« Comment la pensée politique de John Stuart
Mill a-t-elle passé la Manche ? Vincent Guillin et Djamel Souafa analysent les
conditions de réception des Considérations sur le gouvernement représentatif
dans la France du Second Empire, et montrent l’intérêt de revenir sur la
théorie millienne du gouvernement démocratique aujourd’hui.
« Il y a près de vingt ans, dans une préface à une réédition de De
la Liberté, Pierre Bouretz regrettait « l’insondable ignorance » dont John
Stuart Mill « est l’objet en France » [1]. Il faudra un jour sérieusement s’interroger,
historiquement et conceptuellement, sur les différentes raisons qui expliquent
cette absence quasi-totale, dans le paysage intellectuel français contemporain,
de référence à John Stuart Mill [2], absence d’autant plus intrigante qu’elle est,
comme le soulignait aussi justement Bouretz, largement la conséquence d’« un
oubli » [3], puisque l’œuvre de Mill était connue et
discutée par les philosophes, psychologues, économistes, sociologues et
politologues français au moins jusque dans les années 1920. On notera aussi,
pour s’en féliciter, que depuis les années 1990 la situation s’est notablement
améliorée : même si la pensée de Mill n’est toujours pas au cœur des débats
contemporains en France, certains de ses écrits sont eux à nouveau accessibles
au grand public.
Dernière contribution en date à ce mouvement, la parution de l’élégante et
précise traduction, due à Patrick Savidan, des Considérations sur le
gouvernement représentatif [4] rend désormais disponible aux lecteurs
francophones la présentation certainement la plus systématique des idées
politiques et constitutionnelles de Mill. Reste maintenant à savoir quel statut
accorder à ce texte : faut-il se contenter de le lire pour son intérêt
historique, comme une contribution-clef, mais nécessairement datée, de la
tradition libérale à la réflexion sur la « dynamique démocratique »,
contemporaine d’une extension progressive du suffrage universel aux classes populaires
qui imposait de repenser à nouveaux frais l’idée même de représentation ? Ou
doit-on au contraire considérer les Considérations, indépendamment du
contexte dans lequel elles ont été écrites et auquel elles répondent, comme
nous offrant une perspective toujours pertinente sur les défis qui se posent
aujourd’hui aux sociétés démocratiques ? Plutôt que de trancher entre ces deux
approches, peut-être est-il préférable d’opter pour une troisième voie en
faisant sienne une suggestion de P. Savidan, qui propose de profiter de l’«
effet de miroir » offert par un texte à l’ancrage historique indéniable pour «
mieux définir les spécificités de nos propres attentes en matière de démocratie
» [5]. Pour ce faire,
nous proposons au lecteur un détour par la France du Second Empire finissant et
de la IIIe République naissante, pour y retrouver l’écho qu’ont pu y avoir
certaines idées sur la représentation des minorités, sur le vote des femmes ou
le rôle d’une seconde chambre développées par Mill dans les Considérations,
ce qui nous permettra à la fois de rappeler qu’il y a bien eu une réception
française de la pensée politique de Mill et d’évaluer l’actualité de sa théorie
du gouvernement démocratique. »
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
SERIATIM 2013
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Angola, Arabie
Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Bangladesh, Biélorussie,
Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun,
Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa,
Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30
Etats & Puerto Rico), Equateur, Ethiopie, Ghana, Gabon, Gambie, Géorgie,
Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran,
Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kazakhstan, Kenya, Laos, Liban, Libye,
Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc,
Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle
Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Philippines, Qatar,
République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San
Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse,
Syrie, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont
France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–et-Miquelon), Ukraine, Uruguay, Vatican, Venezuela, Vietnam, Yémen
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