Le Président de la République accueillera-t-il Albert Camus au Panthéon ? L’idée, à peine lancée, suscite les remous et les divisions. Les critiques ne concernent pas Albert Camus, Prix Nobel de Littérature dont nul ne conteste le talent et les combats qu’il mena tout au long de sa courte vie mais les motivations de Nicolas Sarkozy.
C’est, je crois, une première en France de voir un Chef d’Etat auquel il serait dénié la capacité à proposer tel ou tel homme ou femme illustre pour entrer au Panthéon. Le futur marquis de Pastoret et Président de la Chambre des Pairs donnait, à la tribune de l’assemblée constituante en 1791 une définition fort simple du monument :
«…..Que le temple de la religion devienne le temple de la patrie, que la tombe d'un grand homme devienne l'autel de la liberté »
Avec une telle maxime, tout Chef d’Etat, dés lors qu’il se conforme à la Constitution en vigueur n’est-il pas capable d’avancer un nom puis d’avoir l’accord de la famille ? La République ne contesta pas les refus des familles de Charles Péguy et de Romain Rolland.
Jean Camus, à la différence de sa sœur plus hésitante, refuse le transfert parce qu’il craint une récupération politique : Mais la panthéonisation ne l’est-elle pas ?
Dans les années 1780, Louis XVI et ses ministres réfléchirent à citer en exemple les hommes les plus fameux de l’histoire de France, inaugurant ainsi, le culte des grands hommes ; démarche d’abord reprise lors de la création du Panthéon avant que la IIIe République ne lui confère une place centrale afin de fonder sa mythologie et son culte.
Le Panthéon est à bien des égards une nécropole où l’esprit des meilleurs, protégeraient la nation contre tous les malheurs telle la châsse de Sainte-Geneviève assurant la protection de Paris.
Le problème n’est pas de juger la capacité de Nicolas Sarkozy à appeler Albert Camus dans le temple républicain sous prétexte qu’il voudrait séduire les pieds-noirs à la veille des régionales, jouer un vilain tour à la gauche et s’ennoblir par ce geste mais de savoir si la nation est encore en mesure de comprendre l’importance de cette cérémonie?
Si les plus opposés à ce transfert appréhendent que Nicolas Sarkozy s’approprie la dépouille d’Albert Camus, qu’ils soient rassurés : Cet auteur humaniste gardera toute sa dimension, son œuvre est son testament, sa force, le Chef de l’Etat n’y peut rien ! Dans le même ordre affirmer qu’Albert Camus refusait les honneurs est inexact : n’a-t-il pas accepté le Prix Nobel de la Paix et sa remise, selon l’usage, par le roi de Suède, Gustave VI Adolphe en 1957 ? Qui a douté de la qualité intellectuelle du souverain ? Personne.
En panthéonisant Albert Camus, Nicolas Sarkozy s’oblige, à moins de tout fausser, de mentir, à tracer le portrait d’un homme et de sa philosophie, quitte à apparaître en héros absurde, personnage si présent dans les écrits du nobélisé. Le Chef de l’Etat en tirerait une vanité ? Laissons-là-lui !
Dans cet instant, c’est à la grandeur de la France qu’il faut penser pas à autre chose : Haussons-nous ! L’identité nationale étant sur toutes les lèvres, les Français feraient bien de relire notamment, ses articles parus dans Combat dont l’extrait ci-dessous, de sortir de leur avachissement et ce qu’Albert Camus entre ou pas au Panthéon:
« Il est possible, en tout cas, de répondre une nouvelle fois, et pour finir, à l’accusation d’utopie. Car, pour nous, la chose est simple : ce sera l’utopie ou la guerre, telle que nous la préparent des méthodes de pensées périmées. Le monde a le choix aujourd’hui entre la pensée politique anachronique et la pensée utopique. La pensée anachronique est en train de nous tuer. Si méfiants que nous soyons (et que je sois), l’esprit de réalité nous force donc à revenir à cette utopie collective. Quand elle sera rentrée dans l’Histoire, comme beaucoup d’autres utopies du même genre, les hommes n’imagineront plus d’autre réalité. Tant il est vrai que l’Histoire n’est que l’effort désespéré des hommes pour donner corps aux plus clairvoyants de leurs rêves. »¹
Jean Vinatier
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In Seriatim :
1-http://www.seriatimonline.com/2009/09/albert-camus-democratie-et-dictature.html
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C’est, je crois, une première en France de voir un Chef d’Etat auquel il serait dénié la capacité à proposer tel ou tel homme ou femme illustre pour entrer au Panthéon. Le futur marquis de Pastoret et Président de la Chambre des Pairs donnait, à la tribune de l’assemblée constituante en 1791 une définition fort simple du monument :
«…..Que le temple de la religion devienne le temple de la patrie, que la tombe d'un grand homme devienne l'autel de la liberté »
Avec une telle maxime, tout Chef d’Etat, dés lors qu’il se conforme à la Constitution en vigueur n’est-il pas capable d’avancer un nom puis d’avoir l’accord de la famille ? La République ne contesta pas les refus des familles de Charles Péguy et de Romain Rolland.
