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dimanche 5 avril 2009

G20/OTAN : gueule de bois d’Angela et de Nicolas N°434 - 2eme année

Le duo plutôt que le couple franco-allemand n’a-t-il pas connu le désenchantement lors du sommet du G20 ? La question mérite d’être posée.
Le combat de coq mené par la Chancelière et le Président à l’encontre des paradis fiscaux et des pays du secret bancaire doit, sans doute pour Berlin, toute sa vigueur en raison des fortes fraudes fiscales d’Allemands dont la Suisse, le Liechtenstein et le Luxembourg sont les bénéficiaires. Le vitupérant Nicolas Sarkozy sur ce sujet laisse songeur au vu du grand nombre de grandes fortunes et de patrons qui forment son entourage. Les listes, noire, grise, des pays non coopératifs sont un chiffon de papier pour les opinions publiques alors que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Chine disent d’une seule voix : joker ! Londres n’est-elle pas la première place offshore au monde ?
Les paradis fiscaux et les pays du secret bancaire seraient-ils à l’origine de l’effondrement d’un modèle capitaliste ? Evidemment pas. Le G20 a bien promis de procéder à la mise en place d’une nouvelle régulation pour laquelle Paris et Berlin parlaient de concert : seront-ils gagnants ? Pour l’heure, c’est le mystère et sans doute tout le G20 médite
l’Epitaphe pour M. Law de 1720 :
« Ci-gît cet Ecossais célèbre,
Ce calculateur sans égal,
Qui par les règles de l’algèbre
A mis la France à l’hôpital. »

L’avalanche de milliers de milliards de dollars d’ici 2010 via le FMI indique bel et bien que le plan de relance plaidé par les Etats-Unis a rencontré un franc succès contrecarrant le discours des principaux leaders européens dont l’Allemagne et la France.
Quelles seront les conséquences ?
Le monde reviendrait-il à une division bipolaire : d’un côté les Etats-unis, de l’autre la Chine et derrière elle la Russie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Australie - ce qui ne signifie pas que tous les pays cités forment un bloc- ? Où sera l’Union Européenne ? L’importance accordée au FMI à la demande expresse du parti communiste chinois engendrera à court terme une redistribution des cartes au sein de cette institution. Que le FMI soit la première étape dans la création d’une autre monnaie de réserve internationale ou pas, il est évident que les puissances qui compteront seront celles qui disposeront d’une puissance, monétaire, économique et politique incontestable ! Quel sera le poids de l’euro dans le FMI et son futur dans l’Union européenne ? Actuellement, l’avenir de l’euro n’est guère positif. En effet, hormis la Chine et l’Inde nations à croissance forte, le reste du monde tirera la langue, l’Europe en particulier. Pourquoi l’Allemagne et la France ont-elles, d’abord, refusé de se faire les avocats d’un plan de relance d’une grande envergure ? Les gouvernements allemand et français ne se trouvent-ils pas en porte à faux par rapport à leurs autres engagements vis-à-vis des Etats-Unis, ainsi l’exemple de l’OTAN ? Comment peut-on être à la fois dans une politique d’effacement militaire en adhérant à une alliance sous le commandement décisif d’un officier général américain et refuser d’adhérer à un plan de relance économique américain ? Que peut penser le Président Obama d’une telle contradiction ? Pour lui, l’Europe s’étant placée sous la bannière étoilée, elle fait donc partie intégrante de sa force de frappe, économique, monétaire et militaire.
N’a-t-on pas sous les yeux la preuve terrible de l’inexistence européenne ?
Les dispositions rédigées par les membres du G20 soulignent que le monde à venir verrait deux blocs l’un Atlantique, l’autre Pacifique. Quid du rôle européen ? Nicolas Sarkozy a perdu deux fois : en offrant aux Américains le retour complet dans l’OTAN contre peu, en s’inclinant devant la Chine à propos du Tibet :
« dans le respect du principe de non-ingérence, la France récuse tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit. »
La politique française menée, sans tenir compte des événements cruciaux, enlève à l’ensemble de l’Europe le peu de crédibilité qui lui restait. Désormais, notre continent n’est plus du tout regardé : ni par les Russes, ni par les Chinois, ni par les Indiens, ni par les Américains. La durée de la récession économique dans les 27 pays aura des conséquences sociales et politiques très dures, très violentes. Les extrêmes de gauche et de droite vont véritablement exploser. Les institutions européennes se montreront obsolètes et négatives auprès des populations, les partis politiques traditionnels ainsi que les syndicats seront démunis et même délégitimés par les citoyens. Tout ce qui restera aux pouvoirs en place sera de policiariser leur régime respectif et de criminaliser les citoyens.
La Chancelière et le Président français sont les grands perdants de ce G20 alors que la Chine et les Etats-Unis mettent dans la balance toute leur puissance respective pour assumer leur rang. Le communiqué du G20 n’annonce pas un avenir radieux puisque nous entrons dans le secouement du monde mais il pose très clairement les rapports de force qui seront indispensables pour garder une identité dans les décennies suivantes.
Que deviendrons-nous ?

Jean Vinatier

©SERIATIM 2009

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Note :


« La citation ci-dessous est extraite du livre de Michel Tauriac, Vivre avec de Gaulle, Les derniers témoins racontent l’homme, Plon, 2008. Le témoignage est celui de Jean Charbonnel, alors secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Edgar Faure étant devenu ministre de l’Agriculture dans ce gouvernement du Premier ministre Georges Pompidou, le premier du second mandat (décembre 1965) du général de Gaulle à la présidence de la République.


« Le Conseil des ministres se termine. On vient d’expédier les affaires courantes. C’est alors que le Général nous fait part de sa proposition de quitter l’OTAN, après avoir, précise-t-il, examiné le problème non seulement avec le Premier ministre qui est en face de lui, mais avec le ministres des Armées et le ministre des affaires étrangères. (Une décision qui deviendra effective le 10 mars.) Et d’élever ensuite la réflexion au niveau de l’indépendance nationale qu’il faut affirmer sans se lasser, de la paix dans le monde, dont notre force de dissuasion, désormais confortée, doit être une des garanties. Puis de conclure : “Si vous acceptez, vous pourrez avoir la fierté d’avoir assuré la paix pour vos enfants. Il ne s’agit pas de quitter l’Alliance atlantique. Les Américains sont et restent alliés. Je l’ai montré quand il le fallait. Mais on ne peut pas être des sujets. Donc je vous propose cette décision.” Et il ajoute: “Bien entendu, elle est grave. Elle peut mettre un certain nombre de choses en cause pour vous. Ceux qui ne l’acceptent pas peuvent tout à fait démissionner du gouvernement.” Silence de mort. Alors, on voit une main qui se lève. A côté de moi, mon Missoffe me glisse: “Ca y est, Edgar s’en va.” Le ministre de l’Agriculture prend la parole: “Monsieur le président de la République [Edgar Faure est le seul à s’obstiner à ne pas l’appeler “mon général”], Je tenais à vous remercier de la décision que vous nous proposez, à laquelle j’adhère totalement parce que, vous le savez, président du Conseil de la IVe République — si mes collègues Guy Mollet ou Pierre Pflimlin étaient présents, ils pourraient le dire également —, nous avons été humiliés par les Américains. Vous nous avez rendu notre dignité.” Pour une fois, Edgar ne l’a pas agacé.»¹

Source :

1-
http://www.dedefensa.org/article-pour_cause_de_dignite_03_04_2009.html

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