Difficile exercice que celui de se livrer en quelques lignes à un panorama politique général du monde, nécessairement partiel et artificiel, mais, force est de constater que l’année finissante a été la source d’une accélération de l’Histoire. A cet égard, le sommet de Copenhague a acté la fin de la toute puissance Atlantique : souvenons-nous de quelle façon Barack Obama a été snobé par les puissances émergentes ; n’oublions pas le cafouillis sarkozien et l’impudence de Gordon Brown. A côté la chancelière Angela Merkel, passe pour une sage pragmatique !!!
Que dire face à ce « secouement du monde » comme l’exprimait Vergennes au soir de l’Indépendance américaine ? Tous les regards se portent en direction de l’Est et du Sud. On guette le moindre battement d’aile. On s’inquiète du risque inflationniste de l’économie indienne, s’en souciait-on, il y a deux ans ? La Chine a annoncé, presque discrètement, au détour d’une phrase, qu’elle restreindrait l’exportation de terres rares dont le lithium. La mise en valeur de la Sibérie puis de l’Arctique par plusieurs puissances asiatiques indique puissamment que le sens du monde capitaliste changera d’orientation. L’Asie centrale où le Kazakhstan entend jouer le rôle d’Etat relais pour tous les oléoducs et gazoducs avec en bout de piste la Turquie, nation située à un point névralgique pour l’Union européenne ; l’Asie du Sud n’est pas en reste pour affirmer son poids : elle forme une longue ligne qui assure, notamment, une voie navale primordiale pour les échanges. L’Arabie péninsulaire, elle aussi d’Asie, travaille à une communauté autant marchande que monétaire : la signature par les Emirats arabes unis d’une construction de plusieurs centrales nucléaires avec la Corée plutôt qu’avec la France souligne aussi que ce choix est autant politique qu’économique.
C’est cette Asie motrice qui débarque sur le continent africain, bouleversant sur son passage l’économie par de vastes investissements. N’omettons pas de rappeler que l’année 2010 sera celle du cinquantième anniversaire de l’indépendance de bien des Etats africains : commenceront-ils une nouvelle histoire ?
De l’autre côté, les Amériques ! Le Brésil se dégage résolument, tel un navire amiral, des Etats hispanophones sans que ceux-ci restent les bras ballants. Il y a sur ce continent une activité de ruches et dans le même temps s’avance du Paraguay à la frontière américano-mexicaine la question indienne dont le poids grandira dans les années à venir : regardons la révolution bolivienne en cours où Eva Morales entend bien disposer d’un trésor appelé lithium. Sur le plan politique, l’union se bâtit lentement mais sûrement, la victoire d’un milliardaire au Chili ne changera pas énormément la donne, l’opposition gardant la majorité au Parlement. Le point de confrontation avec les Etats-Unis, en plus de la construction de la gigantesque base de Palenquero en Colombie, sera la zone Caraïbe où Cuba, très liée à des pays sud-américains et d’Amérique centrale aura un rôle important. Détail qui compliquera la normalisation entre La Havane et Washington.
En remontant vers le Nord, l’Amérique centrale reste un espace géostratégique important comme nous le voyons avec les conjurations honduriennes qui ont abouti à la destitution du Président légitime : on y retrouve pêle-mêle des extrémistes locaux, des sous-agences de la CIA et du Pentagone qui oeuvrent, sans doute, pour des oligarchies étasuniennes opposées à l’actuel Président des USA.
Les Etats-Unis, justement, toujours désireux de réunir sous un seul sceptre Rome et Jérusalem, le temporel et le spirituel, entourés des rois mages financiers. La première année du mandat de Barack Obama est une désillusion complète pour celles et ceux qui ont cru à une action politique forte, à une audace. Barack Obama, pas encore sorti du débat sur le système de la réforme de santé, est devant les gouffres : à l’intérieur, la situation économique et sociale est catastrophique, plus de 25 Etats devraient être en quasi-banqueroute en 2010 ; à l’extérieur, l’envoi de renforts en Afghanistan résonne comme une fuite en avant désespérée dans une guerre perdue d’avance. C’est un Président qui n’en n’impose pas et qui craint par-dessus, que le premier Président noir soit celui du déclin américain ! Est-ce pour cela qu’il se soumet de bonne grâce aux lobbies de Wall Street, de la FED, du complexe militaro-industriel ?Quoi qu’il en soit, il n’ignore pas, à moins de s’aveugler, que les Etats-Unis prennent, qui sait le chemin d’une seconde révolution, dont le mouvement Tea party pourrait être l’avant-garde.
