Dans son édition d’aujourd’hui, Le Monde, publie dans sa rubrique « Horizons Débats », les articles de Pascal Perrineau, Jérôme Jaffré, Denis Muzet, Jean-Claude Casanova et Jean-Louis Bourlanges tous autour de Nicolas Sarkozy. Le Figaro s’enthousiasmait pour la remontée du Président de la République qui passait de 26 à 30% de satisfaits. Serait-il, pour prendre une image, comme Le Titanic qui quoique coulé aurait cessé de sombrer ?
Septembre 2010 : la réforme sur les retraites devant être la dernière du quinquennat et servir de point d’orgue à la campagne présidentielle du printemps 2012, l’Elysée ne peut en aucun cas ni reculer, ni supporter le moindre échec. Cet exécutif si puissant sous la férule d’un homme qui fait de tout « une hyper question » avec des « hyper réponses », loin d’avoir la légèreté de l’antilope se meut avec la lourdeur du pachyderme. En fait la fonction présidentielle même malaxée dans tous les sens, garde une ossature que le candidat de 2007 ne supporte pas mais qui le sert. En effet, malgré la « revalorisation » (bien relative) du Parlement et la saisine plus facile du Conseil Constitutionnel, le Chef de l’Etat n’a pas osé établir ni une république parlementaire, ni un régime présidentiel et moins encore fonder, chose surprenante, une nouvelle République. Nicolas Sarokzy aurait-il buté sur plus puissant que lui ou bien n’aurait-il été qu’un habile bonimenteur ? En fait l’actuel locataire de l’Elysée se heurte à l’Histoire française bien soulignée par Jean-Claude Casanova : « Les historiens devront un jour expliquer pourquoi la France dotée, depuis un demi-siècle, de l’exécutif le plus puissant d’Europe, est le pays le plus lent à réformer son régime de retraite ou son système judiciaire. » L’auteur a déjà répondu quelques paragraphes en arrière quand il écrit, « une France, une et indivisible » La France reste prisonnière de l’absolu : Que l’on parle de la monarchie absolue ou de la République une et indivisible, on est toujours dans l’absolu au sens de ce qui est parfait. Et ce souci constant pèse énormément sur notre conscience, de même qu’il a accompagné l’émergence de l’Etat dont les ministres, les premiers commis et les intendants furent les zélotes passionnés. Les Français, bien que râleurs et rouspéteurs permanents, se voient comme un tout. Notre psychologie est conçue d’une telle manière que nous considérons toute modification comme une atteinte à toute une partie de notre être : nous aurions à notre insue, tel monsieur Jourdain, deux corps, l’un visible, l’autre pas. A l’instar de l’Etat, c’est toute la nation qui doit s’ébranler pour accepter une réforme : cas unique parmi tous les autres peuples.
Nicolas Sarkozy est fier d’être Président de la République mais loin d’en accepter les charges, il se croit libre de faire et de modeler selon son goût, ses emportements. Sans considération pour l’Histoire de la France au point qu’il veuille la mettre toute entière dans un musée, il est l’avocat sans faiblesse d’une France partie intégrante de l’idéal de puissance américain. En cela, il rejoint ceux qui furent, autrefois, les ardents défenseurs du parti impérial du moment (l’empire romain germanique du Xe au XIIIe siècle, l’Angleterre au XVe siècle, l’Espagne au XVIe siècle, l’Allemagne en 1940, les Etats-Unis en 2010) nostalgiques qu’ils étaient du souvenir de l’Empire romain.
Nicolas Sarkozy s’affichant, publiquement avec les « riches » (bandes du Fouquet’s, du Bristol…etc) libres d’aller et venir au gré de leurs humeurs et pour lesquels une France libre est un frein à leurs ambitions et à leurs agrandissements de fortune, ne peut que heurter nos compatriotes, fragilisés jour après jour, par une crise amplifiée psychologiquement par l’affaire Woerth-Bettencourt.
Dix ans plus tôt, lors des concours d’entrée à l’ENA, le sujet était le modèle français a-t-il un avenir ? La bonne réponse étant le « non », que penser de nos élites censées œuvrer à un modèle qu’ils combattent en réalité ?
L’impopularité présidentielle ne surprend pas, l’homme s’étant placé au carrefour de tous les vents et favorisant lui-même, certains typhons ainsi celui de l’identité nationale. Le pire qui guette Nicolas Sarkozy serait, sans doute, de devenir selon la redoutable distinction opérée à la fin du XVIIIe siècle, un étranger, un Franc (aristocrate venu d’ailleurs) parmi les Gaulois (le peuple)
Les Français majoritairement s’accordant sur le fait que Nicolas Sarkozy n’est pas à la hauteur de la fonction, le manque d’alternative deviendrait-il un atout pour lui ? « Dans des contextes, écrit Pascal Perrineau dans Le Monde, de dépolitisation et d ‘érosion des grandes idéologies vécues comme des religions séculières […] le développement de partis de rassemblement du « peuple » abandonnant toute ambition d’encadrement intellectuel et moral des masses » serait-il l’arme ultime du sarkozisme ? Ce propos inspiré par un auteur allemand, Otto Kirchheimer, peut marcher pour nos amis d’outre-Rhin, peuple sans conscience, mais pas pour trois peuples fondamentaux européens, l’Anglais, l’Italien, le Français pour lesquels tout est conscience.
Le Français courbe l’échine longtemps puis tout d’un coup se redresse et balaie sans distinguer le bon grain de l’ivraie quitte à sans repentir ensuite.
