La
mort assez soudaine de Pierre Mauroy, ancien Premier ministre entre 1981 et
1984 sera le moment de réunion de la famille socialiste qui verra en lui
l’homme de la SFIO et d’une facette du mitterrandisme. Par sa durée à la
tête du beffroi, il rejoint, certainement, dans la mémoire des lillois une autre
figure de la très belle ville de Lille, celle du cardinal Liénart. Socialisme et catholicisme ont cheminé et
émergé dans une presque même période dans la seconde moitié du XIXe siècle:
la longue marche du socialisme et l’érection du diocèse de Lille en évêché puis
archevêché au dépens de Cambrai. Pendant
ce temps, au Sud grandissait le parti rad-soc.
François
Mitterrand fut-il la rencontre mystique de Pierre Mauroy? En tout cas, il
fut sa cheville ouvrière pour l’union de la gauche entre 1978 et 1981 : remise en ordre du
parti socialiste et rédaction du programme commun avec les communistes. Avec Pierre
Mauroy, puissant chef de la fédération socialiste du Nord et Gaston Defferre à Marseille, François Mitterrand s’assurait une prééminence
parmi les courants : à eux trois, ils formèrent un redoutable trident. En
2013 ce sont précisément ces deux mêmes fédérations qui sont menacées d’affaissement
par les nombreuses affaires.
Pierre
Mauroy à Matignon entre 1981 et 1984 fut l’acteur et le témoin de l’échec
économique du Programme commun. Ensuite,
le socialisme évoluera lentement et surement jusqu’à ce que Lionel Jospin ne s’émerveille
du blairisme avec les conséquences que l’on sait.
Pierre
Mauroy incarne, plus encore que François Mitterrand, dont le socialisme fut
plus une arme de conquête politique que de conviction, la foi socialisante. Ne
s’imposa-t-il pas Premier secrétaire (1988-92) contre Laurent Fabius préféré
par le Chef de l’Etat ? Quelques années plus tard, il dut céder la place
de maire à Martine Aubry et garda autant qu’il le put la gouvernance de la
communauté urbaine. Lille lui doit énormément.
La
disparition de Pierre Mauroy survient alors que l’ancien maire d’Hénin-Beaumont,
Gérard Dalongeville menace de dévoiler tous les dessous de la fédération
socialiste du Nord, ce qui aurait pu
contraindre l’ancien Premier ministre à intervenir…
Lors
de l’hommage national qui lui sera rendu mardi aux Invalides, les socialistes
se souviendront d’une figure de poids dans la renaissance de leur parti et qui les
conduisit à la tête de l’Etat voici trente-deux
ans. Un socialisme, aujourd’hui, en
grande illisibilité….Illisibilité partagée avec la droite.
Jean Vinatier
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