A l’automne 2009 l’historienne Esther Benbassa, spécialiste d’histoire des Juifs et d’histoire comparée des minorités à l’EPHE, a publié un très court ouvrage intitulé, Être juif après Gaza. Peu de critiques se sont attardées sur les 74 pages de l’opuscule divisé en 5 chapitres panoramiques, charpentés de manière à ne laisser aucune place au superficiel : l’auteure va au cœur de chaque thème. Elle esquisse des possibles chemins en dépit de l’enchevêtrement des passions, des fanatismes engouffrés dans le Proche-Orient.
« Être Juif après Gaza » est un défi et une espérance.
Ci-dessous deux extraits du dernier chapitre :
« Être Juif après Gaza » est un défi et une espérance.
Ci-dessous deux extraits du dernier chapitre :
« C’est parce je suis une Juive sans Dieu qu’Israël fait partie de la religion que je n’ai pas, mais c’est aussi parce que j’y ai grandi que je tiens à son existence et ne puis donc qu’être critique. On ne peut porter en soi ce pays, ni prolonger le compagnonnage que l’on a avec lui, si on le méprise..
[….]
Je ne veux pas être juive et rejeter Israël. Je ne veux pas non plus être juive et approuver cette guerre immorale que mène Israël. Ni sans Israël, ni avec Israël tel qu’il est aujourd’hui. Ni bien sûr, avec des institutions et des rabbins qui ont perdu tout sens éthique et continuent à clamer leur appui indéfectible à Israël lorsque celui-ci lance son offensive contre Gaza, prolongement d’une guerre coloniale, non d’une guerre de défense. Les Juifs, qui ont connu les tribulations d’une Europe nationaliste au XIXe siècle, celles de l’antisémitisme, des pogromes, puis du génocide, avaient droit à un Etat. Mais pas n’importe quel Etat. L’issue de la guerre des Six-Jours a mis définitivement fin à l’idée d’un Etat qui se battait pour exister. C’était une guerre de conquête, la deuxième guerre de conquête, en fait, qui n’avait elle, aucune justification. Et si les Juifs ont eu droit à un Etat, les Palestiniens n’y ont pas moins droit, quelles qu’aient pu être leurs erreurs de jeunesse. L’avènement de cet Etat-ci, et qui serait autre chose qu’un bantoustan ou un Etat-croupion, est le juste prix à payer pour que la complicité entre les Juifs et Israël, entre eux et le monde, ait quelque chance de perdurer. Sinon tôt ou tard, les Juifs prendront congé d’Israël, ainsi que les puissances internationales. Si beaucoup ne sont juifs que par l’identification à Israël, alors celui-ci se doit d’être éthique, pour qu’être juif ait encore un sens. Sinon, à quoi bon l’être ? L’être pour porter le poids de la honte de ce que fait Israël aux Palestiniens, de sa violence, de sa démesure. »¹
Jean Vinatier
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Site de l’auteure :
http://www.estherbenbassa.net/
Source :
1-Esther Benbassa : Être juif après Gaza, CNRS Editions, Paris, 2009 (4€), pp.61, 69-70
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen
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