L’indépendance proclamée par les Touaregs suite à leur insurrection
contre un pouvoir malien, lui-même contesté par une partie de son armée fait
couler beaucoup d’encre tandis que la « communauté internationale »,
l’Algérie et la France en tête, réaffirment le statu quo des frontières. N’est
donc pas soudanais du Sud qui veut…..Les Touaregs, peuple nomade dont l’espace
immémorial chevauche cinq Etats nés un demi-siècle plus tôt et directement liés
aux legs des puissances coloniales européennes : Libye, Algérie, Niger, Mali,
Burkina-Faso, ne manquent pas de rappeler le sort tragique des Kurdes,
eux-aussi, « placés » sous l’autorité de quatre Etats : Turquie,
Iran, Syrie, Irak, les deux derniers étant le fait de la France et du
Royaume-Uni dans les années 1920, deux nations qui réduiront, aussi, à néant, la
révolte arabe pour préserver leur empire colonial respectif !
L’indépendance des Touaregs surgit sur fond du Printemps arabe et
de l’intervention otanienne en Libye, pays, aujourd’hui, divisé : la
Cyrénaïque faisant presque sécession tandis que les grandes villes du pays dont
Tripoli sont entre les mains de tribus, de milices compromettant le calendrier
électoral.
Quand on regarde la carte de l’Afrique depuis la mer Rouge jusqu’à l’Océan
Atlantique, on s’aperçoit qu’une ligne fractale se dessine menaçant les Etats concernés,
tous issus de l’ère coloniale. L’élément détonateur est certainement la
création du Soudan du Sud, voulue par les Etats-Unis qui y fondent un Etat
chrétien (sous l’influence des évangélistes) à leur botte, puis s’assurent des champs
pétrolifères qui s’y trouvent en
construisant un oléoduc depuis le Kenya (un coup contre les Chinois proches de Khartoum)
et gardent sous le coude des projets
pour le Nil, un casus belli pour l’Egypte.
Les Touaregs, à la différence des Kurdes n’eurent pas des héros tel
Saladin et ne possèdent pas non plus des terres riches en pétrole, ils forment
un peuple qui voudrait bien n’être plus soumis aux protectorats tant arabes
que des ethnies noires africaines et sont de plus très hostiles aux islamistes
(Aqmi et autre Al qaïda). Reconnaître les Touaregs engendrerait un
bouleversement des tracés des frontières d’Afrique sahélienne: les cinq
Etats n’y survivraient pas: Libye, Algérie, Niger, Mali (ex-Soudan français),
Burkina-Faso. L’Algérie, après l’enlèvement de six diplomates au nord du Mali, se
sait en première ligne et craint beaucoup de figurer sur la liste du prochain
Etat « à libérer » selon le terme euro-américain. Rappelons-nous que
Nicolas Sarkozy disait que 2013 serait l’année algérienne…
En fait les euro-américains sont devant un dilemme : les Touaregs,
redoutables guerriers, pourraient devenir des alliés de poids pour contrer et
même anéantir les réseaux islamistes et mafieux qui prospèrent. Le problème est
que nous savons depuis les affaires irakienne et afghane, la parfaite duplicité
de Washington envers les « terroristes » lesquels, s’ils n’existaient
pas, ne permettraient pas de justifier l’accroissement d’ambition américaine.
Les Touaregs, à moins, qu’ils n’obtiennent le soutien des pays du BRICS, seront
abandonnés à leur sort et ce ne sont pas les médias occidentaux qui
sensibiliseront les opinions publiques tant ils sont formatés et aplatis. En
fait, toute la tâche diplomatique consistera à susciter des divisions entre Touaregs,
seul moyen sauf à intervenir militairement mais au nom de quel principe noble,
en plein désert !
L’Europe, au lendemain de l’affaire
libyenne, se retrouve face à une guérilla imprévue. Terminons en rappelant,
combien était prophétique l’idée du Général de Gaulle d’avoir voulu établir, en
1960, l’Organisation Commune des Régions
Sahariennes (OCRS) qui aurait compris le nord Niger, le nord Mali et le sud
Algérien et aurait, certainement, fait des Touaregs
des
gardiens redoutés….1
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