Depuis l’échec de l’attentat sur le vol 253 de la Northwest Airlines, nous assistons à un véritable emballement politico-militaire. Londres et Washington ferment leurs représentations à Sanaa, la France se contentant de renforcer la sienne.
De son côté, le général Petraeus, qui assume le commandement des forces US d’Orient jusqu'à l'Indus s’est rendu dans la capitale yéménite pour apprécier la situation. Les médias répercutent, déjà, la mort de deux combattants supposés d’Al-Quaida !
Si l’on suit bien la ligne : les opinions publiques doivent comprendre que le terrorisme djihadiste sévit désormais au Yémen et qu’il agit en force. La preuve, ne vient-il pas de reconnaître sa responsabilité dans la formation du terroriste nigérian Omar Farouk Abdulmitallab ?
Patrick Cobburn dans son article du le 31 décembre paru dans The Independant¹, craint très puissamment que le Président Obama (avec à l’arrière plan Gordon Brown et qui sait Nicolas Sarkozy : base militaire française à Abu-Dhabi ) ne s’engage dans une aventure militaire supplémentaire après celles de Mésopotamie (Irak) et d’Afghanistan.
Le Yémen est une plaque tectonique (Seriatim n°515, 1/09/2009) où tout peut survenir.
Le pays est dirigé par le maréchal Ali Abdullah Saleh depuis 1978. Son régime connaît depuis 2004 une révolte des Houthi, chiites zaydites, au nord-ouest, des menées sécessionnistes au sud ainsi qu’une fragilité politique grandie par une lutte entre ses fils pour lui succéder..
L’Iran chiite et l’Arabie Saoudite sunnite se livrent depuis un moment une lutte d’influence au Yémen. Téhéran soutient la cause des Houthi ainsi que celle des chiites installés en Arabie Saoudite dans une région riche en pétrole. De son côté Riyad espère depuis longtemps redevenir (1962) une puissance suzeraine de ce pays. Mais le royaume saoudien connaît une période incertaine alors que la santé du roi Abdallâh décline. Outre les querelles entre les différents prétendants au trône, l’Arabie Saoudite se méfie énormément de sa minorité chiite, considérée par elle comme des sujets de seconde zone quasiment exclus du marché du travail. C’est peu dire que l’opération militaire de novembre dernier contre les Houthi, conduite par quatre princes dont Mohammad bin Nayef qui a échappé à un attentat voici quelques mois, a été regardée avec attention tant à l’intérieur du royaume qu’à l’extérieur. Résultat, la frontière reste incertaine et poreuse.²
Nous avons donc deux puissances régionales qui se frottent mais sans franchir la zone rouge. Le Yémen, enfin, présente outre une géographie singulièrement escarpée, un enchevêtrement de tribus, une multitude d’écoles religieuses, de partis politiques qui ferait passer l’Afghanistan pour une vaste Beauce! Le maréchal-Président Saleh est, sans doute, le seul à avoir intérêt à en appeler à des armées « occidentales» pour conforter son pouvoir et sa fortune !
Si les Etats-Unis osaient une nouvelle expédition militaire, ils pénétreraient dans un labyrinthe pire encore que celui de la Somalie ou de l’Afghanistan avec le risque supplémentaire de précipiter toutes les puissances arabiques dans une spirale dangereuse: on verrait clairement la fumée yéménite du haut de la tour Burj-Dubaï !
Que recherchent les Etats-Unis ? Veulent-ils amener l’Iran à commettre l’irréparable ? Or, comme l’a dit un des patrons de Tsahal, Gabi Ashkenazi, et noté par le chercheur Olivier Guitta «L'Iran est très radical, d'une part, mais d'autre part vous ne pouvez pas dire que c'est un pays de l'irrationnel. »³ Cette remarque de bon sens ne souligne-t-elle pas que Téhéran ne voudrait absolument pas provoquer Washington ?
