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dimanche 17 mars 2013

De retour de Perros Guirec N°1401 6e année

Une semaine bretonne où une formidable tempête de deux journées manqua d’atterrer suivie de moments plus calmes qui nous autorisa bien des promenades le long des chemins des douaniers entre Perros Guirec et Trédrez-Locquémeau puis retour, samedi, par Saint-Malo aux remparts toujours imposants où je pris une collation dans un troquet incroyable, La Java rue Sainte Barbe1 : l’endroit vaut le détour, un univers de poupées et d’objets de brocante, de même que son patron à la répartie directe comme une lame en mer.
Au-delà du bon plaisir à respirer l’air iodé et à gouter les vents, il fallait remarquer à Lannion, notamment, les visages plus sombres autour d’un marché bien tristounet : la crise est bien là. Pensez-donc dans cette ville (20 000 habitants) plus de quarante fonds de commerce sont à céder et à  Perros-Guirec (7 000 habitants environ) ils sont vingt-deux ! Cela vous donne une idée ou un aperçu de la sévérité de la crise  qui commence seulement à nous assaillir. François Hollande a-t-il connaissance de l’exacte dureté ? On en doute. A-t-il tenté de reprendre le pouls avec le « bon peuple » ici, de Bourgogne ou de reconquérir le cœur du maire de Dijon, le sénateur Rebsamen lequel ne montra pas un empressement excessif ? Après une brave dame lui  disant ses quatre vérités sur sa compagne, un syndicaliste, moins heureux, se fit embarquer pour avoir été trop tranchant (silence radio mais qu’aurait-on dit sous Sarkozy !) Le sentiment général est la déconnection complète avec les  salonards parisiens « delanopratins », entre deux fêtes et quêtes d’heureuses combinaisons agioteuses qui ne voient plus (et qui ne veulent plus le voir)  le peuple qu’à travers le filtre des faiseurs d’opinion, l’essentiel est que les Français se taisent. Ce que j’ai vu en Bretagne, ce sont les hommes de tous les âges abîmés par l’alcool, aux jambes amaigries qui courbent encore l’échine et supportent les avanies de l’époque mais pour aller jusqu’où ? Jusqu’au bout de la désespérance ?
Jean Vinatier
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