L’article de l’universitaire belge Marc Vandepitte a le grand mérite de
poser à froid la situation présente entre les deux puissances et de souligner
que cet accord n’est qu’une étape de plus vers le rêve hégémonique américain
lequel reste, en dépit des ralentissements et des repositionnements, l’objectif
messianique. De son côté, l’Iran reste l’Iran avec ou sans les mollahs : près
de trois mille ans de civilisation ne s’évaporent pas d’un coup de baguette sur
les doigts. Téhéran a su saisir le moment idoine pour discuter puis parapher
avec Washington : c’est bien là, une preuve manifeste d’une réflexion qui
ne leur ôtera, cependant pas, de garder par devers eux la carte chiite ;
cette dernière entrant, mais pour combien de temps, dans le tableau américain d’un monde musulman divisé.
S’il ne l’était plus, l’onde de choc serait atomique.
L’accord irano-américain est un moment de la vie des relations internationales.
Mais les émergents (l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud) et des « réérmergents »
comme la Russie, la Chine, la Turquie mais également le Japon dont on minore imprudemment
les appétits entendront avoir leurs cartes
demain au risque de surprendre…..
L’article de Léon Camus complète celui de Marc Vandepitte en mettant en
avant les idées de construction d’entités à partir de l’Europe Orientale et du Caucase (Grande
Albanie, Grand Kurdistan, Grand Azerbaïdjan…etc.) qui obéissent à des vues
similaires : diviser, affaiblir, éviter que ne se forme la moindre force
en mesure de contester l’ambition américaine ou Atlantico-Pacifique…C’est ainsi
que se dessine le chaos global…..
« Des ennemis
jurés devenus des alliés
Le 24
novembre dernier, les Etats-Unis et l'Iran concluaient un accord historique. En
échange d'une réduction des sanctions, l'Iran va restreindre et laisser
contrôler son programme nucléaire. Le simple fait que les ministres des
Affaires étrangères des deux pays ont voulu se rencontrer ouvertement était
encore impensable il y a quelques mois, et certainement pas au début de la
république islamique.
Ces soixante
dernières années, les relations entre les deux pays ont été particulièrement
tumultueuses. En 1953, voulant prendre le contrôle des richesses pétrolières
iraniennes, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne aidèrent à renverser le
gouvernement élu de Mossadegh. Le shah régna d'une main d'acier avec l'appui
des Etats-Unis. Il dut finalement abandonner le pouvoir à la révolution islamique
en 1979 . Peu après cette révolution, les Etats-Unis subirent l'assaut de leur
ambassade et la prise en otage de son personnel.
Depuis,
l'Iran et les Etats-Unis sont ennemis jurés. Au début des années '80, quand
l'Irak assaillit au gaz toxique des centaines de milliers d'Iraniens, notamment
originaires des Etats-Unis, la Maison Blanche fit mine de regarder ailleurs. En
1983 l'armée des Etats-Unis fut chassée du Liban par un attentat à la bombe
meurtrier qui tua 241 marines. Derrière l'attentat il y avait le Hezbollah, le
plus proche allié de l'Iran au Liban. En 1986 le président Reagan perdit la
face à cause du scandale de l'Irangate. Après le 11 septembre, l'Iran se
retrouva sur la liste de « l'Axe du Mal » (1).
En 2003
l'invasion de l'Irak redistribua les cartes dans la région. Saddam Hussein,
principal adversaire de l'Iran, fut éliminé, et les chiites parvinrent au
pouvoir. L'Irak n'était plus un ennemi héréditaire, mais un allié. A ce moment,
l'Iran avait déjà pas mal d'influence en Syrie, au Liban ( Hezbollah) et en
Palestine (Hamas). A l'inverse, les Etats-Unis perdirent graduellement leur
emprise sur l'Irak. L'hégémonie régionale pencha en direction de Téhéran.
Ce n'est pas
un hasard si la controverse à propos du programme nucléaire de l'Iran a commencé
à cette période. La question nucléaire était par excellence le levier de
Washington pour restreindre l'influence croissante de l'Iran et mettre le pays
à genoux.
L'Iran n'a
jamais eu - et n'a toujours pas - l'intention de développer une bombe atomique
à court terme (2). Acquérir une arme nucléaire n'est pas un objectif essentiel
pour les dirigeants iraniens. En outre, le pays n'est pas en état d'y parvenir
rapidement. Il ne dispose pas de suffisamment d'uranium appauvri et n'a pas non
plus de missile fiables d'une portée suffisante, pas plus qu'une force aérienne
assez équipée pour pouvoir atteindre Israël. Si c'était le cas, Israël aurait
bombardé les installations nucléaires depuis longtemps (3).
