Je relaie
la pétition de la CGT Archives de France et vous invite à la signer !
« Une découverte désolante
Le matin du 7 janvier 2013, les lecteurs des
Archives nationales ont trouvé porte close là où s’ouvrait avant les vacances
de Noël la salle des inventaires du Caran. Fermée, dissoute, la salle des
inventaires du Caran a disparu. Les lecteurs sont désormais invités à
consulter, à l’étage supérieur, en salle de lecture, les quelques instruments
de recherche que la Direction des publics des Archives nationales a jugés
utiles de conserver.
Alors que cette salle des inventaires a toujours
été un modèle, un lieu unique en France où étaient rassemblés les inventaires
des Archives nationales, des archives de la Défense et des Affaires étrangères
mais aussi des Archives départementales et communales, comment a-t-on pu, sans
consulter lecteurs et personnels, sans vouloir écouter leurs avis
d’utilisateurs éclairés, fermer cette salle et restreindre drastiquement
l’offre scientifique offerte aux usagers des Archives nationales ?
Un peu d’histoire...
Les manuels d’archivistique de l’ancienne Direction
des Archives de France, de celui de 1970 au plus récent intitulé La Pratique Archivistique française
édité en 1993, n’ont pourtant eu de cesse de prôner l’avènement d’une
« salle des Inventaires » distincte de la salle de lecture.
« Dès
que le volume des instruments de recherche devient important, il n’est plus
possible de se contenter de rayonnages ou de fichiers en salle de lecture. Il
convient alors d’aménager soit une salle annexe ouvrant sur la salle
principale, soit une salle autonome disposant de son propre personnel »
(La Pratique Archivistique Française,
p. 380, 1993).
C’est ainsi que les Archives nationales étaient
citées en exemple : « la
conception d’une salle générale des inventaires, plus ou moins diffuse tout au
long du XIXe siècle, fut une première fois expérimentée en 1902… ».« Dans le grand cabinet du prince de Soubise,
furent rassemblés tous les inventaires à la disposition des lecteurs »
(Manuel d’archivistique, p.
301, 1970). Abandonnée en 1929, cette organisation en deux salles fut reprise
par André Chamson, directeur général des Archives de France et aboutit à
l’ouverture en décembre 1964 d’une salle des inventaires, rassemblant tous les
inventaires des Archives nationales mais aussi ceux des Archives
départementales, communales et hospitalières.
Mais c’est l’ouverture du Caran en 1988 qui permet
la réalisation de cette super salle des inventaires, unique en France, ainsi
que le vante alors le Ministère de la Culture : « tous les instruments de recherche imprimés
ou non, existant, non seulement aux Archives nationales mais dans les services
publics d’archives en France, seront à la libre disposition des chercheurs dans
une vaste salle d’inventaires » (Culture
et recherche, supplément de la Lettre d’information du ministère de la Culture
et de la Communication n°15, mai 1988).
En 2008, la plaquette réalisée par la direction des
Archives nationales Caran 20ème
anniversaire célèbre encore « la salle des inventaires abritant non seulement les instruments de
recherche des Archives nationales mais aussi une collection très complète
d’inventaires des autres services d’archives publics français, voire des
services d’archives étrangers ».
La salle des inventaires du CARAN de 1988 à 2012,
était composée de 375 mètres linéaires d’inventaires, dont la moitié
environ (188 ml) était constituée par les instruments de recherche des Archives
départementales et communales. Sur ces 375 ml, il y avait aussi 45 ml
d’inventaires des Archives nationales des XIXe et XXe siècles, 16 ml
d’instruments des recherche du Ministère des Affaires étrangères et de la
Défense, 25 ml d’instruments de recherche de Fontainebleau, 13 ml
d’inventaires d’Aix et Roubaix.... Voici ce que conseillait il y a un peu plus
d’un an une historienne aux étudiants commençant une recherche aux Archives
nationales : « La salle des
inventaires est à explorer absolument de fond en comble… La salle des
inventaires contient plus de 2 000 instruments de recherche : il ne faut pas
hésiter à prendre le temps de circuler dans cette salle pour étudier ce que
contiennent les rayonnages. On peut commencer ce travail à distance, grâce aux
nombreux instruments de recherche disponibles en ligne ... cependant certains
existent seulement en version papier, c’est pourquoi cette recherche en ligne
ne peut se substituer à une recherche sur place. De plus, il importe de ne pas
négliger les instruments de recherche anciens. Contrairement à ce qu’on
pourrait imaginer, les inventaires anciens ne sont pas forcément moins
intéressants : pour certains fonds, un inventaire de la fin du XIXe
siècle s’avèrera plus détaillé qu’un inventaire récent. Encore une fois, il est
donc indispensable d’observer tout ce qui est disponible sur les rayonnages
correspondant aux séries que vous projetez de consulter... » Site
Devenir historien-ne
Depuis le 7 janvier 2013, on ne trouve plus dans la
salle du public du CARAN que les instruments de recherche correspondant aux
seuls départements du Moyen–Age et de l’Ancien Régime et du Minutier central... Suite aux très
nombreuses plaintes des lecteurs et du personnel, les fameux « classeurs
marron » des états numériques des études de notaires, jugés au départ trop
ringards et tellement moins modernes que la base Etamin, ont finalement intégré
la salle de lecture. Mais certains fichiers des insinuations du Châtelet sont
toujours absents … Pour le reste, seules trois étagères (2,5 ml) accueillent
les guides des Archives départementales ; les inventaires des fonds de
Pierrefitte-sur-Seine, autrefois à Paris (y compris ceux comportant des
archives de l'Ancien Régime, dans les séries F ou dans les archives privées)
sont réduits au minimum... Rien pour les archives d’Aix, de Roubaix, de
Fontainebleau, de la Défense, des Affaires étrangères ...
