Le 1er décembre, Nicolas Sarkozy depuis la rade de Toulon de l’Europe, le lendemain Angela Merkel devant le Bundestag ont évoqué l’Europe sur un double fond de crise européenne et de campagne électorale à venir. Avant le sommet européen des 8 & 9 décembre, le lundi 5, les deux têtes de la France et de l’Allemagne se retrouveront face à face.
Si le contenu du discours du Président Sarkozy a divisé sans la moindre surprise, celui de la chancelière a requinqué bien des hommes politiques français qui ne la voient plus désormais que sous les traits d’une seconde Bismarck. Angela Merkel n’ambitionnant ni de remodeler la carte allemande et moins encore de récupérer l’Alsace et la Lorraine mais seulement de décliner toutes les mesures indispensables selon elle pour remettre sur les rails l’Europe, il est difficile de lui mettre un casque à pointe. Ce qui choque, en France, ce sont ses arguments fédéralistes que la classe politique nationale pourtant n’a guère critiqué. De l’UMP au PS, on chercherait en vain celles et ceux qui n’applaudirent pas aux traités de Lisbonne qui prônait « plus d’Europe » et biffait, au passage, le référendum de 2005.
La germanophobie rugissante de certains ténors politiques réunissant étrangement du Front national au Front de gauche place du coup le Président de la République dans une position originale qui peut ne pas l’affaiblir et lui faire dire à la chancelière que ses principes énoncés doivent trouver des aménagements faute de quoi un sentiment national très nuisible grandirait sur fond de crise économique et sociale : devrait-il le négliger ?
Un point commun aux discours des 1er et 2 décembre : pas une seule fois les autres pays membres de l’Union européenne ne sont mentionnés. Au lieu d’associer, Angela Merkel assène ses convictions et Nicolas Sarkozy évoque l’irréversibilité de l’entente avec l’Allemagne d’une manière sèche.
Des deux côtés du Rhin, on n’œuvre pas à un projet politique mais à des mesures de comptabilité, de gestion pour sauver l’Euro: pense-t-on convaincre ? Soulignons au passage qu’Angela Merkel souhaiterait que la Commission devienne le gendarme budgétaire des Etats alors que la Cour des comptes européenne remplirait plus impartialement et plus logiquement cette tâche.
J’ai écrit dans Seriatim qu’une confédération franco-allemande pourrait être une piste intelligente qui, tout en maintenant la souveraineté des deux nations, créerait des entités communes ainsi des services publics, le bilinguisme, une armée….etc. France et Allemagne ont besoin de l’une et de l’autre sans pour autant devenir un glacis planté au milieu de l’Europe. L’Union européenne a besoin d’un modèle politique neuf dans lequel les peuples se sentent parties prenantes. Que deux nations parmi les plus fortes économiquement et politiquement du continent s’apprennent à être ensemble et leur exemple serait suivi.
Pour l’heure, les humeurs et les calculs à court terme ébranlent les deux côtés du Rhin, l’immobilité nous guette, donner le sentiment que la France et l’Allemagne se crispent et dérivent et les peuples n’y verront qu’une servitude de plus à venir et leur identité respective davantage brouillée.
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM 2011
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire