement intéressant dans la vie de la cité et le NPA ex-LCR, n’y échappe évidemment pas !
Pourquoi la LCR s’est-elle sabordée au terme de 40 années d’existence ? Voulait-elle rompre avec sa politique d’agitateur qui refuse de programmer une conquête du pouvoir autrement que par une révolution ? Les adhérents en grand nombre, suite, au changement de nom, sont le signe très sérieux d’une envie d’action au sein d’une structure renouvelée. Qui sont-ils ? Des syndiqués de SUD à des socialistes en rupture de ban. Si certains membres de la LCR venaient de la bourgeoisie et avaient une culture générale et universitaire très étendue, les nouveaux adhérents entendent d’abord agir et se développer aux dépens, dans un premier temps, des conservations byzantines et d’interminables débats intellectuels.
Le climat est propice : un parti socialiste toujours en convalescence, un PC réduit comme une peau de chagrin, un MoDem encore sur la défensive ; en face, l’UMP offre apparemment de redoutables murailles telle une Bastille. Les Français grognent, s’énervent face à un pouvoir sarkozien de plus en plus autoritaire et peu à l’écoute des maux sociaux.
Le sénateur de l’Essonne, Jean-Luc Mélenchon, trotskiste tendance lambertiste, passé de l’OCI (Organisation Communiste Internationale) au PS dans la foulée du congrès d’Epinay et aujourd’hui, hors de la vue de la rue de Solferino, a fondé le Parti de Gauche. Il escompte un rassemblement général autour de sa plate-forme ! Bien évidemment, cette ambition heurte frontalement le NPA qui revendique une autonomie d’action totale. Ce choix ne lui interdit pas de s’allier lors d’une élection, municipale, régionale, à un candidat de gauche pour battre celui de la droite mais à la condition de recouvrer une liberté de vote dés l’élection faite.
Jean-Luc Mélenchon anticipe, peut-être, une implosion du PS. Il croit le moment venu d’associer le NPA qu’il pense aussi éloigné du trotskisme que la rue de Solferino l’est du socialisme. Là encore, c’est faire fi des nouveaux adhérents du NPA enclins à agir et à balayer, s’ils le peuvent, les autres partis de la gauche. De ce point de vue, l’action unitaire n’est pas encore à l’ordre du jour.
Philippe Cohen, patron de Vendredi, écrivait dans Marianne qu’Olivier Besancenot se situait entre « Che Guevara et Findus »¹ c’est-à-dire entre l’idéaliste et le bobo. La phrase est assassine. Elle sous-entend que le NPA ferait le lit de l’UMP, en prolongeant indéfiniment les crises successives parmi la gauche. Le parti de Besancenot garde une logique et une mémoire historique intactes, le parti socialiste reste dans une léthargie coupable. De temps en temps, il se réveille et pousse un coup de gueule à contre-emploi : si Martine Aubry n’a guère défendu Julien Dray, elle a su trouver les mots pour Bernard Kouchner…passé avec armes et bagages chez l’ennemi !
Dans le climat actuel où la défiance et la colère sourde se sont étendues à tout le territoire, le NPA peut catalyser des énergies voire bousculer ici et là : les nouveaux militants sont jeunes.
Nicolas Sarkozy se frotte les mains, en regardant le paysage dévasté de la gauche : Olivier Besancenot ne serait guère crédible pour la présidentielle avec ses formules sympathiques tout en étant très efficace dans le rôle du prédateur !
Besancenot serait-il le populiste de gauche? L’Elysée réfléchit justement à changer le nom de l’UMP : le populisme deviendrait-il tendance ?
Si le NPA accrédite bien que la classe politique française se débarrasse des oripeaux idéologiques dans la foulée de l’élection présidentielle de 2007, il conserve, néanmoins, une case Histoire à l’inverse de l’UMP subjuguée par son chef lui-même à des années lumières du gaullisme, les yeux rivés sur sa communication pour son propre destin.
Jean Vinatier
©SERIATIM 2009
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Source :
1-http://www.marianne2.fr/Besancenot-entre-Guevara-et-Findus_a174765.html
"Si vous ne lisez pas les journaux, vous n'êtes pas informés; si vous lisez les journaux, vous êtes mal informés" Mark Twain
lundi 9 février 2009
NPA = Nulle Part Autour ? N°395 - 2eme année
Libellés :
France partis politiques,
France politique intérieure
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