Mais alors la vraie salle des inventaires
serait-elle à Pierrefitte-sur-Seine ?
Certes, elle existe sur le plan architectural,
située à côté de la salle de lecture mais elle n’a d’inventaires que le nom.
Car d’inventaires, elle n’en a que très peu : les inventaires des archives
départementales et communales sont absents, ceux portant sur les fonds
conservés à Paris sont portion congrue, à part quelques doublons arrivés là
sans aucune logique d’ensemble !
Serait-ce l’explication ? C’est ce que l’on
voudrait nous faire croire ... mais seule une partie des instruments de
recherche a été numérisée. De plus, cette future partie virtuelle de la salle
des inventaires ne sera à disposition des lecteurs qu’en juillet 2013 (au
mieux). Enfin, de notre point de vue, dans tous les cas de figure, il faut
disposer de deux versions d’un même instrument de recherche, numérique et
papier, et ce pour plusieurs raisons : parce que le lectorat n’est pas
toujours familier des nouvelles technologies ; parce qu’il faut avoir une
solution de recours en cas de panne électrique, informatique ; parce qu’on
ne recherche pas de la même façon dans un ouvrage papier, sur des fiches
cartonnées, dans une base de données ou sur une page d’ordinateur :
plusieurs versions permettent différentes approches. Tout archiviste, tout
lecteur le sait bien. Il faut bien peu connaître le métier d’archiviste et la
pratique des chercheurs, du public, pour raisonner autrement !
C’est donc une brutale régression dans l’offre scientifique pour le
public : depuis janvier 2013, le 7 janvier pour Paris, le 21 janvier pour
Pierrefitte-sur-Seine, le public dispose de moins d’informations à disposition
pour mener à bien sa recherche. C’est une dégradation des conditions de
travail des chercheurs et des présidents de salle à Paris. L’accueil
personnalisé des lecteurs, sous la forme d’un bureau spécifique au
rez-de-chaussée du Caran avait déjà disparu, malheureusement, il y a quelques
années, faute d'effectifs. C'est maintenant l'accueil des lecteurs dans une
salle dédiée à la recherche des cotes, qui est supprimé. Autrefois,
l’archiviste pouvait prendre le temps d’orienter le lecteur, de le guider
physiquement jusqu’aux rayonnages, ensemble ils pouvaient faire le tour d’un
objet de recherche sans se limiter dans l’espace et le temps, en préparant les
recherches à venir dans les Archives nationales, départementales, à la Défense,
aux Affaires étrangères... Aujourd’hui, le lecteur et l’archiviste doivent
parler à voix basse en salle de lecture. Aucun dialogue sérieux n’est possible.
Où est dans ces conditions l’aide à la recherche, qui est un des critères du
métier d’archiviste ? Et, à Paris comme à Pierrefitte-sur-Seine, la
recherche tourne court, très vite, faute d’instruments de recherche pour la
mener à bien.
Pourquoi un tel gâchis ? La raison
essentielle est le manque d’effectifs : la suppression de la salle des
inventaires a permis de supprimer un poste de travail. Est-ce cela la
« refondation » des Archives nationales ? Une salle des
inventaires fermée à clef, remplie d’instruments de recherche qui ne sont plus
à disposition, vide de lecteurs et qui s’empoussière de jour en jour ?
C’est un véritable démantèlement des Archives nationales que ni le public ni le
personnel ne peuvent accepter.
Paris, le 25 janvier 2012
Nous, personnels des Archives, lecteurs,
historiens, chercheurs, généalogistes, élus, citoyens, refusons cette
régression et ce démantèlement du service du public des Archives nationales.
C’est pourquoi nous exigeons :
-
la remise sur pied dans les meilleurs délais de la salle des inventaires
des Archives nationales de Paris au 1er étage du CARAN ;
-
une offre égale en instruments de recherche sur les trois sites des
Archives nationales, avec les moyens matériels et humains pour leur bon
fonctionnement.
Par conséquent, égalité de traitement des
chercheurs et citoyens dans leur droit à la recherche archivistique !
Paris, le
25 janvier 2012
NOM,
Prénom
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Pétition à retourner à : CGT Archives de France, 56, rue des Francs-Bourgeois, 75003
Paris
tél 01 40 27 63 33 fax 01 40 27 63 66 courriel cgt.archives@culture.gouv.fr
Jean Vinatier
SERIATIM 2013
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