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010
Source:
http://www.lemonde.fr/idees/ensemble/2010/09/03/le-systeme-sarkozy-est-il-en-panne_1406177_3232.html
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie,Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen
Septembre 2010 : la réforme sur les retraites devant être la dernière du quinquennat et servir de point d’orgue à la campagne présidentielle du printemps 2012, l’Elysée ne peut en aucun cas ni reculer, ni supporter le moindre échec. Cet exécutif si puissant sous la férule d’un homme qui fait de tout « une hyper question » avec des « hyper réponses », loin d’avoir la légèreté de l’antilope se meut avec la lourdeur du pachyderme. En fait la fonction présidentielle même malaxée dans tous les sens, garde une ossature que le candidat de 2007 ne supporte pas mais qui le sert. En effet, malgré la « revalorisation » (bien relative) du Parlement et la saisine plus facile du Conseil Constitutionnel, le Chef de l’Etat n’a pas osé établir ni une république parlementaire, ni un régime présidentiel et moins encore fonder, chose surprenante, une nouvelle République. Nicolas Sarokzy aurait-il buté sur plus puissant que lui ou bien n’aurait-il été qu’un habile bonimenteur ? En fait l’actuel locataire de l’Elysée se heurte à l’Histoire française bien soulignée par Jean-Claude Casanova : « Les historiens devront un jour expliquer pourquoi la France dotée, depuis un demi-siècle, de l’exécutif le plus puissant d’Europe, est le pays le plus lent à réformer son régime de retraite ou son système judiciaire. » L’auteur a déjà répondu quelques paragraphes en arrière quand il écrit, « une France, une et indivisible » La France reste prisonnière de l’absolu : Que l’on parle de la monarchie absolue ou de la République une et indivisible, on est toujours dans l’absolu au sens de ce qui est parfait. Et ce souci constant pèse énormément sur notre conscience, de même qu’il a accompagné l’émergence de l’Etat dont les ministres, les premiers commis et les intendants furent les zélotes passionnés. Les Français, bien que râleurs et rouspéteurs permanents, se voient comme un tout. Notre psychologie est conçue d’une telle manière que nous considérons toute modification comme une atteinte à toute une partie de notre être : nous aurions à notre insue, tel monsieur Jourdain, deux corps, l’un visible, l’autre pas. A l’instar de l’Etat, c’est toute la nation qui doit s’ébranler pour accepter une réforme : cas unique parmi tous les autres peuples.
Nicolas Sarkozy est fier d’être Président de la République mais loin d’en accepter les charges, il se croit libre de faire et de modeler selon son goût, ses emportements. Sans considération pour l’Histoire de la France au point qu’il veuille la mettre toute entière dans un musée, il est l’avocat sans faiblesse d’une France partie intégrante de l’idéal de puissance américain. En cela, il rejoint ceux qui furent, autrefois, les ardents défenseurs du parti impérial du moment (l’empire romain germanique du Xe au XIIIe siècle, l’Angleterre au XVe siècle, l’Espagne au XVIe siècle, l’Allemagne en 1940, les Etats-Unis en 2010) nostalgiques qu’ils étaient du souvenir de l’Empire romain.
Nicolas Sarkozy s’affichant, publiquement avec les « riches » (bandes du Fouquet’s, du Bristol…etc) libres d’aller et venir au gré de leurs humeurs et pour lesquels une France libre est un frein à leurs ambitions et à leurs agrandissements de fortune, ne peut que heurter nos compatriotes, fragilisés jour après jour, par une crise amplifiée psychologiquement par l’affaire Woerth-Bettencourt.
Dix ans plus tôt, lors des concours d’entrée à l’ENA, le sujet était le modèle français a-t-il un avenir ? La bonne réponse étant le « non », que penser de nos élites censées œuvrer à un modèle qu’ils combattent en réalité ?
L’impopularité présidentielle ne surprend pas, l’homme s’étant placé au carrefour de tous les vents et favorisant lui-même, certains typhons ainsi celui de l’identité nationale. Le pire qui guette Nicolas Sarkozy serait, sans doute, de devenir selon la redoutable distinction opérée à la fin du XVIIIe siècle, un étranger, un Franc (aristocrate venu d’ailleurs) parmi les Gaulois (le peuple)
Les Français majoritairement s’accordant sur le fait que Nicolas Sarkozy n’est pas à la hauteur de la fonction, le manque d’alternative deviendrait-il un atout pour lui ? « Dans des contextes, écrit Pascal Perrineau dans Le Monde, de dépolitisation et d ‘érosion des grandes idéologies vécues comme des religions séculières […] le développement de partis de rassemblement du « peuple » abandonnant toute ambition d’encadrement intellectuel et moral des masses » serait-il l’arme ultime du sarkozisme ? Ce propos inspiré par un auteur allemand, Otto Kirchheimer, peut marcher pour nos amis d’outre-Rhin, peuple sans conscience, mais pas pour trois peuples fondamentaux européens, l’Anglais, l’Italien, le Français pour lesquels tout est conscience.
Le Français courbe l’échine longtemps puis tout d’un coup se redresse et balaie sans distinguer le bon grain de l’ivraie quitte à sans repentir ensuite.
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2010
Source:
http://www.lemonde.fr/idees/ensemble/2010/09/03/le-systeme-sarkozy-est-il-en-panne_1406177_3232.html
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30 Etats & Puerto Rico), Gabon, Gambie,Géorgie, Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kenya, Liban, Libye, Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc, Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Qatar, République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Venezuela, Vietnam, Yémen
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