Enfin, voici l’Union européenne (France voir le Seriatim suivant n°605), un caravansérail hagard ! Le grand perdant de cette année est, à n’en pas douter, hélas, notre continent qui se retrouve coincé entre le marteau et l’enclume. La ratification en catimini, quasiment honteuse du traité de Lisbonne réalisé dans le mépris des peuples rétifs, a quelque chose de crépusculaire. Voilà un rassemblement de 27 Etats sans liens ni solidarités internes, qui réfutent tout ce qui pourrait les consolider, en premier lieu de devenir une puissance politique c’est-à-dire, notamment, militairement indépendante de l’OTAN. Nos dirigeants oseraient-ils nous faire sortir de l’histoire de nos pays pour nous en imposer une autre dans laquelle nous ne nous reconnaîtrions pas ?
En tout cas, l’Europe, outre qu’elle sera dépassée à court terme, industriellement, scientifiquement, technologiquement par l’Asie, doute, également, de la démocratie : ne réussit-t-elle pas l’exploit de la promouvoir urbi et orbi et de l’amoindrir en son sein ?
Les peuples justement ne sont-ils pas les grands absents de ce « secouement du monde » ? Sur tous les continents ils souffrent et sont malmenés à coups de répressions sanglantes, de matraques et de fichiers qui métastasent. Il est bien beau de plancher sur le réchauffement climatique quand on bafoue autant les hommes, que l’on maintient sur eux une chape de plomb. Paul Valéry nous incitait dans les années 20 à réfléchir au début de l’histoire du monde fini et après lui d’autres auteurs comme Orwell, Huxley et leurs successeurs. Au vu des événements, les incitations n’ont pas été retenues. L’absence d’une philosophie commune permet à tous les coqs de village d’imprimer leurs lois à notre détriment.
La fragilité planétaire est aujourd’hui flagrante, angoissante. Nous n’avons plus de force structurante, socialisante. La mise en orbite des spécialistes, des techniciens annonce des duretés sociales terribles : c’est le fait même de penser, de critiquer, de raisonner qui est menacé.
2009 a été le « secouement du monde » : tous les ébranlements qu’il a engendré modifieront de fond en comble la planète. Les connections entre les groupes industriels et financiers et les mercenaires ou sociétés privés de guerre toujours plus nombreux, contribueront aux drames. Si les Etats-Unis et l’Union européenne se rapetissent, les autres puissances émergentes sont, elles aussi, fragiles (Inde, Chine). Avant que le monde ne retrouve un certain équilibre, nous passerons par une longue période agitée, tourmentée. Le début du périple va commencer.
Jean Vinatier
Copyright© SERIATIM 2009
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Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzegovine, Brésil, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine , République Dominicaine, Russie, Rwanda, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Thaïlande,Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen
Que dire face à ce « secouement du monde » comme l’exprimait Vergennes au soir de l’Indépendance américaine ? Tous les regards se portent en direction de l’Est et du Sud. On guette le moindre battement d’aile. On s’inquiète du risque inflationniste de l’économie indienne, s’en souciait-on, il y a deux ans ? La Chine a annoncé, presque discrètement, au détour d’une phrase, qu’elle restreindrait l’exportation de terres rares dont le lithium. La mise en valeur de la Sibérie puis de l’Arctique par plusieurs puissances asiatiques indique puissamment que le sens du monde capitaliste changera d’orientation. L’Asie centrale où le Kazakhstan entend jouer le rôle d’Etat relais pour tous les oléoducs et gazoducs avec en bout de piste la Turquie, nation située à un point névralgique pour l’Union européenne ; l’Asie du Sud n’est pas en reste pour affirmer son poids : elle forme une longue ligne qui assure, notamment, une voie navale primordiale pour les échanges. L’Arabie péninsulaire, elle aussi d’Asie, travaille à une communauté autant marchande que monétaire : la signature par les Emirats arabes unis d’une construction de plusieurs centrales nucléaires avec la Corée plutôt qu’avec la France souligne aussi que ce choix est autant politique qu’économique.
C’est cette Asie motrice qui débarque sur le continent africain, bouleversant sur son passage l’économie par de vastes investissements. N’omettons pas de rappeler que l’année 2010 sera celle du cinquantième anniversaire de l’indépendance de bien des Etats africains : commenceront-ils une nouvelle histoire ?