Jean Camus, à la différence de sa sœur plus hésitante, refuse le transfert parce qu’il craint une récupération politique : Mais la panthéonisation ne l’est-elle pas ?
Dans les années 1780, Louis XVI et ses ministres réfléchirent à citer en exemple les hommes les plus fameux de l’histoire de France, inaugurant ainsi, le culte des grands hommes ; démarche d’abord reprise lors de la création du Panthéon avant que la IIIe République ne lui confère une place centrale afin de fonder sa mythologie et son culte.
Le Panthéon est à bien des égards une nécropole où l’esprit des meilleurs, protégeraient la nation contre tous les malheurs telle la châsse de Sainte-Geneviève assurant la protection de Paris.
Le problème n’est pas de juger la capacité de Nicolas Sarkozy à appeler Albert Camus dans le temple républicain sous prétexte qu’il voudrait séduire les pieds-noirs à la veille des régionales, jouer un vilain tour à la gauche et s’ennoblir par ce geste mais de savoir si la nation est encore en mesure de comprendre l’importance de cette cérémonie?
Si les plus opposés à ce transfert appréhendent que Nicolas Sarkozy s’approprie la dépouille d’Albert Camus, qu’ils soient rassurés : Cet auteur humaniste gardera toute sa dimension, son œuvre est son testament, sa force, le Chef de l’Etat n’y peut rien ! Dans le même ordre affirmer qu’Albert Camus refusait les honneurs est inexact : n’a-t-il pas accepté le Prix Nobel de la Paix et sa remise, selon l’usage, par le roi de Suède, Gustave VI Adolphe en 1957 ? Qui a douté de la qualité intellectuelle du souverain ? Personne.
En panthéonisant Albert Camus, Nicolas Sarkozy s’oblige, à moins de tout fausser, de mentir, à tracer le portrait d’un homme et de sa philosophie, quitte à apparaître en héros absurde, personnage si présent dans les écrits du nobélisé. Le Chef de l’Etat en tirerait une vanité ? Laissons-là-lui !
Dans cet instant, c’est à la grandeur de la France qu’il faut penser pas à autre chose : Haussons-nous ! L’identité nationale étant sur toutes les lèvres, les Français feraient bien de relire notamment, ses articles parus dans Combat dont l’extrait ci-dessous, de sortir de leur avachissement et ce qu’Albert Camus entre ou pas au Panthéon:
« Il est possible, en tout cas, de répondre une nouvelle fois, et pour finir, à l’accusation d’utopie. Car, pour nous, la chose est simple : ce sera l’utopie ou la guerre, telle que nous la préparent des méthodes de pensées périmées. Le monde a le choix aujourd’hui entre la pensée politique anachronique et la pensée utopique. La pensée anachronique est en train de nous tuer. Si méfiants que nous soyons (et que je sois), l’esprit de réalité nous force donc à revenir à cette utopie collective. Quand elle sera rentrée dans l’Histoire, comme beaucoup d’autres utopies du même genre, les hommes n’imagineront plus d’autre réalité. Tant il est vrai que l’Histoire n’est que l’effort désespéré des hommes pour donner corps aux plus clairvoyants de leurs rêves. »¹
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1-http://www.seriatimonline.com/2009/09/albert-camus-democratie-et-dictature.html
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