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« La Corruption des élites - Expertise, Lobbying, Conflits d’intérêts
de Noël Pons
Odile Jacob 2012 / 22,90 €- 150 ffr. / 247 pages
ISBN : 978-2-7381-2786-0
FORMAT : 14,5 cm × 22,0 cm
Claude Mathon (Préfacier)
Pierre Merand (Postfacier)
Nihil novi sub sole
Les éditions Odile Jacob viennent de publier La Corruption des élites. Expertise, Lobbying, Conflits d’intérêts de Noël Pons, lequel a autrefois été inspecteur des impôts et a travaillé au Service central de prévention de la corruption. Autant dire que l’auteur connait bien son épineux sujet. Pour Noël Pons, la crise financière serait le produit d’une «corruption douce». Il existerait un lien entre les réseaux d’affaires et la classe politique. D’autre part, le lobbying jouerait un rôle extrêmement malsain, notamment dans le cadre de conflits d’intérêts souvent peu avouables. Le crime pénètrerait l’économie, la crise de la dette souveraine serait le résultat d’opérations mafieuses.
Le préfacier Claude Mathon, magistrat et ancien directeur du Service central de service de prévention de la corruption, cite d’emblée un texte de Cicéron qui rappelle que la corruption existait dès l’Antiquité. Dans ce domaine, nos sociétés modernes n’ont donc strictement rien inventé. Pour Claude Mathon, comme Noël Pons, le fait que la bible par exemple évoque également la corruption permet de comprendre pourquoi on parle de corruption douce ou de soft corruption : il existerait un système permanent de passe-droits profitant, en toute opacité, à certaines élites. Le lobbying représenterait une dérive antidémocratique, que le Service central de prévention de la corruption tient pour une véritable activité commerciale. La langue de bois serait son apanage.
C’est le lobbying des banques qui aurait suscité la crise financière, notamment en prônant une déréglementation à outrance. Ce faisant, le lobbying bancaire aurait puissamment contribué à l’avènement d’une finance autonome et non taxée. Comme le relève l’auteur de cet essai iconoclaste, le «mystère» est omniprésent dans certaines acrobaties financières de tout premier plan. La titrisation aurait, par ailleurs, permis de changer le plomb en or. Cela consiste en effet à transférer des créances à des investisseurs, après avoir été transformées en titres cessibles sur le marché des capitaux. La titrisation permettrait donc d’améliorer très sensiblement les bilans de la structure réalisant l’opération.
Certaines ONG seraient, quant à elles, devenues de vraies entreprises multinationales. Elles seraient souvent financées par d’influentes sociétés commerciales, ce qui pose la lancinante question de leur indépendance. L’auteur vise notamment les fondations de Nicolas Hulot et de Yann Arthus-Bertrand. Ce dernier soutient par exemple l’organisation de la coupe du monde au Qatar, synonyme selon Noël Pons de gâchis écologique. Le scandale de la caisse noir de l’UNIM est un autre exemple tristement éloquent. Son financement aurait été réalisé pour «fluidifier les relations sociales», autrement dit pour acheter la paix sociale.
Les experts, auxquels les élites politiques et médiatiques recourent si souvent, ne sont pas toujours indépendants, tant s’en faut. La morale est quant à elle «étranglée» par les conflits d’intérêts, dont la pratique du pantouflage serait un avatar en ce qu’il constituerait ni plus ni moins «un conflit d’intérêts différé». C’est peu ou prou la même chose en ce qui concerne les procédures de nomination au tour extérieur. Le cumul des mandats est, lui aussi, singulièrement néfaste.
Ce livre se penche en outre sur certaines activités mafieuses. L’auteur indique, par exemple, pourquoi la mafia s’intéresse si vivement aux ordures. Les horaires de passage des autorités sont peu adaptés : quand elles passent, les bennes sont pleines à ras bord. Parfois, on véhicule des ordures le matin, puis on achemine au retour de la drogue… C’est en outre très économique, car les mafieux ne font aucun contrôle technique. Le traitement des déchets est donc un créneau très lucratif.
Écrite par un praticien, cette enquête de Noël Pons est tout à fait complète. Le ton n’est jamais polémique, mais au contraire très constructif et intéressant. Un essai à lire en cette période électorale.
Jean-Laurent Fourmont »
On pourra également sur cette même thématique lire ou relire l’excellent ouvrage de Jean-Claude Waquet, De la corruption – Morale et pouvoir à Florence aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1984
Jean Vinatier
SERIATIM 2012
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