Si nul ne s’interroge véritablement sur les auteurs du film
caricaturant Mahomet et la manipulation qui a pu les mener, les médias nous
abondent en images et reportages sur les manifestations qui se déroulent en
Orient et en Europe. A Paris cent cinquante manifestants se sont présentés
devant l’ambassade américaine et ont été presque tous interpellés. C’était
inacceptable nous dit le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. En fait, on ne
sait toujours pas s’il était inacceptable de manifester devant la
représentation américaine ou bien s’il était inacceptable de passer outre l’autorisation
de la préfecture ? Certains répondront les deux. Inutile de dire que la
grande gagnante de la gesticulation gouvernementale est Marine Le Pen.
On pourra épiloguer pendant des jours sur les raisons des colères
arabes, l’important étant, semble-t-il, de nous montrer que le printemps arabe,
continue lui de bouillonner, l’affreuse guerre inter-syrienne jouant le rôle de
piqure de rappel de l’aventure libyenne menée par la France, le Royaume-Uni soutenu
et financé par les Etats-Unis. De la Tunisie à l’Egypte, les nouveaux
dirigeants jouent la carte de l’apaisement tandis que les désordres et les
insécurités se multiplient. Le Président égyptien, Morsi, tantôt louangé,
tantôt critiqué, se maintient dans une ambiguïté, rêvant sans doute d’un Orient
sous l’influence de toutes les branches des Frères musulmans lesquels ne
cessèrent jamais depuis la naissance de ce mouvement politique d’être entre les
mains anglaises et/ou américaines. Le Président Morsi n’a-t-il pas deux de ses enfants
naturalisés américains ? Les
dirigeants tunisiens et libyens s’ils clament partout qu’ils font barrage aux
salafistes et autres groupuscules n’empêchent pas de constater leur montée en
puissance tout comme au Mali, pays entré dans un silence médiatique…
Il est saisissant de noter que le territoire d’instabilité s’étend
désormais du Nigéria à l’Afghanistan. Qui tient les ficelles ? De
multiples acteurs qui ne cesseront pas d’augmenter en nombre jusqu’à devenir un
réel labyrinthe dans lequel les services de renseignement mêmes les plus
remarquables se prendront les pieds.
Dans cet instant, si aucun regard ne se tourne vers l’Europe ni d’ailleurs
vers les pays du Golfe qui encouragent bien des fanatiques, tous se dirigent
vers le César du monde « libre », Barack Obama lui-même fragilisé par
la campagne électorale. Ses adversaires républicains ne manquent pas de montrer
la fragilité sécuritaire américaine depuis la présidence démocrate comme ce fut
le cas lors du mandat de Jimmy Carter (Iran) Le Président Obama qu’on nous
présente toujours comme diplomate a su, néanmoins, faire preuve d’une brutalité
envers un Premier ministre japonais fraîchement élu qui refusait une extension
de la base américaine d’Okinawa, acquiescer aux coups d’Etat au Honduras et au Paraguay,
de même a-t-il approuvé l’élimination d’Oussama
Ben Laden. En fait, le Président américain n’est pas faible parce qu’il doute
mais bel et bien parce qu’il est face à l’émergence de forces multiples et
insaisissables : des pays du BRICS aux mouvements religieux
fondamentalistes, aux remontées identitaires, notamment, en Europe, aux appétits
féroces des multinationales qui ne songent qu’à forer (gaz de schiste, pétrole,
charbon) au mépris de tout bon sens (voir la destruction programmée de la
barrière de corail au large de Gladstone en Australie). Le principal handicap
de la présidence américaine est de ne plus avoir à l’extérieur un ennemi mais
plusieurs, de ne pouvoir donc les maîtriser. A ce jour, Washington essaie
dangereusement et faute de mieux d’exciter la Chine et le Japon au sujet d’îlots
disputés depuis des décennies. Toute la puissance militaire américaine s’avère
non pas insuffisante mais inadaptée et suscite un mécontentement grandissant. Idem
pour le dollar qui même reconnu par les cinq continents n’apporte plus la félicité
aux citoyens américains : ce ne sont pas les déversements sans durée de
temps de la FED qui réduiront les inégalités criantes et honteuses dans cette nation
très puissante. Qui a envie de devenir
américain ? L’autre handicap des Etats-Unis.
Les colères arabo-musulmanes effraient les populations européennes
tentées par un retour identitaire rendu plus ardu faute d’une laïcité
rigoureuse, de la nation ressentie comme de moins en moins souveraine. Ces
éruptions populaires d’orient contrastent avec les timidités des peuples
européens qui face aux précarités, aux pauvretés n’ont plus la capacité à s’insurger
mais à s’indigner : notre dernier luxe ?
Jean Vinatier
Copyright©SERIATIM
2012
Internautes : Afrique
du Sud, Albanie, Algérie, Angola, Arabie Saoudite, Argentine, Arménie,
Australie, Bahamas, Bangladesh, Biélorussie, Bénin, Bolivie, Bosnie
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(+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa, Corée du Sud,
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DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–Et-Miquelon),
Ukraine, Uruguay, Vatican, Venezuela, Vietnam, Yémen
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