Le royaume thaï connaît des convulsions très fortes : un vieux roi hospitalisé depuis le mois de septembre 2009, une vie politique agitée, violente qui oppose d’un côté les chemises rouges, partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shimawatra regroupant les couches sociales les moins favorisées face aux chemises jaunes, soutenues par les familles nobles et la haute bourgeoisie. A ces groupes s’ajoutent, maintenant des chemises, roses (ex-jaunes), et noires, aile dure des jaunes. Le royaume entre-t-il dans une spirale dangereuse ou bien assistons-nous à une énième crise politique dont le pays est sujet depuis les années 1930 qui avaient vu s’effondrer la monarchie absolue sous l’action des généraux ?
Il convient de ne pas négliger un face-à-face religieux entre les bouddhistes (les 4/5e des Thaïs) et les musulmans sunnites patani qui représentent modo grosso 10% de la population qui s’affirment comme les sino-thaïs (10% de la population) de plus en plus dans Bangkok.
Citons Michel Gilquin, spécialiste des sociétés musulmanes et chercheur au Centre d'Etudes en Sciences Sociales et Humaines Jacques Berque de Rabat : « Longtemps, l'islam thaïlandais a été perçu principalement comme un phénomène local du grand sud où les fidèles du Prophète étaient d'ethnie malaise. Aujourd'hui, les transformations sociologiques ne permettent plus de l'envisager sous la seule dimension d'un particularisme ethnico-confessionnel : à Bangkok, entre 1/2 et un million de musulmans sont établis et dans certaines banlieues, les mosquées sont désormais plus visibles que les wats bouddhistes ! »¹
Nous sommes devant une situation nouvelle : d’abord par la personnalité de Thaksin Shimawatra désireux de reconquérir le pouvoir et, dit-on, d’abolir la monarchie ; ensuite par l’agitation musulmane dans tout le sud thaïlandais composé de quatre territoires malais jusqu’en 1909 (Kala, Patani, Narathiwat, Satun) date à laquelle les Anglais imposèrent le partage du royaume de Patani alors qu’ils « construisaient » une Malaisie, aujourd’hui, une fédération plus que fragile.
Enfin, se greffe la question de l’armée : pilier de la vie politique thaïlandaise, elle se contentait d’arbitrer les conflits intervenants entre les partis politiques quitte à faire pencher la balance : ainsi en décembre 2008, les militaires appuyèrent-ils les chemises jaunes contre les chemises rouges. Mais aujourd’hui, l’apparition de chemises noires au comportement plus radical (ne sont-ils pas les responsables des 25 morts du 10 avril dernier ?) ne confortent-ils pas ceux qui appréhendent une guerre civile ?
Âgé de 82 ans, le roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) continue à recevoir l’amour de ses sujets, le prince héritier Wachiralongkorn, lui, ne recueille la sympathie de personne à l’inverse de sa sœur la francophile Sirindhorn Thepha Rattana Suda : sera-t-elle la prochaine reine ?
Sur fond de revendications sociales affirmées par les chemises rouges, d’une armée moins unie et la montée en puissance de la minorité musulmane (notamment au sein de l’état-major), qu’il faut resituer dans le contexte sud-asiatique pourrait rendre plus incertain le lendemain thaïlandais.
Jean Vinatier
Médias français en Thaïlande :
http://www.gavroche-thailande.com/
http://www.echo-isan.com/journal/categorie/transports
In Seriatim
http://www.seriatimonline.com/2008/12/edito-thalande-retour-la-case-dpart.html
Source:
1-Gilquin (Michel): Musulmans de Thaïlande, L’Harmatan, Paris, 2002
Copyright©SERIATIM 2010
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Mongolie, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen
Il convient de ne pas négliger un face-à-face religieux entre les bouddhistes (les 4/5e des Thaïs) et les musulmans sunnites patani qui représentent modo grosso 10% de la population qui s’affirment comme les sino-thaïs (10% de la population) de plus en plus dans Bangkok.
Citons Michel Gilquin, spécialiste des sociétés musulmanes et chercheur au Centre d'Etudes en Sciences Sociales et Humaines Jacques Berque de Rabat : « Longtemps, l'islam thaïlandais a été perçu principalement comme un phénomène local du grand sud où les fidèles du Prophète étaient d'ethnie malaise. Aujourd'hui, les transformations sociologiques ne permettent plus de l'envisager sous la seule dimension d'un particularisme ethnico-confessionnel : à Bangkok, entre 1/2 et un million de musulmans sont établis et dans certaines banlieues, les mosquées sont désormais plus visibles que les wats bouddhistes ! »¹
Nous sommes devant une situation nouvelle : d’abord par la personnalité de Thaksin Shimawatra désireux de reconquérir le pouvoir et, dit-on, d’abolir la monarchie ; ensuite par l’agitation musulmane dans tout le sud thaïlandais composé de quatre territoires malais jusqu’en 1909 (Kala, Patani, Narathiwat, Satun) date à laquelle les Anglais imposèrent le partage du royaume de Patani alors qu’ils « construisaient » une Malaisie, aujourd’hui, une fédération plus que fragile.
Enfin, se greffe la question de l’armée : pilier de la vie politique thaïlandaise, elle se contentait d’arbitrer les conflits intervenants entre les partis politiques quitte à faire pencher la balance : ainsi en décembre 2008, les militaires appuyèrent-ils les chemises jaunes contre les chemises rouges. Mais aujourd’hui, l’apparition de chemises noires au comportement plus radical (ne sont-ils pas les responsables des 25 morts du 10 avril dernier ?) ne confortent-ils pas ceux qui appréhendent une guerre civile ?
Âgé de 82 ans, le roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) continue à recevoir l’amour de ses sujets, le prince héritier Wachiralongkorn, lui, ne recueille la sympathie de personne à l’inverse de sa sœur la francophile Sirindhorn Thepha Rattana Suda : sera-t-elle la prochaine reine ?
Sur fond de revendications sociales affirmées par les chemises rouges, d’une armée moins unie et la montée en puissance de la minorité musulmane (notamment au sein de l’état-major), qu’il faut resituer dans le contexte sud-asiatique pourrait rendre plus incertain le lendemain thaïlandais.
Jean Vinatier
Médias français en Thaïlande :
http://www.gavroche-thailande.com/
http://www.echo-isan.com/journal/categorie/transports
In Seriatim
http://www.seriatimonline.com/2008/12/edito-thalande-retour-la-case-dpart.html
Source:
1-Gilquin (Michel): Musulmans de Thaïlande, L’Harmatan, Paris, 2002
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Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Mongolie, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM & Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen
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