De l’autre côté, les Amériques ! Le Brésil se dégage résolument, tel un navire amiral, des Etats hispanophones sans que ceux-ci restent les bras ballants. Il y a sur ce continent une activité de ruches et dans le même temps s’avance du Paraguay à la frontière américano-mexicaine la question indienne dont le poids grandira dans les années à venir : regardons la révolution bolivienne en cours où Eva Morales entend bien disposer d’un trésor appelé lithium. Sur le plan politique, l’union se bâtit lentement mais sûrement, la victoire d’un milliardaire au Chili ne changera pas énormément la donne, l’opposition gardant la majorité au Parlement. Le point de confrontation avec les Etats-Unis, en plus de la construction de la gigantesque base de Palenquero en Colombie, sera la zone Caraïbe où Cuba, très liée à des pays sud-américains et d’Amérique centrale aura un rôle important. Détail qui compliquera la normalisation entre La Havane et Washington.
En remontant vers le Nord, l’Amérique centrale reste un espace géostratégique important comme nous le voyons avec les conjurations honduriennes qui ont abouti à la destitution du Président légitime : on y retrouve pêle-mêle des extrémistes locaux, des sous-agences de la CIA et du Pentagone qui oeuvrent, sans doute, pour des oligarchies étasuniennes opposées à l’actuel Président des USA.
Les Etats-Unis, justement, toujours désireux de réunir sous un seul sceptre Rome et Jérusalem, le temporel et le spirituel, entourés des rois mages financiers. La première année du mandat de Barack Obama est une désillusion complète pour celles et ceux qui ont cru à une action politique forte, à une audace. Barack Obama, pas encore sorti du débat sur le système de la réforme de santé, est devant les gouffres : à l’intérieur, la situation économique et sociale est catastrophique, plus de 25 Etats devraient être en quasi-banqueroute en 2010 ; à l’extérieur, l’envoi de renforts en Afghanistan résonne comme une fuite en avant désespérée dans une guerre perdue d’avance. C’est un Président qui n’en n’impose pas et qui craint par-dessus, que le premier Président noir soit celui du déclin américain ! Est-ce pour cela qu’il se soumet de bonne grâce aux lobbies de Wall Street, de la FED, du complexe militaro-industriel ?Quoi qu’il en soit, il n’ignore pas, à moins de s’aveugler, que les Etats-Unis prennent, qui sait le chemin d’une seconde révolution, dont le mouvement Tea party pourrait être l’avant-garde.
Enfin, voici l’Union européenne (France voir le Seriatim suivant n°605), un caravansérail hagard ! Le grand perdant de cette année est, à n’en pas douter, hélas, notre continent qui se retrouve coincé entre le marteau et l’enclume. La ratification en catimini, quasiment honteuse du traité de Lisbonne réalisé dans le mépris des peuples rétifs, a quelque chose de crépusculaire. Voilà un rassemblement de 27 Etats sans liens ni solidarités internes, qui réfutent tout ce qui pourrait les consolider, en premier lieu de devenir une puissance politique c’est-à-dire, notamment, militairement indépendante de l’OTAN. Nos dirigeants oseraient-ils nous faire sortir de l’histoire de nos pays pour nous en imposer une autre dans laquelle nous ne nous reconnaîtrions pas ?
En tout cas, l’Europe, outre qu’elle sera dépassée à court terme, industriellement, scientifiquement, technologiquement par l’Asie, doute, également, de la démocratie : ne réussit-t-elle pas l’exploit de la promouvoir urbi et orbi et de l’amoindrir en son sein ?
Les peuples justement ne sont-ils pas les grands absents de ce « secouement du monde » ? Sur tous les continents ils souffrent et sont malmenés à coups de répressions sanglantes, de matraques et de fichiers qui métastasent. Il est bien beau de plancher sur le réchauffement climatique quand on bafoue autant les hommes, que l’on maintient sur eux une chape de plomb. Paul Valéry nous incitait dans les années 20 à réfléchir au début de l’histoire du monde fini et après lui d’autres auteurs comme Orwell, Huxley et leurs successeurs. Au vu des événements, les incitations n’ont pas été retenues. L’absence d’une philosophie commune permet à tous les coqs de village d’imprimer leurs lois à notre détriment.
La fragilité planétaire est aujourd’hui flagrante, angoissante. Nous n’avons plus de force structurante, socialisante. La mise en orbite des spécialistes, des techniciens annonce des duretés sociales terribles : c’est le fait même de penser, de critiquer, de raisonner qui est menacé.
2009 a été le « secouement du monde » : tous les ébranlements qu’il a engendré modifieront de fond en comble la planète. Les connections entre les groupes industriels et financiers et les mercenaires ou sociétés privés de guerre toujours plus nombreux, contribueront aux drames. Si les Etats-Unis et l’Union européenne se rapetissent, les autres puissances émergentes sont, elles aussi, fragiles (Inde, Chine). Avant que le monde ne retrouve un certain équilibre, nous passerons par une longue période agitée, tourmentée. Le début du périple va commencer.
Jean Vinatier
Copyright© SERIATIM 2009
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