Les discours presque philippiques de Barack Obama devant le Congrès contre Wall Street ne masquent pas son immobilisme.
Hier, à la Sorbonne le professeur Joseph Stiglitz a remis le rapport que lui avait commandé Nicolas Sarkozy : son constat est accablant, c’est pire qu’avant la chute de Lehman Brothers ( « The problems are worse than they were in 2007 before the crisis »!) Il note, aussi, la quasi-paralysie des hommes politiques devant les banquiers. Il feint de croire que les membres du G20 sauront pousser les Etats-Unis à plus d’action…Le prix Nobel ne pouvait pas être plus pessimiste !
L’ex-président de la FED, Alan Greespan (guère innocent) abonde également: « Toutes les crises financières sont différentes, mais elles ont une seule et même origine qui est le penchant intarissable des êtres humains à espérer que les périodes de prospérité se poursuivront à l'infini…[….] Si l'on ne trouve pas le moyen de la modifier, on aura de nouvelles crises, toutes différentes les unes des autres, car il n'y a pas deux crises qui aient quelque chose en commun, sinon la nature humaine qui en est à l'origine »¹
A regarder l’activité bancaire, on est saisi par le surréalisme régnant. Les banques ne pensent plus qu’à une chose titriser. Titriser, les contrats d’assurances vies, les dettes des Etats (ceux-là mêmes qui leur ont fourni la masse monétaire !) Les traders montent au créneau avec impudence pour rejeter a priori toute directive trop contraignante.
La banque JP Morgan n’estime-t-elle pas qu’en 2011 ces derniers, américains et européens, recevront 77 milliards de bonus ?
Leurs PDG vont plus loin en affirmant qu’un contrôle trop attentif de l’Etat sur « leur part sombre » déclencherait une catastrophe bien plus puissante qu’en 2008.²
Est-ce pour cela que le Congrès américain bloque la réforme du système financier ?
Discrètement les banques centrales et les gouvernements étendent jusqu’à 2010/2012 leurs aides financières. Les brèches ne sont donc pas colmatées ?
Effectivement, la vulnérabilité des banques n’est pas une hypothèse d’école : les prêts hypothécaires commerciaux (subprime) sont un virus mortel toujours actif comme le titre Paul Jorion dans Le Monde de l’Economie du 15 septembre. L’immobilier commercial étant le second.³
Corus Bank (surface financière 14 milliards de $) est la 91e banque américaine à faire faillite depuis janvier 2009. Philippe Béchade estime que pas moins de 400 autres banques « auraient écopé d'une dose de radioactivité mortelle sous forme d'un excès d'exposition aux CDO, MBS et autres CDS. »²
L’économie, rapporte-t-on de tous côtés donnent des signes encourageants. Est-ce si vrai que cela ? Les consommateurs ne consomment plus ou dans une proportion moindre. Ainsi aux Etats-Unis, l’épargne et le désendettement sont-ils primordiaux. Idem dans l’Union européenne. La Chine ? Le pouvoir d’achat d’un Chinois est encore très éloigné de celui du « monde Atlantique ». Pékin affirme, néanmoins, un taux de croissance élevé : d’où viennent les chiffres ? Sont-ils avérés ? En réalité, nous nous trouvons face à une communication intense, puissance qui intoxique afin de maintenir autant qu’il le faudra le système. Combien de temps tiendra le principe que la bourse initie la croissance par sa seule hausse ?
L’absence de lien entre la Finance et le monde réel ne porte-t-elle pas en germe une catastrophe ou à tout le moins un nouveau drame ? La Finance peut-elle vraiment s’en sortir quand la crise économico-sociale n’est point résolue ? Compte-t-elle sur les Etats pour assurer ses arrières ? Si les Etats en matière de monnaie ont tous les droits, encore faudrait-il que le billet garde une valeur….
Les bourses via les banques et les établissements financiers sont entre les mains d’un nombre plus réduits qu’avant 2008. Ne s’illusionnent-elles pas de croire qu’elles fonctionneront ainsi hors l’économie ?
«A partir de ce constat, insiste Philippe Béchade, il apparaît un peu vain d'accabler les régulateurs pour leur aveuglement ou leur incompétence passée. C'est le législateur américain, sous la pression des lobbies et avec l'aval de la Fed, qui a mis en place un système qui échappe au système.
Pourquoi s'étonner de voir aujourd'hui les cours de bourse échapper à l'attraction terrestre ?
Le lien entre la finance et le monde réel est coupé... et de zélés conseillers s'empressent, en cette veille de G20, d'avertir que tenter de le rétablir serait pire que tout. »²
Plus le sommet du G20 à Pittsburgh se rapproche, plus le ciel s’assombrit. Mais, tout ce monde financier danse, jongle avec des dizaines de milliers de milliards de dollars, les yeux rivés, qui sait, sur l’exposition universelle de Shanghai en mai prochain.
Les Etats-Unis sont obligés de réduire leur présence militaire au Japon, de cacher comme ils peuvent le fiasco afghan, le bourbier irakien et le gouffre financier qui va de pair : ces faits devraient quand même alerter un peu… « Rien ne garantit la paix et la prospérité » dixit Daniel Cohen !4
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2009
Tous droits réservés
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Sources :
1- http://fr.rian.ru/world/20090909/123040526.html
2-« Comment réguler un marché qui n'est même pas un marché ? »
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20090915-2109.html
3- In Le Monde de l’Economie, 15 septembre 2009, p.7
4- In La Tribune, 4 septembre 2009, p.20
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzegovine, Brésil, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guinée, Haïti, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine , République Dominicaine, Russie, Sénégal, Serbie, Somalie, Suisse, Thaïlande,Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yemen
Hier, à la Sorbonne le professeur Joseph Stiglitz a remis le rapport que lui avait commandé Nicolas Sarkozy : son constat est accablant, c’est pire qu’avant la chute de Lehman Brothers ( « The problems are worse than they were in 2007 before the crisis »!) Il note, aussi, la quasi-paralysie des hommes politiques devant les banquiers. Il feint de croire que les membres du G20 sauront pousser les Etats-Unis à plus d’action…Le prix Nobel ne pouvait pas être plus pessimiste !
