Relisant les Mémoires de Talleyrand, des moments sources d’un grand plaisir au même titre que revoir Saint-Simon, Chateaubriand, Balzac, Proust et Anatole France, je tombe sur ce passage qui fait un lien avec le délitement actuel :
« La chaos cessa à l’avènement de Louis XIV. Il appela l’ordre : à sa voix, toutes les classes, tous les individus prirent, sans effort, sans violence, la place qui leur convenait. C’est à cette noble subordination que nous devons l’art des convenances, l’élégance des mœurs, la politesse exquise dont cette magnifique époque est empreinte. Une heureuse combinaison des qualités propres à chacun des deux sexes, et leur concours pour leur agrément commun, donnèrent à la société un éclat dont les Français se plairont toujours à recueillir les moindres détails. Le salon de Mme de Sévigné est l’un des monuments de notre gloire.
La société, sous Louis XV, eut toutes les faiblesses de son règne : elle ouvrit son sanctuaire; quelques hommes de lettre s’y introduisirent. D’abord la conversation, et aussi mes ouvrages de goût, y gagnèrent. M. de Fontenelle et M. de Montesquieu, M. de Buffon, le président Hénault, M. de Mairan, M. de Voltaire, tous élevés sous l’influence du siècle de Louis XIV, conservaient dans le monde ces égards, cette liberté, cette aisance noble qui ont fait le charme et l’illustration des réunions de Paris. Voilà les hauteurs où il fallait se tenir.
Mais sous le règne de Louis XVI tous les étages de la littérature se répandirent dans la société. Chacun se déplaça, la confusion se mit dans les rangs, les prétentions devinrent hardies et le sanctuaire fut violé. Alors l’esprit général de la société subit des modifications de tout genre. On voulait tout connaître, tout approfondir, tout juger. Les sentiments furent remplacés par des idées philosophiques; les passions, par l’analyse du cœur humain; l’envie de plaire, par des opinions; les amusements, par des plans, des projets, etc. Tout se dénatura. Je m’arrête, car je crains de faire trop pressentir la Révolution française, dont plusieurs années et beaucoup d’événements me séparent encore. » (pp.157-158)
Un peu plus haut Talleyrand écrivait au sujet de la Fronde : « Une étincelle fit éclater le feu passager de la Fronde; cette guerre burlesque, qui n’avait d’autre but que de se livrer au plaisir de l’agitation, n’a été presque qu’une guerre de société » et permettez-moi d’ajouter, une guerre en société.
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