Christine Lagarde parcourt la planète d’un pas empressé conforté par le soutien des Européens et du G8 –qui compte 4 pays de ce continent- : fera-t-elle démentir la prévision de Dominique Strauss-Kahn qui pensait être le dernier européen à assumer les fonctions de directeur du FMI?
Les pays du BRICS, contrairement, à ce que l’on pouvait croire, se montrent dans l’incapacité de s’entendre sur un candidat de consensus. A Deauville, la Russie apporte sa voix à la ministre des Finances. La Chine se calfeutre, semble-t-il, dans des prévisions à long terme considérant que se ranger du côté de l’Union européenne lui permettrait de garantir un statu quo avec les États-Unis. L’Inde n’est pas éloignée de tenir le même raisonnement : il se pourrait, d’ailleurs, que la France, réussisse à y vendre les avions Rafale. Le Brésil devrait se placer sur un chemin assez similaire. Seule l’Afrique du Sud, nation anglophone, proteste contre une candidature imposée lors d’un mini G620, le G-8!
Face à Christine Lagarde, le gouverneur de la Banque centrale du Mexique, Agustín Cartens qui a l’expérience des institutions internationales, une grande compétence en matière économique et connaît les arcanes de la finance. Il est de plus marié à une Américaine et ses idées économiques rejoignent celles des États-Unis. Pour Washington, un tel candidat pèse plus que ne le croit l’Union européenne. Un Mexicain à la tête du FMI ne serait-ce pas dans la logique du monde multipolaire? En fait, Agustín Cartens ferait ce que font bien des politiciens mexicains, critiquer l’Oncle Sam tout en le suivant.
Si l’on écarte, un instant l’affaire Tapie qui reste une épée de Damoclès au-dessus de la tête de Mme Lagarde, l’Union européenne, sans même en prendre véritablement conscience, ne ferait-elle pas de la géostratégie comme Monsieur Jourdain de la prose? Les Européens comprennent que pour obtenir la place de patron du FMI, éviter que l’Euro n’implose en vol et garder une marge de manœuvre face à de trop sévères directives américaines, les BRICS devaient les soutenir. N’est-ce pas un changement considérable dans l’espace « euro-atlantique », une fin d’unité?
On notera le choix des Britanniques en faveur de la candidature française au détriment de Gordon Brown : la City étant la première place financière au monde, un tel choix n’obéit pas au hasard, de même pour l’aire géographique du Commonwealth!
Dans le cas de Mme Lagarde, il n’est nul besoin d’adhérer au sarkozisme qui ne compte absolument pas dans cette affaire mais privilégier la situation hors de la vie politicienne française. D’ailleurs si Mme Lagarde devait aller devant la Cour de Justice de la République, ne répète-t-on pas que Jean-Claude Trichet la remplacerait sans l’once d’une opposition en qualité d’ancien président de la BCE?
États-Unis, BRICS, Europe dont le Royaume-Uni, formeront-ils un triptyque ou bien trois boules huilées que l’on tentera de tenir à la verticale?
Jean Vinatier
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