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jeudi 31 décembre 2009

2009 : France : identité nationale contre le musée de l’histoire de France ? –N°605-3e année

Nicolas Sarkozy a posé lui-même les bornes : d’une part, il annonce la création d’un musée de l’histoire de France, d’autre part, il promeut le débat sur l’identité nationale. Entre les deux, la communication. Nous sommes au cœur du sarkozysme et le tort serait de ne pas rester vigilant et réactif.
D’un côté, la vie nationale se figerait au travers d’un espace muséal, de l’autre, les Français se diviseraient en débattant de l’identité nationale. Nicolas Sarkozy, contrairement à ce qui se répète sait ce qu’il entreprend. L’homme élu au suffrage universel ne veut être embarrassé par rien ; ni par un passé qu’il estime poussiéreux et sur lequel il n’a pas d’emprise, ni par un avenir auquel il n’aurait pas fixé le cadre de contrôle.
Son programme politique n’a pas subi de contraintes majeures, les réformes passent pour la plupart même si elles sont bâclées et bancales. Le Parlement qui devait offrir, selon le Chef de l’Etat, un réel contre-pouvoir est une chambre d’enregistrement. Les syndicats tenus par la publication de leurs comptes en 2010 font la mine basse. Les partis politiques ne le gênent plus et les quelques personnalités de droite qui le critiquent sont mises au coin avec un bonnet d’âne ! Plus de contrepouvoirs ? Si, Internet et l’Etat.
Internet demeure le seul espace d’expression et de recherche libre quoiqu’il soit de plus en plus sous surveillance. On a vu comment Internet, et non la presse, a contraint Nicolas Sarkozy de renoncer à placer son fils cadet, Jean, à la tête de l’EPAD. Les Français manifestent plus devant leur écran que dans la rue : en buzzant, ils ne risquent pas de recevoir du gaz lacrymogène ! Il n’y a plus que les paysans et les ouvriers pour oser la rue !
L’Etat s’interpose via les grands corps : la Cour des comptes, le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel ; les préfets qui se sont rebellés ont obtenu, oralement, le droit de constituer un club c’est-à-dire un syndicat de fait. C’est la surprise de cette année 2009. Est-ce étonnant ? La Cour des comptes et le Conseil Constitutionnel ne sont-ils pas présidés par les gaullo-chiraquiens, Philippe Seguin, Jean-Louis Debré ? Ces deux hommes sont désormais dans le viseur présidentiel.
Nous voyons bien s’installer un pouvoir sarkozien ultra-centralisé tissant sa toile d’araignée sur l’ensemble des Français. En regardant attentivement toutes les réformes passées nous nous apercevons que sous-couvert, de modernité, elles oeuvrent à abattre tout référent collectif aux dépens de l’individu isolé bien incapable de se défendre. L’éducation est par conséquent un domaine de prédilection pour l’Elysée : la fin de l’enseignement obligatoire de l’histoire en Terminale S n’est pas anodine. Ce choix préfigure l’abandon progressif de tout savoir général au profit de la spécialité. Richard Descoings, le patron de Sciences-Po et grand inspirateur de cette décision, ne qualifie-t-il pas son école d’«
entreprise de services d’éducation » ?
Le contexte économique et social entre dans une phase difficile qui grandira, malheureusement alors que le pouvoir sarkozien ne se gêne pas pour conforter les plus privilégiés des Français en garantissant le bouclier fiscal tandis qu’il pénalise les salariés (fiscalisation des journées d’arrêt, non-relèvement du SMIC) et les classes moyennes.
C’est dans ce contexte agité, troublé où de plus en plus de Français ne discernent plus l’important du détail qu’entre sur scène l’identité nationale. Pourquoi introduire cette question ? Que recherche Nicolas Sarkozy ? Le Chef de l’Etat ne varie pas d’un iota, il veut briser dans l’œuf toute contestation qui pourrait se raccrocher à l’Histoire. De la nation, ne voudrait-il pas en faire une conjugaison de communautés ? On croît que la question des minarets ou de la burqa le contrarie ? C’est tout le contraire, tout ferment de division entre dans son jeu de déconstruction. Ecrivons-le, Nicolas Sarkozy veut dénationaliser la nation au profit d’un ensemble de communautés qui renforceront son autoritarisme.
Si l’on va plus loin, n’approcherions-nous pas de la fin de la démocratie ? Emmanuel Todd et Daniel Bensaïd dans leurs derniers ouvrages («
Après la démocratie, Démocratie dans quel état ? ») le suggèrent en parlant de l’ère post-démocratique !
L’identité nationale et le projet de musée de l’histoire de France se relient. Le sarkozysme ne se renie pas, il progresse à grands pas persuadé que le mandat électif le protége de toute insurrection.
L’année 2009 a donc vu l’accélération d’un processus de pouvoir personnel désormais proche de celui du pouvoir exorbitant. Comment croire que la démocratie gardera ses vertus quand elle ne sera plus qu’un instrument de théâtre ?
Nicolas Sarkozy est-il pour autant un esprit libre ? Eh bien non ! Il ressent la très forte nécessité de se placer sous une aile protectrice, ici, celle américaine ! N’a-t-il pas remis la France sous conduite otanienne ? Ne va-t-il pas envoyer des soldats supplémentaires en Afghanistan ?
Les Français ne sont-ils pas amenés , malgré eux, à un carrefour ? Soit ils se réjouissent d’avoir un musée de leur histoire (donc ce qui est passé) soit ils se plaisent à se disputer entre eux par identité nationale interposée soit, ils décident de se lever pour continuer en toute indépendance leur histoire et donc d’être identitairement Français.


Jean Vinatier
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1 commentaire:

Bertrand a dit…

Bravo pour cet article.
Je vous rejoint sur tous les points.
Démonstration brillante. Rien à rajouter.

"Ecrivons-le, Nicolas Sarkozy veut dénationaliser la nation au profit d’un ensemble de communautés qui renforceront son autoritarisme."

Tout est dit.
Merci, M. Vinatier.

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