« Concernant la crise syrienne,
de nombreux acteurs sont impliqués (Qatar, Arabie Saoudite, Turquie, Israël).
Pourquoi ?
Mais vous avez oublié dans cette liste la France, l’Angleterre, les
Etats-Unis ! J’ai eu l’occasion d’expliquer dans diverses interviews que dès le
départ, il y a une différence fondamentale entre la révolte syrienne et ce qui
s’est passé en Tunisie, en Egypte et au Yémen. En Syrie, vous aviez un malaise
rural important depuis 2007, du fait d’une série d’années de sècheresse, puis
du fait que le gouvernement a voulu faire plaisir au Fonds Monétaire
International et aux pays occidentaux, et qui s’est mis à supprimer pas mal des
subventions dont jouissait l’agriculture. Les observateurs de terrain en Syrie
savaient que le monde rural, autrefois très privilégié par le régime et qui
avait longtemps constitué sa base essentielle, commençait vraiment à connaître
un état de mécontentement grandissant.
Quand vous regardez où ont eu lieu les manifestations en Syrie, quelle
était la composition sociale des manifestants et quel était leur nombre, on
voit bien qu’ils étaient des ruraux pauvres dans des régions rurales pauvres
périphériques, situées aux frontières avec la Jordanie et la Turquie. Les
images parlaient d’ailleurs d’elles-mêmes. Elles contrastaient avec les
grandioses manifestations de masse, tunisiennes, yéménites ou égyptiennes, où
tous les groupes sociaux et toutes les classes d’âge étaient au rendez-vous. On
a très vite assisté à l’arrivée d’armes aux mains des groupes d’opposants qui
se sont constitués sur le terrain. De plus, il y a eu le déchaînement d’une
guerre médiatique absolument spectaculaire contre le régime syrien. Or, les
manifestations de masse en Syrie ont eu lieu en faveur du régime et contre
l’opposition armée ; dans ces manifestations on a vu toutes les classes
sociales, tous les groupes d’âge et de très nombreuses femmes…
C’est donc une différence absolument fondamentale par rapport aux autres
situations de révoltes dans le monde arabe. Par ailleurs, l’armée ne s’est
nullement effondrée et elle a fait face avec de plus en plus de détermination
et de violence à l’arrivée, de l’international, de combattants qu’on appelle à
tort Djihadistes, parce que lorsque des musulmans tuent d’autres musulmans,
cela n’est pas un djihad. On a donc eu en Syrie un scénario qui s’est mis en
place qui est en train d’aboutir à une destruction systématique de la société
syrienne et de sa richesse matérielle (infrastructures, habitations, potentiel
industriel). C’est une répétition de ce que la communauté internationale a fait
subir à l’Irak et demain nous verrons - comme cela s’est passé en Irak ou
auparavant au Liban - que sous prétexte de reconstruction, le pays sera pillé
par des grosses entreprises de BTP arabes ou turques ou internationales. On a
déjà vu cela au Liban où, au sortir des quinze ans de violence entre 1975 et
1990, le pays a été enfoncé dans une dette invraisemblable et où après
vingt-deux ans de reconstruction il n’y a toujours pas d’eau ou d’électricité
courantes ! Et en Irak, malgré son énorme richesse pétrolière, les grandes
infrastructures d’eau et d’électricité ne sont toujours pas complètement
reconstruites. Il faut donc s’attendre à un même scénario en Syrie.
Par ailleurs, il faut bien voir que les données internes syriennes sont
tout à fait secondaires dans le conflit, car la Syrie est devenue un champ
d’affrontement colossal entre, d’un côté les deux grandes puissances montantes,
la Chine et la Russie, ainsi que l’Iran, et de l’autre les pays occidentaux,
l’OTAN… dont le but est très clairement de faire sauter les derniers verrous
anti-israéliens de la région, ces derniers verrous étant essentiellement
constitués de l’axe Iran-Syrie-Hezbollah qu’on appelle, pour le dénigrer et
pour donner dans le sensationnel, « l’arc chiite ». Beaucoup d’analyses se font
à base de sensationnel communautaire qui est instrumentalisé pour faire croire
que le conflit est entre chiites et sunnites à l’échelle régionale, alors qu’il
s’agit d’un problème de géopolitique très profane. Il y a aussi des
considérations pétrolières et gazières qui entrent en jeu. »
La
suite ci-dessous :http://www.lesclesdumoyenorient.com/Entretien-avec-Georges-Corm.html
El Watan juillet 2013
http://www.georgescorm.com/personal/download.php?file=el watan du 28 juillet 2013 5.pdf
Jean Vinatier
SERIATIM 2013
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Angola, Arabie
Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Bangladesh, Biélorussie,
Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun,
Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa,
Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30
Etats & Puerto Rico), Equateur, Ethiopie, Ghana, Gabon, Gambie, Géorgie,
Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran,
Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kazakhstan, Kenya, Laos, Liban, Libye,
Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc,
Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle
Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Philippines, Qatar,
République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San
Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse,
Syrie, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont
France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Vatican, Venezuela, Vietnam, Yémen
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