Le première
résolution des Nations Unies concernant le programme nucléaire de l'Iran date
de juillet 2006. Depuis, Washington a tout fait pour isoler le pays et le
ruiner. En 2003 puis encore en 2009, l'Iran avait présenté des propositions
pour parvenir à un accord avec les Etats-Unis, mais Washington avait refusé
dans les deux cas (4). Finalement ils y sont tout de même arrivés ...
Ce n'est pas
la première fois que Washington conclut un pacte avec « le diable ». Roosevelt
a collaboré (temporairement) avec Staline pour abattre l'Allemagne nazie et
Nixon, après la défaite au Vietnam, aconclu un accord avec Mao pour affaiblir
l'Union SoviétiqueEn
géopolitique, les principes ou l'idéologie ne jouent pas un rôle important, il
s'agit des intérêts purs et durs. C'est le cas ici, une fois encore. Jetons un
œil sur ces intérêts et sur la question de savoir pourquoi les deux partenaires
ont pris un tel virage et pourquoi maintenant. Nous verrons aussi quels
avantages les deux pays tentent de tirer de cet accord. »
La suite ci-dessous :http://www.michelcollon.info/Vers-un-seisme-au-Proche-Orient.html?lang=fr
« Au-delà de l’Iran par Léo Camus
Si les empires coloniaux
disparaissent au cours des deux décennies qui suivent la fin de la Seconde
Guerre Mondiale, les tutelles occidentales établies au XIXe siècle sur les terres de l’Empire
ottoman en raison de son déclin, ou directement à partir de 1919 et de son
démembrement, se transforment et prennent très vite dans la seconde moitié du
XXe siècle le visages
d’alliances. Chacun à en mémoire le Pacte du Quincy passé en février 1945 entre
Ibn Séoud et Franklin Delano Roosevelt. Mais après avoir promu et soutenu
autrefois les nationalismes arabes contre la Porte, l’heure est aujourd’hui
venue de diviser à nouveau pour « régner », autrement dit de maintenir voire de
consolider l’influence antérieurement acquise dès le XIXe siècle sur les états « vassaux » des
grandes puissances occidentales, mais aujourd’hui par d’autres voies et moyens…
une influence tutélaire, certes moins visible, moins directe, mais tout aussi prégnante,
au sens contemporain. Au demeurant, avec le crépuscule des États-Nations, vient
désormais le temps des agrégats fédératifs ethno-confessionnels d’où nul pôle
de puissance ne devrait plus être susceptible d’émerger. »La suite ci-dessous :
http://www.geopolintel.fr/article775.html
Jean Vinatier
SERIATIM 2013
Internautes : Afrique du Sud, Albanie, Algérie, Angola, Arabie
Saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Bahamas, Bangladesh, Biélorussie,
Bénin, Bolivie, Bosnie Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun,
Canada, Chili, Chine (+Hongkong & Macao), Chypre, Colombie, Congo-Kinshasa,
Corée du Sud, Costa-Rica, Côte d’Ivoire, Djibouti, EAU, Egypte, Etats-Unis (30
Etats & Puerto Rico), Equateur, Ethiopie, Ghana, Gabon, Gambie, Géorgie,
Guatemala, Guinée, Guinée, Haïti, Honduras, Inde, Indonésie, Irak, Iran,
Islande, Israël, Jamaïque, Jordanie, Kazakhstan, Kenya, Laos, Liban, Libye,
Liechtenstein, Macédoine, Madagascar, Malaisie, Malawi, Mali, Maurice, Maroc,
Mauritanie, Mexique, Moldavie, Monaco, Népal, Niger, Nigeria, Norvège, Nouvelle
Zélande, Oman, Ouzbékistan, Palestine, Pakistan, Pérou, Philippines, Qatar,
République Centrafricaine, République Dominicaine, Russie, Rwanda, San
Salvador, Saint-Marin, Sénégal, Serbie, Singapour, Slovénie, Somalie, Suisse,
Syrie, Taiwan, Thaïlande, Togo, Tunisie, Turquie, Union européenne (27 dont
France + DOM-TOM, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Pierre–et-Miquelon),
Ukraine, Uruguay, Vatican, Venezuela, Vietnam, Yémen
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