L’ex-président de la FED, Alan Greespan (guère innocent) abonde également: « Toutes les crises financières sont différentes, mais elles ont une seule et même origine qui est le penchant intarissable des êtres humains à espérer que les périodes de prospérité se poursuivront à l'infini…[….] Si l'on ne trouve pas le moyen de la modifier, on aura de nouvelles crises, toutes différentes les unes des autres, car il n'y a pas deux crises qui aient quelque chose en commun, sinon la nature humaine qui en est à l'origine »¹
A regarder l’activité bancaire, on est saisi par le surréalisme régnant. Les banques ne pensent plus qu’à une chose titriser. Titriser, les contrats d’assurances vies, les dettes des Etats (ceux-là mêmes qui leur ont fourni la masse monétaire !) Les traders montent au créneau avec impudence pour rejeter a priori toute directive trop contraignante.
La banque JP Morgan n’estime-t-elle pas qu’en 2011 ces derniers, américains et européens, recevront 77 milliards de bonus ?
Leurs PDG vont plus loin en affirmant qu’un contrôle trop attentif de l’Etat sur « leur part sombre » déclencherait une catastrophe bien plus puissante qu’en 2008.²
Est-ce pour cela que le Congrès américain bloque la réforme du système financier ?
Discrètement les banques centrales et les gouvernements étendent jusqu’à 2010/2012 leurs aides financières. Les brèches ne sont donc pas colmatées ?
Effectivement, la vulnérabilité des banques n’est pas une hypothèse d’école : les prêts hypothécaires commerciaux (subprime) sont un virus mortel toujours actif comme le titre Paul Jorion dans Le Monde de l’Economie du 15 septembre. L’immobilier commercial étant le second.³
Corus Bank (surface financière 14 milliards de $) est la 91e banque américaine à faire faillite depuis janvier 2009. Philippe Béchade estime que pas moins de 400 autres banques « auraient écopé d'une dose de radioactivité mortelle sous forme d'un excès d'exposition aux CDO, MBS et autres CDS. »²
L’économie, rapporte-t-on de tous côtés donnent des signes encourageants. Est-ce si vrai que cela ? Les consommateurs ne consomment plus ou dans une proportion moindre. Ainsi aux Etats-Unis, l’épargne et le désendettement sont-ils primordiaux. Idem dans l’Union européenne. La Chine ? Le pouvoir d’achat d’un Chinois est encore très éloigné de celui du « monde Atlantique ». Pékin affirme, néanmoins, un taux de croissance élevé : d’où viennent les chiffres ? Sont-ils avérés ? En réalité, nous nous trouvons face à une communication intense, puissance qui intoxique afin de maintenir autant qu’il le faudra le système. Combien de temps tiendra le principe que la bourse initie la croissance par sa seule hausse ?
L’absence de lien entre la Finance et le monde réel ne porte-t-elle pas en germe une catastrophe ou à tout le moins un nouveau drame ? La Finance peut-elle vraiment s’en sortir quand la crise économico-sociale n’est point résolue ? Compte-t-elle sur les Etats pour assurer ses arrières ? Si les Etats en matière de monnaie ont tous les droits, encore faudrait-il que le billet garde une valeur….
Les bourses via les banques et les établissements financiers sont entre les mains d’un nombre plus réduits qu’avant 2008. Ne s’illusionnent-elles pas de croire qu’elles fonctionneront ainsi hors l’économie ?
«A partir de ce constat, insiste Philippe Béchade, il apparaît un peu vain d'accabler les régulateurs pour leur aveuglement ou leur incompétence passée. C'est le législateur américain, sous la pression des lobbies et avec l'aval de la Fed, qui a mis en place un système qui échappe au système.
Pourquoi s'étonner de voir aujourd'hui les cours de bourse échapper à l'attraction terrestre ?
Le lien entre la finance et le monde réel est coupé... et de zélés conseillers s'empressent, en cette veille de G20, d'avertir que tenter de le rétablir serait pire que tout. »²
Plus le sommet du G20 à Pittsburgh se rapproche, plus le ciel s’assombrit. Mais, tout ce monde financier danse, jongle avec des dizaines de milliers de milliards de dollars, les yeux rivés, qui sait, sur l’exposition universelle de Shanghai en mai prochain.
Les Etats-Unis sont obligés de réduire leur présence militaire au Japon, de cacher comme ils peuvent le fiasco afghan, le bourbier irakien et le gouffre financier qui va de pair : ces faits devraient quand même alerter un peu… « Rien ne garantit la paix et la prospérité » dixit Daniel Cohen !4
Jean Vinatier
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Sources :
1- http://fr.rian.ru/world/20090909/123040526.html
2-« Comment réguler un marché qui n'est même pas un marché ? »
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20090915-2109.html
3- In Le Monde de l’Economie, 15 septembre 2009, p.7
4- In La Tribune, 4 septembre 2009, p.20
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzegovine, Brésil, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guinée, Haïti, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine , République Dominicaine, Russie, Sénégal, Serbie, Somalie, Suisse, Thaïlande,Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yemen
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