Le Président Obama a déclaré la guerre à Al-Quaida. En recevant le prix Nobel de la Paix, il avait pris soin de déclamer autour de la guerre juste ou droit des gens ( idée déjà amplement étudiée par tous les penseurs européens des XVI et XVIIe siècles) afin, semble-t-il de justifier le renforcement militaire en AfPak. La guerre juste sous-entend-t-elle la guerre partout ? Fin janvier 2010, se tiendra à Londres une réunion qui traitera notamment de la situation afghane : ne voit-on pas poindre à l’horizon une proclamation martiale des alliés otaniens dont la France qui approuverait la guerre contre le terrorisme, le tout accompagné d’envois de soldats supplémentaires ? Mais voilà qu’est-ce que le terrorisme ? Qu’est-ce qu’Al-Quaida ? Parce que Ben Laden est né au Yémen, tout ce pays deviendrait-il une base djihadiste? Cette organisation a reconnu son lien avec le jeune nigérian du vol 253, est-ce vraiment la preuve qu’elle est à l’origine de cet attentat manqué ?Les gens sont-ils si dupes ? N’assisterait-on pas à une préparation d’une construction semblable à celle qui a justifié l’invasion hors les lois internationales de l’Irak de Saddam Hussein ? Et puis que savons-nous exactement d’Al-Quaida ? Pas grand-chose hormis les récits que l’on sert aux JT !
Les Etats-Unis et leurs alliés otaniens mesurent-ils comme il convient l’étendue des dégâts collatéraux qu’ils provoqueraient ? Les bellicistes américains (sénateur Lieberman) pressent le gouvernement d’agir, d’entrer au Yémen au nom de la guerre préventive. La voudraient-ils pour condamner, ensuite, le Président Obama de ne pas la gagner ? Si l’on se remémore que Rome doit sa chute davantage à sa dégénérescence intérieure qu’aux barbares, nous avons tout à craindre.
Le Yémen, pays complexe à l’histoire ancienne, aux disputes immémoriales aime tout résoudre sans étrangers (non Asiatiques) sur son sol !
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010
In Seriatim ::
http://www.seriatimonline.com/2009/09/yemen-plaque-tectonique-n515-3e-annee.html
Sources :
1-http://www.independent.co.uk/opinion/commentators/patrick-cockburn-threats-to-yemen-prove-america-hasnt-learned-the-lesson-of-history-1853847.html
www.Thecroissant.com
2-http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/KK14Ak01.html
3- http://www.thecroissant.com
Joseph Ghelhod : L’Arabie du Sud, Maisonneuve & Larose, Paris, 1984, 3 tomes
Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à : jv3@free.fr
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine , République Dominicaine, Russie, Rwanda, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen
De son côté, le général Petraeus, qui assume le commandement des forces US d’Orient jusqu'à l'Indus s’est rendu dans la capitale yéménite pour apprécier la situation. Les médias répercutent, déjà, la mort de deux combattants supposés d’Al-Quaida !
Si l’on suit bien la ligne : les opinions publiques doivent comprendre que le terrorisme djihadiste sévit désormais au Yémen et qu’il agit en force. La preuve, ne vient-il pas de reconnaître sa responsabilité dans la formation du terroriste nigérian Omar Farouk Abdulmitallab ?
Patrick Cobburn dans son article du le 31 décembre paru dans The Independant¹, craint très puissamment que le Président Obama (avec à l’arrière plan Gordon Brown et qui sait Nicolas Sarkozy : base militaire française à Abu-Dhabi ) ne s’engage dans une aventure militaire supplémentaire après celles de Mésopotamie (Irak) et d’Afghanistan.
Le Yémen est une plaque tectonique (Seriatim n°515, 1/09/2009) où tout peut survenir.
Le pays est dirigé par le maréchal Ali Abdullah Saleh depuis 1978. Son régime connaît depuis 2004 une révolte des Houthi, chiites zaydites, au nord-ouest, des menées sécessionnistes au sud ainsi qu’une fragilité politique grandie par une lutte entre ses fils pour lui succéder..
L’Iran chiite et l’Arabie Saoudite sunnite se livrent depuis un moment une lutte d’influence au Yémen. Téhéran soutient la cause des Houthi ainsi que celle des chiites installés en Arabie Saoudite dans une région riche en pétrole. De son côté Riyad espère depuis longtemps redevenir (1962) une puissance suzeraine de ce pays. Mais le royaume saoudien connaît une période incertaine alors que la santé du roi Abdallâh décline. Outre les querelles entre les différents prétendants au trône, l’Arabie Saoudite se méfie énormément de sa minorité chiite, considérée par elle comme des sujets de seconde zone quasiment exclus du marché du travail. C’est peu dire que l’opération militaire de novembre dernier contre les Houthi, conduite par quatre princes dont Mohammad bin Nayef qui a échappé à un attentat voici quelques mois, a été regardée avec attention tant à l’intérieur du royaume qu’à l’extérieur. Résultat, la frontière reste incertaine et poreuse.²
Nous avons donc deux puissances régionales qui se frottent mais sans franchir la zone rouge. Le Yémen, enfin, présente outre une géographie singulièrement escarpée, un enchevêtrement de tribus, une multitude d’écoles religieuses, de partis politiques qui ferait passer l’Afghanistan pour une vaste Beauce! Le maréchal-Président Saleh est, sans doute, le seul à avoir intérêt à en appeler à des armées « occidentales» pour conforter son pouvoir et sa fortune !
Si les Etats-Unis osaient une nouvelle expédition militaire, ils pénétreraient dans un labyrinthe pire encore que celui de la Somalie ou de l’Afghanistan avec le risque supplémentaire de précipiter toutes les puissances arabiques dans une spirale dangereuse: on verrait clairement la fumée yéménite du haut de la tour Burj-Dubaï !
Que recherchent les Etats-Unis ? Veulent-ils amener l’Iran à commettre l’irréparable ? Or, comme l’a dit un des patrons de Tsahal, Gabi Ashkenazi, et noté par le chercheur Olivier Guitta «L'Iran est très radical, d'une part, mais d'autre part vous ne pouvez pas dire que c'est un pays de l'irrationnel. »³ Cette remarque de bon sens ne souligne-t-elle pas que Téhéran ne voudrait absolument pas provoquer Washington ?
Le Président Obama a déclaré la guerre à Al-Quaida. En recevant le prix Nobel de la Paix, il avait pris soin de déclamer autour de la guerre juste ou droit des gens ( idée déjà amplement étudiée par tous les penseurs européens des XVI et XVIIe siècles) afin, semble-t-il de justifier le renforcement militaire en AfPak. La guerre juste sous-entend-t-elle la guerre partout ? Fin janvier 2010, se tiendra à Londres une réunion qui traitera notamment de la situation afghane : ne voit-on pas poindre à l’horizon une proclamation martiale des alliés otaniens dont la France qui approuverait la guerre contre le terrorisme, le tout accompagné d’envois de soldats supplémentaires ? Mais voilà qu’est-ce que le terrorisme ? Qu’est-ce qu’Al-Quaida ? Parce que Ben Laden est né au Yémen, tout ce pays deviendrait-il une base djihadiste? Cette organisation a reconnu son lien avec le jeune nigérian du vol 253, est-ce vraiment la preuve qu’elle est à l’origine de cet attentat manqué ?Les gens sont-ils si dupes ? N’assisterait-on pas à une préparation d’une construction semblable à celle qui a justifié l’invasion hors les lois internationales de l’Irak de Saddam Hussein ? Et puis que savons-nous exactement d’Al-Quaida ? Pas grand-chose hormis les récits que l’on sert aux JT !
Les Etats-Unis et leurs alliés otaniens mesurent-ils comme il convient l’étendue des dégâts collatéraux qu’ils provoqueraient ? Les bellicistes américains (sénateur Lieberman) pressent le gouvernement d’agir, d’entrer au Yémen au nom de la guerre préventive. La voudraient-ils pour condamner, ensuite, le Président Obama de ne pas la gagner ? Si l’on se remémore que Rome doit sa chute davantage à sa dégénérescence intérieure qu’aux barbares, nous avons tout à craindre.
Le Yémen, pays complexe à l’histoire ancienne, aux disputes immémoriales aime tout résoudre sans étrangers (non Asiatiques) sur son sol !
Jean Vinatier
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In Seriatim ::
http://www.seriatimonline.com/2009/09/yemen-plaque-tectonique-n515-3e-annee.html
Sources :
1-http://www.independent.co.uk/opinion/commentators/patrick-cockburn-threats-to-yemen-prove-america-hasnt-learned-the-lesson-of-history-1853847.html
www.Thecroissant.com
2-http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/KK14Ak01.html
3- http://www.thecroissant.com
Joseph Ghelhod : L’Arabie du Sud, Maisonneuve & Larose, Paris, 1984, 3 tomes
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